Le Commodore Norrington s’éveillait à peine du sommeil perturbé dans lequel il avait sombré après avoir vidé le carafon de brandy lequel gisait à présent à côté de son lit lorsque son domestique fit irruption dans la pièce, un sourire gêné aux lèvres.
« Je suis navré Monsieur, j’ai frappé plusieurs fois mais… »
Sa phrase resta en suspend entre les deux hommes et James posa un regard injecté de sang sur l’importun.
Jugeant plus prudent de ne pas continuer sur le terrain glissant sur lequel il s’était involontairement engagé, le majordome reprit.
« Le lieutenant Groves insiste pour vous voir Monsieur, je lui ai signifié que vous vous reposiez mais il ne veut rien entendre. Il prétend que l’affaire est de la plus haute importance. » Expliqua le domestique avec un léger mépris du à l’attitude du lieutenant qu’il ne pouvait qualifier autrement qu’impolie.
Norrington se leva vivement et réprima un gémissement alors qu’une migraine lui vrillait la tête.
« Faites le entrer dans le petit salon et dites-lui que j’arrive sur le champ. »
Le majordome grinça des dents à l’idée de prouver ainsi à Groves que son entêtement était justifié et il posa un regard insistant sur le carafon vide.
« Désirez-vous également y prendre votre café Monsieur ? »
Pendant une seconde, Norrington rougit légèrement à l’idée de ce que l’autre devait penser puis se reprit. Cet homme était à son service, peu importait ce qu’il pensait. Cependant, ce fut d’un ton plus chaleureux qu’il répondit.
« Comme toujours vous pensez à tout, Holmes. Un pot de café sera parfait, et peut être quelques scones ?
- J’en informerais la cuisinière Monsieur. » Répondit Holmes avant de sortir.
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Encore retourné par les révélations faites par Gracie, Groves se leva d’un bond à son entrée.
« Commodore, j’ai cru que cet imbécile n’irait jamais vous avertir de ma venue ! » S’exclama-t-il sans s’apercevoir de la couleur de cire du teint de son supérieur pas plus que de son allure inhabituellement débraillée.
Les tempes agitées d’une douleur lancinante, James adressa un regard reconnaissant à Holmes qui venait d'apparaître, portant un lourd plateau d’argent d’où s’échappaient des effluves aromatiques de café.
A l’entrée du majordome, Groves se tut immédiatement et James savoura le silence de plomb de la pièce tandis que Holmes les servait tous deux avec diligence.
« Souhaitez-vous autre chose Monsieur ? Demanda Holmes d’une voix feutrée.
- Non merci Holmes, c’est parfait. Le complimenta Norrington d’une voix lasse. Laissez-nous à présent et veillez à ce que nous ne soyons pas dérangés. »
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A peine Holmes fut il sorti que Groves se tourna vers son supérieur, la voix vibrante d’excitation.
« Il semblerait que vous aviez raison Commodore, sur le Gouverneur. Certains éléments ne concordent pas avec la thèse du suicide. Notamment l’heure du décès du Gouverneur Swann. »
Cette nouvelle stupéfia tellement James qu’il en oublia sa gueule de bois et se pencha avec avidité sur Groves.
« Et bien, poursuivez ! »
Satisfait d’avoir à présent toute l’attention de son supérieur, Groves se rengorgea et reprit d’un ton de conspirateur.
« Le rapport du médecin situe la mort du Gouverneur aux environs de minuit, or Gracie jure l’avoir entendu marcher dans sa chambre alors que l’aube se levait.
- Gracie ? » Releva James.
Groves rougit légèrement.
« Je, vous savez mon contact Commodore.
- Ah oui, se souvint James. Celle qui semblait plus ouverte. »
La rougeur de Groves s’accentua légèrement et James reprit.
« Mais nous ne pouvons être certains qu’elle soit un témoin digne de foi. Elle peut s’être trompée sur l’heure ou encore sur le jour en question.
- Je ne le pense pas Commodore, j’étais parmi les hommes qui sont arrivés en premier sur les lieux et lorsque j’ai pris le pouls du Gouverneur je me souviens m’être fait la réflexion que son corps était encore chaud. »
Cette fois James manqua de s’étrangler avec son café.
« Quoi ??? Mais pourquoi ne pas m’en avoir informé plus tôt ! »
Groves eut l’air ennuyé.
« C’est que… je ne m’étais pas rendu compte de l’importance de cela avant que Gracie ne me parle des pas qu’elle avait entendu. » S’excusa Groves, l’air piteux.
La douleur toujours présente, James balaya l’excuse d’un geste négligent.
« Quel était le médecin présent sur les lieux ? »
Un sourire fier éclaira le visage de Groves.
« De cela je m’en souviens très bien Commodore, il s’agissait du Docteur Sillers.
- Sillers ? Tiqua James. Voilà qui est inhabituel… »
Groves le regarda avec surprise et James poursuivit son raisonnement.
« Le premier geste du majordome du Gouverneur, Monsieur…
- Hartley, souffla Groves.
- Hartley oui aurait dû être de prévenir le médecin de famille des Swann. Or Sillers n’est pas ce dernier, le Gouverneur consultait le même que celui que j’emploie moi-même. »
Groves plissa les yeux.
« Souhaitez-vous que j’aille l’interroger Monsieur ?
- Non… Il est encore trop tôt, mieux vaut ne pas montrer notre intérêt tant que nous n’aurons pas réuni plus de preuves. Murmura James. Avez-vous obtenu d’autres informations de cette Gracie ?
- Je ne suis pas certain que cela ait un rapport avec ce qui nous intéresse mais elle a mentionné un fait curieux. »
Groves s’interrompit et James s’agaça.
« Et bien laissez-moi donc en juger Groves ! Qu’a-t-elle dit ?
- Que, que le gouverneur avait l’habitude de saluer chaque soir un garçon d’écurie, un certain Marshall. Or, le gamin dit qu’il ne l’a pas vu cette nuit-là. »
James ne répondit pas et Groves soupira.
« Sans doute que cela n’a rien à voir avec notre affaire.
- Peut-être, concéda James. Cependant, il serait avisé de rencontrer ce Marshall. »
Devant l’air surpris de Groves, James précisa.
« Nous savons ce qu’il n’a pas vu cette nuit-là. Mais aucunement ce dont il a été le témoin… »
Cette fois Groves hocha la tête en guise de compréhension.
« Je m’en occupe Commodore, vous pouvez compter sur moi. »
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Lorsque Will ouvrit les yeux, il se trouvait allongé sur le pont d’un navire et plusieurs hommes sombres aux mines patibulaires étaient penchés sur lui.
« Perdu Torg, il est vivant, » ricana l’un des matelots tandis que Will rassemblait péniblement ses souvenirs.
La réponse de l’homme se perdit dans le brouhaha et Will cligna des yeux alors qu’il se rappelait brusquement le Moissonneur et son capitaine. Un frisson le parcourut au souvenir de ce que l’autre lui avait fait et il recula maladroitement.
« Bah dit pas merci surtout ! S’indigna le premier matelot qui avait parlé. Quand je pense qu’on t’a repêché alors qu’on aurait facilement pu laisser Jones te prendre !
- Jones ? »
Les hommes éclatèrent de rire.
« D’où tu sors pour pas connaitre Davy Jones ? »
Will secoua la tête et renonça à comprendre.
« Je dois absolument aller à Singapour ! »
Cette fois, les hommes le fixèrent d’un œil rond.
« Mais c’est qu’il a des exigences en plus…
- Vous ne comprenez pas ! Lança Will, désespéré. Je n’ai pas beaucoup de temps et…
- Tu vas m’expliquer ça dans ma cabine. » Coupa une voix aux accents de commandement.
L’équipage se tut sur le champ et Will se tourna vers l’homme qui venait de parler.
Ce dernier, un colosse à la peau sombre lui désigna d’un geste une porte et Will n’eut pas d’autre choix que d’obéir.
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Une fois à l’intérieur, Will découvrit avec stupeur un décor d’un faste raffiné tel que l’on pouvait apprécier dans les meilleures demeures de Port Royal. Le visage du colosse se fendit d’un sourire acide à la vue de l’étonnement de son invité.
« Tu t’attendais à quoi ? A des poupées vaudou et des ossements ? »
Conscient qu’il venait d’offenser l’homme de qui allait dépendre la suite de son aventure voir même sa vie, Will s’excusa platement.
« Pardonnez-moi. C’est juste que
- Epargne-moi ton baratin. Qui es-tu, d’où viens-tu et pourquoi veux-tu aller à Singapour ? »
Will déglutit. L’autre n’était pas commode.
« Je m’appelle William Turner, je suis forgeron à Port Royal et si je veux me rendre à Singapour c’est pour trouver Jack Sparrow ! »
Un fin sourire se forma sur les lèvres pleines du colosse et il détailla Will.
« Je vois… »
Agacé à la pensée de ce que l’autre semblait lui aussi s’imaginer, Will explosa.
« Si je cherche Jack c’est pour sauver ma fiancée, Elizabeth, qui est retenue prisonnière ! »
Le colosse ne broncha pas et Will sentit une vague de découragement le submerger.
« Je vous en prie aidez-moi… »
L’homme porta une coupe d’argent d’une facture exquise à ses lèvres et fixa Will de ses yeux d’un noir d’encre.
« Contre quoi ? »
Will le regarda avec désespoir.
« Je, je n’ai rien pour vous payer, j’ai perdu tout ce que je possédais dans le naufrage de mon précédent navire mais si vous m’emmenez jusqu’à Singapour, je vous jure sur mon honneur de vous rembourser une fois là-bas. »
Le capitaine ricana.
« Bah voyons, ton honneur… »
Will le regarda, suppliant.
« Je sais forger, je pourrais travailler pour payer mon passage…
- C’est une idée, rit l’homme. Mais cela ne me convient pas. Cependant, si tu es vraiment prêt à tout, j’ai une proposition à te faire. »
Will blêmit tandis que le regard du capitaine se faisait dur.
« Il me semble que tes frères blancs si civilisés goutent particulièrement d’avoir des esclaves noirs pour accomplir leurs tâches les plus viles et dégradantes. Je me suis toujours demandé ce que ça ferait d’être de l’autre côté pour une fois. Après tout, c’est bien le moins d’avoir un esclave lorsqu’on est aussi aisé que je le suis ne crois-tu pas ? » Se moqua l’homme en embrassant d’un geste de la main le décor cossu que Will avait admiré en pénétrant dans la cabine.
Le cœur de Will manqua un battement tandis que l’autre le contemplait avec ironie.
« Ne crois-tu pas Will ? » Insista le capitaine.
La mort dans l’âme, le jeune homme baissa la tête.
« Si, si je jure de vous obéir, vous promettez de m’emmener à Singapour ?
- Je le promets, ricana l’autre.
- Alors d’accord, » souffla Will du bout des lèvres.
Le colosse sourit méchamment et le toisa.
« Parfait esclave, pour l’instant va te tremper dans un baquet d’eau froide et n’en ressort que lorsque Torg jugera que l’odeur de merde que tu exhales a disparu. »
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Elizabeth sursauta alors que Beckett faisait irruption dans le salon de son père. L’homme congédia d’un geste Estrella et se tourna vers la jeune femme.
« Vous voilà bien pâle ma chère pupille. »
Elizabeth dédaigna de répondre tandis que Beckett ricanait.
« Allons, cessez donc de jouer les offensées, cela ne vous va guère et vous donne une allure revêche fort peu séduisante.
- Je me moque d’être séduisante, rétorqua Elizabeth.
- Oh vraiment ? Pourtant cela ne semblait pas être le cas lorsque vous vous trouviez en compagnie de ce stupide Commodore.
- James est loin d’être stupide ! S’insurgea Elizabeth. C’est un homme d’honneur, meilleur que vous ne le serez jamais. »
Beckett ricana.
« Tiens donc, voilà que vous avez retrouvé votre enthousiasme à l’égard de ce pauvre type. Dois-je en conclure que la faim tenaille vos entrailles à nouveau ? » Se moqua Beckett.
Elizabeth rougit et lui lança un regard furieux tandis que Beckett poursuivait.
« Malheureusement, il vous faudra patienter quelques mois pour la satisfaire ma chère. A moins bien entendu que quelque autre met éveille votre appétit une fois en Angleterre…
- Vous êtes odieux, » cracha Elizabeth.
Le regard de Beckett erra complaisamment sur les formes de la jeune femme et il sourit.
« Nous verrons cela. En attendant, faites préparer vos malles, nous partirons demain matin à l’aube. Je vais de ce pas en avertir personnellement votre cher Norrington. »
Sans attendre sa réponse, Beckett sortit.
Une fois seule, Elizabeth laissa libre court à ses larmes de rage…
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« Cet homme est fou… » Grommela Gibbs avant d’avaler une rasade de rhum tout en lorgnant les contours de l’île qui lui faisait face.
Un puissant soleil éclairait le monde et la Mer Noire de rais étincelants. Eloigné des côtes anatoliennes, le Black Pearl tanguait mollement au gré d’un vent délicat, le plus loin possible de la terre…
« Y’a que le capitaine pour oser faire ça ! » s’exclama un matelot qui fixait avec admiration l’île des Amazones.
Le maître d’équipage renifla bruyamment puis cracha par-dessus le bastingage.
« S’il revient ! Argua-t-il .Ces démons atrophiés sont capables du pire ! »
Sur ces mots, il cracha une nouvelle fois par terre avant de faire un tour sur lui –même.
« Qu’est-ce que le Capitaine cherche, déjà ? demanda le marin en mettant sa main en visière.
- Bah ! Y’a que le vieux Jack qui sait ! Espérons que le butin rapporte sinon…
- Sinon ? demanda le jeune forban.
- On applique le code, » répondit-t-il d’une voix martiale.
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D’un air triomphal, Jack inclina la tête de l’Amazone contre son bas-ventre et soupira de plaisir en sentant sa bouche emprisonner son sexe.
Personne ne pouvait résister au Capitaine Sparrow, pas même ces femmes dites redoutables. Certes, ce n’était pas les femelles les plus attirantes qu’il avait mis dans son lit mais pas les plus repoussantes non plus…
Au risque de finir torturé à mort, il s’était introduit sur les rives de la Mer Noire, haut lieu des Amazones pour s’emparer d’un objet qu’il recherchait depuis longtemps… Il avait d’abord franchi les remparts qui protégeaient leur cité avant d’atteindre la citadelle renfermant le Sceau des exilés, le seul objet permettant de s’emparer des données capables de situer le coffre de Davy Jones.
« Pas si vite trésor, » souffla-t-il alors que la fille redoublait de vigueur.
Sa voix tourbillonna dans le silence de la pièce circulaire. Il n’y avait aucune fenêtre bien que les murs étaient recouverts de rideaux épais et seul un tapis de fourrure et une méridienne trônaient au centre du lieu.
Fort des informations qu’il avait récoltées, il savait que le Sceau des exilés se trouvait dans la citadelle mais arrivé tout en haut de la tour, il n’avait trouvé qu’une femme, probablement la gardienne de l’objet convoité. La peau halée, la longue chevelure noire et la tunique courte annihilaient toute interrogation sur la nature de la personne. D’un claquement de fouet, elle l’avait désarmé et aussi vive qu’un félin, elle s’était jetée sur lui pour lui administrer une bien étrange punition.
A dire vrai, il ne savait pas forcément si la guerrière ne souhaitait que son plaisir. Ce genre de réaction ne faisait que renforcer la méfiance qu’il possédait envers ces créatures d’un autre âge. Les divers récits qu’il avait entendu faisaient de ces femmes de véritables monstres, asservissant les hommes et tuant même leurs propres enfants mâles…
Jack gémit lourdement sous la langue experte qui jouait avec lui et agrippa plus fortement la tête brune à ses genoux.
Pour l’heure, que l’Amazone lui veuille du bien ou du mal n’avait aucune importance !
Le pirate soupira de frustration tandis qu’elle se relevait.
« Il aurait été dommage de te cribler de flèches sans avoir goûté à tes charmes, étranger… susurra-t-elle en l’entraînant vers la méridienne recouverte de peaux de bêtes.
- Capitaine Jack Sparrow, rectifia-t-il alors qu’elle grimpait sur lui.
- Un marin…murmura-t-elle avant de mordiller son oreille. Que cherches-tu ? »
Tout en parlant, elle frotta son bassin contre celui de Jack qui contenait difficilement son excitation.
« Le Sceau des exilés, » grinça-t-il en cherchant à la posséder.
Elle ricana avant d’enserrer le cou du pirate d’une poigne impérieuse.
« Beaucoup d’autres s’y sont risqués avant toi, mon joli. »
D’un geste tout aussi puissant, il retira la main de l’Amazone.
« Où est-il ? » Souffla Jack avant de la pénétrer d’une secousse.
Impatient, il abaissa les bretelles de sa tunique pour découvrir la poitrine mutilée de sa partenaire.
« La légende dit vrai, » murmura-t-il en passant un doigt sur la longue cicatrice qui remplaçait le sein de l’Amazone.
Elle gémit en ondulant sur les hanches du pirates qui soupira de plaisir à son tour.
« Tu seras mort avant de le voir, » rétorqua-t-elle en s’accrochant aux épaules de Jack, déchirant sa chemise pour graver ses ongles dans sa chair.
Il serra les dents autant de douleur que de volupté.
« Eh bien… si je dois mourir autant m’accorder cette dernière faveur en m’indiquant où il se trouve… à moins que tu ne me craignes. »
Sans même stopper sa danse charnelle, elle dégaina son poignard pour le poser contre la gorge palpitante du pirate.
« Sache que je n’ai peur de personne, étranger… » gronda-t-elle en entaillant son cou.
Il esquissa un fin sourire alors qu’elle approchait ses lèvres de son oreille.
« Il est en moi... »
Les yeux noirs de Jack s’étrécirent sous la révélation.
« Merci, » susurra-t-il d’une voix étrange.
Aussi prompt qu’elle-même l’était, il souleva d’un coup de pouce la pierre sombre qu’il portait à son index. Soufflant sur la poudre contenue dans la bague, il vit l’Amazone crier de douleur sous le poison qui rongeait ses yeux. Surprise, elle n’eut pas le temps d’intercepter le geste du pirate qui agrippa son visage et d’un claquement sec, tordit son cou.
Son corps tomba sur le sol alors qu’il remettait nonchalamment de l’ordre dans ses vêtements. S’accroupissant sur le cadavre, le pirate déchira la tunique de l’Amazone pour découvrir son ventre. Sur la peau bronzée saillait une proéminence, accentuée par une horrible cicatrice violacée.
Sans compassion, il ramassa le poignard de la gardienne et taillada ses chairs en déclarant :
« Tu sous-estimes beaucoup trop les hommes, mon ange ! Ah… te voilà ! »
Dans sa main ensanglantée reposait enfin le Sceau des exilés.
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D’un sifflement, Groves attira l’attention d’un jeune garçon occupé à vérifier les sabots d’un cheval.
« Bel animal ! déclara-t-il en flattant l’encolure de ce dernier.
- Un pur Alezan, M’sieur ! déclara fièrement l’enfant.
- Il est fort bien entretenu, » ajouta dûment Théodore.
Occupé à promener les chevaux des écuries, le militaire avait trouvé le jeune garçon près du port où l’activité régnante couvrait leurs paroles de façon bienvenue.
Comme il l’espérait, le petit bomba le torse sous la flatterie.
« C’est moi qui m’en occupe ! Le gouverneur aimait avoir de beaux chevaux pour conduire ses voitures. Vous êtes dans la Marine Royale ? » Ajouta soudainement l’enfant dont le regard brillait en fixant l’uniforme de son interlocuteur.
Le militaire se retint de sourire de soulagement. Il avait mis une bonne partie de la matinée à intercepter le fameux Marshall, la tâche étant doublement compliquée par le fait de ne pouvoir se rendre chez le gouverneur. Désormais loin de la demeure, il risquait beaucoup moins de se faire surprendre…
« Dis-moi, serais-tu intéressé par la Navy mon garçon ? interrogea Groves. Nous sommes à la recherche de jeunes hommes courageux et conscients du travail bien fait.
- Oh ça oui ! répondit ce dernier en grattant sa tête rousse, sans même s’interroger sur l’improbabilité qu’un lieutenant vienne lui-même enrôler ses recrues.
- Bien, répondit-il en souriant. Mais pour cela, il te faut être libérer de tes engagements !
- C’est que… commença l’enfant. Je travaille toujours chez le gouverneur. »
Etonné, Groves vit des larmes brouiller la vue de l’enfant qui effaça rageusement ses dernières d’un mouvement du poignet.
Il regarda le lieutenant, gêné d’être passé pour un pleurnichard alors qu’un membre de la Marine Royale lui proposait de rejoindre les rangs.
« Ne t’en fais pas mon garçon, toute la ville regrette le gouverneur Swann. C’était un homme bien.
- Oui, répondit Marshall. Il a été gentil avec moi vous savez ! Il a été le seul à m’proposer un travail alors qu’on m’avait chassé des autres maisons. J’ai été bien traité et chaque jour le gouverneur avait un mot gentil pour moi, comme un p… »
Le petit s’arrêta vivement en rougissant sous les paroles qu’il s’apprêtait à prononcer.
Groves, quant à lui, releva ses derniers propos avec espoir.
« Tu peux être honoré que le gouverneur ait chaque jour eut une aimable pensée envers toi.
- Oh oui ! Chaque soir, juste avant de rentrer les chevaux le gouverneur n’oubliait jamais de me souhaiter une bonne nuit. »
Cette fois, le garçon ne chercha pas à essuyer la larme qui coulait sur sa joue.
« Dis-toi alors que tu as la chance de lui parler avant qu’il ne nous quitte, déclara gravement Théodore.
- Pas cette nuit, répondit tristement Marshall en laissant ses yeux clairs s’accrocher au vide. Enfin je ne crois pas…
- Que veux-tu dire ? demanda le lieutenant, le cœur battant.
- Bah… je ne pas le droit d’en parler. »
Groves retint son agacement.
« A qui veux-tu que j’en parle, mon garçon ? » déclara-t-il avec toute la bonhomie dont il était capable.
Le petit réfléchit quelques secondes qui parurent interminables au lieutenant avant qu’il n’avoue :
« J’ai salué le gouverneur mais il ne m’a pas répondu.
- Il ne t’a pas répondu ? répéta Théodore sans comprendre.
- Je n’ai aperçu que sa silhouette, il n’y avait aucune lumière dans la chambre. »
Le lieutenant écoutait attentivement le gamin qui caressait la robe du cheval tout en parlant.
« En fait, reprit-il. J’n’ai vu que l’ombre de son tricorne avant qu’il ferme sa fenêtre. C’est étrange… »
Théodore fronça ses sourcils sombres.
« Qu’est-ce qui est étrange ? demanda-t-il.
- Que le gouverneur portait encore son tricorne alors qu’il allait se coucher, » déclara le jeune Marshall.
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Ladypirate (samedi, 28 juillet 2012 21:12)
James commence à approcher de la vérité...
Le geste de Jack m'a choquée, c'est assez rare qu'il fasse preuve de violence (surtout sur une femme) mais bon, c'est un pirate qui veut sauver sa peau avant tout ^^
Si ça continue comme ça pour Will, il va finir par abandonner la forge pour en faire son métier lol (le pauvre, quand même !!)
JessSwann (dimanche, 29 juillet 2012 11:28)
James se rapproche mais il ne va pas tout prouver d'un coup mdrrr
Là Jack est acculé par rapport à ce qu'il cherche donc ceci explique cela et la dame n'est pas sympathique non plus mdrrr
Ah bah Will est mal embouché, c'est le cas de le dire mdrrr
Marquise des Ombres (dimanche, 05 août 2012 09:23)
Oui James a encore du boulot lol.
En effet, Jack s'est montré assez sanguin mais il était face à une amazone, qui bien qu'elle arbore l'apparence d'une femme est tout de même une tueuse. Jack est également un pirate qui, en théorie, ne devrait pas s'embarrasser de trop de sentiments.
Quant à Will... il n'en a pas encore terminé !
Merci pour ton commentaire