Citadelle de l’Ordre de l’Equilibre,
Hapès
Une brise légère, venue du lac, soufflait sur le ponton où Holdo, l’air martial et vêtue d’un uniforme noir et or aux couleurs de l’Equilibre, supervisait l’embarquement de ses troupes à bord du Destroyer Equilibrium. L’appareil, flambant neuf, était un véritable bijou de technologie et l’Amirale ne put s’empêcher de ressentir une pointe de fierté à la pensée que c’était à elle que Kylo Ren avait confié le commandement du fleuron de son armada.
« Mazette, siffla Poe en la rejoignant. C’est quelque chose. »
Amilyn se tourna imperceptiblement vers lui.
« Tu n’as pas encore vu les chasseurs ? Cent-cinquante appareils, tous équipés des meilleurs canons lasers du marché.
— Le moins que l’on puisse dire, c’est que Ren a les moyens, » ironisa à demi Poe, un peu intimidé par un tel déploiement de technologie.
La voix de Ren les fit tous les deux sursauter.
« Vous commanderez l’escadron Doré, Dameron. Vu les dégâts que vous avez faits sur mes troupes lorsque je dirigeai le Premier Ordre, je suis certain que vous ferez des merveilles aux commandes d’un TIE digne de ce nom. »
Amilyn, tendue, se raidit alors que le jeune Commandeur s’avançait à sa hauteur. Elle réalisa alors qu’elle ne savait pas vraiment comment se comporter en sa présence. Certes, elle était habituée à devoir rendre des comptes à un dirigeant, mais, jusqu’alors, c’était Leia sa supérieure directe, une femme qu’elle connaissait depuis son adolescence. Kylo Ren parut se rendre compte de son malaise et précisa :
« La seule chose qui m’importe ce sont vos compétences, Amirale Holdo. Que pensez-vous de votre nouveau vaisseau ? Vous plait-il ?
— Ce serait difficile de dire le contraire, Grand Commandeur, déclara Holdo en s’autorisant un sourire.
— Oui, j’imagine que vous avez rarement eu l’occasion de diriger un tel bâtiment. La Résistance n’a jamais été douée pour faire fructifier ses actifs en dépit des sommes colossales que Leia y a investi. »
Amilyn se crispa un peu plus à la mention de son amie défunte et Kylo Ren grimaça.
« J’étais venu pour vous souhaiter un bon voyage, pas pour relancer d’anciennes querelles, soupira-t-il. Je compte sur vous pour libérer Naboo, Amilyn. Je sais que vous prendrez cette mission à cœur, quel que soit le Destroyer que vous commandez.
— Avec de tels moyens, je serais impardonnable si j’échouai, ironisa Holdo, mi-figue mi-raisin.
— Ne prenez pas pour autant des risques inconsidérés, rétorqua Kylo Ren. Une victoire serait certes la bienvenue mais pas au prix de vos vies ou de celles des Naboo. »
Poe tressaillit à ces propos qui lui rappelèrent avec une douloureuse acuité le sermon que Leia lui avait adressé ce qui lui semblait être des siècles plus tôt.
« J’ose croire que vous vous sentez mieux, Dameron, lui lança le jeune homme.
— Les effets de notre dernière rencontre se sont estompés, Grand Commandeur Ren », répondit Poe avec une pointe d’insolence.
Les deux hommes se toisèrent un instant avec une hostilité perceptible puis Poe rompit leur échange de regard alors que Lando, Chewbacca et Finn les rejoignaient.
« Tu as bon gout pour les vaisseaux, gamin, commenta Lando. Chewie, regarde-moi cette petite merveille ! »
Le wookie grogna son accord, tandis que Kylo Ren, ne relevant pas la familiarité du vieux forban, s’autorisait un demi sourire satisfait.
Un peu à l’écart du petit groupe, mal à l’aise dans l’uniforme neuf qu’il avait dû se résigner à revêtir afin de participer à la mission, Finn baissa la tête. L’attitude de ses compagnons le décevait profondément… Comment pouvaient-ils s’extasier ainsi devant l’étalage des ressources financières de Ren ? Avaient-ils oublié d’où provenait la richesse du jeune homme ? Ces crédits qu’il dépensait si allègrement étaient souillés du sang des innocents qu’il avait réduits en esclavage lorsqu’il dirigeait le Premier Ordre, du sang de Rose, morte pour préserver le secret d’un gisement de Bene.
Un parfum délicat frôla ses narines et Finn releva le visage, le regard aimanté par Lanzora qui venait à leur rencontre. Les cheveux strictement retenus en un chignon sous son képi noir liseré d’or, la jeune femme posa brièvement les yeux sur lui avant de se tourner avec révérence vers Ren.
« Grand Commandeur. Amirale Holdo, le matériel est à bord et les hommes attendent vos ordres. »
Holdo prit discrètement une profonde inspiration. Cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait pas été à la tête d’un équipage aussi important et elle avait l’estomac un peu noué par l’appréhension même si elle avait pu constater depuis son arrivée que les soldats de l’Equilibre étaient nettement plus dociles que les Résistants.
Kaydel, flanquée de Luke, les rejoignit à cet instant et Holdo ne put retenir une légère grimace en voyant une lueur joyeuse s’allumer dans les yeux de son amant à l’apparition de la petite Padawan.
Kylo Ren se tourna vers l’apprentie Jedi et son visage marqua un instant sa surprise en reconnaissant le sabre laser de Luke à la ceinture de la jeune femme. Il se reprit aussitôt et les salua avec cordialité avant de se tourner vers Holdo, attendant visiblement qu’elle donne le signal du départ. L’Amirale s’exécuta et, après un dernier regard accompagné d’un effleurement de la main du Jedi, Kaydel emboita le pas d’Holdo, le reste du groupe les suivant.
« Que la Force soit avec vous, » les salua Kylo Ren.
Troublée de l’entendre employer la formule rituelle des Jedis, Amilyn se retourna.
« Et avec vous… »
Lanzora salua d’un signe de tête et d’un sourire fugace le Grand Commandeur, ce qui crispa Finn. Ren fixa la jeune femme avant de lui tendre discrètement une carte de données.
« Soyez prudente, Générale Garan. J’ose espérer que vous n’avez pas oublié notre dernière discussion. J’ai trouvé ceci qui devrait vous éclairer sur les différences dont je vous ai parlées à cette occasion. J’aurais aimé vous en informer en personne mais le temps m’a manqué pour le faire avant votre départ. Prenez-en connaissance dès que vous serez seule. »
Les joues de Lanzora se colorèrent légèrement mais elle se contenta de refermer sa main sur l’holocarte et d’assurer à son supérieur qu’elle garderait leur conversation à l’esprit.
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Le Destroyer n’était plus qu’un point scintillant à l’horizon lorsque Kylo Ren déclara à Luke, sans le regarder :
« J’ai réfléchi à votre idée. Je pense que nous devrions faire un essai. »
Le chagrin que le départ de Kaydel causait à Luke s’allégea un peu à ces mots.
« Je suis à ta disposition, ton heure sera la mienne, » répondit-il sans regarder lui non plus son fils.
Palais Impérial,
Coruscant,
Le droïde s’était avéré être aussi diligent que discret et cela faisait plusieurs heures qu’il présentait ses holofiches et autres documents à Rey sans un mot. La jeune femme réprima un bâillement alors que les données défilaient devant elle sans qu’elle ne décèle quoi que ce soit d’intéressant. Elle perdait son temps…
Une fois de plus, l’Usurpateur avait réussi à la pousser à faire ce qu’il voulait, la conduisant ainsi à négliger ses devoirs d’Impératrice. La colère s’alluma en elle à cette pensée et elle était sur le point de renvoyer sèchement le droïde lorsque quelque chose attira son attention.
« Reviens en arrière », ordonna-t-elle.
L’archiviste obéit sans un mot et Rey se pencha légèrement en avant.
« Ce dossier, ici. Projet SA-038. Cela fait deux fois qu’il apparait brièvement avant d’être brusquement effacé. Que contient-il ? »
Mal à l’aise, le droïde cliqueta.
« Il faut une autorisation spéciale pour accéder à ce document… Seuls le Général Pryde, l’Amirale Sloane, le Grand
— Epargne moi la liste des personnes habilitées et ouvre-le, le coupa Rey d’un ton sec.
— Vous n’êtes pas, commença le droïde avant de s’interrompre devant le regard impérieux de Rey. Oui, Impératrice », lâcha-t-il, tremblant de crainte.
Penchée en avant, Rey fronçait les sourcils à mesure qu’elle prenait connaissance des informations. Son visage se remplit brusquement de dégout et elle secoua la tête. C’était impossible, elle avait du mal lire, son esprit lui jouait à nouveau des tours.
« Remets-le au début, BC-9, » ordonna-t-elle étourdiment sans se rendre compte de sa méprise sur l’identité du droïde.
Les mots défilèrent de nouveau, inchangés en dépit des efforts que Rey faisait pour se convaincre que la chose était impossible. C’était une abomination ! L’Empereur ne pouvait tolérer qu’un tel être occupe une place si prépondérante dans leur organisation. L’enfant d’un clone et de…
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L’homme brun au visage prématurément vieilli par les épreuves paraissait bouleversé.
« C’était lui, Brendol Hux, il posait tout un tas de questions… »
Le cœur de Rey accéléra et elle sentit une peine sourde, portée par l’océan, l’étreindre. Elle était incapable de se souvenir du nom de l’homme de sa vision mais elle savait dans sa chair qu’elle le connaissait. Il avait représenté quelque chose pour elle.
La femme à qui il s’adressait, brune elle aussi, avait les yeux remplis de larmes et une émotion étrange remonta dans la gorge de Rey en la voyant ainsi. Elle tendit la main pour la toucher mais ne réussit qu’à effleurer le bord de sa robe pourpre.
« Alors prenons Rey et fuyons… » déclara la femme.
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« Impératrice ? »
La voix du Général Hux ramena Rey au présent et elle cligna des yeux, incertaine de ce qu’elle venait de vivre. Était-ce un vrai souvenir ou une autre invention que l’Usurpateur avait implantée dans son esprit ? Les yeux de la jeune femme se posèrent sur le fichier qu’elle était occupée à consulter avant sa perte de contact avec la réalité et elle frissonna de dégout alors que les mots s’imprimaient dans rétine.
Hux se pencha vers elle pour l’aider à se lever mais elle recula avec vivacité. Elle ne voulait pas qu’il la touche. Jamais. Pas en sachant ce qu’il…
« Nous vous attendons dans la grande salle Impériale, tout va bien ? » s’inquiéta sincèrement le roux.
Rey, troublée, marmonna quelques paroles peu aimables avant de diriger vers la porte. Là, elle s’immobilisa et aboya.
« Alors, Hux, qu’est-ce que vous attendez pour me suivre ? Vous l’avez dit vous-même, nous sommes attendus dans la grande salle ! »
Hux se reprit immédiatement non sans lancer un long regard suspicieux au droïde archiviste. Il ignorait ce que la jeune Impératrice était occupée à consulter à son arrivée mais la chose l’avait visiblement bouleversée. Se promettant d’éclaircir ce mystère plus tard, il rejoignit Rey.
Destroyer Equilibrium,
Tandis que l’effervescence s’emparait du vaisseau, le transformant en une ruche grouillante d’activité, Lando rejoignit Finn, qui, à l’opposé du comportement de ses vieux compagnons d’armes, s’était installé dans un coin isolé.
« Pas gagné par l’enthousiasme général et le désir d’en découdre ? » l’interrogea le contrebandier.
Finn haussa les épaules.
« Un dictateur s’opposant à un autre. Rien de nouveau dans la Galaxie, » lâcha-t-il d’un ton désabusé tout en fixant Lanzora, qui, à l’autre bout de la pièce s’entretenait avec Holdo.
La jeune Générale tourna légèrement la tête et, s’avisant du regard que Finn posait sur elle, elle sourit brièvement avant de lui adresser un clin d’œil. Malgré lui, l’ancien trooper sourit en réponse. En dépit de son manque évident de discernement, Lanzora le fascinait.
« Non… Je le crois pas, s’amusa Lando. T’as enfin…
— Oui, inutile de le crier sur les toits, le coupa Finn, agacé.
— De crier quoi ? intervint Poe, un large sourire aux lèvres tant il était surexcité par la flotte de chasseurs dont ils disposaient.
— Notre ami Finn a enfin gouté au plaisir de coucher avec une femme », lui annonça Lando au grand embarras de l’ancien trooper.
Poe écarquilla les yeux avant de gratifier Finn d’une bourrade virile.
« Eh bien il était temps ! Pour être franc, je commençais à me demander si t’étais pas attiré par les hommes. Pas que ça m’aurait dérangé ou choqué, hein. Alors qui est l’heureuse élue ? »
Attirée par les éclats de voix, Lanzora se retourna brièvement vers eux et Finn se sentit rougir jusqu’à la racine des cheveux. Suivant son regard, Poe siffla entre ses dents.
« Jolie… Pas mon genre, mais jolie.
— En train de chercher ta prochaine victime, Poe ? plaisanta Kaydel qui venait de les rejoindre. Je te croyais rangé… »
Le pilote, se retourna, outré.
« Je le suis ! Amilyn et moi c’est du sérieux ! On parlait de la nouvelle copine de Finn, » expliqua-t-il au grand dam du jeune homme tout en désignant Lanzora.
Le visage de Kaydel accusa sa surprise et elle fixa Finn.
« Le bras droit du Grand Commandeur ? Vraiment ? J’espère que tu n’es pas avec elle juste pour essayer d’atteindre Ren. »
Les trois hommes se tournèrent vers elle, stupéfaits. Finn se décomposa.
« Le… quoi ? Lanzora n’est pas… balbutia-t-il.
— C’est la Générale en Chef de ses troupes, énonça Kaydel sur le ton de l’évidence. Elle est l’une des seules à être autorisée à pénétrer dans les appartements privés de Kylo Ren. »
A ces mots, Finn tourna les talons, bouleversé tandis que Lando et Poe se tournaient vers la jeune padawan, affichant un vague air de reproche.
« Je pensais qu’il le savait, se défendit Kaydel.
— Et comment voulais-tu qu’il le sache ? pesta Poe. Je suis sûr que même Amilyn l’ignore !
— Ou alors, elle ne te l’a pas dit, rétorqua Kaydel.
— J’en doute fort. Contrairement à ton cher Luke, Amilyn n’a aucun secret pour moi, elle me fait confiance. »
Le visage de la jeune femme s’empourpra tandis que Lando tentait vainement de calmer le jeu. Le vieux forban ouvrit la bouche pour parler mais elle ne lui en laissa pas le temps.
« De quel droit juges-tu ma relation avec Luke en suggérant qu’il ne me fait pas confiance ? s’emporta Kaydel. C’est lui-même qui m’a appris que la Générale Garan était le bras droit de son fils avant mon départ afin que je me tienne sur mes gardes.
— Oh, quelle magnifique preuve d’amour, railla Poe. Dommage qu’il n’ait pas été aussi franc au sujet de sa relation avec sa sœur et l’identité du vrai père de Ren. »
Les derniers mots du pilote claquèrent dans la salle. Kaydel, profondément blessée, recula.
« Je n’arrive pas à croire que tu aies osé me dire une chose pareille, » souffla-t-elle avant de tourner les talons.
Lando toussota, gêné, tandis que Poe, rempli de remords, ébauchait le geste de retenir la jeune femme.
« Pouvez- vous me dire ce qu’il se passe ? siffla Amilyn, les dents serrées et les yeux furieux. Tout le monde vous regarde. »
Poe eut un infime mouvement d’hésitation et ce dernier redoubla la rage froide de l’Amirale.
« Ne t’avise pas de courir derrière elle, le prévint-elle. Je suis ta supérieure directe et j’exige de savoir les raisons pour lesquelles vous vous donnez en spectacle de la sorte. »
Poe se raidit devant le ton employé et Lando intervint.
« Rien de grave, juste une petite divergence d’opinion.
— Puis-je savoir à quel sujet ? Ou est-ce trop demander ? Pourquoi notre apprentie Jedi vient-elle de quitter la pièce ? Et Finn, où est-il encore passé ? »
En dépit de l’assurance qu’elle affichait, le stress d’Holdo était visible et Poe baissa la tête, honteux de la mettre ainsi en difficulté quelques heures à peine après le début de leur mission.
« Un problème, Amirale Holdo ? »
La voix douce, mais cependant déterminée à obtenir des réponses, de la Générale Garan résonna désagréablement aux oreilles d’Amilyn. Affichant un sourire forcé, cette dernière se retourna.
« Aucunement », affirma-t-elle.
Les yeux marrons de Lanzora passèrent des uns aux autres. En dépit des protestations d’Holdo, la jeune femme avait conscience qu’il y avait bel et bien quelque chose qui clochait. Sans cela, pourquoi la Jedi que le Grand Commandeur avait qualifiée de placide et d’inébranlable venait-elle de quitter la salle, visiblement hors d’elle ? Cependant, elle n’était pas la seule… Finn aussi était parti après lui avoir lancé un regard qui l’avait littéralement glacée sur place. Lanzora referma ses doigts sur l’holocarte que Kylo Ren lui avait remise avant son départ puis déclara :
« Très bien, dans ce cas, j’imagine que vous ne verrez pas d’inconvénient au fait que je rejoigne mes appartements afin de prendre un peu de repos en vue de mon prochain quart ? »
Amilyn grommela un accord puis, une fois la Générale hors de portée de voix, elle s’adressa à Poe d’une voix sourde.
« Par la Force, quand cesseras-tu de te montrer aussi stupide ? Tu ne vois pas que nous jouons tous nos places sur cette mission ? Leia tolérait ton impulsivité mais je doute que Ren accepte aussi facilement de tels éclats !
— Amilyn, tenta le pilote, perclus de remords.
— Non Poe, je ne veux pas entendre tes pitoyables justifications, le coupa-t-elle d’une voix tranchante avant de reprendre avec plus de douceur : Ren nous offre une chance de faire nos preuves. Il m’a mise à la tête de cette opération et t’a désigné comme Commandant de son plus important escadron suite à mes recommandations. Il n’était pas entièrement convaincu, non pas de tes compétences qu’il est le premier à reconnaitre, mais de ta maturité et de ta capacité à maitriser ton impulsivité afin de te conformer aux ordres. Je me suis portée garante de ton obéissance parce que je te connais et, qu’indépendamment de mes sentiments pour toi, je suis certaine qu’en dépit de ton caractère fougueux, tu es capable de faire de grandes choses. Alors, s’il te plait, essaie de mettre ton égo de côté et aide-moi à montrer à Ren et à ses hommes que la Résistance n’était pas qu’un repaire de têtes brulées incapables de plier à une quelconque discipline mais des personnes de valeur animées d’une volonté de combattre l’injustice et prêtes à tout pour atteindre leur but. »
Le discours de l’Amirale fit mouche et Poe, plus honteux que jamais, souffla.
« Je suis désolé. Je ne voulais pas te nuire. C’est simplement que… je me suis laissé emporter
— Je sais, murmura tendrement Amilyn. Mais, Poe, il y a un temps pour tout. Et celui des disputes entre nous est révolu. Un éclat public comme celui que tu viens d’avoir avec Kaydel ne doit pas se reproduire. Nous devons faire en sorte d’afficher un front commun en dépit de nos dissensions et tenter de nous intégrer à l’Ordre de l’Equilibre. C’est ce que Leia aurait voulu nous voir faire et ce que Ren attend de notre part : que malgré nos différences, nous soyons capables de nous unir pour défendre les idéaux qui nous rassemblent. Il a été particulièrement clair à ce sujet : même s’il prône l’indépendance de pensée et l’expression des opinions, il attend de ses hommes une totale soumission aux ordres lors des situations délicates. Et Naboo est justement l’une d’elles. »
De plus en plus piteux, Poe inspira profondément.
« Je sais. Mais, cela n’avait rien à voir avec la mission. Nous parlions simplement de Finn et de la Générale Garan et… »
Il s’interrompit, animé par un doute soudain, et fixa Amilyn.
« Sais-tu quelle place Garan occupe dans la hiérarchie de l’Ordre de l’Equilibre ?
— Oui, elle est le bras droit de Ren, reconnut l’Amirale. Tout comme je n’ignore pas, qu’au-delà de sa réelle connaissance de Naboo, sa mission première est de s’assurer de notre loyauté envers l’Ordre de l’Equilibre et de notre capacité à répondre aux attentes de Ren. Il a été parfaitement sincère à ce sujet avec moi et, aux vues de son passif avec la Résistance, je ne peux lui reprocher de se montrer prudent. S’il agissait autrement, il se montrerait un chef aussi peu avisé que négligent. »
Une boule remonta dans la gorge de Poe tandis qu’il prenait la mesure de son injustice envers Kaydel.
« Pourquoi ne me l’as-tu pas dit ? reprocha-t-il à sa maitresse.
— Tout simplement parce que je n’en ai pas vu l’utilité ! La Générale Garan est une femme charmante, qui m’a immédiatement assuré qu’elle n’interviendrait pas dans mes décisions, sauf en cas de force majeure, et je n’ai pas voulu faire peser le fait que nous sommes observés sur tes épaules ou sur celles de nos amis.
— Généreux et louable, glissa Lando pour détendre l’atmosphère. Je n’en attendais pas moins d’une cheffe telle que vous, Amilyn. »
L’intervention du vieux forban donna le temps à Poe de ravaler les paroles aussi amères qu’injustes qu’il s’apprêtait à prononcer et il sourit, un peu crispé.
« Je comprends ton objectif mais, j’aurais apprécié que tu me fasses assez confiance pour m’en parler. »
Holdo grimaça.
« C’est vrai. J’aurais dû le faire. Si je ne t’ai rien dit, c’est simplement pour éviter de faire peser une pression inutile sur tes épaules. Pas parce que je n’ai pas confiance en toi. »
Poe s’adoucit en l’entendant et il effleura légèrement la main de l’Amirale.
« Je comprends et je suis désolé de t’avoir embarrassée. Cela n’arrivera plus, je te le promets. Je suis aussi désireux que toi que les choses fonctionnent. Pour cette mission et pour le reste », jeta-t-il à la hâte, conscient que Lando les écoutait sans la moindre gêne.
Holdo se contenta d’incliner la tête avant de rejoindre le poste de commandement, consciente qu’elle s’était déjà trop absentée.
Citadelle de l’Ordre de l’Equilibre,
Hapès
Le départ de Kaydel avait plus éprouvé le moral de Luke que le Jedi n’osait se l’avouer. Jusqu’à la dernière seconde, il avait lutté contre le besoin impérieux de la retenir, de la garder près de lui. Il lui aurait sans doute suffi de quelques mots pour qu’elle renonce à partir, mais, bien entendu, il n’avait rien dit. Parce que cela aurait été à l’encontre des principes de son ordre et aurait trahi son attachement égoïste à la jeune femme.
La soudaine acceptation de sa proposition par Ben l’avait temporairement déridé mais cela faisait des heures qu’il n’avait pas vu son fils, pris par des affaires urgentes.
Savourant toutefois sa solitude, le Jedi prit la direction des jardins sud, désireux de se recueillir sur le monument dédié à Leia. La manifestation fulgurante de sa sœur la nuit précédente, uniquement dans le but de l’envoyer auprès de Ben lui avait laissé un gout amer d’inachevé.
Arrivé devant la stèle aux armes d’Alderaan, Luke soupira.
« C’est toi qui devrais être ici à ses côtés pour l’épauler. Moi, je suis incapable de l’aider dans la direction de son Ordre et toutes ces tractations politiques… »
Un frisson de plaisir secoua les épaules de Luke en percevant la présence de Leia dans la Force et il sourit alors qu’elle se matérialisait à ses côtés.
« Alderaan, murmura-t-elle. Une fois de plus j’ai la preuve que je n’ai jamais rien compris à cet enfant.
— Je suis heureux de te voir, Leia, déclara Luke en se tournant vers la forme spectrale de sa sœur.
— Rey n’a plus beaucoup de temps, répondit sa sœur sans le regarder. Sa corruption est de plus en plus profonde et je crains que cela ne finisse par la tuer ou pire. »
Luke se raidit.
« Tu l’as vue ? Mais…
— Le Palais Impérial se situe dans l’Ancien temple Jedi, j’imagine que c’est cela qui m’a permis de pouvoir enfin la toucher.
—Le Temple a lui-même été bâti sur les ruines d’un sanctuaire Sith, rappela Luke.
— La Force est puissante à cet endroit. Je suppose que cela explique la dégradation accélérée de Rey, soupira Leia avant de se tourner vers son frère. Luke, j’ai essayé… Elle m’a écouté et pendant un instant, j’ai cru que… Mais l’Obscurité est profondément ancrée dans son esprit, beaucoup plus que nous ne le pensions. »
Elle s’interrompit et le Jedi la fixa.
« Il y a autre chose, je te connais. Qu’est-ce que tu ne me dis pas ? »
Le fantôme de Leia évita brièvement son regard.
« Je crois que l’un des problèmes est qu’elle ne veut pas revenir… Rey aime être une Palpatine et le pouvoir que cela lui confère. Elle éprouve du plaisir à être ainsi distinguée. »
Luke laissa échapper un profond soupir.
« Dans ce cas, tout est perdu. Ben ne sera jamais capable de la tuer et s’il ne peut pas la ramener…
— Il faudra que tu le fasses à sa place, Luke. »
Les épaules du Jedi se raidirent.
« Tu ne peux pas me demander ça, Leia. Pas maintenant, pas alors que les choses s’apaisent enfin entre Ben et moi. »
Le visage de Leia s’emplit de tristesse.
« Je sais que je n’en ai pas le droit mais pourtant, il le faut. Luke, l’enjeu est trop important pour la Galaxie. Nous ne pouvons pas laisser Ben renoncer à cause de Rey. Lorsqu’ils se reverront, ce sera elle ou lui. S’il échoue à la ramener, elle le tuera, elle vous tuera tous, et offrira le pouvoir aux Siths. »
Le Jedi déglutit, le visage blême.
« Je suis désolée, Luke, murmura Leia avant de disparaitre.
— Pas autant que moi, » répondit le Jedi avec amertume.
A présent, il comprenait pourquoi Yoda lui était apparu après tant de semaines silencieuses. Une fois de plus, l’Ordre Jedi attendait de lui qu’il sacrifie tout ce à quoi il tenait.
Destroyer Equilibrium,
Lorsque Lanzora trouva enfin Finn, dans le hangar réservé aux chasseurs, le jeune homme se tenait devant un TIE, vêtu d’une combinaison de pilotage. La Générale avala sa salive et s’avança vers lui, ses bottes claquant sur le sol.
« Quand comptais-tu me dire que tu es le bras droit de Ren ? » l’interrogea Finn sans la regarder.
Lanzora se crispa.
« Je ne le suis pas. Mais, il est exact que je fais partie du Premier Cénacle de l’Ordre de l’Equilibre et que je suis la Générale en chef de son armée. J’avais l’intention de t’en parler. Je voulais juste attendre que nous nous connaissions mieux parce que j’avais conscience que cela compliquerait les choses entre nous et ce n’était pas ce que je voulais. »
Finn émit un ricanement mauvais.
« Bien sûr… Je comprends à présent pourquoi tu t’es montrée si hardie, la nuit dernière. Lanzora, sois franche, s’il te plait : ne m’as-tu séduit que dans le but que je me soumette à ton précieux Grand Commandeur ? »
La jeune femme se raidit sous l’insulte à peine déguisée tandis que le jeune homme se dirigeait vers l’un des chasseurs.
« Que fais-tu ? s’inquiéta-t-elle.
— Il me semble que c’est clair : je pars, affirma Finn. Je n’ai plus ma place ici, je doute même de l’avoir eu un jour. Ce combat n’est pas le mien et je n’ai pas l’intention de servir ton Maitre et de l’aider à réaliser ses rêves de grandeur. »
A regrets, Lanzora tira son blaster.
« Je suis navrée, mais je ne peux pas te laisser faire. »
Finn se retourna lentement, le regard blessé.
« Donc, j’avais raison.
— Non ! Tu te trompes à mon sujet ! s’écria Lanzora avec des accents de désespoir. Mon attirance pour toi est sincère tout comme l’affection que je te porte mais je ne peux pas prendre le risque de voir la localisation de notre base être dévoilée. S’il te plait, ne m’oblige pas à t’arrêter. »
Le jeune homme baissa les yeux sur le blaster qu’elle braquait toujours sur lui.
« On dirait que je n’ai pas trop le choix. Que feras-tu si je monte dans ce TIE, Lanzora ? Tu me tireras dans le dos ? »
Elle se mordit la lèvre.
« Ah… je vois, ironisa Finn. Donc au final, ta soi-disant affection pour moi ne pèse pas lourd face à ce que tu ressens pour Ren. »
Interdite, la jeune femme assimila ces paroles et secoua la tête.
« Tu ne comprends rien. Mes sentiments pour lui n’ont rien à voir avec ce que tu imagines, lâcha-t-elle. Je crois en lui, en sa cause, rien de plus.
— Pourquoi ? l’interrogea Finn. Pourquoi une telle foi ?
— Parce que je lui dois ma vie. Il m’a sauvée de moi-même et du Premier Ordre. Sans lui… »
La voix de Lanzora s’étrangla et elle baissa son blaster.
« S’il te plait, Finn, retourne avec les autres. »
Le jeune homme hésita et ils s’affrontèrent du regard pendant quelques secondes. Finalement, il céda et s’écarta du chasseur.
Lanzora le suivit des yeux tandis qu’il sortait du hangar sans lui adresser un regard. Le cœur lourd, la jeune femme sentit la brûlure des larmes qui menaçaient de s’écouler mais elle redressa les épaules et emboita le pas à Finn.
Palais Impérial,
Coruscant
Le regard rivé aux écrans à travers lesquels les différentes divisions lui faisaient leur rapport, Rey réprima un mouvement d’humeur. En dépit des forces déployées un peu partout, les actes d’opposition ne cessaient de se multiplier envers les hommes du Dernier Empire.
« Il faut déployer les Soldats Pourpres de l’Eternel Sith dans le Noyau et mater sans la moindre pitié toute insurrection, » décida-t-elle.
Phasma se tourna vers elle.
« Nous manquons d’hommes, Impératrice. C’est cela qui m’inquiète le plus. Lorsque Ren a pris la tête du Premier Ordre, il a fait fermer la plupart de nos camps de conditionnement », expliqua-t-elle avec précautions.
Rey serra les poings. Ren, encore et toujours Ren. Quand la liste des méfaits de cet homme allait-elle cesser de s’allonger ?
« Dans ce cas, enrôlez tous les civils valides de nos Colonies, ordonna Rey.
— Mais… s’ils refusent ?
— Qu’ils nous rejoignent ou qu’ils meurent », déclara froidement Rey.
L’hologramme de Pryde se matérialisa alors dans la pièce et le vieil homme posa un genou à terre, baissant la tête pour dissimuler la colère que lui causait la mascarade qui l’obligeait à s’incliner devant la jeune femme.
« L’Empereur a ordonné la réouverture des camps de reprogrammation de l’Empire. Nous sommes prêts à recevoir des esprits à former afin d’assurer la prochaine génération de stormtroopers, annonça-t-il. L’Empereur m’a également chargé de vous faire part de son désir de recruter toute personne sensible à la Force afin de la former à l’idéologie Sith. »
Rey inclina le visage avant de se troubler. Brusquement, le monde s’effaça et elle se retrouva projetée dans le passé.
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Le petit garçon avait à peine six ans. Il était sale et maigre et ses compagnons n’étaient pas dans un meilleur état que lui.
« Montre nous, » ordonna Kylo Ren.
Le garçon, il s’appelait Luke, hésita puis leva la main et le balai lévita quelques instants dans les airs.
La Force était avec lui…
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« Nous commencerons par Cantonica, déclara Rey. Canto Bight abrite une bande de petits va-nu pieds, des esclaves. L’un d’eux s’appelle Luke et il a la Force. Les autres feront de parfaits soldats de l’Eternel Siths. »
Hux ne put retenir un hoquet de stupeur.
« Ces enfants ne sont plus esclaves, Impératrice. Ren a ordonné qu’ils soient affranchis. »
Rey lui adressa un regard glacial.
« Et moi, je décide d’abroger toutes les décisions prises par l’Usurpateur avec effet immédiat. Envoyez des hommes chercher ce garçon et ses compagnons. L’Empire a besoin d’eux. Ramenez-moi le jeune Luke. Je le formerais moi-même, » ajouta-t-elle après quelques secondes de réflexion.
Destroyer Equilibrium,
Plus éprouvée qu’elle ne voulait l’admettre par sa récente confrontation avec Finn, Lanzora se rendit directement ses appartements après s’être assurée que le jeune homme avait rejoint le poste qui lui avait été assigné. Par ailleurs, elle ne souhaitait pas donner à l’Amirale Holdo le sentiment d’être sous surveillance : elle en avait vu assez pour avoir compris qu’en dépit de l’altercation entre les anciens Résistants, la situation était pleinement sous contrôle.
Avec un soupir, elle se débarrassa de son couvre-chef et de sa veste avant de se laisser tomber sur son lit, ramenant ses genoux sous elle tout en s’appuyant contre l’oreiller moelleux. Posée à côté de son holopad, la carte de données remise par le Grand Commandeur paraissait briller, l’appelant. Presque malgré elle, Lanzora referma ses doigts sur la carte et la chargea.
A sa grande déception, des séries de chiffres et de lettres s’affichèrent à l’écran et, au bout d’un moment, Lanzora comprit qu’il s’agissait de matricules. Le front de la jeune femme se plissa de perplexité : en quoi tout ceci pouvait-il l’éclairer ? Frustrée, elle fit défiler les données. Son cœur manqua un battement lorsqu’elle vit s’afficher l’ancien matricule de Finn au milieu des autres :
« FN-2187, lut-elle à haute voix. Affectation unité de la Capitaine Phasma. Issu du lot 21. Test non concluants. »
Ce dernier fait était souligné et la perplexité de la jeune femme augmenta. Avec un peu de fébrilité, elle parcourut les autres données et repéra une petite dizaine de matricules portant la même mention du lot 21 mais suivis de l’annotation test négatif. Une boule lui remonta dans la gorge et elle consulta son propre dossier.
Garan, Lanzora. Capturée sur Cantonica. Instructeur Domaric Quinn. Affectation Destroyer Supremacy.
Elle serra les dents en tombant sur le nom tellement haï de Quinn puis reprit sa consultation de l’holocarte, cherchant d’autres mentions du lot 21. Elle avala brutalement sa salive alors que les mots s’imprimaient sur sa rétine.
Kuruk, Affectation Chevaliers de Ren. Issu du lot 21. Test positif
Cardo, Affectation Chevaliers de Ren. Issu du lot 21. Test positif.
Fébrile, Lanzora rechercha les dossiers des autres membres de la terrifiante escouade de guerriers et une chape de plomb lui tomba sur le cœur en découvrant la même mention du lot 21 accolée aux noms de chacun d’entre eux. Faisant défiler à toute vitesse les données, Garan nota des mentions d’autres lots mais seulement vingt et un noms dans celui qui l’intéressait : ceux des sept Chevaliers de Ren portaient la mention test positif. Treize d’entre eux étaient des troopers et affichaient un test négatif. Seul le matricule de Finn était « non concluant ».
Lanzora s’obligea au calme. Elle devait analyser la situation sans tenir compte de l’inquiétude grandissante qui montait en elle. Finalement, elle reprit ses recherches et le cœur lui manqua en découvrant un dossier contenant des fichiers portant chacun le nom d’un lot. Le 21 était le dernier et, sans se donner la peine de consulter les autres, la jeune femme l’ouvrit.
Les données s’affichèrent sur l’écran et il lui fallut quelques minutes pour comprendre qu’il s’agissait d’informations scientifiques. Un léger cri de frustration lui échappa. La plupart des termes employés lui étaient totalement inconnus. Elle reconnut toutefois certains d’entre eux : ADN, manipulation du génome afin de stimuler le cycle de division cellulaire, injection de midi-chloriens. Sujets gestateurs volontaires. Elle frissonna de nouveau. Kylo Ren lui avait dit que son histoire était différente de celle de Finn, que les parents de ce dernier l’avaient vendu de leur plein gré au Premier Ordre.
La sonnerie du comlink de ses appartements la fit sursauter. Refermant d’un geste preste l’holopad, Lanzora déclencha l’ouverture de la porte et l’Amirale Holdo pénétra dans la pièce.
« J’ai pensé que nous pourrions nous mettre d’accord sur notre stratégie, commença Amilyn avant de s’aviser de l’expression de sa compagne. Générale Garan, tout va bien ? Vous êtes toute pâle. »
Lanzora, le cœur au bord des lèvres, secoua la tête et Amilyn hésita.
« Souhaitez-vous m’en parler ? »
La jeune Générale s’obligea à reprendre le contrôle d’elle-même et lui désigna un siège.
« Inutile, cela ne concerne en rien la mission, je vous écoute, Amirale Holdo. J’imagine que vous avez déjà quelques idées. »
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Au bout de deux bonnes heures passées à parler de stratégie, Garan se massa les tempes et adressa un pâle sourire à l’Amirale.
« En vérité, vous n’aviez nul besoin de mon aide, vous maitrisez parfaitement la situation. Votre plan me semble parfait.
— Je vous remercie, toutefois, il reste le problème du commandement de l’escouade au sol, avança Holdo.
— J’aurais cru que vous souhaiteriez mettre l’un de vos hommes à sa tête, releva Garan. Finn ou la Jedi, par exemple. »
Amilyn grimaça.
« Non, je pense que cela n’est pas souhaitable. Quant à Kaydel, elle n’est pas prête.
— Pourtant, la formation de trooper de Finn le désigne idéalement pour ce poste, insista Lanzora, intriguée par les réticences de l’Amirale.
— Mais son manque d’intérêt pour la cause de l’Ordre de l’Equilibre est criant et je ne veux pas avoir à me soucier de la fiabilité de mes hommes », rétorqua Holdo.
Un léger sourire échappa à Lanzora
« Je vous remercie de votre franchise, Amirale Holdo. Le Grand Commandeur ne se trompait pas en vous décrivant comme un officier faisant passer le bien de la mission avant toute considération affective »
Amilyn s’empourpra légèrement et Lanzora poursuivit
« Je prendrais le commandement de l’escouade terrestre, si cela ne vous fait rien. Je connais plutôt bien le terrain. »
Holdo approuva puis rebondit, intriguée :
« Cela fait plusieurs fois que vous le mentionnez. Etes-vous originaire de Naboo ? »
Garan se rembrunit au souvenir de sa dernière mission sur place et de l’ordre de mort qu’elle avait donné alors.
« Non. Mais j’ai mené quelques opérations dans cette zone. »
Amilyn attendit une suite qui ne vint pas, et voyant que la jeune femme restait silencieuse, se leva pour se diriger vers la porte.
Lanzora la regarda puis, sous une impulsion la rappela :
« Amirale ? Vous vous y connaissez en génétique ?
— J’ai quelques notions, admit Holdo. Pourquoi cette question ?
— J’entends souvent parler d’expériences menées par Palpatine dans le but de manipuler les gènes, mais je vous avoue que je n’y comprends pas grand-chose, et j’aimerais un jour avoir l’occasion de combler mes lacunes. »
Le ton faussement détaché de la jeune officier ne trompa pas Holdo et elle retourna s’asseoir.
« Que désirez-vous savoir ? »
Vingt minutes plus tard, Lanzora, de plus en plus livide, se tournait vers l’Amirale.
« Donc, il est possible de recombiner l’ADN en y adjoignant des midi-chloriens et de booster le cycle de division cellulaire ? Mais dans quel but ?
— Dans votre exemple, l’objectif est de créer une génération de soldats sensibles à la Force en augmentant artificiellement le taux de midi-chloriens. Comme ces derniers se fixent sur les cellules, plus ces dernières se reproduisent, plus le nombre de midi-chloriens et, donc la perception de la Force, augmente.
— Je vois… souffla Lanzora. Et dans ce contexte, que signifie une mention « tests non concluants » ?
— Qu’ils ignorent si l’expérience a réussi ou non, expliqua Holdo. Le sujet n’est pas ouvertement négatif, mais les résultats ne sont pas assez probants pour qu’il soit reconnu positif. Cela peut signifier que le gène est bien présent chez lui, mais à l’état latent donc inactif au moment des tests. »
Lanzora avala sa salive.
« Et si le gène s’active ? »
Holdo haussa les épaules.
« Sans doute la même chose que pour le groupe des positifs : une reproduction accrue des cellules et donc une multiplication des midi-chloriens et de la sensibilité à la Force. Générale Garan, avez-vous une raison particulière de m’interroger sur ce sujet ? » se décida-t-elle à lui demander.
La jeune femme secoua la tête.
« Non. C’est seulement que j’ai entendu dire que les Chevaliers de Ren étaient le résultat d’une manipulation de ce type. »
Un soupir las échappa à Holdo.
« J’imagine que nous en avons encore beaucoup à découvrir sur les expériences menées par Palpatine et ses sbires, déclara-t-elle, la mine sombre. Nous avions commencé à nous pencher sur le sujet en utilisant les archives impériales dont nous disposions lorsque nous avons découvert les origines de Rey mais, les choses se sont accélérées et j’avoue avoir perdu de vue ces travaux. »
Lanzora hocha la tête en guise de compréhension et remercia Holdo de son aide, le cœur serré à la pensée de tout ce qu’elle venait d’apprendre signifiait au sujet de Finn.
Palais Impérial,
Coruscant,
Certain que Rey était occupée au centre de commandement, Hux se dirigea vers ses appartements et exigea que le droïde A9G qu’il avait vu précédemment avec Rey l’y rejoigne.
« L’Impératrice ordonne que je lui fasse un résumé des données qu’elle consultait ce matin. Elle n’a pas le temps de s’y consacrer actuellement. »
L’archiviste regimba mais la menace de se voir recycler mit un terme à ses protestations et il obéit.
« Projet SA-038, lut Hux. Pourquoi s’intéresse-t-elle à Snoke ? »
Curieux, il parcourut distraitement le dossier et un nom lui sauta brusquement au visage.
Brendol Hux.
Son père… Mais qu’est-ce qu’il avait à voir avec Snoke ? Intrigué, le roux revint en arrière, prenant cette fois le temps de lire et se laissa tomber sur la chaise la plus proche, les jambes coupées par le choc.
Le viol du clone A0-156 par Brendol Hux a donné un résultat surprenant : le sujet SA-038 semble développer des aptitudes hors norme à la Force tandis que SA-039 y totalement insensible. L’Empereur ordonne d’isoler SA-038 du reste du troupeau dès sa naissance et de remettre SA-039 à son géniteur afin qu’il assume les conséquences de ses actes. Quant à A0-156, elle sera soumise à une batterie d’expériences une fois qu’elle aura mis bas afin de comprendre les mécanismes de reproduction des clones. La piste semble prometteuse en dépit du caractère inutile de SA-039.
Le roux serra les poings à s’en briser les jointures tandis que les propos d’Obdur sur Exegol lui revenaient en mémoire : L’un de nos officiers haut gradé s’était entiché d’un des clones femelles de la première série d’expériences. Il l’a isolée du reste du troupeau et l’a violée.
Son père était l’officier… Snoke était SA-038… Et lui, Armitage, il était…
Un gémissement lui échappa alors que la vérité explosait dans son esprit et il se redressa, fébrile. L’œil rond et incapable de comprendre la portée des informations qu’il venait de divulguer, le droïde archiviste l’interrogea :
« Est-ce tout ce que vous désiriez consulter, Général Hux ? »
Quelque chose craqua dans le roux en l’entendant. Livide, il s’empara de son blaster et tira dans les circuits de A9G sans se soucier des cliquetis de souffrance du droïde. Une fois certain de l’avoir définitivement mis hors service, Hux haleta et arracha la carte de données de la carcasse encore fumante de l’archiviste.
Jamais il ne s’était senti aussi trahi. Sa vie entière était un mensonge. La soi-disant mort de sa mère en couche était fausse tout comme la plupart des choses qu’on lui avait inculqué depuis son enfance. Il portait les gènes de l’Empereur au même titre que Snoke ou Rey, mais pourtant, il n’avait reçu que du mépris de la part de Palpatine qui l’avait relégué à des tâches subalternes. D’abord serviteur de Snoke, puis de Rey. Hux songea au reste du Conseil Obscur. Nul doute qu’ils savaient… Après tout ils avaient connu son père. Le roux serra les dents à la pensée que, depuis tout ce temps, ils se jouaient tous de lui. Mais, il leur ferait regretter ça. Il se le promettait aussi sûrement qu’il s’était juré par le passé d’en finir avec Brendol Hux.
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