Will leva les yeux vers le grand escalier de marbre et sa mâchoire se décrocha à la vue de la fille du Gouverneur. Elizabeth était plus ravissante que jamais et la petite fille avec laquelle il jouait aux pirates (il n’avait jamais compris l’obsession d’Elizabeth pour ces hors la loi mais il était prêt à tout pour lui faire plaisir) était bien loin.
« Will ! Je suis si heureuse de te voir ! »
La joie vibrait dans la voix d’Elizabeth et elle se précipita vers lui dans l’intention évidente de le serrer dans ses bras.
La bouche sèche, Will baissa les yeux et rougit vivement alors que son regard se posait sur le décolleté de la jeune femme. Troublé, il recula et s’empiergea dans la chaise qui se trouvait là, atterrissant sur les dalles froides du hall.
« Tout va bien ? s’inquiéta Elizabeth en se penchant sur le jeune homme, lui offrant une vue imprenable sur la peau laiteuse de sa poitrine.
— Oui, merci, Miss Swann, je, je dois y aller, » bredouilla Will.
Elizabeth fronça le sourcil en le voyant s’éloigner à la hâte, claudiquant un peu en raison de sa chute. Puis, elle baissa les yeux sur sa robe et soupira. Elle avait pourtant dit à Estrella que le bleu ne lui allait pas au teint…
Will laissa tomber ses clefs et soupira. C’était toujours comme ça, quand ce n’était pas ses clefs, c’était son portefeuille… Il avait la poisse depuis qu’il avait failli se noyer dans le petit bassin de la piscine municipale lorsqu’il avait neuf ans.
« Salut, Will, ça va ? »
Un nuage de parfum subtil se répandit et les bras de Lizzie se refermèrent autour de lui. Will ferma les yeux, savourant la chaleureuse étreinte de la fille qu’il aimait depuis le cours élémentaire.
Elle s’écarta, laissant le jeune homme apprécier la manière dont sa petite robe noire moulait ses formes graciles et il songea avec dépit au T-Shirt déchiré et au short tâché de peinture qu’il avait passés à la hâte le matin.
« Je suis venue voir papa, expliqua Lizzie. Tu as fini les travaux dans son appartement ? C’est tellement chic de ta part de les faire. D’ailleurs, pour te remercier, je t’invite au resto, disons Samedi prochain ? »
Will ouvrit la bouche pour répondre mais les mots s’étranglèrent dans sa bouche lorsque James, l’élégant fiancé de Lizzie, les rejoignit, glissant un bras possessif autour de la taille de la jeune femme.
« Je pense que le chèque que ton père a fait à Will est un remerciement suffisant. Ça mettra un peu de beurre dans les épinards, hein Turner ? C’est dur d’être au chômage par les temps qui courent, ajouta James, enfonçant le clou. Et, de toute manière, je te rappelle que nous sommes pris, Samedi.
— Ah oui, ton investiture à la mairie, soupira Lizzie avec un manque d’enthousiasme évident. Je suis vraiment obligée de venir ?
— Enfin, Lizzie ! Qu’est-ce que vont penser les gens si tu n’es pas là ?
— Ah oui, bien sûr… »
Will baissa la tête tandis que le couple s’engageait dans la cage d’escalier. Lizzie lui adressa un petit signe de la main avant de disparaitre. Une fois de plus, il avait laissé passer sa chance.
Le baiser.
Will ne pouvait plus penser qu’à ça.
A la façon dont Elizabeth s’était collée à Jack, ses cheveux volant librement au vent, tandis qu’elle embrassait le pirate avec une passion dont il ne l’avait jamais soupçonnée capable.
A la manière dont elle avait caressé le bras du pirate tandis que leur baiser se faisait plus langoureux…
Il leva les yeux vers sa fiancée mais, le regard perdu dans un ailleurs, elle ne lui accorda pas la moindre attention.
Une boule remonta dans la gorge de Will à la pensée que, sans doute, elle pensait à Jack et à leur dernier baiser.
« Vous êtes quatre à avoir essayé de me tuer, l’un de vous a réussi, » lâcha Jack.
Will s’immobilisa net et il retourna vivement vers sa fiancée. Leurs yeux se croisèrent et il lut la vérité dans ceux d’Elizabeth. Le pirate ricana.
« Oh… Elle ne te l’a pas dit ? Vous avez des tas de choses à vous raconter… »
Will ne prêta aucune attention à la suite des événements. Pendant des semaines, il avait cru qu’Elizabeth était tombée amoureuse de Jack, que c’était la raison de l’étreinte passionnée qu’il avait surprise… Alors qu’en fait, elle avait utilisé ses charmes pour piéger le pirate et le condamner à mort. Le jeune forgeron ne put retenir un frisson…
Finalement, il n’était pas certain d’être soulagé par la vérité…
Les lèvres de Will remontèrent amoureusement le long du cou d’Elizabeth et la jeune femme ferma les yeux.
« Tu es sûre ? murmura Will.
— Un seul jour à terre contre dix années en mer, répondit la jeune femme. Je n’ai pas envie de laisser passer cette journée et d’attendre encore ma nuit de noces. »
Fébrile, Will commença à défaire les boutons de sa chemise et le visage d’Elizabeth se crispa brièvement à la vue de la large cicatrice qui barrait désormais son torse.
Conscient de son trouble, Will se pencha vers elle et l’embrassa avant de l’allonger maladroitement sur le sable chaud. Leurs souffles se rejoignirent tandis qu’ils se découvraient.
Tommy Shelby jeta son mégot d’une pichenette et se tourna vers le couple qui lui faisait face.
« Reprenons… Donc, vous dites que c’est un certain Davy Jones qui a infligé cette blessure à votre mari… »
Elizabeth hocha vigoureusement la tête, fortement impressionnée par l’homme aux yeux d’un bleu irréel qui se trouvait devant eux. Tout en Thomas Shelby respirait la puissance, le danger…
Le jeune homme surprit son regard et lui adressa un léger sourire avant de se lever.
« Bien, vous pouvez partir. Mais, n’oubliez pas de vous tenir à carreaux et de respecter les règles.
— Bien sûr, Mr Shelby, s’empressa de déclarer Will, visiblement soulagé de s’en sortir à si bon compte. Viens, Elizabeth. »
Le couple était presque arrivé à la sortie lorsque Tommy rappela Elizabeth.
« Mme Turner ? Vous avez laissé tomber ceci, » déclara-t-il en tendant un petit carré de carton à la jeune femme.
Tout en le lui remettant, il glissa à son oreille.
« Cette adresse, demain à cinq heures. Venez si vous en avez assez de la chiffe molle qui vous sert de mari. »
Les joues d’Elizabeth s’enflammèrent et elle fixa Thomas dans les yeux avant de se détourner.
« Qu’est-ce qu’il t’a dit ? demanda Will.
— Oh rien d’important, il voulait juste s’assurer qu’on avait bien compris les règles, » mentit instinctivement Elizabeth.
Resté seul, Thomas sourit et se servit un bourbon.
Le lendemain à cinq heures, il ferait l’amour avec la ravissante Elizabeth Turner. Cela ne faisait aucun doute.
Elizabeth était à quelques centimètres de Will, son magnifique visage éclairé par la lueur des bougies dont ils se servaient pour éclairer la pièce. Les doigts gourds de Will bandaient maladroitement l’entaille de la paume de la jeune fille et il sentait son cœur battre à tout rompre.
« Désolé, des mains de forgeron, elles sont un peu rudes.
— Non... enfin je veux dire si mais... je, ne vous arrêtez pas, » souffla-t-elle.
Elle était tellement proche. Ses lèvres délicatement ourlées semblaient être un appel au baiser et Will avança instinctivement son visage vers celui de sa compagne.
Leurs bouches étaient proches, tellement proches, à présent.
La main bandée d’Elizabeth saisit celle de Will et il sentit un frisson de désir monter dans son bas-ventre alors qu’elle faisait lentement glisser les doigts du jeune homme le long de sa gorge.
Alors que leurs lèvres se frôlaient, les doigts de Will rencontrèrent le métal froid de l’or de la Muerta.
« Pourquoi elle m’a collée avec toi ? pesta Elizabeth. Elle aime même pas ce pairing ! Résultat : on se retrouve avec une série de vignettes plus gnangnan les unes de que les autres !
— Qu’est-ce que je devrais dire ? Je passe pour un idiot dans quasi tout ce qu’elle a écrit sur nous pour l’instant. On est canon, quand même ! protesta Will. Et on est le thème de février sur le forum. »
Elizabeth lui adressa un regard flambant de rage mal contenue.
« Parce que tu crois que j’en ai quoi que ce soit à faire de ton canon débile ? Attendre comme une cruche pendant plus de dix ans en torchant ton marmot, merci beaucoup les scénaristes ! Et voilà que Jess s’y met aussi ! J’en ai marre, puisque c’est comme ça, je change d’auteure ! »
La jeune femme s’immobilisa brusquement, songeant à ce qu’elle avait déjà traversé avec Sammy et Jen (quelle idée de la mettre avec James, elles voulaient qu’elle meure d’ennui ou quoi ?), au fait que Rosita ne pouvait pas la voir en peinture… Et Sammy l’avait aussi mise avec Beckett (la faisant passer une fois de plus pour la nympho de service).
« En fait, finalement, je crois que je vais retourner dans la précédente vignette de Jess, tenta Elizabeth.
— Celle où elle me compare à un veau ? grimaça Will.
— Celle où je suis avec Jack ! » lui asséna Elizabeth.
Will la fixa avec incompréhension pendant quelques secondes.
« Mais… Elle a pas encore écrit le smut ! Je veux ma scène chaude, moi ! T’as pas le droit de partir maintenant. »
Elizabeth se tourna vers l’auteure :
« Pitié, sors moi de là… Une fois avec Will était LARGEMENT suffisante ! »
Laissant Henry et Carina dans la pièce voisine, Will et Elizabeth refermèrent la porte de la chambre où la jeune femme avait dormi seule pendant plus de vingt ans.
Là, enhardi par les années de séparation, Will se jeta sur la bouche de sa femme, la dévorant de baisers passionnés mais toujours un peu maladroits. Reprenant son souffle, il glissa ses mains avec délicatesse le long de la joue d’Elizabeth mais elle l’interrompit d’un geste péremptoire.
« Je crois que j’ai assez attendu, murmura-t-elle. Pour l’instant, ce ne sont pas tes caresses que je veux, mais toi. En moi. Ici. Sur le champ. »
Le choix des termes d’Elizabeth désarçonna brièvement Will mais la vision de la peau laiteuse qui se dévoilait devant lui eut vite fait de balayer son trouble et il la bascula sur le lit, lui offrant l’assouvissement qu’elle réclamait.
Il s’enfonça en elle d’un coup tant elle était humide. La sensation était incroyable… Gémissant de plaisir, Will tenta un va et vient. Au second coup de boutoir, il n’y tint plus et se lâcha dans un râle de bonheur avant de se laisser tomber, essoufflé, aux côtés d’Elizabeth.
« Je t’aime, lâcha-t-il.
— Moi aussi, » répondit Elizabeth avant de se rouler en boule sous les draps.
La prochaine fois, elle choisirait l’option « avec préliminaires ».
La plus belle preuve d’amour qu’Elizabeth avait donné à Will avait été de l’attendre fidèlement pendant plus de vingt ans, laissant ainsi filer ses plus belles années de femme.
La plus belle preuve d’amour que Will aurait pu offrir à Elizabeth aurait été de la libérer de son serment. Mais, il ne l’avait jamais fait.
Finalement, l’amour, comme toute autre chose, était une histoire de perspective…
Note : Répond aux défis : 10 façons d'être avec toi & 50 nuances de Pirates des Caraïbes du Discord Paradisio di Dante
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