La Résistance,
A l’issue du Haut Conseil et une fois Poe Dameron parti, Holdo se tourna vers Leia, un pli soucieux barrant son front.
« Générale, êtes-vous sûre que tout va bien pour vous ? »
C3-PO ouvrit la bouche pour renchérir mais se tut devant le regard que lui lançait Leia.
« 3-PO, laisse-nous un peu seules, veux-tu ? » suggéra la générale.
En dépit de son sans gêne légendaire, le droïde sut reconnaitre l’ordre déguisé et s’éclipsa sans un mot.
« Que s’est-il passé tout à l’heure ? interrogea Holdo sans perdre de temps. Pendant un instant, j’ai eu la sensation que vous n’étiez plus là. »
Leia grimaça intérieurement. De toutes les personnes de son entourage, Amilyn Holdo était sans doute celle qui la perçait le mieux à jour…
« C’est Kaydel ? Ou … Ren ? ajouta Holdo avec réticences.
— Kaydel, admit Leia du bout des lèvres. Pendant un instant, j’ai eu le sentiment que… que je venais de la perdre.
— De la perdre ? répéta Holdo, perplexe. Vous voulez dire qu’il lui est arrivé quelque chose, s’inquiéta-t-elle. Elle est de nouveau blessée ? Ou en danger ?
— Non… Je… Cela m’a rappelé le moment où, où Ben s’est détourné de la Lumière. »
Choquée, Holdo resta muette pendant une fraction de seconde.
« Vous voulez dire que… Kaydel aurait rejoint nos ennemis ?
— Non, tenta d’expliquer Leia. Pas encore, sans doute jamais. Mais, je la sens troublée, perdue… Je sais qu’elle possède des valeurs solides et qu’elle ne les trahira pas, cependant…
— Cependant ? l’encouragea Holdo.
— Il se passe quelque chose en elle », lâcha Leia.
Un silence lourd d’inquiétude retomba entre les deux femmes et Leia finit par reprendre :
« Elle est trop proche du général Hux. La savoir à ses côtés de la sorte me terrifie… Je suis à deux doigts de lui ordonner d’arrêter la mission pour nous rejoindre », avoua-t-elle dans un souffle.
Holdo tressaillit et Leia poursuivit d’un ton amer :
« Le Premier Ordre m’a déjà volé mon fils, je ne les laisserai pas me prendre Kaydel. »
Holdo posa une main consolatrice sur le bras de Leia puis déclara d’une voix douce :
« Je comprends vos angoisses mais… Kaydel est sans doute la mieux placée pour obtenir des informations sur la localisation de Rey. Et pour retrouver Luke », murmura-t-elle d’un ton languissant.
La générale Organa se tourna vers elle, la bouche déformée en une grimace.
« Luke… Je commence à me demander si le retrouver vaut la peine d’autant de sacrifices. »
Choquée, Amilyn s’écarta d’elle.
« C’est le dernier Jedi. Et votre frère. Comment pouvez-vous envisager une seule seconde de renoncer !
— Je sais ce qu’il est pour moi, rétorqua Leia. Et j’ai également conscience de ce qu’il représente pour vous. Je ne vous laisserais pas mettre ma fille en danger pour lui. Si Luke voulait être à nos côtés, il nous aurait déjà rejoint. »
Les yeux d’Holdo se réduisirent en une fente et elle observa Leia. La générale était son amie depuis des décennies, depuis même avant Luke. Mais, en cet instant, elle ne pouvait penser qu’au Jedi dont elle avait été brutalement séparée.
« Luke est perdu. Parce qu’il a été déçu, trahi, par votre fils, son propre neveu. S’il s’est exilé, c’est à cause de Ben, lâcha-t-elle avec rancœur.
— Alors, selon vous, Kaydel devrait payer pour les erreurs de son frère ? répliqua Leia avant de se radoucir. Amilyn, je sais qu’il vous manque. Il me manque aussi. Mais, aussi important que soit Luke à mes yeux, je ne supporterai pas de perdre encore un être cher pour le retrouver. Ben m’a été enlevé, Han est mort. Kaydel est le seul membre de ma famille qu’il me reste.
— Luke aussi est de votre famille, souligna Holdo.
— Oui c’est vrai… Mais il n’y a pas de comparaison entre un frère ou un amant et la douleur d’être séparée de son enfant, murmura Leia. La seconde est comme une blessure à vif qui ne se referme jamais. Voilà pourquoi, je refuse de prendre le risque de perdre Kaydel au nom d’une cause, quelle qu’elle soit. Même pour celle à laquelle j’ai voué mon existence entière. Je sais que cela est difficile à comprendre pour vous, Amilyn, ajouta-t-elle, et, si vous estimez que mes sentiments maternels m’empêchent de tenir mon rang au sein de la Résistance, vous êtes libre d’en informer le Haut-Conseil. »
Sur ces mots, Leia tourna les talons et Holdo la fixa tandis qu’elle s’éloignait.
« Je comprends mieux que vous ne le croyez, Leia », murmura-t-elle.
Le Premier Ordre,
Le visage décidé, Kylo Ren ôta son gant et plongea sa main dans la cendre chaude de Mustafar ainsi qu’il avait obligé Rey à le faire quelques jours plus tôt. Les traits tendus, il inspira rapidement à plusieurs reprises pour chasser la douleur et s’ouvrit à la Force.
« Grand-père… parlez-moi, » supplia-t-il.
Autour de lui, à travers la Force, il sentait le bouillonnement de la lave en fusion, le grondement de la planète toujours en ébullition. La mort. Le chagrin. La colère. Tous ces sentiments qu’il peinait à garder enfermés en lui. Kylo Ren s’obligea à se détendre et communia un peu plus avec la Force. Une sensation de perte le submergea et il tendit son esprit dans cette direction, dans l’espoir que Vador se révèle enfin à lui.
A la place, il vit le visage de Han alors qu’il plongeait son sabre dans son estomac. La tendresse qui brillait dans les yeux de son père alors qu’il venait de l’assassiner. Il lui sembla sentir de nouveau son ultime caresse sur son visage et Kylo Ren poussa un hurlement de rage et de frustration. Pourquoi la Force lui refusait-elle ce qu’elle offrait à Rey ? Pourquoi Vador se dérobait-il sans cesse à lui ?
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Le trouble de Kylo Ren inondait la Force et Rey se redressa, aux aguets. Plus ils passaient de temps ensemble, plus cette sorte de lien entre eux se renforçait. Une lueur s’alluma dans les yeux de la jeune femme en percevant une pointe de remords sous les couches de haine et de colère de son geôlier. Peut-être que tout n’était pas perdu. Peut-être que Kylo Ren pouvait encore être ramené…
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Le Supremacy était impressionnant. Plus encore que le palais impérial de Coruscant et malgré elle, Kaydel retint son souffle. Elle se tenait à la droite du général Hux, engoncée dans son uniforme sombre et consciente des regards posés sur elle. Certains étaient curieux, d’autres envieux, beaucoup hostiles… Elle avala sa salive en s’efforçant de dissimuler son trouble et sa peur. Son nouveau grade lui donnait les coudées franches pour agir mais, il l’exposait également. Combien de ces officiers jaloux allaient tenter de percer son passé ? Sa couverture était certes parfaitement élaborée mais, elle ne pourrait pas résister à l’examen minutieux d’une personne décidée à lui nuire. De combien de temps disposait-elle avant que l’identité de Kaetix ne se fissure ? Elle jeta un regard à Hux. Ses yeux suivirent le profil de l’homme, l’angle de sa mâchoire, sa bouche… Le moment de lui dire adieu approchait, elle le savait. Cela avait toujours été prévu ainsi. Pourtant, elle ne pouvait empêcher son cœur de se serrer à cette perspective.
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Hux posa un genou à terre devant le Suprême Leader et baissa la tête pour mieux souligner sa soumission. Assis sur son trône pourpre et entouré de sa garde prétorienne, Snoke posa ses yeux d’un bleu irréel sur son sous-fifre.
« Vous voici enfin, Hux. Cela fait plusieurs jours que j’ai requis votre présence sur le Supremacy. »
Le rappel, fait d’une voix onctueuse, fit tressaillir le général. Il releva le visage et déclara :
« La situation sur Coruscant nécessitait d’être stabilisée, Suprême Leader. Le précédent chancelier administrateur n’était pas à la hauteur de sa tâche. J’ai dû… »
La gorge de Hux se serra brusquement et son visage se marbra de rouge tandis que Snoke le considérait avec mépris.
« Assez ! tonna-t-il. Je connais précisément les raisons pour lesquelles vous vous êtes attardé et avez négligé mes ordres. »
Congestionné, Hux tenta de se défendre mais l’étau sur sa gorge se resserra un peu plus. Snoke se redressa sur son trône et se pencha sur lui, son corps le dominant entièrement tandis que son haleine fétide lui emplissait les narines.
« Je n’ai que faire de votre nouveau jouet, général Hux. Tant que sa présence n’entrave pas votre action. Si un tel manquement venait à se reproduire, je n’hésiterais pas à le briser… »
La pression sur la trachée du général se relâcha et le roux retomba sur le sol, haletant.
« Il semblerait que vous rencontriez des difficultés à vous imposer dans la Galaxie, poursuivit Snoke d’un ton égal. Aussi ai-je demandé au général Pryde de venir vous prêter main forte. »
Hux se décomposa à cette nouvelle tandis que Pryde fendait la garde prétorienne pour venir s’agenouiller face au Suprême Leader.
« Je vous remercie de votre confiance et je saurais m’en montrer digne. Vous n’avez pas à craindre que quoi que ce soit me détourne de notre mission de conquête, assura Pryde. Contrairement à Armitage, je ne me soumets à aucun désir, excepté celui de voir triompher notre cause et de faire renaitre l’Empire. »
Le roux blêmit devant cette flèche mais n’osa rétorquer, conscient que Snoke n’hésiterait pas à le limoger, voire pire.
« Bien », approuva le Suprême Leader à l’intention de Pryde avant de reprendre place sur son trône, signe que leur entretien était terminé.
Les poings serrés, Hux sortit de la salle de commandement, flanqué de Pryde. Son aîné lui adressa un regard méprisant.
« J’espère pour vous qu’elle en vaut la peine, Hux. »
Humilié, le roux serra les dents et dédaigna de répondre. Devoir partager le pouvoir avec Ren était déjà une épine dans son pied. Et voilà, qu’à présent, Pryde était de la partie ! Pourtant, il ne regrettait rien. Kaetix valait tous les sacrifices et, avec une telle femme à ses côtés, il était certain d’atteindre le pouvoir suprême.
La Résistance,
Le visage fermé, Rose observait Finn et Jannah qui se trouvaient à quelques mètres d’elle, occupés à ramasser du bois. Elle grimaça en voyant les doigts de l’ancien trooper frôler ceux de la jeune femme et s’apprêtait à les rejoindre lorsqu’une main virile se referma sur son bras.
« Tu n’arriveras à rien en agissant ainsi, » déclara Poe.
Rose se tourna vers le petit ami de sa sœur. Elle éprouvait des sentiments mitigés pour ce dernier. Une part d’elle l’admirait secrètement, après tout, il était un héros de la Résistance, le pilote le plus doué de sa génération, mais, elle le détestait aussi. Depuis que Poe était entré dans la vie de Paige, sa sœur avait changé. Elle prenait des risques inconsidérés lorsqu’elle partait en mission, encouragée par le côté tête brûlée de Dameron. Mais, même si cela la peinait de l’admettre, Paige était loin d’être aussi douée pour piloter que Poe. Et Rose redoutait que cela ne finisse par lui couter la vie.
« Je ne vois pas de quoi tu parles, » répondit-elle, à peine aimable.
Poe soupira profondément.
« Courir après un homme ne rend pas une femme plus désirable. Au contraire. S’il la sait déjà acquise, il n’y a pas d’enjeu, donc, pas d’intérêt. Au lieu de sans cesse rechercher la présence de Finn, tu devrais prendre tes distances. C’est le manque qui permet de réaliser qu’on a des sentiments ; enfin si c’est le cas », précisa-t-il.
Rose lui renvoya un regard hostile et il soupira.
« Ecoute, je sais que les choses ne sont pas faciles entre nous. J’ai bien compris que tu ne m’appréciais pas beaucoup. J’imagine que c’est parce que tu as l’impression que je te vole ta sœur. Mais j’aimerais arranger notre relation. Pour Paige mais aussi, parce que, crois-le ou non, j’ai de l’affection pour toi.
— Le pilote sentimental… on aura tout vu… Je n’ai pas besoin de tes conseils de séducteur, répliqua Rose, piquée au vif. Et je ne suis pas amoureuse de Finn, ce n’est qu’un ami.
— OK, comme tu voudras, s’agaça Poe. Au moins, j’aurais essayé… »
La jeune femme grimaça, consciente de s’être montrée injuste envers lui.
« Excuse-moi… Je sais que tu essaies de m’aider. Mais, je n’ai pas besoin d’un père de substitution. Paige remplit déjà ce rôle.
— Ce n’est pas ce que je veux être, je cherche juste à devenir ton ami.
— Mais, s’étonna Rose. Tu l’es déjà.
— Ce n’est pas ce que je ressens, soupira Poe. La plupart du temps, j’ai l’impression que tu me détestes alors que je n’ai rien fait pour ça. Rose, je sais que Paige et toi vous êtes très proches et je ne cherche pas à vous séparer. J’aimerais que tu cesses de me voir comme un rival. »
La jeune femme se crispa devant cette affirmation qu’elle ne pouvait nier totalement.
« Tes problèmes avec Paige n’ont rien à voir avec moi, lui lança-t-elle. Toi qui es si expert dans l’art de la séduction, devrais savoir que le fait de chanter sans cesse les louanges d’une autre fille devant sa petite amie n’a rien de plaisant. »
Les yeux de Poe s’agrandirent de surprise et Rose se réprimanda mentalement pour son indiscrétion. Paige lui avait longuement parlé de sa jalousie envers Rey et de l’intérêt que Poe semblait avoir pour elle et elle avait juré de ne rien en dire. Et voilà qu’elle en parlait au premier concerné !
« Oublie ce que je viens de dire, balbutia-t-elle. S’il te plait. »
Perturbé, Poe hocha la tête et Rose en profita pour s’éloigner, le cœur lourd à la pensée d’avoir trahi le secret de sa sœur.
Le Premier Ordre,
Le Supremacy était un véritable labyrinthe. En dépit de ses efforts, Kaydel peinait à se repérer dans les nombreux couloirs, tous semblables, du Destroyer. Comment pourrait-elle être crédible en tant que second de Hux si elle n’arrivait même pas à retrouver la salle des officiers ? Agacée par sa propre incompétence mais n’osant recourir à la Force de crainte d’être sentie par Snoke, la jeune femme s’engagea au hasard à une intersection.
Son cœur s’alourdit en voyant un homme vêtu d’une combinaison de mécanicien se diriger vers elle. Elle s’était une fois de plus trompée. Elle pivotait pour faire demi-tour lorsqu’une exclamation la statufia.
« Kaydel Ko Connix ! Jamais j’aurais imaginé que ce serait toi qu’ils enverraient. »
La peur se répandit dans ses veines et elle se retourna lentement vers l’homme qui venait de parler.
« Jored, section du major Brance, se présenta-t-il. Sérieusement, je ne pensais pas que la générale Organa enverrait sa petite protégée dans les griffes de l’ennemi. »
Il parlait fort, songea Kaydel. Beaucoup trop fort.
« T’as réussi à glaner des infos ? Moi j’arrive pas à sortir de la salle des machines, continua Jored. Impossible d’approcher des archives ou de quoi que ce soit d’autre. »
Mal à l’aise, la jeune femme garda le silence et le regard de son compagnon se posa sur son uniforme.
« La vache… T’as combien de barrettes ? Sérieux, comment t’as fait pour avoir ça ? »
Une fois de plus, Kaydel ne répondit pas, de plus en plus inquiète. L’autre ne s’en rendit pas compte.
« Attends… réalisa-t-il, les yeux écarquillés. C’est toi la fille dont tout le monde parle ? Kaetix ? Celle qui a les faveurs de Hux ? »
La jeune femme se raidit alors qu’il lui semblait entendre des pas se rapprocher. Emporté par son élan, Jored poursuivit d’une voix forte :
« Wahouuu respect ! Tu vas jusqu’à coucher avec ce salopard pour obtenir des informations… Alors, t’as découvert quoi ? Tu sais où est Ren ? Comment tu fais pour supporter d’avoir Hux sur toi ? Il est bon au moins ? Je veux dire, tu prends ton pied ? »
A ces mots, qu’une lueur malsaine accompagnait, quelque chose se brisa en Kaydel. Elle ne supportait pas de voir son histoire avec Hux ainsi trainée dans la boue. Pas plus que les sous-entendus graveleux de Jored. Lentement, elle sortit son blaster de son étui.
Les pas se rapprochaient et l’autre parlait toujours trop….
Du moins, c’est qu’il sembla à Kaydel.
Sans hésiter, elle visa en plein cœur. Le visage de Jored se remplit d’incompréhension et il s’écroula.
« Trai… » exhala-t-il avant d’expirer.
Kaydel laissa retomber son bras, le cœur battant à tout rompre. Elle venait de tuer l’un des siens.
La Résistance,
Leia frissonna et se redressa d’un bond dans son lit. La nuit était épaisse sur Ajan Kloss, dans le ciel dégagé, les étoiles brillaient, augurant d’une magnifique journée à venir. Pourtant, le cœur de la générale était glacé d’effroi. Quelque chose d’horrible et de définitif s’était produit, elle le sentait.
« Kaydel, souffla-t-elle. Mon enfant, je t’en supplie… Fais attention à toi. »
Le Premier Ordre,
Le vent soufflait sur Mustafar et la lave bouillonnait. Il se trouvait face à Rey. Les yeux de la jeune femme avaient pris une teinte mordorée. Elle était belle. Triomphante, dominatrice. Un sentiment de jouissance envahit Kylo Ren et il s’approcha de sa promise.
Leurs mains se rejoignirent, leurs doigts s’épousèrent, et il se sentit entier pour la première fois de son existence. Alors qu’ils fusionnaient enfin, le ciel se chargea d’orage. Une flotte sombre et néfaste, sortie de nulle part, étendit ses ailes noires sur la Galaxie. Malgré lui, Kylo Ren frissonna.
( ) ( )
Rey était là. Le regard perdu, le corps déformé par la grossesse. Elle pleurait et le reste de cœur de Ren saigna lui aussi. Le vent s’éleva et Rey poussa un hurlement de douleur.
« Elle ne peut pas arriver maintenant, c’est trop tôt… »
Kylo Ren plissa les yeux sans reconnaitre l’homme aux côtés de Rey. Il tendit la main dans sa direction mais l’axe de la Galaxie pivota brusquement.
( ) ( )
« Une Dyade dans la Force… Le pouvoir le plus puissant. »
Il avait beau n’avoir jamais vu Palpatine, il le reconnut au premier regard. Les prunelles luisantes de pouvoir, l’Empereur tendit la main en direction de celui qui lui faisait face. Vador.
« Mon apprenti… Ouvre toi à moi, laisse la Force nous fusionner. »
Kylo Ren sentit dans ses os la résistance de Vador, son rejet de Palpatine… Il ne voulait pas. Stupéfait par sa découverte, le jeune homme se troubla mais la scène se poursuivit.
« Tu me déçois, apprenti. »
Vador se raidit et Ren éprouva la rage de son ancêtre.
« Mais, tu ne pourras pas toujours te dérober à la Force. Un temps viendra où ta descendance s’unira à la mienne. La Dyade existera. Cesse de résister, Anakin Skywalker. »
Vador se tourna alors dans la direction de Kylo Ren et le cœur du jeune homme manqua un battement.
« Rey Palpatine ne doit pas basculer. Si elle rejoignait l’Obscurité, le Chaos envahirait la Galaxie. Seule sa descendance pourrait apporter une lueur d’espoir, mais pour cela, elle doit être l’unique porteuse de mon sang… »
( ) ( )
Une fois de plus, l’axe du temps se modifia et Kylo Ren se retrouva dans une grotte.
« Elle ne peut pas arriver maintenant, c’est trop tôt, » gémit Rey.
Le ventre distendu par la grossesse, la jeune femme haletait, percluse de douleur. Un homme se pencha sur elle et la rage reflua en Ren lorsqu’il le reconnut.
Luke Skywalker.
Un éclair vrilla le ciel et le vent hurla aux oreilles de Ren tandis que Luke extirpait un nouveau-né du ventre de Rey.
« La Force est puissante en elle, » lâcha Luke tout en considérant l’enfant.
( ) ( )
Les épines sombres la submergeaient et l’air vicié lui emplissait les poumons. A demi étouffée, Rey progressa vers le rai de lumière qui l’appelait. Parvenue au centre de ce dernier, elle laissa échapper un soupir de soulagement.
« Enfin, te voilà… » susurra une voix familière derrière elle.
La jeune femme tressaillit et se retourna lentement. Elle reconnut sans étonnement son alter ego obscur.
Cette dernière lui adressa un sourire mauvais.
« Tu auras beau essayer, tu ne peux nier ce que tu es. »
La bile remonta dans la gorge de Rey et elle fixa sa version sombre.
« Et que suis-je, selon toi ? coassa-t-elle.
— La petite fille de Palpatine, l’enfant des ténèbres, et l’héritière des Siths. Notre destin est de régner sur la Galaxie. Cesse de refouler ta nature profonde et laisse la s’exprimer. Laisse-moi prendre le contrôle et la place qui nous est due. »
Une bouffée de terreur inonda Rey et elle recula, sa retraite entravée par les ronces épaisses. La noirceur la submergea et son alter ego aux dents aiguisées s’approcha d’elle.
« Ne me repousse plus… Je suis ton vrai toi… »
( ) ( )
Kylo Ren se redressa dans son lit, en nage, encore sous l’effet du songe qu’il venait d’avoir. Rey… Une descendante de l’Empereur…
Il n’osait y croire et pourtant, Vador avait été clair. Il avait parlé de « Rey Palpatine » et, en dépit de tout ce qu’il connaissait de la banalité des origines de la jeune femme, Kylo Ren frémit. Si sa vision était juste… alors Rey et lui étaient destinés à régner.
Fiévreux, comme animé par une volonté plus forte que la sienne, il se dirigea vers le mur de la chambre qu’il occupait depuis qu’il s’était attribué les possessions de Vador. Semblant mues par une force extérieures, ses mains se posèrent sur les carreaux composant le mur d’enceinte, les déplaçant dans une parfaite chorégraphie. Médusé, Kylo Ren vit la paroi s’ouvrir, dévoilant un interstice dans lequel était enfoui un holopad daté.
Tremblant d’émotion, il l’alluma et le casque de Vador s’encadra sur l’écran.
Chuintant de douleur et la respiration plus laborieuse que jamais, la voix de Vador s’éleva.
« Palpatine m’a trompé… Je n’ai pas tué Padmé. Pourtant, elle est morte à cause de moi. Je voulais la sauver mais je l’ai condamnée, et je me suis damné… A présent, je sais à quel point il m’a trahi. Mais, il ne m’a pas démasqué. Il est trop imbu de son pouvoir. Il pense que j’ignore tout de ses machinations… Il croit que j’ignore l’existence de son fils. Et du mien. Celui que Padmé m’a offert avant de mourir. Palpatine espère que nous deviendrons une Dyade dans la Force. Je m’y refuse, je le rejette. Si Luke accepte de me rejoindre, nous le renverserons et nous prendrons sa place. Ensemble nous règnerons. Une fois que nous aurons éradiqué sa descendance, plus rien ne se dressera entre nous et le pouvoir ultime. La Dyade dont l’Empereur rêve, l’union entre sa lignée et la mienne, ne verra jamais le jour. Elle ne DOIT pas exister. »
L’image se troubla et le son s’hachura au grand dam de Kylo Ren.
« Jamais. Desc avec mie ne doit uni. »
Frustré, le jeune homme cogna l’holopad mais, au lieu de la suite du message tellement attendue, ce dernier s’éteignit avec un grincement de mauvais augure.
Furieux, Kylo Ren frappa le mur de toutes ses forces, cherchant à évacuer sa colère. Les poings en sang, il avisa finalement une liasse de documents. Ces derniers retraçaient la généalogie de Palpatine. Le cœur battant à tout rompre, Kylo Ren les compulsa. Tous les noms qui y figuraient portaient le symbole de la mort. Sauf un : celui de sa petite fille, Rey, portée disparue sur Jakku.
Rey. Jakku. La Force. Cela ne pouvait être une coïncidence.
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