Faucon Millénium,
Assombrie par le sort encore incertain de R2-D2, la mission de sauvetage des Sénateurs avait commencé sous de sombres auspices pour Amilyn et ses compagnons. Lando lui-même restait silencieux et se contentait de seconder Poe aux commandes quand le besoin s’en faisait sentir. L’Amirale contempla les mines défaites de ses hommes et soupira. Elle devait tenter de rallumer l’étincelle en eux.
« Je suis certaine que Rose réussira à remettre R2 en état, ce droïde a connu pire et il s’en est toujours sorti. »
Cette déclaration eut le mérite de faire sortir Poe de son mutisme. Furieux, le pilote frappa sur la carlingue du Faucon, s’attirant un grognement de Chewbacca et l’affolement des appareils de navigation.
« La question n’est pas là ! Enfin, pas seulement.
— Que voulez-vous dire Mr Dameron ? s’empressa de rebondir Holdo, ravie que l’un d’entre eux sorte enfin de son apathie.
— Qu’on nous laisse volontairement à l’écart et que l’on nous cache beaucoup de choses ! » ragea le pilote, la défiant du regard de prétendre le contraire.
Finn hocha la tête en guise d’approbation et Amilyn se redressa, attentive. Elle ne s’attendait pas à faire face à de telles revendications. Elle avait imaginé que le silence de son équipage n’avait pas d’autre origine que leur inquiétude pour le courageux droïde. Se sentant poussée dans ses retranchements, elle déclara, non sans une pointe d’agressivité :
« Ni la Générale, ni moi-même n’avons de comptes à vous rendre. Vous disposerez en temps voulu de toutes les informations dont vous avez besoin pour mener à bien cette mission, vous pouvez me croire. Jamais je ne vous demanderai de mettre vos vies aveuglément en danger.
— Je ne parle pas de ça ! Je me doute bien que vous nous brieferez en temps voulu, s’énerva Poe. C’est du reste dont il est question. Que se passe-t-il au juste ? Qu’est-ce qu’il y avait sur cette clé de données et qui a presque tué R2 ? Qu’est-ce que Skywalker cherche à découvrir dans les archives de l’Empire ? Pourquoi Kaydel a-t-elle été rétrogradée au profit de Rose ?
— Rétrogradée ? Qu’est-ce qui peut bien vous faire penser une chose pareille ? s’étonna l’Amirale, réellement surprise.
— Le fait que Rose prenne son poste, par exemple », se mêla Finn d’un ton accusateur.
L’Amirale secoua la tête, comprenant enfin la méprise qui avait engendrée l’ambiance pesante qui dominait la mission.
« Votre amie n’a pas été rétrogradée, en fait d’une certaine manière, c’est plutôt le contraire, révéla-t-elle. Je pensais que Rose vous l’avait dit mais je constate que, pour une fois, elle a su tenir sa langue. Si Kaydel n’assure plus ses fonctions habituelles, c’est parce qu’elle devenue l’apprentie de Luke. Nous avons souhaité que cette nouvelle reste secrète afin d’éviter à Kaydel de porter trop de poids sur ses épaules. D’ailleurs, j’ose croire que je peux compter sur vous pour ne pas lui mettre la pression, cela pourrait compromettre ses chances de réussir. »
Poe cligna des yeux, sous le choc. Kaydel ? La petite Kaydel, toujours souriante et prête à plaisanter, était une future Jedi ? Il ne savait pas trop quoi en penser.
« Vous voulez dire qu’elle a la Force ? s’étonna Finn.
— Précisément.
— Alors, c’est comme ça, elle remplace Rey d’un seul coup, grinça l’ex-trooper, avec une pointe de rancœur.
— Je doute que quiconque, à part vous, voit les choses ainsi, rétorqua Amilyn. Il n’est pas question de cela. Simplement, l’alliance de Ren et Rey nous a conduit à explorer d’autres potentialités.
— Oui, bien sûr, c’est génial pour Kaydel », bredouilla Finn qui se sentit brutalement piteux.
Amilyn se tourna vers Poe, surprise par son absence de réaction. Le pilote sentit son regard peser sur lui et lui adressa un sourire faux.
« Excusez-moi, j’essayais de digérer la nouvelle. Donc, du coup, Kaydel va passer tout son temps avec Skywalker à faire des choses de Jedi, maintenant ?
— J’ose croire que Luke lui accordera un peu de temps libre, railla Amilyn, décontenancée par sa remarque.
— T’es jaloux ou quoi ? » se moqua Finn.
Poe lui adressa un regard noir.
« Certainement pas. Passer tout ce temps à méditer avec le vieux Skywalker, très peu pour moi, je laisse bien volontiers cela à Kaydel. Moi, je suis un homme d’action.
— Je crois que nous nous en sommes tous rendu compte », persifla spontanément Amilyn.
Sa remarque eut le mérite de détendre l’atmosphère pesante et tous éclatèrent de rire, sauf Poe. Au bout d’un moment, gagné par l’hilarité générale, il sourit.
« N’empêche, ça aurait sympa de sa part de nous le dire, marmonna-t-il toutefois. C’est pas comme si on allait se précipiter chez Ren pour l’informer ! On est sans doute des idiots mais pas à ce point-là.
— Revenons à notre mission, ordonna Holdo, satisfaite de voir les tensions un peu apaisées. Comme vous le savez, Corellia abrite désormais un camp de prisonniers, parmi lesquels des membres du Sénat. Nous devons impérativement les sortir de là. Avez-vous pensé à un plan ? les interrogea-t-elle afin de tester sa nouvelle équipe.
— On fonce dans le tas », déclara Poe.
Amilyn leva les yeux au ciel.
« Etrangement, cette suggestion ne me surprend pas, venant de vous. Lando et moi nous avons toutefois élaboré un procédé plus, disons, subtil, pour nous introduire dans les lieux.
— Ah oui ? Bizarre, ça ne m’étonne pas non plus », rétorqua Poe.
L’Amirale décida de ne pas tenir compte de l’interruption.
« Nous allons entrer par la grande porte. Finn et Poe, vous porterez ces uniformes du Premier Ordre, annonça-t-elle en dévoilant des habits sombres.
— Capitaine, siffla Finn entre ses dents. Mazette, j’ai pris du grade.
— Chewie et moi joueront le rôle de vos prisonniers. Nous avons des papiers en règle qui vous permettront d’accéder aux quartiers de haute sécurité, du moins si les gardes ne sont pas trop regardants. Une fois sur place, nous n’aurons plus qu’à trouver les sénateurs. Pendant que nous nous occuperons de les libérer, Poe et Finn occuperont les gardes de faction le temps nécessaire pour nous permettre de nous enfuir par les conduits d’évacuation des déchets. Grâce à Lando, nous avons plan détaillé de leur emplacement.
— C’est fou les miracles que peuvent faire quelques crédits sur la conscience d’un gradé, ricana le contrebandier.
— Lando restera à bord du Faucon, prêt à nous récupérer. Vous deux, vous repartirez par la grande porte. Nous devrons jouer sur l’effet de surprise et le manque de vigilance de nos adversaires, raison pour laquelle nous avons décidé de mener la mission de sauvetage durant la nuit. Les hommes de garde sont moins nombreux et ils ne s’attendent pas à une action de notre part. Si cela venait à mal tourner, on fonce dans le tas comme l’a judicieusement suggéré Mr Dameron, » termina l’Amirale.
Poe grimaça et Holdo soupira en voyant sa réaction :
« Une remarque, Capitaine ?
— Bah, je n’ai rien contre votre plan, j’adore l’idée de vous passer des menottes, plaisanta-t-il. Mais, ne vont-ils pas trouver suspect que des membres de la Résistance soient emprisonnés alors que Ren a ordonné une trêve ? »
Amilyn cligna des yeux, décontenancée.
« Je… je n’avais pas pensé à ça. »
Finn soupira lourdement pour marquer son agacement tandis que Lando se retournait vers le petit groupe.
« Je ne vois pas ce qui pose problème. Vous n’avez qu’à prétendre que Chewie et Holdo se sont rendus et que le Suprême Leader cherche à les escamoter discrètement. De toute manière, c’est ce qu’il a fait pour les sénateurs encore en vie.
— Ça pourrait fonctionner, songea Amilyn à voix haute. Après tout, personne ne s’attend à ce que Ren se montre aussi magnanime qu’il le prétend.
— De rien, » s’amusa Lando.
Corellia,
Prison secrète du Premier Ordre,
« Ça me gratte, pesta Finn. Je hais ces uniformes ! »
Chewie lui répondit par un grognement mécontent et agita ses menottes dans un geste équivoque.
« Oui, je sais, sur le principe, c’est moins désagréable que d’être entravé, mais crois-moi, je préférerai encore être à ta place, marmonna Finn avec mauvaise foi.
— Arrêtez vos pitreries ! siffla Holdo. Je vous rappelle que ce que nous nous apprêtons à faire est très risqué. Essayez de rester concentrés sur vos rôles respectifs pour une fois ! »
En guise de réponse, Poe posa sans douceur le canon de son blaster contre le dos de l’Amirale et tira sur les fers qui l’entravaient.
« Ce n’est que mon blaster, souffla-t-il à l’oreille de la femme. Mais j’ai encore plus dur à votre service.
— Dameron… » grinça-t-elle tandis que les autres étouffaient un rire.
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Poe et Finn prirent une profonde inspiration en arrivant devant la porte principale du complexe hautement sécurisé. D’une main qui ne tremblait pas, Finn cogna avec vigueur contre le poste de garde.
« Livraison spéciale ! » beugla-t-il au grand dam de l’Amirale qui espérait pouvoir compter sur le sommeil du maximum de gardes.
Le planton cligna des yeux, visiblement dérangé en pleine sieste. Poe en profita pour s’insinuer dans la conversation et tenter de nuancer l’enthousiasme bruyant de son complice.
« J’ai dans l’idée que le Général Hux ne serait pas content s’il vous voyait, déclara-t-il avec sécheresse. Nous vous amenons des prisonniers pour le quartier de haute sécurité.
— De nuit ?
— Vu l’identité de ces deux-là, le Suprême Leader veut que le transfert se passe discrètement », expliqua Finn, se calant sur l’attitude de son ami.
A cet instant, Chewbacca poussa un cri de colère tandis qu’Holdo tentait de se dégager.
« Nous nous sommes rendus ! Ren nous avait promis la liberté et l’impunité ! gémit-elle.
— Des Résistants ? s’étonna le garde.
— Et pas des moindres, se réjouit Poe. La bête poilue c’est le contrebandier Chewbacca et la bonne femme, une de leur soi-disant amirale. Faut croire qu’Organa n’a plus la côte.
— Ah, je vois, encore des prétendants à l’oubli, ricana le garde. Entrez et suivez ce couloir, un officier va vous accompagner. On va les mettre avec les Sénateurs, on s’est spécialisés dans les figures emblématiques.
— C’est bien pour ça qu’on est là », confirma Finn.
Holdo sentit la main de Poe s’attarder sur la sienne en une pression rassurante tandis qu’ils s’avançaient dans un couloir vivement éclairé. Elle n’avait certes pas peur, mais elle ne put nier qu’elle appréciait l’intention. Sous ses dehors vantards, Dameron avait un grand cœur.
Un groupe de trois gradés les accueillit au bout d’un long tunnel glacial et sinistre en dépit de l’éclairage.
« On fait les entrées de nuit, maintenant ? râla l’un d’eux dont la tenue débraillée suggérait qu’il avait été dérangé en plein sommeil.
— Ordre du Suprême Leader, rétorqua Finn avec philosophie. Croyez-moi, nous aussi on serait mieux dans nos couchettes.
— Vous n’êtes que tous les deux ? s’étonna le second, un coynite dont la taille dépassait les trois mètres.
— Le Suprême Leader Ren tient à ce que la chose ne s’ébruite pas, expliqua Poe en levant le visage vers le guerrier. Il n’a pas envie de décourager les imbéciles prêts à tomber dans le panneau de son amnistie. »
Tout en parlant, le petit groupe franchit plusieurs portes massives, faites d’un alliage hautement résistant, saluant au passage les troopers plus ou moins réveillés qui les gardaient.
« Ouais, ça ne m’étonne pas, commenta le troisième officier. Mais, quand même, ce Leader là, il est très différent de l’ancien.
— Ah oui ? ne put s’empêcher de relever Finn, s’attirant un regard en biais de Poe.
— Bah déjà, on dit qu’il a pris une fille comme apprentie, expliqua le plus jeune.
— T’es obsédé par cette Rey Dejakku, Hank, se moqua le coynite.
— Mais non, c’est juste que c’est bizarre, pour un homme d’avoir une fille comme bras droit. En plus, il parait qu’elle est toute menue ! Mais bon, on dit aussi qu’elle est jolie, je suis certain qu’il la saute », en conclut-il.
Voyant Finn se raidir, Poe s’empressa d’intervenir.
« Bah à quoi ça sert d’être Suprême Leader si on peut pas prendre un peu de bon temps ! »
Des ricanements égrillards saluèrent sa déclaration et Finn se força à s’esclaffer avec les autres.
« Et puis, il y a ce qu’il a fait pour les gamins de Canto Bight, je trouve ça bien, moi, osa déclarer l’officier d’âge moyen, jusque-là silencieux. Après tout c’est bien de se préoccuper de ces gosses.
— Ouais, enfin il les a pas non plus affranchis, pesta Finn entre ses dents.
— C’est vrai, mais au moins, il s’est intéressé à eux. »
Poe et Finn échangèrent un discret regard. Ils ne s’attendaient pas à une telle conversation, ni que Kylo Ren semble aussi populaire parmi les soldats.
Leur étonnement redoubla en découvrant les cellules. Bien équipées et dotées d’un certain confort, c’était loin du bouge auquel ils s’étaient attendus.
« On dirait que vous allez être bien ici », déclara Poe d’une voix rude à Holdo.
L’Amirale ne chercha pas à dissimuler son étonnement.
« Vous vous attendiez à autre chose, hein ? s’amusa le coynite. Encore une décision de notre nouveau Suprême Leader : les prisonniers politiques doivent être traités comme des rois. Ils ont même le droit de prendre l’air de temps à autres.
— Et il y a une grande salle d’exercice et de jeu un peu plus loin. Juste pour eux, râla Hank, le plus jeune.
— T’exagère, on n’est pas trop mal lotis nous non plus, releva celui qui avait mentionné le sort des orphelins.
— Tu m’étonnes, heureusement que ce connard de Hux ne voit pas ça ! » rétorqua le coynite.
Au grand amusement de Finn et Poe, l’homme s’attira un regard noir de son supérieur.
« Euh, je voulais dire, enfin, on y est. »
Comme convenu, Poe glissa dans la main d’Holdo la carte trafiquée qui devait servir à désactiver les serrures des cellules — du moins si tout se passait comme prévu — et débloqua discrètement ses menottes.
« Bien content d’être débarrassé de cette garce, commenta-t-il. Elle m’a fait vivre un enfer à force de geindre. »
L’Amirale lui renvoya un regard qui signifiait qu’il allait payer cher cette remarque et Poe lui adressa un charmant sourire.
« Ah oui, et bien sûr, interdiction formelle de molester les prisonniers ! soupira Hank d’un ton las.
— Bah c’est quand même plus humain… T’avoueras que certains abusaient, souviens-toi de Tilt, releva le coynite.
— Ouais, c’est pas faux. Mais en même temps, on peut pas s’attendre à autre chose de la part d’un barabel.
— Certes, mais à mon avis, il a pas réglé son compte au bon… Moi si j’avais du en éliminer un, j’aurais choisi la rouquine. Quelle garce celle-là ! »
Poe et Finn leur emboitèrent le pas, tout en continuant d’entretenir le babillage de leurs compagnons par de rares commentaires.
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Une fois certaine que leurs geôliers étaient suffisamment éloignés, Holdo se débarrassa de ses entraves en une torsion du poignet. Dans la cellule voisine, Chewbacca manifesta son incompréhension devant la facilité de leur mission.
« Même pas fouillés, des conditions de sécurité étonnamment souples pour un endroit recevant de tels prisonniers et une cellule trois fois plus grande que mes appartements à la base, observa Holdo d’un ton mi-figue mi-raisin. Je suis aussi stupéfaite que toi. Enfin, ce n’est pas une raison pour trainer ici plus longtemps que nécessaire. »
Elle s’engagea hors de sa cellule et libéra le wookie avant de se diriger vers la porte voisine.
« Sénatrice Berenko ? »
Une jeune femme rousse se précipita vers les barreaux, les pupilles dilatées sous l’effet de l’espoir.
« Nous sommes de la Résistance, la Générale nous envoie pour vous délivrer, vous allez bien ? » s’inquiéta Holdo devant la mine égarée de la jeune femme.
La Sénatrice de Naboo lui adressa un regard désabusé.
« On ne peut mieux. En fait, si je n’avais pas conscience d’être prisonnière et entièrement soumise au bon vouloir d’un dictateur sanguinaire, je pourrais presque dire que le séjour est agréable, ironisa-t-elle.
— Nous allons vous sortir d’ici. Nous avons les plans du système d’évacuation, par lequel nous comptons nous échapper. Un vaisseau nous attend », expliqua Holdo, sensible à la détresse évidente de la jeune sénatrice.
Sa déclaration suscita un mouvement dans la cellule voisine.
— Inutile d’ouvrir cette porte, je n’irais nulle part », annonça la Sénatrice Gillen tandis que Chewie s’approchait de la grille.
Holdo s’en étrangla presque de stupeur et considéra avec incompréhension la prisonnière.
« Vous voulez rester enfermée ?
— Je tente ma chance avec Kylo Ren, rétorqua la femme. Depuis qu’il a remplacé Snoke, il y a eu beaucoup de changement ici et, de ce que j’entends, c’est le cas un peu partout sur son passage. Je suis curieuse de voir la suite. »
Berenko, enfin libre, la toisa avec mépris.
« Vous avez toujours été une tiède et une lâche. Comment pouvez-vous accepter de vous soumettre à cet assassin ? Il a ordonné la mise à mort de tous nos amis et a détruit un système entier ! Ce sale rat mérite de crever dans d’atroces souffrances, tout comme ceux qui le soutiennent.
— Allons, Sénatrice Berenko, contrôlez-vous ! la tança Casterfo depuis sa cellule.
— L’opinion d’une fanatique dans votre genre m’importe peu, Berenko, soyez déjà heureuse que je ne crie pas pour donner l’alerte », rétorqua Gillen.
Holdo fixa Gillen avec dureté.
« Tant pis pour vous, où est Kee ?
— Mort, annonça Casterfo en les rejoignant, suivi par Chewbacca. Un garde barabel l’a battu sans raison. »
Holdo laissa échapper un soupir découragé. Tant de risques pour libérer seulement deux sénateurs.
« Allons-y, » ordonna-t-elle toutefois.
Retenant sa respiration tandis que Chewie se penchait sur la grille d’évacuation, Amilyn émit un discret soupir de soulagement lorsque celle-ci céda sans difficulté.
« Ça risque de ne pas être le moment le plus agréable, prévint-elle les sénateurs alors que lui parvenaient les remugles des eaux usées.
— Croyez-moi, je serais prête à bien pire pour retrouver ma liberté, répondit la rousse Berenko avant de remonter sa robe pour pénétrer d’un pas décidé dans le tunnel.
— Oh ça oui ! » approuva Casterfo.
Ils étaient presque arrivés au bout du boyau de boue et d’excréments lorsqu’une alarme se déclencha.
« Ils sont dans le système d’évacuation ! hurla Gillen.
— Quelle sale traîtresse ! pesta Holdo. Dépêchez-vous ! »
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Finn et Poe étaient pratiquement parvenus à la sortie lorsque la sirène retentit.
« Reste naturel, ne te retourne surtout pas », souffla Poe à son complice.
Tête baissée, les deux hommes franchirent le portail au moment où les officiers avec lesquels ils venaient de bavarder réalisaient la supercherie et poussaient de grands cris dans leur direction.
« Maintenant, cours ! » jeta Poe avant de s’élancer sans se soucier de son comparse.
Ils traversèrent un terrain rocailleux, priant pour que le Premier Ordre ne l’ait pas miné, le coynite sur les talons. Grâce à l’envergure de ses pas, le colosse gagnait de plus en plus de terrain et Finn souffla douloureusement. Finalement, ils arrivèrent en vue du Faucon qui se tenait prêt à partir et Finn se retourna brièvement pour canarder le coynite et les troopers lancés à leur poursuite tandis que Poe faisait signe à Lando de les arroser.
« Allez Amilyn ! » siffla le pilote entre ses dents, son regard revenant se poser régulièrement sur la bouche surélevée du tunnel d’évacuation.
Les tirs de blaster étaient de plus en plus denses, à mesure que les troopers les rejoignaient et, même avec l’aide de Lando depuis le Faucon, Poe sentit qu’ils ne pourraient plus attendre bien longtemps.
« Plus vite, Amilyn, plus vite, » supplia-t-il sans s’en rendre compte.
Au bout de ce qui lui sembla durer des heures, une tête rousse et bouclée émergea, suivie par la masse de fourrure de Chewbacca. Sans la moindre hésitation, le wookie saisit la femme contre lui et sauta dans le vide. Tous deux atterrirent dans une eau boueuse et nauséabonde et Chewbacca poussa un glapissement guttural. Un homme les rejoignit sans hésiter et Poe retint son souffle jusqu’à ce que la masse reconnaissable de cheveux lilas apparaisse.
« Finn ! Aide-les à sortir de ce bourbier, je vous couvre ! » ordonna le pilote, galvanisé par l’apparition de l’Amirale.
Son ami s’empressa d’obéir et Poe ne put retenir un sourire en l’entendant s’exclamer que l’odeur de Chewie était insoutenable.
Un tir de blaster frôla Poe mais il continua à défendre chèrement leur fuite tout en reculant vers le Faucon. Un coup d’œil en arrière le rassura. La rousse était déjà à bord, tout comme Chewie qui avait pris place aux côtés de Lando tandis que Finn se chargeait des canons à blaster. L’homme restant et l’Amirale étaient également sur la terre ferme et ils embarqueraient dans une poignée de seconde.
« Il est temps de décrocher », murmura Poe pour lui-même avant de courir vers le croiseur.
A cet instant, le sénateur glissa et Amilyn revint en arrière pour l’aider à se remettre sur pied. Le sang de Poe se figea. A quelques mètres d’elle, l’un des officiers avec lesquels il avait parlé plus tôt, ce Hank qu’il avait trouvé si sympathique, ajustait son tir. Le pilote ne réfléchit pas. Il était trop loin pour le toucher avec son blaster. Sans hésiter, il se précipita vers Amilyn et la poussa au moment où l’autre tirait. Un cri lui échappa alors que le laser déchirait son omoplate et la douleur l’inonda.
« Quel imbécile ! » pesta Holdo.
Ce furent les derniers mots que Poe entendit avant de sombrer dans l’inconscience.
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