A l'occasion de la sortie de La dame aux papillons une petite interview en 5 questions par
Juliette du blog Je lis et je raconte
***
Aujourd’hui, c’est Jess Swann qui se prête au jeu de l’interview en 5 questions ! En effet, son œuvre "La dame aux papillons" m’avait laissée perplexe (bah oui, on ne peut pas être parfaite et tout comprendre du premier coup ^^) donc elle a accepté de répondre à certaines de mes interrogations, qui vous permettront de mieux la connaître et d’avoir, je l’espère, envie de lire son livre !
Allez, place à l’interview !
1. Comme vous avez pu le voir en lisant ma chronique, j’ai adoré l’histoire de « La dame aux papillons ». D’où vous sont venues les idées de l’époque, du contexte, du personnage, des rebondissements ? Bref, racontez-nous comment cette histoire a germé dans votre esprit…
Alors, l’histoire est assez compliquée : au départ, La dame aux papillons était une histoire très courte d’environ 5 pages que j’avais écrite pour un concours sur le forum dont je suis administratrice (sur Pirates des Caraïbes). Le thème était « gothique » : il fallait donc que l’histoire soit assez sombre… A cette époque, je faisais beaucoup de créations graphiques (j’en fais toujours d’ailleurs) et j’ajoutais systématiquement des papillons sur ces dernières ce qui fait que tout le monde se moquait gentiment de moi en me disant que c’était mon côté « fleur-bleue ». Donc pour leur faire un pied de nez, j’ai décidé que les papillons auraient un rôle peu sympathique dans mon histoire gothique ! De la même manière, le prénom de l’héroïne, Violet, est du au fait que j’écris toujours en violet (même au travail), son origine vient du fait que j’écrivais principalement des fan fics sur Pirates à l’époque donc Port Royal s’imposait… Ce petit texte écrit en 2009 a donc dormi patiemment pendant des années jusqu’à ce, qu’après la sortie d’AOP, Anna ( à qui l’ouvrage est dédicacé) me demande si je pouvais l’aider en lui écrivant un texte pour son travail de Master. J’ai tout de suite sauté sur l’occasion : j’avais envie depuis plusieurs mois de reprendre la Dame et de lui donner une vraie consistance. De plus après AOP et en cours de seconde adaptation moderne de Jane Austen, j’avais envie de me consacrer à quelque chose de plus sombre et de plus personnel : j’ai adoré Wilkie Collins et Ann Radcliffe et j’avais envie de me lancer dans le roman gothique. La dame aux papillons serait donc mon projet ( facile, d’autant plus que grâce à ma nouvelle de cinq pages, j’avais déjà du matériel !). J’ai donc tenté de reprendre le côté « lent » des classiques gothiques avec une montée de l’angoisse et ajouté une fin horrifique.
2. Quelques petits détails m’ont un poil chiffonnée ! Notamment, la rapidité de la fin qui laisse quand même très perplexe… Pourquoi ce choix ? (Pas pour nous torturer j’espère ^^)
La fin…. Je voulais frapper un grand coup : assommer le lecteur. Selon moi, pour rester dans l’esprit gothique et conserver l’effet de surprise, je ne pouvais pas me permettre de dévoiler beaucoup d’indices dans les premiers chapitres : je voulais instiller un climat de méfiance, un peu malsain, sans toutefois révéler la fin. D’ailleurs, de nombreux éléments sont distillés au cours du récit. Je voulais aussi souligner par la rapidité le côté inéluctable du destin de Violet : à la minute où la lettre de William arrive à Port Royal, son destin est scellé. Pour cela, il fallait agir vite et frapper fort. Quelques lectrices m’ont « reproché » de ne pas avoir détaillé plus la fin de Violet : je dois dire que j’aurais pu le faire mais que j’ai préféré laissé le lecteur imaginer ( il n’y a rien de plus horrible que ce qu’on peut imaginer soi-même dans ce genre d’histoire, j’ai donc préféré distiller l’horreur)
3. Personnellement, j’aurais attendu plus de scènes entre Andrew et Violet, pour mettre encore plus en valeur leur relation très particulière… Et la même chose avec Edward… Pourquoi avez-vous finalement mis la romance au second plan ? Et surtout, rassurez-nous, il y aura une suite ? ^^
Je sais que l’explication de ses relations avec Andrew a semblée superficielle aux lecteurs : notamment les sentiments qu’il porte à Violet. J’avoue que c’est un pied de nez à toutes les romances : dans ce cadre, personne ne s’étonne de la rapidité avec laquelle les sentiments grandissent, je voulais qu’il en soit de même dans mon roman même si Andrew n’a aucune perfection… Il est même plutôt lâche quand on y pense, mais je le voulais ainsi. Je voulais inclure une dose de cynisme dans cette histoire.
Andrew est selon moi l’un des personnages les plus à plaindre du roman. Il est détruit par sa famille, puis étouffé, et se réfugie dans l’alcoolisme malgré quelques sursauts qui auraient faire de lui un héros romantique s’il n’était pas paralysé par sa propre impuissance et sa peur… Il est partagé entre son amour et sa famille écrasante. Lorsqu’il se libère enfin, c’est déjà trop tard. Andrew illustre à lui tout seul la fatalité.
Sur mon vicomte : il n’existait pas dans la première version de cinq pages. Néanmoins, j’avais besoin d’une touche de légèreté et de romance pour faire de cette histoire une nouvelle longue… Comme Andrew, Edward désire s’affranchir de la pression sociale, c’est un « enfant rebelle » mais au bout du compte, une fois confronté au choix il fait ce que la société attend de lui… Violet le séduit mais la bonne société anglaise ne l’acceptera jamais… Lui aussi scelle son destin lorsqu’il se rend à Sorrow’s Manor. Et j’ajouterai que malgré ses allures fanfaronnes, il est aussi prisonnier des convenances et lâche que peut l’être Andrew.
Au bout du compte, mes personnages masculins n’ont rien d’héroïque ! Ils sont tous prisonniers d’ exigences : leur rang, (Edward : le superficiel), leur famille ( Andrew : l’alcoolique) ou leur amour ( William : le papa gaga).
Nous voici à la question épineuse de la suite…. De nombreuses lectrices me la demandent et je ne cache pas que, certes, d’un point de vue imaginatif j’ai les idées. MAIS : écrire une suite reviendrait à tuer le roman original et son message…. J’ai écrit La dame aux papillons pour mettre en scène la faiblesse humaine et pour dire que, non, les gentils ne gagnent pas toujours.
Je semble très pessimiste en disant cela, je m’en rends compte, donc je m’offre une petite digression : à titre personnel, je suis une personne plutôt positive voire enjouée, même si je râle : ceux qui me connaissent pourront en témoigner. Cependant, j’aime écrire des choses qui collent à la réalité, et dans la vie tout n’est pas rose et rempli de petits papillons… J’aime les récits qui collent aux faiblesses humaines et où les personnages ne sont pas idéalisés (sans doute n’ai-je pas besoin de rêver ^^). Mais avec une formation de psycho, j’aime explorer les recoins les plus sombres de l’âme humaine…. C’est ce que La dame reflète. Tout tient en un personnage : Constance. Elle est ma vraie héroïne. (et je n’en dis pas plus pour ne pas spoiler).
4. Vous êtes-vous un peu inspirée des romans de Jane Austen pour le vôtre ? Pourquoi avoir choisi comme cadre l’Angleterre ?
Ah alors, Jane Austen…. J’aime cette question parce qu’elle montre à quel point on peut rapidement mettre une étiquette à un auteur ( n’y voyez aucun reproche, au contraire, votre question me donne l’occasion de m’exprimer). Pour La dame, Jane était loin, loin de mon esprit, d’une certaine manière on peut presque dire qu’elle n’existait pas même si je connaissais ses romans ! Le fait est que j’ai commencé à écrire dans mon coin, des fan fics, des originaux en 2006… Dont le premier jet de la Dame. Puis en 2012, j’ai gagné un appel à texte sur l’œuvre de Jane… Et là je suis devenue « la fille qui écrit des versions modernes de Jane Austen » et c’est très bien ! Sauf que je ne veux pas être que ça ! Je suis aussi la fille qui écrit des histoires : glauques, gothiques, fantastiques, de pirates… J’adore ce que je fais sur les romans de Jane : j’ai prévu d’adapter les 6 parce que ses écrits sont extrêmement riches et passionnants, j’aimerai aussi adapter les sœurs Bronté, Mme Bovary, les Liaisons Dangereuses et par-dessus tout Autant en emporte le vent ( pas avant 2017… vive le copyright) mais j’ai aussi le désir de créer mes propres histoires. La dame est la première du genre, plus inspirée par Collins et Radcliffe pour le coup et je prévois d’alterner (si un éditeur m’en laisse la chance) entre ré écriture et romans personnels : histoire de garder un équilibre et d’avoir une vraie identité sur la scène littéraire. J’aime les deux orientations, elles sont complémentaires et aussi jouissive l’une que l’autre. (Et ma prochaine adaptation sera Northanger Abbey )
Pourquoi l’Angleterre ? Parce que j’aime ce pays et par-dessus tout sa littérature… je ne me vois pas situer un roman ailleurs !
5. Et enfin, la passion de la littérature nous réunit. Quels sont VOS incontournables en terme d’auteur, de livres… ?
Question difficile… je suis plutôt éclectique et je lis globalement tout ce qui me passe sous la main. Cependant quelques auteurs repères : Jane Austen (of course) les sœurs Bronté, Wilkie Collins ( oui je l’aime vraiment beaucoup), Sade pour les classiques. Sur les romans j’ajoute Les liaisons dangereuses, Autant en emporte le vent, Mme Bovary et Ambre. (mais j’ai Elizabeth Gaskell, Thomas Hardy et Anthony Throllope à découvrir )
En policier retour à l’Angleterre : Anne Perry , Ann Granger, PD James et Elizabeth George principalement…. Plus Maxime Chattam, Frank Tallis et Frank Thilliez (j’adore le genre policier, je trouve que c’est le plus compliqué à écrire)
Fantasy : George RR Martin, Robin Hobb et Lynn Flewelling (et Anne Rossi ^^)
Ceux là sont mes incontournables, après je lis aussi de la chick lit : Sara Shepard !
Bref je lis, j’écris, je vis ^^
Ouf fini ! merci pour cette interview et j’espère que nous nous recroiserons à nouveau !
Je tiens à remercier Jess Swann pour le temps qu’elle a pris pour répondre à mes questions, mais aussi pour son passage sur mon blog afin de prendre connaissance de ma chronique ! Et bien sûr il faut remercier les éditions Artalys qui m’ont permis de lire "La dame aux papillons" et donc d’avoir un contact avec son auteure.
Je pense m’intéresser de plus près aux auteurs qu’a cité Jess Swann car j’aime beaucoup son univers et je suis très intriguée par ses influences ! Je vais bientôt chroniquer son autre roman "Amour, Orgueil et Préjugés", réécriture moderne du célèbre roman de Jane Austen qui porte presque le même nom ^^
9 Juin 2014
Jess Swann (vendredi, 10 octobre 2014 17:45)
Merci ^^ on s'était bien amusées
megan (vendredi, 10 octobre 2014 12:39)
joli interview