Faucon Millénium,
Amilyn terminait le bandage maladroit de la blessure de Chewbacca dans un silence juste brisé par les sanglots déchirants de Finn et les grognements mécontents du wookie lorsque la Sénatrice Berenko reprit connaissance. La jeune rousse porta la main à son bras avec un cri de souffrance.
« Je crois qu’il est cassé, ça fait mal ! »
Les doigts de l’Amirale s’immobilisèrent tandis que Finn redressait le visage, les yeux rougis par les larmes et les mains maculées du sang de Rose.
« Ça fait mal ? répéta-t-il d’une voix d’outre-tombe. Un bras cassé et c’est ça qui fait mal ? »
Chewbacca émit un grondement mauvais et Amilyn se redressa de toute sa stature.
Berenko, toute à sa douleur, ne s’aperçut pas du changement d’atmosphère à l’intérieur du vaisseau.
« Du bacta, dépêchez-vous, réclama-t-elle.
— Je vais t’en donner moi du bacta ! » explosa contre toute attente l’Amirale.
Sans tenir compte des cris de la Sénatrice elle traversa la pièce et l’attrapa par le bras pour la forcer à se lever.
« Arrêtez ! Vous êtes folle, quand je dirais à la Générale ce que vous »
Une gifle monumentale lui imposa le silence. Détendant ses doigts engourdis par le coup qu’elle venait d’asséner à la Sénatrice, Holdo la tira ensuite violemment par le bras pour la trainer devant le corps inerte de Rose.
« Cette jeune femme est morte ! déclara-t-elle, furieuse. Elle est morte parce que vous avez été incapable de penser à autre chose qu’à votre petite vengeance personnelle ! Elle s’est placée entre les tirs de blaster et vous afin de vous protéger ! »
Une nausée autant due à la douleur qu’à la vision du corps criblé de blessures remonta dans la gorge de la Sénatrice et elle tenta de détourna le regard mais Holdo ne la laissa pas faire.
« Nous avions réussi ! ragea-t-elle. Ils ne s’étaient pas rendu compte de notre présence et nous avions assez d’éléments pour comprendre les raisons de l’intérêt de Ren pour Naboo. Nous étions sur le chemin du retour et tout se déroulait à merveille. Il vous suffisait de rester tranquille mais, non, il a fallu que vous outrepassiez mes ordres et que vous décidiez de partir toute seule à l’assaut, comme une, comme une stupide idiote inconsciente !
— Je, commença Berenko, comprenant que la situation était grave.
— La ferme ! lui ordonna Holdo. Vous avez pris les armes contre la Résistance et blessé un membre de mon équipage alors que nous avons tout fait pour vous aider. Vous avez ignoré mes directives et causé la mort d’une jeune femme douce, bonne et intelligente. Et tout ça pour quoi ? Certainement pas pour votre peuple comme vous le criez à qui veut l’entendre. Vous avez fait ça par pur égoïsme afin d’assouvir votre désir de vengeance. Je regrette que Rose se soit interposée pour vous sauver, vous ne valez pas la peine qu’on se batte pour vous ! »
L’Amirale tremblait, autant de rage que d’émotion, et Poe, laissant les commandes à Lando, se précipita vers elle. Il posa une main sur son bras alors qu’elle saisissait son blaster dans l’intention évidente de l’utiliser contre la Sénatrice.
« Laisse-la Amilyn, lui souffla-t-il, se souciant peu de trahir le secret de leur relation. Elle est coupable, mais ce n’est pas à toi de la punir. Ce n’est pas ainsi que la Résistance se conduit. »
Finn, les yeux rouges, regarda son ami avec rancœur tandis que l’Amirale relâchait sa poigne sur le bras de Berenko. La petite rousse, éperdue de douleur, se laissa tomber sur le sol.
« Amilyn, murmura de nouveau Poe. Tu n’es pas comme ça. »
Holdo inspira profondément et sembla reprendre son calme. Elle baissa les yeux sur sa toge maculée du sang de Chewbacca puis siffla.
« Finn, passez les menottes à l’ex Sénatrice et enfermez-la dans une pièce hors de ma vue.
— Avec plaisir, Amirale Holdo », approuva Finn.
Un nouveau cri de douleur échappa à la Sénatrice alors qu’il enfermait ses poignets dans les bracelets électrifiés et la trainait vers l’étage inférieur.
« Mon bras, gémit Berenko. Donnez-moi au moins quelque chose contre la douleur. Pitié !
— J’ai utilisé tout ce que nous avions pour soigner Chewie, rétorqua Holdo d’une voix sèche. Votre blessure attendra que nous soyons rentrés à la base. »
Finn s’éloigna, trainant la Sénatrice derrière lui, tandis que Poe posait ses mains sur les épaules de l’Amirale, la forçant à le regarder.
« Tu as pris la bonne décision, lui assura-t-il.
— Vraiment ? Tu trouves ? Parce qu’en cet instant, je me sens aussi incapable que pitoyable, avoua Holdo dans un murmure. J’aurais dû t’écouter et enfermer cette femme avant notre départ au lieu de penser naïvement que la surveillance de Chewie suffirait à la retenir ! »
Le wookie protesta qu’elle l’avait pris par surprise et Holdo se tourna vers lui.
« Personne ne te reproche rien. Tu ne pouvais pas deviner qu’elle te tirerait dessus avec une blastarbalète. Tout ce qui est arrivé est entièrement ma faute. J’ai manqué de vigilance et je n’ai pas assez écouté Poe quand il m’a mise en garde. Ce désastre est de ma responsabilité et j’en répondrai le moment venu. »
Poe se mordit les lèvres. Il y avait eu un temps où il aurait tout donné pour entendre cette femme reconnaitre qu’il avait raison, mais, à présent, il n’avait qu’une envie, serrer l’Amirale dans ses bras pour apaiser sa peine. Amilyn secoua ses boucles mauves et regarda le pilote.
« Va rejoindre ton ami, il a besoin de toi. Je vais seconder Lando aux commandes.
— Amilyn, tenta Poe, conscient de la culpabilité qui la submergeait et qu’elle ne parvenait pas à dissimuler totalement.
— Ca va aller pour moi, murmura-t-elle. Occupe-toi de Finn, s’il te plait. »
Ils échangèrent un regard puis Poe alla rejoindre Finn.
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Poe trouva l’ancien trooper assis à même le sol, la main crispée sur le médaillon taché de sang de Rose.
« Elle croyait vraiment en notre cause, tu sais, déclara Finn, les yeux brillants de larmes. Et elle croyait en moi aussi. Elle savait que je n’étais venu ici que pour Rey mais ça ne changeait rien pour elle. Elle m’a accepté comme je suis et elle m’a aidé à comprendre tout ce que, cette espèce d’obsession que j’avais pour Rey, m’empêchait de voir. »
Poe ne répondit pas, se contentant de s’asseoir à ses côtés.
« Je ne suis qu’un idiot, marmonna Finn. J’ai perdu tellement de temps à attendre que Rey vienne vers moi sans me rendre compte que Rose était là... Elle me soutenait, elle me comprenait, alors que Rey ne s’est jamais donné la peine d’essayer de le faire. Et maintenant, il est trop tard. »
Le pilote posa une main fraternelle sur son épaule.
« Je suis désolé, Finn. Je sais que tu tenais à elle. C’était notre cas à tous.
— Ouais, dommage que je l’ai compris si tard », ironisa le trooper avant de fondre en larmes.
Le pilote ne répondit pas, se contentant d’offrir une étreinte virile à son ami, étouffant ses sanglots dans son épaule.
Au bout d’un moment, Finn se calma et ils se raidirent en entendant un énième gémissement de douleur de Berenko.
« Qu’est-ce qui va se passer pour elle ? demanda Finn avec rancœur.
— J’imagine qu’elle sera emprisonnée avant d’être jugée pour trahison. Elle a pris les armes contre Chewie et a causé indirectement la mort de l’un d’entre nous, la Générale Organa ne laissera pas passer ça, crois-moi. »
Un sourire désenchanté se forma sur les lèvres de Finn.
« Un jugement… Et, que risque-t-elle au juste ?
— Le retrait de tout soutien de la Résistance. Et l’exclusion de notre base. Ou l’emprisonnement.
— En somme rien de plus qu’une une petite tape sur la main… répliqua Finn avec amertume. Alors qu’elle a directement causé la mort de Rose.
— Je sais que tu as de la peine, mais il est impossible que la Résistance se laisse guider par la vengeance ou la rancœur. Si nous agissions ainsi, nous ne vaudrions pas mieux que le Premier Ordre, lui rappela Poe, troublé par sa réaction.
— Bien sûr… » ironisa Finn.
Il se redressa et passa le collier de Rose autour de son cou, glissant le médaillon en forme de croissant de lune contre sa peau.
« Et pour ceux qui l’ont tuée ? Les soldats du Premier Ordre ? Quelles seront les représailles de la Résistance ? »
Le pilote détourna le regard, ne sachant quoi lui répondre, mais Finn reprit :
« Rien, évidemment. On rendra un bel hommage à Rose puis, on l’enterrera aux côtés des autres victimes. Et, au bout d’un moment, on l’oubliera. Mais pas moi. L’ordre de nous tuer est venu de Ren, c’est évident. Il est prêt à tout pour s’accaparer ce si précieux Bene. Toi et moi, nous sommes bien placés pour savoir qu’il n’accorde aucune importance à la vie : il suffit de se souvenir de ce qu’il a fait à son propre père. Il est plus que temps de mettre un terme à ses méfaits. »
Poe, surpris par le ton que son ami employait, le fixa :
« Qu’est-ce que tu veux dire par là ?
— Allons, ne fais pas semblant de ne pas comprendre, toi aussi tu as été sa victime. Cet homme est malfaisant et doit être éliminé pour le bien de tous. Je n’aurais de cesse de le poursuivre pour lui faire payer ce qu’il a fait à Rose et le reste. Je veux être de toutes les missions visant à éradiquer le Premier Ordre. Je vais les traquer sans répit, Poe. Je ne m’arrêterais qu’une fois que tous ceux qui le dirigent seront morts. »
Sa voix était désincarnée, presque inhumaine, et Poe Dameron fronça les sourcils. Ce n’était pas le Finn qu’il connaissait.
« Tu oublies Rey, tenta-t-il.
— Non. Rey a fait son choix. J’espère ne jamais avoir à la combattre parce qu’elle a été un jour mon amie mais, si elle s’interpose, je n’hésiterai pas à la supprimer. »
Sur ces mots, Finn s’éloigna pour rejoindre la salle de pilotage. Resté seul, Poe sentit une boule lui nouer l’estomac. La mort tragique de Rose avait changé son ami. Désormais, Finn n’avait plus rien du jeune homme doux qu’il avait rencontré quelques mois auparavant. L’entrainement auquel le Premier Ordre l’avait soumis durant toute son existence venait de reprendre ses droits, changeant le renégat en machine décidée à tuer.
TIE Silencer,
Kylo Ren écouta sans un mot le rapport de Lanzora Garan. Lorsque l’officier eut terminé, elle marqua une pause, attendant sa réaction. La main de Kylo Ren se porta une fois de plus à son flanc, le palpant machinalement.
« Et le wookie ?
— Disparu avec les autres dans l’hyperespace. L’escouade que j’avais envoyée à leur poursuite a sauté dans un trou noir… Ils ne répondent plus. Il y a fort à parier que la même chose est arrivée au vaisseau de l’ex sénatrice Berenko ou alors il s’est désintégré lors de leur dernier saut.
— Mais vous n’en êtes pas certaine, releva Kylo Ren.
— Non, Suprême Leader, reconnut à regret Lanzora Garan. J’ai jugé trop risqué d’envoyer un autre équipage sur leurs traces. Je n’ai pas voulu perdre plus d’hommes. »
Kylo Ren crispa sa main sur le comlink. L’officier avait raison, il était plus que probable que le Faucon Millénium soit parti en morceaux. Le vaisseau était vieux et rafistolé de toutes parts, il était bien placé pour le savoir. Aucune chance qu’il ait résisté à la pression générée par autant de bonds dans l’hyperespace. Cette certitude aurait dû le réjouir. Ainsi Leia n’apprendrait jamais ce qu’il trafiquait sur Ohma D’un, une bonne chose car il la savait assez fine pour comprendre à quel usage il destinait le Bene. Mais, une part de lui, un morceau de ce qui restait de Ben, saignait à la pensée de la disparition d’Oncle Chewie et du Faucon…
« Vous avez pris la bonne décision, finit-il par lâcher dans le comlink. Renforcez la surveillance et le bouclier protégeant Ohma D’un, le fait qu’ils aient réussi à le contourner ne me plait pas. De plus, il est à prévoir que la Résistance envoie une nouvelle équipe en ne voyant pas revenir celle-ci.
— Ce sera fait, Suprême Leader », s’empressa d’affirmer Lanzora Garan d’une voix trahissant son soulagement devant la réaction de son supérieur.
D’un geste, Kylo Ren mit fin à la communication et inspira profondément alors que des souvenirs de course poursuite et de jeux affluaient dans sa mémoire. Il se revit, petit garçon, juché sur les épaules de l’immense wookie et riant aux éclats alors qu’il le suppliait de courir plus vite. Une goutte humide roula sur sa joue, laissant un gout amer sur ses lèvres et il regretta de ne pouvoir la chasser, gêné par le casque qu’il portait.
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« Que se passe-t-il ? »
Rey. Kylo Ren la sentit se matérialiser à ses côtés à travers la Force et, cette fois, se félicita de la présence du masque.
« Rien du tout.
— Tu te fiches de moi ? Ta tristesse inonde notre lien, même en ce moment je peux la percevoir. Qu’est-il arrivé, Ben ? Est-ce que c’est Vador ?
— Je viens de te dire qu’il n’y avait rien. Je ne suis même pas encore arrivé à Mustafar, lui répondit-il avec irritation. Cesse donc de t’inquiéter sans arrêt pour moi. Je n’ai pas besoin de ta sollicitude ou que tu interviennes à tout bout de champ dans ma vie. Je t’ai donné une mission avant de partir, tâche plutôt de te concentrer là-dessus et laisse-moi tranquille ! »
Il se sentit rasséréné par la colère. Tout valait mieux que la peine qui vrillait son esprit. Le visage de Rey se décomposa devant sa rudesse.
« Très bien, comme tu voudras, » lâcha-t-elle avant de rompre leur connexion.
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La colère de Kylo Ren redoubla en percevant le chagrin de la jeune femme et il frappa son flanc d’un geste rageur, grimaçant sous la douleur de l’ancienne blessure que son coup avait réveillée.
« Je n’avais pas le choix, Rey, je ne pouvais pas les laisser filer, c’est trop important, » siffla-t-il entre ses dents.
Il songea avec inquiétude à la réaction de la jeune femme lorsqu’elle apprendrait la disparition du Faucon et sa responsabilité dans l’histoire. Nul doute qu’elle connaissait ceux qui étaient à bord, certains étaient à coup sûr ses amis. En tous cas, Chewie l’était, il l’avait lu en elle. Son cœur s’alourdit encore un peu plus. Il espérait que, le moment venu, elle comprendrait et lui pardonnerait ça. Il le fallait parce qu’il n’était pas certain de réussir à se pardonner lui-même.
Destroyer Supremacy,
Frustrée par sa dernière connexion avec Ben, Rey se saisit de son sabre basse tension et appuya d’un geste rageur sur le comlink.
« Je veux les Chevaliers de Ren dans dix minutes en salle d’entrainement », ordonna-t-elle avant de mettre fin à la communication sans attendre de réponse.
Son regard se posa sur l’implant contraceptif que l’unité médicale lui avait remis quelques temps plus tôt et elle tendit la main vers ce dernier avant de se raviser. Aux vues de sa dernière conversation avec Ben, elle doutait d’en avoir besoin avant un long moment.
« Foutu type buté », marmonna-t-elle avant de sortir à grands pas de son appartement.
Le Général Hux haussa le sourcil en la voyant passer devant lui sans lui accorder un regard. L’énervement de la jeune femme était visible et la voir ainsi lui rappela désagréablement l’imposteur.
« Seigneur Dejakku, tout va bien ? » l’interpella -t-il.
Suprêmement agacée, Rey se retourna brièvement.
« Oui, Général Hux, je vais très bien ! J’ai juste besoin de me dégourdir un peu les muscles. Je vais m’entrainer avec les Chevaliers. Cela ne vous ferait pas de mal à vous non plus », ajouta-t-elle avec un zeste de perfidie.
Le roux ne put retenir sa satisfaction d’être invité à participer à leurs exercices ; enfin, d’une certaine manière, une courtoisie dont Ren n’avait jamais fait preuve.
« Pourquoi pas ? » déclara-t-il avant de lui emboiter le pas.
La fureur de Rey enfla encore en le voyant accepter ce qu’elle n’avait lancé que comme une boutade mais elle n’avait plus aucun moyen de se débarrasser de lui à présent. Elle pénétra dans la salle, ravie de constater que les Chevaliers l’attendaient déjà. Un instant, elle songea à la dernière fois où elle s’était trouvée dans cette pièce avec Ben et à la manière dont leur entrainement s’était changé en autre chose. Chassant cette pensée, elle se mit en garde.
« Allons-y, déclara-t-elle. Le Général Hux a souhaité nous rejoindre pour cette session, essayez de le ménager. »
La demi-heure suivante fut éprouvante pour tous, à commencer par le Général, effaré par la puissance et le manque de retenue que mettait la jeune femme dans ses assauts. L’un des Chevaliers glissa et Rey lui asséna un violent coup à la base de la nuque.
« Dans un véritable affrontement, tu serais mort, » lui annonça-t-elle sans dissimuler sa satisfaction.
En nage et la poitrine se soulevant de manière erratique, elle fit face à ses adversaires, plissant les yeux alors que son regard s’arrêtait sur le visage rouge brique du Général.
« Je crois que ça suffit pour aujourd’hui, lâcha ce dernier, à bout de forces. J’avoue que je préfère nettement vous savoir dans mon camp après avoir gouté à votre technique de combat.
— J’ai un très bon Maitre », se contenta de jeter Rey avant de se précipiter sur la bouteille d’eau fraiche que lui tendait l’un des Chevaliers.
A présent qu’elle avait laissé libre court à la colère qu’elle ressentait envers Ben et ses secrets, elle se sentait épuisée et vaguement honteuse du traitement qu’elle avait infligé aux Chevaliers et à Hux.
« Merci pour cette séance d’entrainement, vous avez été parfaits, reconnut-elle.
— Quand vous voulez », lui rétorqua avec un peu de sécheresse le Chevalier qu’elle avait mis à terre un peu plus tôt.
Les hommes sortirent un par un et Rey se retrouva seule avec le Général. Elle se crispa. Il la répugnait, c’était plus fort qu’elle. Et encore plus depuis qu’elle avait conscience du rôle que son père avait joué dans son existence.
« Vous souhaitiez m’entretenir de quelque chose en particulier Général ? lui demanda-t-elle, voyant qu’il ne semblait pas décidé à partir.
— Je m’interrogeai simplement sur notre Suprême Leader, savez-vous quand il compte revenir ? l’interrogea Hux, saisissant le premier prétexte qui lui venait à l’esprit.
— Quand il aura terminé ce qu’il est parti faire, je suppose.
— Et, qu’est-ce que c’est, au juste ? »
Un léger sourire se forma sur les lèvres de Rey.
« S’il avait jugé utile que vous soyez informé, je pense qu’il l’aurait fait. A présent, si vous voulez bien m’excuser, je rêve d’une douche. »
Hux suivit Rey du regard tandis qu’elle se glissait hors de la salle et une petite grimace lui échappa au souvenir de la démonstration de force à laquelle il venait d’assister. Jusqu’à présent, il pensait que la présence de la jeune femme dans les sphères du haut commandement de l’Ordre était due à sa fonction de réceptacle et à un caprice de Ren. Il ne l’avait jamais réellement prise au sérieux. Mais après ce qu’il venait de voir, il devait admettre que la fille savait se battre. Et sacrément bien. Un détail qu’il ferait mieux de ne pas oublier à l’avenir.
Ajan Kloss,
Leia, le visage décomposé, écouta Holdo lui faire son rapport sur sa dernière mission.
« J’ai complètement fait foirer cette opération, Générale, conclut Amilyn. J’aurais dû écouter Poe et me montrer plus vigilante. A cause de ma négligence, Chewbacca a été blessé, Rose est morte et Kylo Ren sait désormais que nous continuons nos opérations et que nous sommes sur ses traces. »
La Générale poussa un soupir las. La mort de Rose, la dernière en date d’une longue série, ainsi que la blessure de Chewie la touchaient profondément. Cependant, elle ne pouvait laisser Amilyn continuer à se flageller de la sorte.
« Vous avez fait ce que je vous avais demandé. J’ai, moi aussi, mal estimé les motivations de la Sénatrice Berenko et ses réactions. Je suis tout autant fautive que vous. »
Holdo posa un regard inquiet sur la Générale dont l’épuisement était visible. En cet instant, elle ressemblait plus à une vieille femme fatiguée qu’à une cheffe de guerre.
« Cela ne change rien au fait que j’étais en charge de cette opération, répliqua l’Amirale.
— Vous avez fait avec les informations que je vous avais données. J’aurais dû être plus attentive à ce que me disait la Force et à la manière dont Berenko formulait sa requête », trancha Leia.
Un bref silence s’installa entre les deux femmes puis, Amilyn reprit :
« Que comptez-vous faire de la Sénatrice ?
— Elle n’a plus sa place parmi nous. Je ne peux plus la considérer comme une sympathisante de la Résistance, pas après ce qu’elle vient de faire. Dès que son bras sera guéri elle quittera cette planète et, bien entendu, avant cela, elle passera sa convalescence sous bonne garde. Et, nous allons organiser une cérémonie pour Rose, je sais que c’est dérisoire, mais cette jeune femme mérite qu’on lui rende hommage et que l’on se souvienne d’elle. »
Amilyn approuva, puis :
« Il y a autre chose, Générale. Cela concerne Finn. Il a été très ébranlé par… tout ça et je crois qu’il serait judicieux de ne pas l’envoyer sur le terrain dans l’immédiat. »
Leia fronça les sourcils.
« Une raison particulière à cette requête ? Que vous a-t-il dit ?
— A moi, rien de spécial, mais Poe m’a alertée à son sujet, il craint que Finn se laisse déborder par le chagrin et finisse par causer des dégâts en tentant de venger la mort de Rose.
— Poe Dameron devenant raisonnable ? releva Leia. Eh bien, vous faites des miracles sur ce garçon, je me félicite de l’avoir mis sous vos ordres, vous semblez parfaitement vous entendre, finalement. »
L’Amirale s’empourpra légèrement et Leia clarifia :
« Sachez que je n’ignore rien de ce qui se passe sur cette base et qu’il ne me viendrait pas à l’idée de vous faire un quelconque reproche ou de vous juger à cause de votre relation avec Dameron. Cette nouvelle perte nous rappelle encore une fois qu’il faut profiter de ce que la vie nous offre tant que nous le pouvons. De plus, j’ai toute confiance en votre intégrité, je sais que vous ne laisserez jamais une affaire privée influencer vos décisions. »
Immensément soulagée tant il lui déplaisait de cacher à la Générale sa relation intime avec le capitaine, Holdo laissa échapper un petit soupir.
« Je vous remercie de vous montrer aussi compréhensive avec moi, surtout après ce qui vient de se passer… Et au sujet du gisement de Bene que nous avons découvert, qu’en pensez-vous ? »
Le visage de Leia s’assombrit de nouveau.
« J’en pense que j’ai gravement sous-estimé l’intelligence de Kylo Ren, ce qui est un comble venant de moi qui est pourtant la mieux placée pour savoir qu’il est loin d’être un novice en politique. Ce filon de Bene n’est que le coup le plus éclatant d’une série d’appropriation de minerais, technologies et ressources financières diverses. Sous couvert de prospecter pour le Premier Ordre, il a réussi à s’emparer de bon nombre de places stratégiques sans le moindre recours aux armes. Il a même convaincu le Conseil d’Aargau de lui offrir un siège, pesta-t-elle, encore furieuse de la nouvelle qu’elle avait apprise quelques heures plus tôt. Quand je pense à tous les efforts que nous avons fait pour essayer d’infiltrer des sympathisants sur cette planète ! »
En dépit de l’agacement qu’elle montrait, Holdo décela une petite pointe de fierté dans la voix de la Générale mais s’abstint de commenter. A la place :
« Que pensez-vous qu’il va faire de tout cela ?
— Je l’ignore, mais une chose est certaine : il a un plan beaucoup plus élaboré que je ne le soupçonnais. La plupart des actifs importants sont la propriété nominative de Kylo Ren et non celle du Premier Ordre, souligna Leia. Cela prouve qu’il est très loin d’agir avec impulsivité comme son comportement le laisse à penser. »
L’Amirale digéra l’information.
« Vous pensez qu’il tente de les doubler ? Mais pourquoi ? Et quel est son objectif au final ?
— Si seulement je le savais ! explosa Leia. Lors de sa visite il y a quelques temps, Rey a prétendu que Kylo Ren ne partageait pas les idéaux du Premier Ordre et les utilisait afin de servir ses propres intérêts mais j’avoue que j’ai eu du mal à la croire. A la lumière de ce que nous avons découvert, je reconnais que je me suis sans doute trompée… Peut-être compte-t-il effectivement trahir le Premier Ordre. Seulement, c’est un jeu très dangereux, surtout maintenant que nous savons que l’Empereur est à l’origine de toute cette organisation. De plus, j’ignore toujours l’objectif exact que Kylo Ren cherche à atteindre. Les ressources qu’il s’approprie lui confèrent une mainmise sur les échanges commerciaux de beaucoup de systèmes et donc un pouvoir considérable dans la Galaxie. Le problème c’est que je ne sais pas ce qu’il compte en faire. Rey soutient qu’il fait tout cela pour changer les choses et instaurer la paix, mais, même si j’ai vraiment envie de la croire, je ne sais pas si je le peux, » admit Leia d’une voix ténue.
Holdo lui pressa le bras, consciente que tout cela touchait la Générale à plus d’un titre. Il y avait le combat de sa vie, certes, mais Kylo Ren était également son fils. Et, même si elle n’était pas mère elle-même, elle imaginait le tumulte d’émotions, entre espoir et crainte, que Leia devait éprouver.
« Vous pensez qu’il pourrait finir par nous rejoindre ?
— La Résistance ? Non, il ne fera jamais ça, lâcha Leia avec tristesse. Rey a été claire, il nous hait autant que l’Empire… J’aimerais pouvoir me persuader qu’il agit dans un but louable, mais, utilisant le Côté Obscur comme il le fait, c’est impossible. La vérité Amilyn c’est que je ne comprends rien à ce garçon, soupira-t-elle. Ni ce qu’il est, ni ce qu’il veut. Cela fait tellement longtemps qu’il est parti qu’il m’est devenu complètement étranger.
— Depuis combien de temps ne l’avez-vous pas vu ? » osa demander Holdo.
Le regard de Leia était un puit de souffrance lorsqu’elle lui répondit :
« Plus de dix ans. »
()()
En dépit des prières de la Générale, Finn n’avait pas accepté de prendre la parole lors de l’hommage rendu à Rose et ce furent Holdo, puis Leia, qui s’acquittèrent de cette tâche difficile. Finn serra les poings pendant toute la durée des funérailles de la jeune résistante. Il était si tendu qu’il ne sentait pas la coupure du médaillon de la jeune femme qu’il serrait dans sa paume et restait indifférent à son sang qui s’écoulait, se mêlant à celui, désormais séché de Rose. Debout à ses côtés, Poe l’observait à la dérobée, inquiet par son comportement. Depuis la mort de leur amie, le regard de Finn avait changé, il avait un éclat dur, haineux que le pilote ne lui avait jamais vu.
A quelques pas des deux hommes, Larma D’Acy, la tête basse, évitait de croiser le regard de ses compagnons. Personne ne lui avait fait de reproches, surtout pas Leia ou Amilyn, mais la commandante se savait en partie responsable du désastre causé par la Sénatrice Berenko… De tous ceux qui vivaient sur la base, elle était la plus proche de la rousse et elle n’ignorait pas que son insistance n’était pas uniquement causée par son inquiétude vis-à-vis de son peuple. Larma savait et elle n’avait rien dit et maintenant, Rose était morte en tentant de protéger Berenko.
« Vous ne pouviez pas deviner que les choses tourneraient ainsi », lui glissa le Major Brance devant sa mine défaite.
Larma se força à sourire mais ne répondit pas, accordant toute son attention à l’homélie qui se poursuivait.
Une fois que ceux qui le souhaitaient se furent exprimés, Finn se détourna immédiatement pour repartir vers la base et Poe lui emboita le pas.
« Hey, avec Kaydel, Chewie, C3 et quelques autres nous allons nous réunir pour parler de Rose, tu veux te joindre à nous ? Ça te ferait du bien. »
Le regard dur, Finn déclina :
« A quoi bon ? Berenko va être soignée puis renvoyée gentiment chez elle sans aucune autre punition, passer notre soirée à en parler n’y changera rien. Cela ne fera pas non plus revenir Rose. »
Le pilote se troubla.
« Cela peut sembler injuste, mais que voulais-tu que la Générale décide d’autre ? De mettre à mort Berenko ? Ça non plus, ça ne ferait pas revenir Rose. »
Finn eut un sourire vaguement cynique.
« Mais cela aurait envoyé un signal fort à la Galaxie, celui que la Résistance est puissante et déterminée à se battre. Au passage, j’attends toujours que des mesures soient prises pour nous débarrasser de Kylo Ren… Mais, visiblement, cela n’est pas non plus une priorité pour nos dirigeants. Bref, profite bien de ta petite soirée bavardage, moi j’ai mieux à faire. »
Impuissant, Poe le regarda s’éloigner. Plus le temps passait, plus il se faisait de soucis pour son ami.
()()
Luke releva la tête de son livre en voyant Finn pénétrer dans la chambre qu’il occupait.
« Que fais-tu ici ? Je pensais que tu passerais la soirée avec les autres, afin de parler de Rose.
— A quoi bon en parler ? Elle est morte, rien ne changera ça.
— Mais cela t’aurait permis d’exprimer ton chagrin avec d’autres personnes qui le partagent et qui, comme toi, l’ont bien connue, lui fit remarquer le Jedi. Au lieu de ça, tu es venu me voir… Qu’attends-tu de moi ? »
Finn posa un regard décidé sur son hôte.
« J’aimerais que vous m’appreniez à être un Jedi. »
Luke fronça légèrement les sourcils.
« Ce n’est pas quelque chose qui s’apprend, tu as la Force ou tu ne l’as pas.
— Je sais, s’impatienta Finn. Ce que je voudrais, c’est que vous me testiez, comme vous l’avez fait pour Kaydel. Et que vous m’entrainiez, si j’ai le potentiel. »
Luke reposa son livre devant lui, bien à plat sur la table, et regarda le jeune homme droit dans les yeux.
« Penses-tu l’avoir ?
— Je ne sais pas, pesta Finn. C’est bien pour ça que je m’adresse à vous. Mais, j’ai déjà tenu un sabre laser quand j’ai combattu Ren.
¬— Ce n’est pas cela qui fait de quelqu’un un Jedi, observa Luke d’un ton calme. As-tu déjà perçu des choses que tu étais le seul à ressentir ? Eu des pressentiments ?
— Je… Oui, peut-être, s’agaça le jeune homme. Ecoutez, si je suis venu vous trouver c’est justement parce que je veux découvrir si je suis sensible à la Force. »
Le Jedi le jaugea quelques secondes, puis :
« Pourquoi maintenant ? Cela fait un moment, désormais, que je suis ici et que Kaydel est devenue ma padawan. Tu aurais pu me faire cette requête bien avant. Qu’est-ce qui a changé ? »
Finn, l’air déterminé, le toisa.
« Ce qui a changé ? C’est la mort de Rose, abattue par le Premier Ordre. Jusqu’à présent, je n’avais pas pris la mesure de l’ennemi auquel la Résistance fait face, je n’avais pas conscience de la cruauté de Ren. Maintenant si. Et je suis prêt à me dévouer corps et âme à sa destruction. Mettez-moi à l’épreuve, Maitre Skywalker, je ne vous décevrai pas. »
Le visage de Luke se figea immédiatement et il répondit d’un ton sec :
« Tu es là pour la vengeance, or ce sentiment n’a aucune place dans le cœur d’un Jedi. Ma réponse est non, Finn. Je ne chercherai pas à mettre à l’épreuve ta sensibilité à la Force et je ne t’entrainerai pas. Pas avec de telles motivations. Pour devenir un Jedi, c’est la quête de la paix et de l’harmonie qui doivent te guider, pas le besoin de détruire. Cela, c’est l’apanage des Sith. »
Finn serra les poings, exsudant la colère.
« Comme si vous accordiez de l’importance aux doctrines et aux principes alors que vous êtes le premier à les bafouer ! Reconnaissez plutôt que, si vous ne voulez pas me tester, c’est uniquement pour ne pas avoir à m’entrainer. Parce que vous voulez rester seul avec votre soi-disant apprentie. »
La voix de Luke se fit aussi tranchante que l’acier alors qu’il répondait à cette accusation.
« Tu te trompes, Finn. Si je te refuse mon aide, c’est pour t’empêcher de basculer du Côté Obscur. Tes sentiments sont trop exacerbés et ta haine dangereuse. Je transige certes les règles de l’Ancien Ordre Jedi en entretenant un lien affectif avec Kaydel mais cela ne remet pas en cause mon engagement de faire ce qui est bien. Ton désir de rendre justice à Rose est honorable, mais ce n’est pas en utilisant la Force pour blesser à ton tour que tu trouveras l’apaisement.
— Ah oui ? Et comment je le trouverai dans ce cas ? En passant la soirée à échanger des souvenirs en sanglotant avec les autres ? Ce n’est pas ce dont j’ai besoin Maitre Skywalker. Ce que je veux, c’est mettre Kylo Ren et ses sbires à genoux avant d’en débarrasser la Galaxie. »
La haine et le ressentiment vibraient dans la voix de Finn et le Jedi inspira.
« Tant que de tels sentiments t’animent, je ne peux et ne veux t’aider à explorer ta sensibilité à la Force.
— Dans ce cas, je ne vois aucune raison de continuer à garder votre minable petit secret, rétorqua Finn. Je révélerai à tout le monde en quoi consistent réellement vos prétendues leçons.
— Si tu penses me faire ployer ainsi, tu me connais mal, petit. Je ne t’entrainerai pas afin de t’empêcher de parler. Mais, laisse-moi te dire une dernière chose : si tu te moques de blesser Kaydel en cherchant à m’atteindre, alors, tu n’as définitivement pas l’âme d’un Jedi. Et dans ce cas, si tu es sensible à la Force comme tu le penses, le Maitre le plus approprié pour toi est sans aucun doute Kylo Ren, ironisa Luke. A présent, tu peux partir, je ne te retiens pas. »
Furieux, le trooper tourna les talons et sortit, décidé à faire regretter son refus à Luke.
Ses pas le menèrent jusqu’au feu autour duquel les amis de Rose s’étaient réunis et il reconnut les membres de son équipage : Lando, Poe, Chewie et même l’Amirale Holdo. Kaydel, C3, BB-8, R2, Guich et quelques autres étaient également de la partie. Kaydel, les yeux rougis par le chagrin, l’aperçut et lui fit signe de venir s’asseoir avec eux. Le jeune homme avala sa salive devant le visage ouvert et franc de la jeune femme. Elle était son amie comme elle avait été celle de Rose. Révéler la vérité sur Skywalker lui ferait du mal et, au fond de lui, il savait que Rose n’aurait pas approuvé. Le cœur lourd, il se décida à les rejoindre.
« C’est bien que tu sois là, » murmura Kaydel en s’écartant pour lui ménager une place entre Poe et elle.
Encore indécis, Finn ne répondit pas et se laissa tomber sur le sol. Immédiatement, la main de Kaydel étreignit la sienne tandis que Poe lui donnait une petite tape dans le dos sous le regard approbateur d’Holdo. Finn sentit une vague d’émotion monter en lui et commença à parler d’une voix hachée, sous les regards attentifs de ses amis.
« Lorsque j’ai rencontré Rose, elle m’a envoyé une telle décharge électrique que je n’ai plus senti mes membres pendant plusieurs minutes… »
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