Le Premier Ordre,
En dépit de ses efforts pour appliquer les recettes de Leia et ainsi retrouver une relative sérénité, Rey ne parvenait pas à atteindre l’état de concentration et de calme qu’elle recherchait. La jeune femme ne cessait de penser à Ren, ou plus exactement, à ce qui s’était passé avec son ravisseur. La manière dont il l’avait prise, brutale, sans concession. Profonde. Une boule se forma dans le bas-ventre de la jeune femme à ce souvenir et la colère s’alluma en elle. Elle ne savait pas à qui elle en voulait le plus. A elle pour être incapable de le repousser ? A lui pour la manière désinvolte dont il usait de son corps ? Une fois de plus, le souvenir des mains de Ren sur son corps, de son sexe en elle, provoqua une bouffée de désir et Rey se crispa. Comment pouvait-elle être attirée par un tel monstre ? Un assassin, un être sans scrupules et sans morale… Était-ce à cause du sentiment de solitude qui était chevillé à son corps depuis le départ de ses parents ? Un effet pervers de la Force et de ce prétendu lien que Ren s’entêtait à voir entre eux ? Ou était-ce plus profond… quelque chose d’enfoui en elle, une nature qu’elle repoussait et refusait d’admettre ?
Un long frisson remonta le long de l’échine de Rey au souvenir de la version d’elle-même qui l’attendait dans le gouffre. Elle lui avait prédit un destin semblable à celui d’Anakin Skywalker...
« Jamais, » déclara Rey à haute voix sans savoir si elle s’adressait à Ren ou à elle-même.
Sans prévenir, le décor sinistre de sa prison s’effaça et Rey se retrouva sur un balcon surplombant un lac baigné de soleil. Elle cligna des yeux en reconnaissant C3-PO. Folle de joie et d’espoir, elle s’approcha du droïde afin de lui transmettre sa localisation. C3 lui tournait le dos, toute son attention tournée vers un couple. Rey eut un mouvement de recul en reconnaissant Padmé. Toute de blanc vêtue, en robe de mariée, elle embrassait avec passion le jeune homme à la tenue austère qui lui faisait face. Anakin.
D’où elle se tenait, Rey pouvait sentir la passion qui animait le couple, l’amour dévot d’Anakin, le désir et la tendresse de Padmé. Son cœur se serra d’envie devant une telle symbiose. Il était clair que ces deux-là s’étaient trouvés et qu’ils s’aimaient profondément. Ils rompirent leur baiser et se tournèrent vers les eaux calmes du lac, leurs mains enlacées. Un sourire triste échappa à Rey. Ils avaient l’air si paisibles, si confiants en l’avenir. Ils étaient tellement jeunes. Les épaules de Padmé tressaillirent brusquement et elle se retourna, les sourcils froncés. Pendant une fraction de seconde, les yeux de Rey croisèrent ceux de la jeune mariée puis, le passé s’effaça et elle se retrouva de nouveau dans sa chambre.
« Qu’essaies-tu de me dire ? » s’écria Rey, frustrée par ces apparitions qui lui laissaient plus de questions qu’elles ne lui offraient de réponses.
Seul le silence lui répondit et la jeune femme se roula en boule sous sa couette, plus perdue que jamais.
La Résistance,
La commandante d’Acy s’éclaircit la voix afin de faire son rapport à la générale Organa, la vice amirale Holdo et Lando.
« Il y a du changement sur Coruscant. »
A ces mots, Leia se redressa, sur le qui-vive.
« Hux va bientôt quitter la planète pour rejoindre le Supremacy. Selon nos informateurs, le leader Snoke réclame sa présence.
— Et pour Coruscant ? l’interrogea Holdo. Sait-on qui va remplacer l’ancien administrateur.
— Oui. Cela nous a été confirmé il y a quelques heures. Hux a nommé le capitaine Opan à la tête de l’ancien palais impérial. »
Ni Holdo, ni Leia ne purent retenir un mouvement de surprise.
« Opan ? Son homme de confiance et interrogateur ? Mais, il est à ses côtés depuis des années, pourquoi se séparait-il de lui ? » se questionna Holdo.
D’Acy tourna ses yeux pâles vers elle.
« La rumeur dit qu’Opan n’a plus les faveurs de Hux et qu’ils ont eu quelques désaccords durant les dernières semaines.
— Connait-on l’identité de celui qui remplacera Opan aux côtés de Hux ? » intervint Leia qui avait un terrible pressentiment.
Le visage de la commandante se troubla, marquant son incompréhension.
« Rien n’est encore officiel, cependant, beaucoup misent tout sur une femme. Une certaine Cottbick. Originaire de Dulathia, des études brillantes à Bar’Leth… A intégré le Premier Ordre il y a quelques semaines à la suite d’une rafle. Elle a rapidement monté les échelons jusqu’à se retrouver dans le cercle restreint de Hux. Hormis cela, on ne sait rien sur elle. J’ai contacté nos différents informateurs sur Dulathia et Bar’Leth mais nul ne semble se souvenir de l’avoir croisée. Ni là-bas, ni dans un quelconque système. C’est comme si cette fille n’avait aucune existence avant de rejoindre le Premier Ordre. »
Consciente du choc que cette annonce procurait à Leia, Holdo poursuivit l’entretien afin de laisser à son amie l’occasion de se remettre.
« Est-on certain que ces nouvelles sont fiables ? »
D’Acy haussa les épaules.
« Autant que peuvent l’être les informations sur ce qui se passe au sommet du Premier Ordre. »
Le cœur serré d’angoisse à la pensée du jeu ô combien dangereux auquel sa fille se livrait, Leia finit par reprendre le fil de la réunion.
« Et pour… Kylo Ren ? »
Là encore, D’Acy grimaça.
« Aucune trace. Certains commencent à penser qu’il a été éliminé par Snoke ou Hux. »
Lando ne put s’empêcher de lancer un regard inquiet à Leia mais elle répondit calmement.
« Ils se trompent. Il est loin d’être affaibli, au contraire, son pouvoir se renforce de plus en plus. Ce qui est inquiétant pour nous, d’autant plus que Rey est avec lui. »
Le Premier Ordre,
« Moi ? Votre bras droit ? » lâcha une Kaydel stupéfaite à Hux.
Les yeux verts du général se posèrent sur le visage doux de la jeune femme.
« Oui, vous. Kaetix, je suis certain qu’à nous deux nous pourrons accomplir de grandes choses. »
L’intensité avec laquelle Hux la contemplait donna le tournis à la jeune femme et elle se laissa tomber sur le siège le plus proche, les jambes coupées. Immédiatement, son compagnon se précipita vers elle.
« Kaetix ? Vous vous sentez bien ? »
Devant son absence de réponse, il se dirigea vers le comlink.
« J’appelle l’équipe médicale.
— Non ! le retint Kaydel. Tout va bien. Je, c’est juste, je suis tellement surprise de votre proposition. Je veux dire… je ne connais absolument rien en stratégie militaire et encore moins au fonctionnement du Premier Ordre. Comment pouvez-vous sérieusement envisager de m’offrir un tel poste ? »
Le visage de Hux s’assombrit brièvement avant qu’il ne se reprenne et il vint s’asseoir aux côtés de la jeune femme.
« Pour toutes ces raisons. Vous n’avez aucune idée préconçue sur l’Ordre, ni eut le temps de contracter la moindre alliance secrète avec l’un de mes ennemis. De plus, le fait de voir une femme jeune et belle comme vous l’êtes occuper le premier rang rassurera les plus inquiets et nous permettra de gagner des suffrages dans toute la Galaxie.
— Somme toute, je suis, au mieux, une fidèle suiveuse et, au pire, un objet de propagande à vos yeux, siffla Kaydel sans pouvoir se retenir, ulcérée par la réponse du général.
— Absolument pas ! se défendit ce dernier. Vous m’avez demandé de vous expliquer mon choix et je l’ai fait avec des arguments stratégiques. Mais, à titre personnel, vous êtes beaucoup plus que cela pour moi, Kaetix. »
Médusée, elle ne réagit pas et, ainsi encouragé, Hux poursuivit.
« Je ne vous vois pas comme mon inférieure mais comme ma partenaire, ma co-équipière dans cette guerre que j’essaie de gagner. Kaetix, vous êtes celle que j’attendais depuis toujours… Je… »
Il s’interrompit, visiblement ému. La bouche sèche, Kaydel ressentit un bref pincement au cœur devant sa sincérité évidente. Pour la première fois depuis son infiltration au sein du Premier Ordre, elle éprouva des remords pour les mensonges qu’elle ne cessait de répéter.
« Comment pouvez-vous dire cela, murmura-t-elle. Vous n’avez pas la moindre idée de qui je suis…
— J’en sais assez, la coupa Hux. Vous êtes courageuse, intelligente, cultivée… Vous êtes franche mais sans jugement. Vous n’avez pas peur d’exprimer vos opinions et vous êtes, comme moi, motivée par le désir d’apporter paix et prospérité à la Galaxie. Le reste : d’où vous venez, ce que vous avez fait avant ou la classe de vos parents n’ont aucune importance à mes yeux. Ce qui m’intéresse c’est la femme qui se trouve devant moi et l’avenir que nous pourrions avoir ensemble, pas votre passé. »
Tout en parlant, il s’était rapproché d’elle et il ne vint pas à l’idée de Kaydel de le repousser alors qu’il glissait une main presque timide derrière sa nuque. La bouche de Hux se referma sur la sienne et elle sentit sa langue lui caresser les lèvres, afin de l’inciter à les écarter. Le cœur battant la chamade, elle obtempéra, le laissant explorer sa bouche avant d’en faire de même, oubliant la prudence, sa mission et tout ce qui n’était pas Hux.
La Résistance,
Debout au milieu du camp, Finn contemplait Jannah depuis de longues minutes. En T-Shirt moulant et short, la jeune femme aidait à transporter les réserves de nourritures rapportées par l’escadron Blue. Un coup de coude dans les côtes le ramena à la réalité.
« Ferme la bouche ou tu vas avaler des moucherons, plaisanta Poe avant de jeter un œil connaisseur en direction de Jannah. C’est vrai qu’elle est jolie. Pas autant que Paige ou que Rey, mais si j’étais célibataire, je tenterais ma chance… »
Les joues de l’ancien trooper s’enflammèrent.
« Je suis avec Rey, lui rappela-t-il. Je suis amoureux d’elle.
— Parce que c’est la première fille que tu as rencontrée… Et puis, imagine qu’on ne la retrouve jamais ? Tu ne vas pas l’attendre toute ta vie ! »
Finn lui adressa un regard noir.
« Je n’arrêterais jamais de la chercher. Jamais. »
Sur ces paroles prononcées d’un ton définitif, il planta là le pilote et rejoignit Paige.
« Tu as l’air contrarié, observa la jeune femme.
— Non, c’est rien, mentit Finn. Dis-voir, tu crois que je pourrais m’entretenir avec la générale ? En privé. »
Paige lui jeta un regard de biais.
« Sûrement… Pourquoi tu ne demandes pas à Poe de t’aider. »
Mal à l’aise, Finn grimaça.
« Je préférerais éviter de trop le côtoyer en ce moment. C’est un super pote mais il a du mal à comprendre ce que Rey représente pour moi. Il croit que mes sentiments ne reposent que sur du sexe et que je suis attiré par Jannah. Comme si j’allais oublier Rey aussi facilement ! Ok, je reconnais que Jannah est vraiment belle et que j’aime passer du temps avec elle mais je ne tromperais jamais Rey. »
Paige grimaça imperceptiblement en songeant à Rose avant de se reprendre.
« Je crois que j’ai saisi l’idée, lâcha-t-elle d’un ton glacial. Je vais voir avec Holdo si c’est possible. »
Un peu décontenancé par la froideur de Paige, le trooper s’inquiéta.
« J’ai dit quelque chose qu’il fallait pas ?
— Non, tu as été très clair, au contraire. Comme toujours. »
Rose les rejoignit au même instant et adressa un large sourire à Finn.
« L’escadron Blue m’a rapporté un nouveau défi à relever, tu m’aides ? »
Le jeune homme s’apprêtait à accepter lorsque Jannah se matérialisa à ses côtés.
« Mission de ravitaillement dans la forêt, tu en es ?
— Et comment ! s’enthousiasma Finn avant de se tourner vers Rose. Désolé… Mais je suis certain que tu feras des miracles, comme toujours… »
Les poings serrés, Rose fixa Jannah et Finn qui s’éloignaient en bavardant joyeusement sans même lui adresser un regard. A ses côtés, Paige poussa un lourd soupir.
« Je suis désolée… »
Sa cadette prit une profonde inspiration avant de lui adresser un sourire faussement lumineux.
« Ce n’est pas grave, après tout, je suis assez grande pour me débrouiller sans son aide. »
Le Premier Ordre,
Kylo Ren observa avec satisfaction la soumission de ses sous-fifres. Même s’il les désertait depuis Kef-Bir, les Chevaliers restaient siens.
« Où en sommes-nous ? »
L’un de ses séides, Vicrul, posa le genou à terre.
« Notre agent a réussi à infiltrer les rangs de la Résistance. »
Un frisson d’excitation, vite réprimé, agita Kylo Ren à cette nouvelle.
« La base principale ?
— Oui, Seigneur Ren. Le point névralgique. Leia Organa s’y trouve. »
Le jeune homme baissa le visage afin de masquer les émotions que la nouvelle provoquait en lui. Il pouvait en finir maintenant avec Leia sans même avoir à l’affronter en personne. Il lui suffisait d’un ordre, un minuscule petit mot et elle disparaitrait de la Galaxie pour toujours. Comme Han Solo avant elle. Pourtant, il n’y parvint pas, la gorge brusquement serrée.
« Seigneur Ren ? » se troubla Vicrul.
Son maitre se reprit et lâcha d’un ton désinvolte :
« Restez en contact avec notre agent sur place. Pour l’instant, je préfère que nous concentrions nos efforts sur la récolte d’informations. Savez-vous s’ils connaissent la localisation de Skywalker ? »
Le chevalier s’efforça de contenir sa lassitude dans la Force mais Ren la sentit tout de même. Vicrul, à l’instar du reste de la troupe, ne comprenait pas l’obsession manifeste de leur chef pour le Jedi.
« Ce minable est parvenu à faire chuter l’Empire et mon grand-père. La Résistance n’est que du menu fretin comparé à lui, se justifia-t-il avec hargne. Alors ? Que savent-ils ? »
Ainsi remis à sa place, Vicrul répondit avec prudence :
« Les résistants se sont procurés récemment une Balise. Selon les informations de notre contact, elle permettrait d’envoyer un signal de ralliement aux êtres sensibles à la Force sur une cinquantaine de planètes. Nous ignorons lesquelles. »
La colère s’empara de Ren à cette annonce :
« Comment se fait-il que je n’aie pas eu connaissance de l’existence de cet artéfact avant ? D’où vient-il ? Comment se le sont-ils procuré ?
— Il se trouvait sur Coruscant. Le général Hux était précisément sur place pour s’en emparer mais il a été pris de vitesse par nos ennemis. »
La rage du jeune homme se décupla à cette annonce et il frappa le mur le plus proche. Habitué aux manifestations de violence de son maitre, le chevalier ne broncha pas, attendant que Ren reprenne un calme relatif.
« Cet incapable de Hux ! pesta Kylo Ren. Le Suprême Leader n’aurait jamais dû le charger d’une telle mission ! Il ne comprend rien à la Force.
— Selon toute apparence, Hux a agi de son propre chef, précisa Vicrul. Il y a fort à parier que notre Suprême Leader ignore tout de la Balise.
— Cet idiot a cherché à se faire mousser et à me doubler en mon absence, comprit Kylo Ren. Si la Résistance possède une telle arme, pourquoi ne l’a-t-elle pas encore utilisée ?
— Seule une personne puissante dans la Force peut l’actionner.
— Et Leia n’est rien de plus qu’un padawan raté, ricana Ren. Je veux cette Balise. »
Une fois de plus, Vicrul retint ses sentiments de lassitude. Il avait prévu que son Maitre aurait cette réaction.
« Dois-je dire à notre espion que c’est désormais sa priorité ? interrogea-t-il pour la forme.
— Je pensais être clair, rétorqua Ren. Je veux cette Balise ; coûte que coûte. »
( ) ( )
Les mains de Hux désertèrent le dos de Kaydel tandis, qu’essoufflé, il s’efforçait de reprendre ses esprits.
« Je suis désolé, bégaya-t-il à demi. Je ne sais pas ce qui m’a pris, je ne voulais pas vous… »
Elle-même un peu étourdie par l’étreinte qu’ils venaient de partager, la jeune femme s’empourpra.
« Quel imbécile ! pesta Hux. Je vous avais affirmé que votre carrière ne serait aucunement influencée par vos relations avec moi et voilà que je vous démontre exactement le contraire. A présent, vous devez croire que je ne suis qu’un porc qui ne vaut pas mieux que son père ! »
L’agitation et le remords du roux sonnaient juste et Kaydel éprouva une pointe de pitié à son encontre. Quelle enfance avait pu être celle du redoutable Hux pour qu’il manque autant de confiance en lui dans ses relations privées ?
« Ce n’est pas ce que je pense de vous, lâcha-t-elle. Et je ne me suis pas sentie contrainte, de quelque manière que ce soit. »
Hux leva ses prunelles vertes sur elle avant de les baisser, visiblement honteux.
« Inutile de chercher à m’épargner, Kaetix. J’apprécie votre effort, mais nous sommes tous les deux conscients de la portée de mon acte. Je suis votre supérieur direct, je viens de vous offrir une promotion et j’en profite pour vous, vous… Je suis désolé. Cela ne se reproduira plus, je vous le promets sur mon honneur. Même si je suppose que cela ne signifie plus grand-chose à vos yeux, désormais. »
Kaydel était consciente qu’elle avait une carte aussi maitresse qu’inattendue dans son jeu. Il lui suffirait de jouer les victimes pour prendre définitivement l’ascendant sur le général et ainsi obtenir de lui tout ce qu’elle était venue chercher. Pourtant…
« Aux vues de la place que vous occupez actuellement, quelle que soit la femme que vous convoitez, vous serez toujours en position supérieure, exposa-t-elle avec calme. Comptez-vous vous refuser toute relation intime jusqu’à la fin de vos jours ? »
Cette fois, Hux soutint son regard et le cœur de Kaydel se serra de compassion en apercevant une brève lueur d’espoir dans ses yeux verts.
« Ce qui vient de se produire entre nous n’a rien à voir avec votre position hiérarchique ou la mienne. En tous les cas, ce n’est pas ainsi que je l’ai ressenti.
— Vraiment ? Dans ce cas, pouvez-vous me dire comment vous l’interprétez ? l’interrogea Hux d’une voix légèrement tremblante.
— Comme ce qui arrive lorsqu’un homme et une femme sont attirés l’un par l’autre, » murmura Kaydel.
Cette fois, c’était à elle d’éviter son regard. Non pas par manque de sincérité, mais justement en raison de cette dernière. Elle avait beau s’efforcer de ne pas y penser mais en admettant ainsi ses sentiments naissants pour l’ennemi, elle trahissait sa cause et ses amis. Pire, elle trahissait la mémoire de son père et surtout… Leia. Un frisson de terreur agita ses épaules à la pensée de la déception que ressentirait sa mère si elle venait à découvrir ce qui grandissait irrépressiblement dans son cœur. Hux ne lui laissa pas le temps de s’appesantir sur cette douloureuse pensée. Ses mains fines et longues étreignirent celles de Kaydel et il souffla :
« Est-ce que cela signifie bien ce que je crois ? Kaetix… serait-ce possible que vous, éprouviez les mêmes sentiments que moi ? » termina-t-il avec raideur.
C’était sa dernière chance de faire machine arrière. Si elle le repoussait maintenant, avec douceur mais fermeté, en prétextant ne pas vouloir mêler carrière et vie privée, il s’en remettrait à ses arguments et ne franchirait plus jamais la limite. C’était ce qu’elle devait faire. Pour le bien de la Résistance, de la Galaxie et de Leia.
« Oui, » admit-elle, dans un souffle, à la place.
Cette fois, le baiser du général n’eut plus rien de timide ou d’hésitant. Le cœur battant à tout rompre, il l’embrassa à nouveau. Tout en se serrant étroitement contre lui, Kaydel ferma les yeux. Elle réfléchirait demain… Pour l’instant, seuls comptaient les battements erratiques de son cœur qui s’ouvrait aux sentiments.
La Résistance,
Occupée à exposer un énième plan visant à localiser Rey au Haut Conseil, la générale Organa s’interrompit soudain, troublée par ce que la Force lui dictait de manière ténue.
« Générale… » murmura Holdo, inquiète après l’attaque dont avait été victime Leia un peu plus tôt.
Secouant la tête pour chasser l’étrange sensation qu’elle avait éprouvée, Leia la rassura d’un signe de tête avant de reprendre d’une voix assurée.
« Chacune de nos factions est parvenue à incorporer un espion au sein du Premier Ordre. Je ne vous demande pas où, ni de qui il s’agit… Simplement, si l’un d’entre vous dispose d’un homme ou d’une femme à bord du Supremacy, j’aimerais que vous lui donniez comme priorité la localisation de Rey ou de Kylo Ren. Nous devons absolument découvrir où il l’a emmenée. »
Ackbar intervint :
« Je croyais que trouver le dernier Jedi était notre priorité. »
Leia et Holdo échangèrent un regard et la vice-amirale répondit.
« Nous pensons que Rey est la clef qui nous permettra de voir Luke nous rejoindre. Nous sommes récemment entrés en possession d’un artéfact de Force. Grâce à ce dernier, nous pourrions envoyer un signal irrésistible aux êtres sensibles à la Force se trouvant sur une cinquantaine de planètes.
— Nous espérons que Luke se trouve sur l’une d’elles et viendra nous rejoindre, compléta Leia. Seulement, nous avons besoin de Rey pour l’activer. »
L’hologramme de Statura la contempla avec une surprise mal dissimulée.
« Ne pouvez-vous le faire, générale Organa ? Après tout, aux vues de votre ascendance… »
Il s’interrompit tandis que le visage de Leia accusait son déplaisir. Elle avait avoir eu de nombreuses années pour s’accoutumer à l’idée d’être la fille de Vador, se le voir rappeler était toujours aussi douloureux.
« Malheureusement, je ne suis ni assez aguerrie, ni assez puissante dans la Force pour y parvenir. La seule chose que je parviendrais à faire serait d’endommager, peut-être définitivement, cette relique. Nous avons besoin d’un pouvoir brut. Et Rey est la seule à en posséder un.
— Et si elle venait à basculer ? remarqua Brance. Après tout, la chose s’est déjà produite, ironisa-t-il sans humour.
— Rey ne s’engagera jamais sur ce chemin ! s’agaça Poe, qui prenait la parole pour la première fois depuis le début de leur réunion. Vous ne la connaissez pas comme moi je la connais. C’est une fille intègre et bonne. Jamais elle ne choisira de faire le mal. Elle préférerait la mort au Côté Obscur. »
Leia toussota.
« Merci, commandant Dameron, je pense que nous avons tous compris votre point de vue. »
Ainsi rabroué, Poe ouvrit la bouche pour protester mais apercevant les sourcils froncés d’Holdo, il retint les paroles qu’il avait sur le bout de la langue. Amilyn ne s’y trompa pas et lui adressa un signe de tête approbateur avant de prendre la parole.
« C’est bien pour prévenir un tel risque qu’il est primordial que nous retrouvions la jeune Rey au plus vite. Aussi, si votre espion se trouve en position d’obtenir des informations sur elle ou sur Ren, nous vous demandons de lui donner l’ordre de tout faire pour les obtenir.
— Nous avons conscience du danger que représente une telle mission. Croyez-bien que nous n’exigerions pas une telle chose si les circonstances ne nous y poussaient pas », conclut Leia.
( ) ( )
« Ils ont osé remettre l’intégrité de Rey en cause, » pesta Poe pour la troisième fois depuis qu’il avait rejoint ses amis.
Finn se crispa, les poings serrés, mais Dameron reprit.
« Mais, je leur ai bien fait comprendre qu’ils avaient tort ! Quoiqu’il se passe entre Rey et Ren, jamais elle ne le rejoindra. D’ailleurs, la retrouver est plus que jamais la priorité de la générale, » rassura-t-il son ami au passage.
Paige soupira tandis que Jannah déclarait :
« Oui, ils ont besoin d’elle pour actionner la Balise. »
Poe et Paige adressèrent un regard rempli de reproches à Finn.
« Je ne lui ai rien dit ! J’ai jamais parlé des détails de la mission Coruscant, » se défendit-il immédiatement.
Jannah se mordit nerveusement les lèvres devant l’éclat de méfiance qui s’était allumé dans les yeux de Poe avant de déclarer d’une voix détendue.
« Du calme, c’est mon… Lando, qui m’en a parlé. »
Le pilote lui adressa un sourire chaleureux mais se nota mentalement d’en parler à la générale. Certes, Jannah était l’une des leurs et il appréciait la jeune femme, cependant, il ne pouvait oublier qu’elle avait passé la majorité de son existence sous le joug et l’influence des idées du Premier Ordre. Quelles traces cela avait-il laissé dans l’esprit de leur amie ? Et surtout, à quel point étaient-elles profondes ?
Finn et Jannah partis ramasser du bois, Poe fit part de ses doutes à Paige.
« Tu te méfies de Jannah ? s’étonna-t-elle. Mais enfin, tu as vu comment elle vivait sur Kef-Bir ! Sa rage et sa tristesse lorsque ses compagnons ont été massacrés. Comment peux-tu la soupçonner de, de quoi au juste ?
— De rien ! s’agaça Poe. C’est juste, qu’hormis le fait qu’elle et ses amis se soient échappés d’une des bases du Premier Ordre et nous soient venus en aide sur Kef Bir, on ignore tout sur elle.
— C’est la fille de Lando, remarqua Paige.
— Et Kylo Ren celui de la générale, répliqua Poe d’un ton incisif. Ce n’est pas parce que tes parents sont bons que tu l’es aussi.
— Certes… Cependant, tu ne savais pas non plus grand-chose sur Finn et ça ne t’a pas empêché de lui faire confiance…
— J’avais des réserves ! Mais il a su me prouver qu’il en était digne. Alors que Jannah, pas encore, c’est tout ce que je dis », s’emporta Poe.
Paige laissa échapper une grimace puis :
« Ok. Mais quand il s’agit de Rey dont on ignore pourtant tout, tu n’as aucun doutes…
— Je peux savoir ce que tu insinues ?
— Rien, répliqua Paige. Mais vu ta réaction je devrais peut-être me méfier…
— Tu es ridicule, » lâcha Poe avant de s’éloigner, la plantant là.
Songeuse, Paige le suivit des yeux. Elle commençait à se demander sérieusement jusqu’où allait l’amitié de son amant pour la padawan disparue….
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