Chapitre 33 : Kylo Ren


Destroyer Steadfast,

 

            Sa réaction m’a surpris. Je ne pensais pas qu’elle choisirait l’angle de l’indifférence. C’est pire que tout ce que j’avais imaginé. La voir ainsi, sans réaction, sans émotions, me rend fou. C’est comme si je n’avais aucune importance à ses yeux, comme si je n’existais pas.

            Mais c’est le cas, je n’existe pas pour elle, elle m’a abusé depuis le début.

            La voix résonne en moi, lancinante, persuasive. Je me rappelle de son étreinte avec le trooper, de son regard vide lorsque je me suis adressé à elle. NON !

            J’ai assez attendu pour la faire payer. Je me fiche que le temps soit écoulé ou non. Je veux la voir souffrir, je veux lui rendre la monnaie de sa pièce. Je vais en finir avec elle. Maintenant.

 

            Des stormtroopers me barrent le chemin. Ils m’empêchent de la rejoindre. J’éructe, furieux :

            « De quel droit vous permettez-vous de m’arrêter ? Je suis votre Suprême Leader, au cas où vous ne m’auriez pas reconnu… Vous êtes sous mes ordres ! »

            Les deux troopers échangent un coup d’œil puis se contentent d’hausser les épaules. Je vais les…

            « Dark Kylo. »

            Pryde. Pas de chance, je ne suis pas d’humeur, pas lorsqu’elle est aussi proche de moi.

            « Je suis navré, commence-t-il d’une voix onctueuse. Notre Unique Leader, Dark Sidious, a ordonné que l’accès aux prisonniers soit contrôlé. Malheureusement, vous ne faites pas partie des personnes autorisées. »

            Quoi ? C’est une plaisanterie !  Et qu’est-ce que c’est que cette histoire d’Unique Leader ? Cet imbécile de Pryde jubile :

            « L’Unique Leader du Dernier Ordre, Dark Sidious, a été très clair : son apprenti ne doit pas approcher des rebelles, aussi me vois-je forcé de vous refuser le passage. Les Chevaliers de Ren vont vous raccompagner jusqu’à vos quartiers. »

            Un apprenti… J’étais le Suprême Leader et me voilà rabaissé au rang de sous fifre. Ceux qui étaient sous mes ordres il n’y a pas si longtemps de cela, m’encerclent. Dans le regard de Pryde, je perçois une attente derrière sa morgue : il souhaite que je me rebelle afin d’avoir une bonne raison d’en finir avec moi. En dépit de ma rage, je comprends qu’il serait suicidaire de combattre. Je suis certes puissant mais pas assez pour terrasser l’équipage entier, sans oublier Sidious. Je ne suis pas encore prêt… Il me faut patienter. Je serre les poings mais adresse un sourire faux à Pryde. Je n’ai pas d’autre choix que de faire mine de me soumettre pour conserver le peu de dignité qu’il me reste.

 

            Une fois dans mes appartements, je laisse exploser ma frustration. J’envoie balader mon armure de Sith. Je détruis tout ce qui m’entoure à coup d’Eclairs de Force et de blaster. La Force m’enivre à un tel point que, ma rage assouvie, je me laisse tomber sur le sol, épuisé. Mon cœur bat à tout rompre. Rey est tellement proche et pourtant hors d’atteinte, je brûle du désir de la rejoindre, de la toucher. Je veux qu’elle souffre autant qu’elle m’a fait souffrir. A cause de ses mensonges, j’ai tout perdu, y compris mon rang. Elle m’a blessé mais je vais me relever. Et je vais l’anéantir.

            Mes yeux se posent sur le casque de Vador, seul objet à avoir échappé à mon orgie de destruction.

            « Je ne commettrai pas les mêmes erreurs que vous, je ne me laisserai pas attendrir. J’accomplirai votre œuvre. »

            Un chuintement s’élève dans mon dos et je me retourne, prêt à en découdre.

            La stupeur me coupe les jambes et je tombe à genoux : Vador se tient devant moi. Même sans son casque, sa prestance est telle qu’on ne peut que se soumettre à son autorité.

            Ses yeux noirs brillent d’un feu incandescent et sa bouche se tord en un sourire navré.

            « Je compte bien te voir te montrer plus fort que je ne le fus. »

            J’avale ma salive, la gorge gonflée par l’émotion. Il est devant moi. Mon idole, mon modèle. Les yeux de Vador plongent dans les miens, avant de balayer le chaos de la pièce. Son examen terminé, il soupire.

            « Tu me ressembles, Ben, plus que Luke et Leia. Tu me ressembles beaucoup trop. »

            Je me crispe à la mention du défunt Solo mais ne proteste pas. Après tout, son discours prouve qu’il voit en moi son digne héritier, je n’en espérai pas autant !

            « Tu parles de terminer ce que j’ai commencé, selon toi, quelle est cette œuvre ? »

            Pendant une seconde je ressens une pointe d’ironie dans son discours puis me reprends : il est naturel qu’il veuille me tester.

            « Débarrasser la Galaxie des Jedis et de leurs préceptes. Être réellement libre. Ne plus avoir aucun maitre qu’il soit Jedi ou Sith. Rétablir l’ordre et la stabilité. C’est ce à quoi j’aspire. Les Jedis ont fait assez de mal, il est temps de mettre un terme à leurs agissements. Quant aux Siths… une fois que j’aurais anéanti Sidious, ils disparaitront pour de bon. Je ne compte pas devenir l’un des leurs, je souhaite fonder mon propre Ordre, établir mes règles.»

            Vador soupire.

            «  C’est vrai, tu as raison, c’est ce que je désirais…Bâtir une nouvelle hiérarchie, quelque chose qui correspondait à mes idéaux… Mais il te manque l’essentiel. Ma vraie motivation

            Je me trouble un instant et il s’approche.

            « Tout ce que j’ai fait, ce n’était que pour une seule raison. Si je me suis tourné vers le Côté Obscur c’est parce que j’étais prêt à tout pour ne pas perdre celle que j’aimais. Je n’avais pas réussi à sauver ma mère mais je ne pouvais pas laisser mourir Padmé. Mon idéal, mon rêve, c’était elle. Les Jedis ne comprenaient pas, ils n’ont jamais compris. Palpatine m’a promis de m’enseigner le pouvoir de vie ou de mort si je le rejoignais. Alors, je l’ai rejoint. Pour sauver Padmé. Et, en agissant ainsi, je l’ai condamnée. »

            Mes mains tremblent, je ne peux m’empêcher de songer à Rey… Mais, mon histoire n’a rien de commun avec celle de Vador. Padmé Amidala était une héroïne au cœur pur, animée par ses convictions, tout comme mon grand-père. Il n’y avait aucune duplicité en elle, contrairement à Rey. Vador me fixe avec une telle intensité que j’ai l’impression qu’il lit en moi, qu’aucune de mes pensées ne lui échappe.

            « Que te disent les voix, Ben ?

            — Les voix ? »

            Vador m’adresse un rictus.

            « Celles qui susurrent dans ton esprit, qui répandent leur poison en toi. Celles qui attisent ta rage, qui te poussent à te consumer dans le Côté Obscur. Celles qui t’ont conduit à détruire cette pièce. Celles qui te feront tout perdre si tu les écoutes. »

            Je déglutis.

            « Je…. »

            Je ne suis rien pour elle, elle m’a utilisé, elle m’a ridiculisé.

            La pensée me vient d’un coup… Mais est-ce vraiment une de mes pensées ? Je ne sais plus. Devant mon silence, Vador explique :

            « Moi, elles me disaient que Padmé me trahissait avec mon seul ami, qu’elle complotait avec Obi-Wan dans mon dos… Qu’elle n’en avait rien à faire de mon amour et qu’elle me quitterait. Peu à peu, cette idée s’est incrustée en moi, si profondément que j’ai fini par croire qu’elle était la mienne. Lorsque Padmé est venue me retrouver sur Mustafar et que j’ai vu Obi- Wan derrière elle, j’ai cru qu’elle m’avait bel et bien trahi. J’ai fou de colère et de frustration. Je me suis servi de la Force pour l’étouffer. Si je ne pouvais pas la posséder, personne ne l’aurait.»

            Je ne sais pas quoi penser, je ne sais pas quoi dire.

            «  Elle était venue me rejoindre parce qu’elle s’inquiétait pour moi. Elle craignait l’ascendant que Palpatine avait pris sur moi et elle ne voulait pas me voir basculer. Obi-Wan s’est contenté de la suivre. Elle voulait me sauver et moi je l’ai tuée. »

            Je suis ébranlé par la puissance de ses remords. Vador se détourne quelques instants puis poursuit avec amertume :

            « Une fois certain de la mort de Padmé, plus rien ne me retenait dans la Lumière. J’avais tué la seule personne qui comptait à mes yeux. J’ai embrassé l’Obscurité de toutes mes forces et j’ai combattu le dernier ami qui me restait. Anakin Skywalker est mort sur Mustafar et je suis devenu Dark Vador. Sous mon masque j’ai dirigé la Galaxie entière mais, en dépit de ma puissance, je n’avais rien, Ben. Je n’avais qu’une idée en tête, anéantir les Jedis qui, en me refusant leur aide pour sauver Padmé, m’avaient poussé vers  le Côté Obscur. J’étais seul, j’étais vide, uniquement animé par la haine et cette rage qui ne me quittaient plus. Je ne veux pas que tu connaisses le même destin. »

            Je baisse les yeux.

            «  Vous dites haïr les Jedis, pourtant à la fin, vous les avez rejoint ! »

            Mes mots résonnent comme une accusation et mon aïeul soupire.

            «  C’est ce que tout le monde imagine mais mon geste n’a rien à voir avec ça. Je n’ai pas choisi un camp. Je n’ai pas choisi les Jedis contre les Siths, j’ai  simplement protégé mon enfant. Luke m’a rendu un peu de mon humanité. Il m’a apporté l’espoir. C’était mon fils et celui de Padmé, je le voulais à mes côtés. Je voulais être moins seul, enfin. Mais, il a refusé et mon maître a décidé qu’il devait mourir. Je n’ai pas pu m’y résoudre. Cela aurait été comme si Padmé mourait une seconde fois. Alors, je me suis retourné contre Palpatine pour le sauver et pour protéger sa sœur. »

            Luke ne m’avait jamais raconté cela. En vérité, ma mère et lui évitaient de parler de leur père.

            « Mais, pourquoi Palpatine vous a poussé à vous retourner contre Padmé ? Après tout, c’est grâce à elle qu’il a pu vous convaincre de le rejoindre. »

            A peine ai-je formulé mon objection que je me rends compte de sa naïveté. Pourtant, Vador ne me fait aucune remarque acide.

            « Les Jedis et les Siths ont une chose en commun. Tous deux proscrivent l’attachement. Les Jedis parce que de l’attachement vient la peur et que la peur mène au Côté Obscur et ainsi de suite. Les Siths parce que la domination est la seule chose qui les motive. Pour régner, il faut être fort, l’attachement est une faiblesse. C’est d’ailleurs l’une des bases de leur Ordre : dis-moi ce que tu aimes le plus afin que je puisse te l’ôter. Dommage que j’ai refusé de le croire à l’époque… Pourtant, en ce qui concerne Padmé, il y avait une autre raison pour qu’ils soient tous si acharnés à nous séparer. »

            Pour la première fois, je découvre la véritable histoire de ma famille. Etais-je donc si insignifiant à leurs yeux que personne ne se soit jamais donné la peine de me la raconter ?

            «  Quelle raison pouvaient-ils avoir ? 

            — La meilleure qui soit, la crainte d’un pouvoir supérieur au leur… Il existe une ancienne prophétie, plus ancienne encore que celle de l’Elu. Elle parle de la naissance de la Force et d’un pouvoir capable de détruire Jedis et Siths. Une Dyade de Force. »

            Vador guette ma réaction mais je ne sais pas comment me comporter, j’ignorais tout de l’existence d’une telle chose.

            « La Dyade de Force concentre à la fois le Côté Obscur et le Côté Lumineux. Elle peut utiliser l’un ou l’autre tant qu’elle est unie. Séparée, elle n’est qu’une source inépuisable d’énergie pour les Siths et un instrument pour les Jedis. Mais, réunie et munie des artéfacts Jedi et Sith qui sont enfouis dans les Bastions des deux Maisons, sur Mortis, elle peut tout changer.  Elle est capable de donner la suprématie au camp de son choix ou alors, elle peut tout détruire pour repartir sur de nouvelles bases…, La Dyade peut aider l’Equilibre à s’imposer. Palpatine et les Jedis étaient persuadés que les enfants de Padmé formeraient cette Dyade, que Luke et Leia seraient leur fin ou leur apogée. Mais, ils se sont trompés. Ce n’était pas eux. »

            La tête me tourne sous l’intensité que met Vador dans sa voix. Ses yeux sombres sont concentrés sur moi, il ne me lâche pas du regard. Il attend ma réponse. Je comprends alors qu’il m’offre le moyen de terminer son œuvre. Il me croit assez fort pour réussir à réunir cette Dyade. C’est pour cela qu’il est ici. La fierté me submerge.

            « Comment la trouver ?

            — Tu l’as déjà trouvée, Ben. Rey et toi. Vous êtes cette Dyade. C’est la raison pour laquelle vous êtes à ce point connectés. Ce n’est pas Snoke qui a créé votre lien. C’est la Force. »

            La stupéfaction me cloue sur place. Rey et moi ? Une Dyade ? Mais… Alors c’est pour cela que nous sommes si proches, c’est à cause de ça que je me sens attaché à elle…  Je suis partagé entre soulagement et déception.  Soulagement parce que je comprends enfin d’où provient cette attirance irrésistible que je ressens pour elle. Déception parce que j’aurais aimé que ce soit réel. Je voulais vivre quelque chose de vrai, quelque chose qui ne soit pas dicté par les Jedis, les Siths ou la Force. Je pensais que ma relation avec Rey était ainsi… Mais, comme tous les autres aspects de mon existence, ce n’est qu’une chimère, une utopie créée par la Force. Rey n’est qu’un rêve. Je crois que j’aurais préféré continuer à vivre dans l’ignorance, au moins alors, j’aurais pu continuer à penser qu’il y avait une chose en moi qui n’était pas contrôlé  par d’autres, que je gardai une part de liberté. Mais, même là, je ne suis qu’un pantin. De toutes les trahisons, c’est la pire. Je ne cherche même pas à masquer mon amertume :

            « Alors, c’est ça, c’est notre lien, cette… Dyade de Force, c’est ce qui me pousse vers Rey. C’est à cause de ça que je la veux autant. Tout ce que je ressens pour elle n’est qu’un mensonge de plus, notre relation ne repose que sur une connexion décidée par la Force. Rien n’est vrai. »

            A ma grande honte, ma gorge se noue et je sens des larmes monter dans mes yeux. Non ! Je refuse de m’épancher devant lui, je ne veux pas qu’il voit à quel point je suis pathétique ! Vador pose sa main gantée sur mon épaule et la serre brièvement.

« La Force vous lie mais elle ne dicte pas vos sentiments. Quoi que vous éprouviez l’un pour l’autre ce n’est pas à cause d’elle. La Dyade se contente de vous connecter. C’est à Rey et à toi de choisir ce que vous ferez de votre dynamique et de cette puissance qui vous est offerte. Vous êtes libres de définir votre relation. Vous pouvez même détruire votre lien si c’est ce que vous désirez.»

Ces mots devraient me rassurer mais ce n’est pas le cas. Rey m’a rejeté. Suis-je donc si indigne d’être aimé que, même liée à moi par la Force, elle éprouve le besoin de me repousser ?

            « Dans ce cas, il me semble qu’il est trop tard. Notre lien est rompu. Rey a fait en sorte d’anéantir notre connexion. »

            Même à mes oreilles, ma voix est emplie de rancœur.

            « Rey n’est pas responsable. Ce sont ses amis qui, en se servant d’anciens textes Jedis qu’ils ont exhumés, l’ont isolée de la Force et donc, de toi. Une pratique dangereuse que seuls les Maitres les plus aguerris utilisaient. Yoda y avait songé pour moi avant de renoncer à cause des risques. Malheureusement, ta mère morte, il n’y avait plus de véritable Chevalier Jedi pour les mettre en garde contre une telle pratique. »

            Finn… C’est cet imbécile qui l’a coupée de moi. Je lui ferai regretter, je vais le… Le souvenir de l’étreinte dans laquelle je les ai surpris, Rey et lui, me submerge et la rage monte en moi.

            « Peu importe, Rey m’a trahi. Elle se fiche de moi, elle se moque de la Dyade ou de la prophétie. Tout ce qui l’intéresse, c’est le triomphe des Jedis. Jamais elle ne m’aidera à les détruire.

            — Tu es certain de ça ? Ou est-ce ce que Sidious essaie de te faire croire ?

            — Je les ai vus ! Ils étaient enlacés ! 

            — La jalousie et la haine qui coulent dans tes veines obscurcissent ton jugement, Ben. Tu devrais avoir confiance en ce que tu ressens au fond de toi, en ce que tu lis à travers votre lien. Rey et toi vous êtes les deux faces d’une même pièce. Tu le pressens depuis le début, lorsque vous communiquez grâce à votre connexion, vous ne pouvez vous mentir l’un à l’autre. Ne commet pas mon erreur. Par impulsivité, j’ai tué Padmé et je me suis condamné à une vie d’Obscurité. 

            — Rey n’est pas Padmé. Elle se sert de moi ! Elle est comme tous les autres, elle m’utilise ! Même vous, vous tentez de le faire. »

            Je suis consterné de sentir des larmes inonder mes yeux. Je n’arrive plus à contrôler mes émotions. Qu’est-ce qu’il va penser de moi ? Que je ne suis qu’un gamin capricieux, qu’un faible ? Que je suis indigne de son héritage ?

            Vador soupire et la main qui repose sur mon épaule se contracte de nouveau.

            « Non, je ne tente pas de t’utiliser, pas plus que je ne te crois faible, au contraire. En fait, je pense que tu es plus fort que je ne l’ai jamais été. Je connais tes doutes et tes tourments. Je sais à quel point cette situation te fait souffrir. Tu as l’impression d’être dans une impasse, que quoi que tu choisisses tu y perdras une part de toi.»

 Il me comprend. Hormis Rey, je ne me suis jamais senti aussi proche de qui que ce soit.

            « Tu me ressembles tellement. Trop pour que je ne tremble pas pour toi Tu es passionné, impulsif… Des faiblesses que Palpatine tentera d’utiliser pour accomplir ses desseins. Mais il faut que tu comprennes les enjeux. Si tu détruis Rey, tu détruis la Dyade. L’Equilibre ne parviendra pas à s’installer sans votre aide à tous les deux. Dans ce cas, cela maintiendra l’ordre établi et donnera pour de bon l’avantage aux Siths.

             — Mais ce n’est pas ce que je veux ! Je ne souhaite pas voir s’installer pour de bon le Dernier Ordre. Ce que je veux, c’est mettre un terme à tout cela, je n’en peux plus des règles des Jedis et des Siths, j’en ai assez qu’ils régissent ma vie.

            — Dans ce cas, tu dois convaincre Rey de te suivre ou la laisser te persuader de la rejoindre. Vous devez trouver une manière de fonctionner ensemble. Ce qui vous attend est difficile. Vous oscillerez sans cesse entre Lumière et Obscurité parce que l’Equilibre a besoin des deux pour exister. Il te faudra accepter les sentiments de Rey quels qu’ils soient et elle devra accepter les tiens. Pour réussir, tu dois être prêt à prendre le risque d’être rejeté. Tu dois t’ouvrir entièrement à elle, comme tu l’as fait sur Exégol. »

            Je sens mes joues s’empourprer à ce souvenir. Comment est-il au courant de  ça ? Sait-il à quel point je me suis ridiculisé ? Vador ignore mon malaise :

            « Elle aussi devra s’ouvrir entièrement à toi. Ce n’est qu’ainsi que vous pourrez renforcer votre maitrise de la Force et l’emporter. Seulement, cela aura des conséquences. Je te l’ai dit, lorsque vous vous servez de votre lien pour accroitre votre puissance, vous ne pouvez vous mentir. Il n’y a pas de place pour les faux semblants ou pour la rancœur. Il faut que chacun d’entre vous soit prêt à accepter l’autre tel qu’il est. Il n’y a pas de place non plus pour ta quête de domination. »

            J’ouvre la bouche pour protester mais il m’interrompt d’un geste.

            «  Ne cherche pas à me mentir ou à te justifier. Je sais ce que tu ressens. Je sais ce que c’est de sentir seul et impuissant. Moi aussi, j’ai été un padawan. Moi aussi, on m’a arraché à ma mère pour m’inculquer des principes que je ne comprenais pas et qui n’étaient pas les miens. J’aurais aimé que Luke soit plus avisé, qu’il ait tiré une leçon de mon expérience mais, visiblement, il s’est laissé submerger par l’enseignement Jedi et les idées de Yoda. Je sais qu’il t’a fait souffrir, que tu souffres encore. Si tu te tournes vers le Côté Obscur parce que le pouvoir compte plus que tout pour toi et que tu ne veux plus jamais te retrouver en position de faiblesse, soit je l’accepterai. Ce n’est pas ce que je souhaite te voir choisir, mais, comme tu le sais, je suis mal placé pour te juger. Mais… avant de faire ton choix, je veux que tu te poses une question, la seule qui importe : Qu’est-ce que Rey représente à tes yeux ? »

            La réponse me vient spontanément.

            « Tout. »

            L’espace d’un instant, le visage de Vador semble empli de tristesse puis, il reprend son masque de neutralité.

            « Alors, fais en sorte de te laisser une chance de découvrir ce qu’elle ressent réellement pour toi. Résiste aux murmures et aux provocations. Garde confiance en elle et en votre lien. Crois en la Force. Aies foi en vous »

 


Chapitre 32                                                                                                    Chapitre 34


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