Chapitre 43 : Kylo Ren


TIE Silencer,

 

 

Elle est fausse, elle passe son temps à me mentir…Je ne peux pas croire un seul de ses mots, elle est corrompue par les Jedis.

La pensée me cueille alors que je m’installe dans le Silencer, comme une ultime tentative de corruption de Sidious. J’aimerai ne pas lui accorder d’importance mais elle fait trop écho à notre dernière discussion pour que je l’ignore. Même si je parviens à présent à discerner les manipulations de mon Maître des pensées qui m’appartiennent, je ne peux qu’admettre que celle-ci rejoint mes propres réflexions. Rey a besoin de moi pour actionner la puissance de notre Dyade, tout comme j’ai besoin d’elle. Nous le savons tous les deux, nous sommes conscients que, pour que cela fonctionne, il faut que nous maintenions une entente, un équilibre entre nous. J’espérai que nous irions chercher les artéfacts ensemble, histoire de renforcer notre lien. J’allais le lui proposer mais, visiblement, elle préfère la compagnie de ses amis de la Résistance à la mienne. A nouveau… Le temps d’Ahch To, où nous étions seuls me semble si loin désormais… 

Les mises en garde de Vador me reviennent et je me force au calme. Tout n’est pas perdu, elle veut que nous parlions une fois sur Mortis. Peut-être que j’arriverai à la convaincre que son trooper et les autres n’ont rien à faire dans cette mission. La prophétie de la Dyade ne concerne que nous, c’est à nous qu’il revient de l’accomplir. Seuls.

Tatooine est en vue et je me dirige vers elle. Je n’aime pas particulièrement cette planète, mais, pour qui veut se procurer un X-Wing en toute discrétion, il n’y a pas mieux. Je n’ai pas envie de me séparer de mon TIE mais il serait naïf de ma part de penser que Pryde s’est abstenu d’y placer un, voire plusieurs, traceurs. Or, je n’ai absolument pas l’intention que l’on découvre trop tôt ma destination.

 

Tatooine,

 

Une fois le Silencer soigneusement dissimulé dans le sable, j’avance vers le village le plus proche. La chaleur est écrasante et la pauvreté me saute aux yeux. J’aurais peut-être du détruire celle-ci aussi… Après tout, c’est celle sur laquelle les Jedis ont arraché Vador des bras de sa mère et où Luke a pu grandir tranquillement. Je déteste Tatooine. Mos Eisley se dévoile peu à peu et je me résous à m’y rendre.

Les Jawas sont légion et je ne peux totalement masquer la répulsion qu’ils m’inspirent. Le regard de l’un d’entre eux se pose, rempli de concupiscence, sur moi. 

« Tu cherches du travail ? Tu ferais des merveilles dans une arène… Avec un corps pareil… »

Le dégoût me submerge et je me retiens de lui montrer à quel point sa proposition m’offense. Je me dois faire profil bas. Il ne faut pas que l’on puisse se souvenir de mon passage.

« Non, je cherche un croiseur pas cher. J’ai de quoi payer. »

Les yeux du Jawa brillent lorsque je lui laisse entrevoir quelques nouveaux crédits de Palpatine.

« Suivez-moi, » m’enjoint-il, soudain obséquieux.

Loupé pour l’anonymat. J’en ai trop fait. 

Nous progressons dans des ruelles de plus en plus glauques et sombres et je me demande s’il ne m’entraine pas dans un piège. Finalement, nous parvenons dans un goulet et j’aperçois un X-Wing période impériale.

« Il est à vous pour cinquante crédits. »

Non mais il se fout de moi ? Ce tacot en vaut à peine cinq.

« Le silence s’achète aussi, Seigneur Ren. »

Ainsi, il m’a reconnu… Je n’ai pas d’autres choix que de le tuer.

« Mes associés assistent à notre rencontre, ils nous suivent depuis la première ruelle. Si je venais à disparaître, ils s’empresseraient de relater les faits aux agents de l’Unique Leader. J’ai le pressentiment que vous n’avez pas plus envie que moi que les choses se déroulent ainsi. »

J’avale ma salive et le Jawa esquisse une grimace.

« Payez ou partez.

— Si je paye, je n’ai aucune assurance que vous ne monnaierez pas pour autant l’information. »

Les yeux du Jawa brillent de plus belle.

« Nous ne traitons avec le Dernier Ordre qu’en cas d’extrême nécessité. Donnez-nous ce que nous demandons et nous fermerons les yeux sur votre passage ici. 

— Mais ce Wing vaut à peine cinq crédits !

— Dans ce cas, il faut croire que le silence est réellement d’or, Dark Kylo. »

Je jure de faire payer à ce peuple infâme son avidité. Pourtant, je laisse les pièces tomber dans la main ouverte de l’encapuchonné.  Il s’incline moqueusement.

« Ce fut un plaisir de ne vous avoir jamais rencontré. »

Sans un mot, il disparaît au détour d’une maison, comme s’il s’était évaporé et je me dirige vers mon nouveau vaisseau.

 

X-Wing, époque impériale

Toujours sur Tatooine,

 

Il est tellement vétuste que j’ai peine à croire qu’il puisse encore naviguer dans l’espace. Une véritable épave ! Cela plairait à Rey, tiens. Mon sourire se meurt à cette pensée alors que je tente de le faire décoller. Au moins, elle, elle saurait comment le faire démarrer… 

Au bout d’un long moment et après avoir été tenté de le réduire en miettes une bonne dizaine de fois, je comprends enfin comment le faire fonctionner. Les moteurs ronronnent et je laisse échapper un soupir de soulagement alors que je m’éloigne –lentement, très lentement- de l’orbite de Tatooine.

 

X-Wing, époque impériale

Espace Sauvage,

 

J’ai rarement piloté un … truc aussi peu maniable. Non seulement il est inconfortable mais en plus il est d’une lenteur absolument cataclysmique. Quelle idée idiote j’ai eue d’abandonner mon TIE contre cette chose ! J’aurais mieux fait de chercher et neutraliser les traceurs… Certes, cela m’aurait pris du temps, mais à tout prendre, cela aurait sans doute été plus rapide que de voler à bord de cet engin ! 

Finalement, j’aperçois le monolithe rouge et immense qui entoure Mortis. La planète est lugubre et tout sauf accueillante. Encore une qui aurait mérité que je m’occupe de son cas. 

Je pénètre l’atmosphère et me pose (enfin, façon de parler, écraser serait plus exact) au milieu de d’une forêt dense. J’ai à peine le temps de m’extirper du X-Wing avec les quelques possessions que j’ai emportées avant qu’il ne s’enflamme.

 

Mortis,

 

La Force est partout… Je la sens glisser sur ma peau, couler dans mes veines. Elle m’emplit tellement que je peine à contrôler mon exaltation.  Oubliés la fatigue, le chagrin, les inquiétudes ! Je suis enivré de la Force et ça me donne le sentiment de renaître. 

« Tu te sens bien ? »

Rey. J’étais tellement immergé dans la Force que je ne l’ai pas sentie me rejoindre. 

« Oui… c’est juste intense ici. »

Elle semble très contrariée et mon enthousiasme retombe. 

« Tu es déjà sur Mortis ! Ecoute, il faut que tu fasses quelque chose pour moi. Je ne te le demanderai pas si ce n’était pas important.

— Je t’écoute… pour changer.

Il faut que tu partes. Immédiatement. »

J’ai l’impression d’avoir pris une douche froide. Après tous les efforts que j’ai fait pour dissimuler mes traces, toutes les concessions que j’ai déjà faites, il faudrait en plus que je me tienne à l’écart de ma propre quête ?

« Non.

S’il te plait, Kylo, ne rend pas les choses plus difficiles qu’elles ne le sont. J’ai promis à Poe et aux autres que tu ne viendrais pas sur Mortis. Pour être franche, je n’aurais même pas du te dire que nous nous y rendons. C’est une sorte de, de preuve, de bonne volonté qu’ils ont exigé. S’ils découvrent que tu es là, ça risque de tout compromettre. Sans parler de ce qu’ils risquent de vouloir te faire. Je te rappelle que tu as tué

— Wrookie, oui, je sais ! Tu n’arrêtes pas de m’en parler.

Wrobie, elle s’appelait Wrobie ! »

Cette fois, elle semble véritablement hors d’elle et je sens à mon tour la rage monter.

«  C’est bon, ça va, j’ai compris. Pourtant, ma réponse est toujours non !

Mais…

— De un, tu te sens peut-être obligée d’obéir aux ordres de Poe Dameron mais il n’est rien d’autre qu’un rebelle à mes yeux et je n’ai absolument pas l’intention de lui accorder la moindre autorité sur moi. De deux, il est absolument exclu que je laisse tes petits amis Résistants faire joujou avec des artéfacts qui détiennent un tel pouvoir sans être en mesure d’intervenir. Je veux bien rester caché pour te faciliter les choses mais ne m’en demande pas plus. De trois,

Mais…

— J’ai dit : de trois ! Même si je voulais quitter cette foutue planète pour te faire plaisir, c’est impossible ! »

Rey cligne des yeux et je sens une pointe d’inquiétude se diffuser dans notre lien.

« Pourquoi ? Tu as rencontré des difficultés ? Des ennemis ? Tu es prisonnier ? Blessé ?

— Rien de tout ça. J’ai juste… j’ai cassé mon X-Wing. Il est foutu, en flammes, irrécupérable, une véritable épave. »

Elle me fixe quelques instants sans rien dire et je vois la commissure de ses lèvres s’incurver. 

« Donc, tu me dis que tu as planté ton super TIE Silencer dont tu es si fier ? 

— Non, pas le TIE, il est enterré dans le sable sur Tatooine.

Tatooine ? Mais qu’est-ce que tu es allé faire là-bas ? 

— J’avais peur que Sidious ait fait placé des traceurs sur mon TIE, donc je l’ai caché puis je me suis procuré un autre X-Wing à un prix exorbitant.  Mais c’était un vieux modèle impérial et, je ne sais pas, il devait être défectueux…

Ou alors tu ne sais pas piloter ce genre d’engins parce que les Wings de l’Empire sont réputés pour

— Epargne-moi le catalogue des caractéristiques techniques, tu veux. Je sais très bien piloter mais encore faut-il que ce ne soit pas une ruine volante.

En l’occurrence, elle ne volera plus du tout », remarque Rey avant de se mordre l’intérieur de la joue.

Elle se moque de moi ? Ma mésaventure m’énerve encore plus. A cause de ce tacot refourgué par ce maudit Jawa, elle me prend pour un crétin incapable de piloter correctement ! 

« Toujours est-il que, comme tu le constates, quand bien même j’en aurais l’intention, je ne peux pas satisfaire ton petit caprice, attendu que je n’ai plus aucun moyen de partir d’ici ! »

Le sourire de Rey meurt sur ses lèvres.

«  Tu compliques vraiment les choses !

— Non, c’est toi qui les complique ! Tu n’as aucun droit de décider de mes mouvements ou de m’imposer quoi que ce soit, Rey.

Ah oui, c’est vrai… Tu n’as qu’un seul Maître : Dark Sidious ! » rétorque-t-elle avec mépris.

Son ingratitude me coupe le souffle. Après tout ce que j’ai fait pour la protéger et pour sauver ses misérables amis, c’est comme ça qu’elle me voit ? 

« Essaie au moins de te faire discret, ajoute-t-elle.

— T’en fais pas, je te l’ai dit, je n’ai pas envie de troubler votre petite réunion bucolique. » 

Elle me jette un ultime regard furieux puis disparaît. 

Une fois seul, je lance un coup d’œil au X-Wing qui finit de se consumer. Toute l’exaltation que je ressentais à l’idée de la revoir bientôt a disparu. Elle m’a bien fait comprendre qu’elle n’avait aucune envie de me côtoyer plus que nécessaire. Une boule me remonte dans la gorge à cette idée mais je m’oblige à me reprendre. Peu importe Rey, tout ce qui compte c’est la mission dont Vador m’a investi. Seulement, ce serait plus facile si je ne la désirais pas autant…

 


Chapitre 42                                                                                                   Chapitre 44


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Commentaires: 2
  • #1

    MissBlondine (vendredi, 24 avril 2020 21:10)

    Raaaah, la COMMUNICATION !!! c'est pas si compliqué que ça Kylo �

  • #2

    Jess Swann (vendredi, 24 avril 2020 21:26)

    Oh Kylo est super doué comparé à Rey...Enfin, ça c'est pour la suite ^^
    En plus, à sa décharge, tu admettras qu'il est allé de galère en galère sur ce chapitre . Il s'est donné du mal pour rester incognito et faire en sorte qu'on ignore qu'il se rend sur Mortis. Tout ça pour faire plaisir à Rey. Du coup quand elle lui dit qu'il doit repartir... Il y a de quoi s'agacer ^^