Jack Sparrow sortit du prestigieux bordel de Madame Gloria, un sourire ravi aux lèvres. Légèrement dédaigneux, il salua d’un signe de tête les notables venus s’encanailler et recula prudemment dans l’ombre à la vue d’un uniforme. L’homme, un jeune soldat, lui lança un coup d’œil négligent et le sourire de Jack s’accentua. Il adorait les bordels, surtout ceux que les soldats et les hommes de la bonne société fréquentaient. Les filles y étaient jolies, soignées et il y en avait souvent une prête à lui offrir gratuitement ce que les autres payaient si cher. Comme cette petite Scarlett aux cheveux de feu.
Le sourire de Jack s’épanouit un peu plus au souvenir de la nuit qu’il venait de passer avec elle. Non seulement la fille était jolie mais en plus elle venait de lui proposer ce qu’il n’avait même pas espéré. Tout son argent, ce qui était habituel, et celui de la tenancière, ce qui était une nouveauté, contre la promesse de l’emmener avec lui. Ce qu’il comptait bien faire, du moins jusqu’au port le plus proche.
Jack soupesa la bourse dont il avait délesté un client négligent et songea à sa dernière conquête. Scarlett, un nom approprié pour une rousse. Il avait d’abord porté son choix sur la magnifique brune, la plus chère, après tout le Capitaine Sparrow méritait le meilleur ! Puis, il avait vu celle-ci. Jack tiqua au souvenir des raisons qui l’avaient poussé à choisir Scarlett. Elle ressemblait un peu à Arabella Turner, non plus qu’un peu, Scarlett lui ressemblait tellement qu’elle aurait pu être sa sœur ou sa fille ou… Bref quelqu’un de sa famille.
Jack rejoignit la taverne où il dépensait le jour l’argent volé aux clients de la nuit et commanda un pichet de rhum. Là, il songea à Arabella. Sa douce Bella, dont il avait rêvé durant tellement de nuits jusqu’à la posséder enfin quelques années plus tôt. Scarlett lui ressemblait, ça c’était certain, sauf que jamais Bella n’aurait vendu son corps comme ça. Bella devait être séduite, Scarlett payée. Mais après tout Jack avait suffisamment de choses à faire sans s’embarrasser de sentiments ou d’autres nostalgies.
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Vêtue d’une longue robe de soie rouge empruntée à Shana à force de cajoleries, Rebecca guettait la porte de la maison avec impatience. Madame Gloria s’en aperçut et s’approcha d’elle.
« Le fils Fibs a une bourse pleine et il te dévore des yeux depuis son arrivée. »
Rebecca se retourna avec vivacité.
« J’attends mon client. »
Madame Gloria fronça les sourcils et la prit par le bras pour l’entrainer à l’écart.
« Pas de ça ici ma fille, personne n’a de clients attitré
- Bella en a, elle. » Souligna Rebecca.
Madame Gloria la regarda avec mépris.
« Isabella a fait ses preuves, elle peut se le permettre, ce n’est pas ton cas Scarlett. Tu rapportes de moins en moins d’argent, sans doute parce que tes passes avec ce fameux client sont de plus en plus longues.
- Il est exigeant, se défendit Rebecca.
- Dans ce cas, demande lui plus et fait le déguerpir s’il ne peut pas payer. » Rétorqua Madame Gloria.
Rebecca garda le silence et la tenancière la toisa.
« Maintenant va contenter le jeune Fibs, cela fait une heure qu’il te réclame, il adore ton cul. »
Une vague nausée monta dans la gorge de Rebecca à cette pensée mais elle songea à Jack. Il avait besoin de tout l’argent qu’elle pourrait avoir et il avait promis de l’emmener. Cela valait bien quelques efforts après tout, dans peu de temps, Gloria et son bordel seraient derrière elle.
Elle planta là Madame Gloria et se dirigea avec hardiesse vers Fibs qui la regarda venir avec des yeux de merlan frit.
« Scarlett ma belle, j’ai de quoi payer.
- Mes tarifs ont augmentés, » tenta Rebecca.
Le front rempli de sueur, Fibs se pencha à son oreille.
« J’ai une bourse pleine que j’ai volée à mon père. De quoi te payer pour que tu me suces avant que je te la mette dans le cul. »
Rebecca frémit, écœurée mais lui adressa un sourire avenant.
« Rajoute une bouteille de rhum et tu pourras me la mettre où tu veux. »
Après tout, Fibs n’était jamais long à venir dès lors qu’il baisait un cul et Jack adorait le rhum.
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Les dents serrées, Rebecca subissait les coups de boutoirs de Fibs depuis de nombreuses minutes.
« T’aimes ça petit salaud, » murmura Fibs à son oreille.
Rebecca, assommée par le rhum, ne réfléchit pas.
« Tu sais si c’est un homme que tu veux fourrer, j’connais des adresses. »
Elle sentit Fibs s’immobiliser en elle et le gringalet la retourna brusquement.
« Qu’est-ce que tu veux dire sale putain ? »
Terrifiée par ce qu’elle lut dans ses yeux, Rebecca ne répondit pas et Fibs lui cracha au visage.
« Tu crois que je ne suis pas un homme c’est ça ? » Rugit-il en s’enfonçant dans son antre de femme.
Rebecca poussa un cri de détresse et il la gifla.
« Ta gueule. Sale putain t’es bonne qu’à te faire fourrer, tu sais pourquoi je préfère ton cul ?
- Non, bredouilla Rebecca dont la joue brûlait.
- Parce qu’il est plus étroit que le reste !!! C’EST TOUT ! » Hurla Fibs.
Son poing s’abattit sur le visage de Rebecca qui hurla avant que tout ne devienne sombre.
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Lorsqu’elle ouvrit à nouveau les yeux, sa paupière lui faisait mal et Isabella était à ses côtés.
« Ne bouge pas, l’avertit la catin. Il t’a salement amochée. Qu’est-ce que tu lui as dit ? »
Rebecca tenta de parler et reconnut avec stupeur le gout du sang dans sa bouche.
« Que s’il voulait se taper des hommes je connaissais des adresses. »
Isabella soupira et lui caressa la joue.
« Pas étonnant qu’il t’aie frappée, Rebecca, tu as oublié la règle ?
- Laquelle ?
- Ne jamais mettre le nez d’un client dans sa propre merde. » Sourit Isabella.
Contre toute attente, Rebecca s’esclaffa et son amie la rejoignit. Toutes deux rirent de bon cœur puis Rebecca reprit avec sérieux.
« Où est Jack ?
- Je suppose que tu parles du beau brun, je suis désolée chérie mais il n’est pas venu cette nuit.
- Pas venu ? » Répéta Rebecca, le cœur lourd.
Isabella posa sa main sur la sienne.
« Non, Rebecca tu sais ça arrive souvent, oublie le.
- Laisse-moi. » Souffla la jeune fille, les larmes aux yeux.
Isabella s’éclipsa et Rebecca se recroquevilla dans le lit. Plus que les coups de Fibs, c’était l’absence de Jack qui lui faisait mal.
Deux jours plus tard,
Complètement ivre, Rebecca se frayait un passage entre les clients et les putains. La nuit était bien avancée et elle venait de finir sa quatrième passe. La jeune fille balaya la salle du regard et saisit Pénélope par le bras.
« Est-ce qu’il est venu ?
- Qui ça ?
- Tu sais, le client que j’ai pris à Bella.
- Pas vu. »
Découragée, Rebecca la relâcha et se dirigea d’une démarche hésitante vers un groupe d’hommes. La jeune fille retint ses larmes à grand peine, Jack n’était pas venu depuis sa promesse de l’emmener et tous les avertissements de Bella lui revinrent en mémoire.
Elle vidait un verre lorsqu’il apparut.
« Bonsoir Scarlett, » souffla-t-il de sa voix de velours.
Le cœur de Rebecca fit une embardée et il lui sourit.
« On monte ? »
Sans parler, elle le prit par le bras et l'entraîna vers la chambre bleue.
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Jack fixa la jeune catin et retint son sourire devant sa mine impatiente. Elle ressemblait un peu plus à Arabella comme ça.
« Jack, où étais-tu ? »
Le pirate s’approcha d’elle et l’enlaça.
« Je te l’ai dit trésor, je suis un pirate et je ne peux plus rester très longtemps ici. »
Rebecca nicha son visage peinturluré dans son cou.
« Quand veux-tu partir ?
- Demain à l’aube trésor, je suis venu te dire adieu. »
Rebecca frémit et se détacha de son étreinte.
« Laisse-moi venir avec toi.
- Trésor, je ne veux pas que tu souffres à cause de moi. Souffla Jack en caressant la pommette que Fibs avait blessée. Et je n’ai pas assez pour nous, je ne peux pas te donner ce que tu mérites. »
Rebecca ferma les yeux avant de le fixer.
« Demain, j’aurais l’argent, pour nous deux.
- Trésor, je
- Je l’aurais. » Affirma Rebecca.
Jack sourit et l’embrassa sur les lèvres avant de répondre.
« Je t’attendrai sur le quai. »
Rebecca le fixa avec incrédulité alors qu’il sortait de la pièce, puis elle se reprit, sûrement cela faisait partie de son plan. Sans attendre, elle se précipita à l’étage et ramassa ses maigres économies.
Ensuite, elle descendit jusqu’au bureau de Madame Gloria. L’endroit était désert à cette heure, elle le savait. A pas de loups, Rebecca s’approcha du tiroir du secrétaire et tira dessus. Bien entendu, il était fermé. La jeune fille prit une inspiration puis se saisit du coupe papier à l’aide duquel elle entama le bois.
Elle était tellement absorbée par sa tâche qu’elle n’entendit pas la porte s’ouvrir et la vois d’Isabella la fit sursauter.
« Rebecca ??
- Je t’en prie ne dit rien. » Supplia la jeune fille, le coupe papier à la main.
Le regard d’Isabella embrassa la scène et elle souffla.
« Enfin qu’est-ce que tu fais ? »
Le cœur de Rebecca accéléra sous l’effet de la peur et elle se précipita vers Isabella.
« S’il te plait ne dis rien. »
Isabella soupira et la fixa.
« Dis-moi ce que tu fais ici. »
Rebecca baissa les yeux puis répondit.
« C’est Jack, il doit partir, nous devons partir. »
Isabella soupira lourdement.
« Ton client qui ne paie pas ?
- Oui, mais je t’assure, il est, il est…
- Je sais, il a besoin d’argent.
- Oui. »
Isabella la prit par le bras et l’entraina à l’écart.
« Rebecca, il se sert de toi.
- NON !!! Il m’aime et je, je l’aime aussi. S’il te plait Isabella ne dis rien. »
La jeune catin posa un regard rempli de pitié sur Rebecca.
« C’est un client.
- Non, il n’a jamais payé, c’était moi, je t’en supplie ne dis rien. »
Isabella enregistra l’information et souffla.
« C’est encore pire, Rebecca.
- Je t’en prie, supplia Rebecca d’une voix enrouée par les sanglots. Il va m’emmener, tu comprends ? »
Isabella ferma les yeux, émue par la détresse de la jeune fille. Elle prit sa décision en quelques secondes et l'entraîna hors de la pièce.
« Viens. »
Tremblante, Rebecca la suivit jusqu’à sa chambre, là Isabella fouilla son matelas et en exhuma trois bourses pleines.
« Prends. »
Rebecca blêmit.
« Mais, c’est ton argent, pour ta nouvelle vie. »
Un sourire triste éclaira le visage d’Isabella et elle se laissa tomber sur son matelas.
« Je n’en aurais pas besoin, prend le Rebecca, et pars tant que tu as une chance.
- Bella ? » Demanda la jeune fille d’une voix enrouée.
Isabella leva un regard douloureux vers elle.
« Rebecca, je suis rongée par la maladie, celle des français. Le médecin m’a affirmé que je ne verrais pas le prochain printemps alors à quoi bon ? Prends cet argent. »
Rebecca frémit et ses doigts se nouèrent à ceux de la putain. A demi ivre, elle souffla.
« Mais tu vas guérir.
- Non chérie, on ne guérit pas du mal français, on en crève. Alors prends l’argent et saisit ta chance.
- Isabella….
- Appelle-moi Juliette, s’il te plait.
- Juliette, viens avec nous, je suis sûre que Jack sera d’accord. »
Emue, Isabella caressa la joue de Rebecca.
« J’ai tellement de torts envers toi
- Ne dis pas ça !! Tu es mon amie, je t’aime.
- Moi aussi et pourtant, murmura Isabella, les yeux remplis de larmes. Rebecca, prends l’argent et pars, saisis ta chance, ne donne pas tout à ton amant, tu peux faire un tas de choses, tu peux….
- Juliette, » l’interrompit Rebecca avant de se serrer contre elle.
Isabella la reçut contre elle et fixa le miroir qui lui renvoyait sa propre image, son visage marqué par le mal français qu’elle peinait de plus en plus à cacher. L’empreinte de sa mort prochaine.
« Prend l’argent Rebecca et pars avec ton beau capitaine sans te retourner.
- Comment sais-tu qu’il est capitaine ?
- Ils le sont toujours, » répondit Isabella d’un ton las.
Rebecca serra les bourses dans ses mains fines.
« Juliette, viens avec nous, la pria-t-elle de nouveau.
- Non, je couvrirai ta fuite Rebecca mais souviens toi, garde l’argent, ne lui donne pas.
- Pourquoi ?
- Oh ma chérie, souffla Isabella. Tu as tellement à apprendre.
- Tu es ma seule amie Juliette, alors dis-moi tout. »
Le remords chevillé au cœur, Isabella ouvrit la bouche mais Madame Gloria apparut soudain. Vive comme l’éclair, Isabella se plaça devant Rebecca et la dissimula tandis que la jeune fille escamotait les bourses.
« Que faites-vous ? Lord Sommer attend. »
Isabella sourit de son sourire de courtisane et susurra.
« Face à un tel homme, Scarlett et moi avons décidé de lui servir la spéciale, fais lui payer triple. »
Madame Gloria sourit et sortit, là Isabella se tourna vers Rebecca.
« Laisse-moi l’occuper, une fois que je serais sur lui, sors par la fenêtre qui se trouve au bout du couloir.
- Mais, et toi ?
- Ne t’en fais pas Rebecca, souviens toi juste de ce que je t’ai dit sur les hommes. » souffla Isabella.
Sommer pénétra dans la pièce et Isabella se pencha sur Rebecca.
« N’oublie pas ce que je t’ai dit, » murmura-t-elle avant de l’embrasser.
Rebecca frémit sous sa bouche et Isabella se dégagea pour aller vers Sommer.
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Rebecca lança un dernier regard à Isabella qui, agenouillée, soulageait Sommer. La putain lui désigna le matelas des yeux puis articula.
« VA. »
Les larmes aux yeux, Rebecca hocha la tête et s’empara des bourses. Puis, elle s’engagea dans le couloir désert et ouvrit la fenêtre. Plus bas, il y avait Jack, comme il l’avait promis. Le cœur battant, Rebecca sauta.
Les bras de Jack Sparrow se refermèrent sur elle et elle l’enlaça. Ils s’embrassèrent puis le pirate la toisa.
« Tu as réussi.
- Trois bourses pleines d’or. »
Jack écrasa sa bouche sur la sienne puis Rebecca se laissa entraîner et oublia les recommandations d’Isabella. Pour la première fois depuis longtemps, elle était heureuse.
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emeline (lundi, 09 janvier 2012 19:41)
C'est quoi le mal français ?
JessSwann (mardi, 10 janvier 2012 08:00)
Coucou
C'est la syphilis Miss :)
emeline (mardi, 10 janvier 2012 19:04)
et pourquoi FRANÇAIS ? :(
JessSwann (mardi, 10 janvier 2012 19:08)
Je ne sais pas, je sais juste que c'est comme ça que tout le monde l'appelle en tout cas, les anglais, espagnols, italiens, polonais ectt
emeline (mardi, 10 janvier 2012 19:15)
ça fait quoi la syphilis ?
JessSwann (mardi, 10 janvier 2012 19:19)
euh en gros des marques plus ou moins purulentes, puis une atteinte des fonctions mentales, dégénérescence et mort
emeline (mardi, 10 janvier 2012 19:31)
charment
JessSwann (mardi, 10 janvier 2012 19:32)
Bah t'as demandé hein....
emeline (mardi, 10 janvier 2012 19:38)
oui mais qu'en mêmr
emeline (mardi, 10 janvier 2012 19:39)
même
emeline (mardi, 10 janvier 2012 19:40)
je corrige