Malgré les avertissements répétés sur la personne de Mercer qu’avait reçu Arabella, l’arrivée et l’inquiétante visite de ce dernier ne parvinrent pas à doucher le bonheur de la jeune femme. Après tout, elle avait cru son mari mort ! Alors rien ne pouvait atténuer son soulagement en découvrant que c’était faux…
Une fois le vieux Mac Drache parti, Arabella consacra une bonne partie de la matinée à lire et relire la lettre de Bill et son cœur bondissait dans sa poitrine à chaque fois qu’elle relisait le passage où le navire avait été abordé, plus que consciente du danger auquel avait échappé de justesse son Billy.
Une autre visite réussi néanmoins à la contrarier… En effet une heure avant l’heure du repas, Sarah passa la porte de sa maison, l’air à peine gênée
« J’our M’me Turner. Grand Pa dit que j’vous dois des excuses »
Le regard d’Arabella se durcit en la voyant et elle du faire appel à toute sa patience pour ne pas jeter la peste dehors.
« Pourquoi cela ? Pour avoir volé une lettre qui ne t’était pas destinée ?
- J’l’ai pas volée ! J’ai oublié d’vous la porter… Comprenez le bébé tout ça … »
Son hypocrisie eut raison de la retenue d’Arabella et la jeune femme s’approcha d’elle.
« Sale petite garce menteuse !!! Tu n’as pas oublié !!! Au contraire … Tu veux que je te dise ce que je comprends Sarah ??? Tu es toujours amoureuse de mon mari !! Voilà ce que je comprends !! Mais tu ne vois donc pas que tu n’as aucune chance … Non sans doute que non tu es bien trop stupide pour ça !!
- Oh dites c’est pas moi qui s’retrouve sans mari !
- Seigneur mais tu devrais être contente d’avoir Tim !! Un mari qui t’aime en dépit de ta laideur, de ta bêtise et de ta méchanceté !!!
- Vous … êtes méchante… » Pleurnicha Sarah.
Arabella, à bout de nerfs, levait la main pour la frapper lorsque la voix d’Emmaline, à demi-couverte par le fou rire de Charlotte l’arrêta net
« Mon dieu Arabella … Mais que faites-vous donc … Sarah .. Viens ma chérie. »
Sarah se précipita dans les bras d’Emmaline en hoquetant
« J’étais juste v ‘nue pour excuser de pas avoir pensé à lui donner la lettre… et elle, elle
- Enfin Arabella ! Ma fille est enceinte c’est normal qu’elle oublie ! S’outragea Emmaline
- Et qu’elle la lise et relise aussi Mère ? Demanda brutalement Charlotte. Enfin ça prouve au moins qu’elle sait lire. »
Arabella fixa Charlotte et songea qu’elle adorait de plus en plus cette gamine tandis qu’Emmaline la giflait
« Charlotte ! Ne mens pas ! »
Charlotte encaissa sans broncher
« Je ne mens pas… Demandez à Grand Pa ou à Penny… Eux aussi ils l’ont vue… »
Emmaline se troubla légèrement tandis que Sarah se faisait toute petite. Arabella soupira
« Allons Emmaline… Vous savez que c’est vrai…Mais ce n’est pas le fait que Sarah en pince pour Bill qui me gêne, elle n’a aucune chance. C’est qu’elle m’ait volé cette lettre !! Une lettre dans laquelle Bill m’explique qu’il a fait naufrage et qu’il ne peut pas rentrer maintenant … Une lettre où il me dit qu’il est vivant !! Vous imaginez si je ne l’avais jamais eue ??? Bon sang Sarah j’aurais du annoncer la mort de leur père aux enfants !!! »
Emmaline blêmit
« C’est vrai Sarah ?
- Bah les nouvelles du bateau sont pas encore arrivées… » Répondit mollement la jeune femme
Emmaline rougit et la gifla à la volée
« Tu me fais honte Sarah !! C’est pas ainsi que se conduit une Mac Drache !!
- Non elle se contente de guetter les meilleurs partis… Glissa Charlotte qui n’en perdait pas une.
- Laissez Emmaline… Soupira Arabella. C’est réparé maintenant… Et je ne compte rien dire. Par amitié pour votre famille et pour ce pauvre Tim. Quand à cet incident … J’espère qu’il ne se reproduira plus.
- Non, Renifla Sarah. J’avais pas pensé qu’vous pourriez croire qu’il était mort... J’voulais juste un peu d’lui…
- Sarah… Tu as la chance d’avoir un mari qui t’aime… Ne perd pas ton temps à rêvasser à un homme que tu n’auras jamais ou à commettre les erreurs de Fiona Schatz… Se força à dire Arabella
- Bof … Elle est trop moche pour avoir un amant. Releva Charlotte
- On rentre ! Décréta Emmaline, rouge de honte. Je, désolée Arabella… »
La jeune femme se contenta d’hausser les épaules et sourit en voyant arriver Will et Rebecca en courant. Il était temps de préparer le repas.
()()
Les premiers jours d’exaltation passés et la situation tirée au clair avec Sarah, Arabella retrouva sa bonne vieille impatience. Bill avait dit qu’il allait rentrer certes… Mais il n’avait pas dit quand … Et elle commençait à se lasser de toujours répondre « je ne sais pas » à ses enfants…
Une autre chose la mettait sur les nerfs… C’était la sensation d’être sans cesse suivie, épiée… Plusieurs fois alors qu’elle faisait son marché ou alors qu’elle se trouvait seule à la maison, parfois même le soir, elle avait eu la sensation d’un regard posé sur elle.
Jusqu’au jour où… après avoir répété pour la centième fois à Will que non elle ne savait pas quand papa allait rentrer, elle sentit de nouveau un regard sur elle. Grinçant des dents, Arabella s’empara du long couteau à l’aide duquel elle coupait le pain et se tourna vers Will.
« Surveille ta sœur. Je reviens.
- Je peux venir maman ?
- Tu ne bouges pas d’ici !! » Rétorqua Arabella d’un ton qui ne souffrait aucune discussion avant de sortir de la maison.
La jeune femme avança d’un pas décidé vers les fourrés, le couteau en main
« Montrez-vous qui que vous soyez… Je vous préviens je suis armée et je sais me défendre. » Marmonna-t-elle en s’enfonçant dans les bois
L’attaque fut si soudaine qu’elle n’eut même pas le temps de crier que déjà elle se retrouvait adossée à un tronc d’arbre, la main de Mercer serrant son poignet à le briser
« Je me demandais combien de temps vous mettriez à me repérer… » Ricana l’homme.
Arabella siffla entre ses dents, paniquée intérieurement
« Lâchez-moi Mr Mercer… Ce … ce ne sont pas des manières de marchand ! »
Mercer sourit légèrement et serra un peu plus son poignet.
« Allons Mlle Smith… Nous savons tous les deux que je suis un peu plus qu’un simple marchand non ?
- C’est Madame Turner … Le corrigea Arabella d’une voix tremblante
- Si vous voulez. Répondit calmement Mercer qui s’empara de son couteau avant de la relâcher. Votre ancienne vie a laissé des marques sur vous Mlle… pardon Madame Turner. »
Arabella frissonna tandis que Mercer la dévisageait
« Vous ne niez pas ? Parfait… Corrigez-moi si je me trompe… Vous êtes Arabella Turner, née Smith fille d’un ivrogne de Tortuga où vous avez passé votre enfance et de la pirate Laura Smith, capitaine de La Fleur de la Mort. Juste ? »
Arabella se mordit nerveusement la lèvre et hocha la tête, les leçons de sa mère lui revenant en mémoire : ne jamais parler tant qu’on ne lui posait pas une question
« Votre mère ne m’intéresse pas Mlle Smith. Ce qui nous intéresse c’est-ce que vous avez fait en quittant Tortuga…
- Nous ? Releva Arabella
- La Compagnie et moi-même. Ironisa Mercer. Alors après Tortuga ?
- J’ai voyagé.
- Le nom du navire ?
- Je ne m’en souviens plus. »
Mercer la saisit brusquement par le cou et l’étrangla à demi
« Vous mentez… Espèce d’idiote… Votre minable petite famille de pirates ne nous intéresse pas, nous laissons ça à d’autres… Ce sont vos « amis » que nous voulons »
Arabella s’agita faiblement, les yeux exorbités alors que l’air lui manquait et Mercer desserra sa prise
« Pour la seconde fois. Le nom du navire ?
- Bernacle… Râla Arabella, folle de terreur
- Les noms de ceux qui étaient avec vous…
- Je… Jack Sparrow… Tumen, Jean, Constance. »
Mercer parut consulter une liste mentale
« Jean Magliore oui… On lui a rendu visite mais il s’était déjà envolé… Aucune nouvelle des deux autres… En revanche… vous en avez omis un… Ce n’est pas bien du tout cela Mlle Smith… »
Arabella frémit.
« Vous le savez déjà…
- L’Amiral Fitzwilliam Norrington… Répondit Mercer avec délectation. Bien sûr il ne s’est pas présenté sous ce nom à l’époque… Il a utilisé celui de Dalton… »
Arabella ne répondit pas et Mercer sourit désagréablement
« Oui nous savons beaucoup de choses sur votre petit groupe… Notamment que Sparrow et Norrington semblaient fort attachés à la jolie rouquine qui les accompagnait… C’est sans doute pour cela que l’Amiral s’est donné autant de mal pour dissimuler le fait que la jeune Rebecca est l’enfant de votre mère… »
Arabella accusa le coup et ouvrit la bouche pour nier
« Ne vous donnez pas cette peine Mlle Smith… Comme je vous l’ai dit, votre mère ne nous intéresse guère. En revanche … cela nous donne un excellent moyen de pression sur l’Amiral. »
Nauséeuse, Arabella ne répondit pas
« Reste une question Mlle Smith… Une question à laquelle vous feriez bien de réfléchir avant de tenter de mentir … Où est Jack Sparrow ?
- Je ne sais pas. Souffla Arabella. Sur ma vie je vous jure que je l’ignore… Je n’ai pas revu Jack depuis des années. »
Mercer grimaça et passa lentement la lame de son couteau le long du cou d’Arabella qui gémit
« C’est vrai… Je vous jure que c’est vrai. »
L’homme la fixa et écarta la lame
« Votre mère le sait-elle ?
- Je .. Je ne pense pas… Bredouilla Arabella.
- L’Amiral ?
- Oh si Fitz le savait … Croyez bien qu’il serait déjà sur sa piste ! Répondit Arabella avec ferveur
- Bien Mlle Smith… Vos informations concordent en tout point avec celles que j’ai déjà obtenues. Cependant vous comprendrez que vous restez sous surveillance. MA surveillance… Inutile de vous expliquer ce qui arriverait si vous tentiez de fuir n’est-ce pas ? »
Arabella secoua la tête agitée de tremblements nerveux
« Bien… Je n’aurais aucun plaisir à torturer une femme aussi jolie. » Lui expliqua Mercer
A ces mots, Arabella recula prudemment et Mercer éclata de rire
« Rassurez-vous.. Je ne compte pas vous violer… J’ai d’autres désirs pour l’instant… Et puis… Vous êtes un parfait moyen de pression sur l’Amiral… Aussi serions-nous forts mécontents s’il vous arrivait quelque chose… Considérez-vous sous ma protection… Ricana Mercer en s’éloignant. Je garde le couteau… Vous ne m’en voudrez pas je suppose… »
Les jambes coupées, Arabella ne répondit pas et se laissa tomber sur la mousse qui recouvrait le sol, les épaules agitées par des tremblements.
Ce furent Will et Rebecca qui la découvrirent, agenouillée sur le sol et tremblante de peur longtemps après le départ de Mercer
« Maman ? Demanda Will
- J’ai faim. » Pleurnicha Rebecca
Arabella ne répondit pas et se contenta de les serrer farouchement contre elle, encore sous le choc de son entretien avec Mercer….
()()
La jeune femme mit des semaines à se remettre de cette «agression » qui lui fut d’autant plus difficile à oublier que Mercer se trouvait invariablement partout où elle allait, se contentant de la fixer d’un regard glacial sans jamais lui adresser la parole.
Elle qui avait été si joyeuse, devint brutalement taciturne ce que ses voisines et amies mirent sur le compte de l’absence de Bill qui ne semblait ne pas avoir de fin. Aussi se mirent elles en quatre pour la dérider et l’invitèrent à des pique-nique et autres divertissements…
Alors qu’Arabella participait à l’une de ces réjouissances, auxquelles elle ne souscrivait que pour Will et Rebecca, Emmaline se pencha vers elle
« J’ai une nouvelle qui devrait vous dérider ! Commenta-t-elle
- Ça veut dire qu’Emmaline a trouvé à marier sa fille ! Gloussa Suzie Hatcher qui rayonnait depuis qu’un certain capitaine lui rendait visite à la nuit tombée
- Oh… Répondit platement Arabella
- Vous ne me demandez pas qui ? Gloussa Emmaline, apparemment ravie d’elle-même
- Si… Bien sûr …
- Monsieur Ian Mercer ! S’exclama Emmaline. Il a fait sa demande il y a quelques jours et bien entendu Joe va accepter. »
Arabella blêmit, se rappelant de l’éclat dur des yeux de Mercer lorsqu’il l’avait coincée dans la forêt et saisit la main d’Emmaline
« Oh non… Non je vous en conjure ne faites pas ça… Ne mariez pas Charlotte avec un homme pareil… Surtout pas Charlotte. »
Emmaline la regarda, surprise
« Mais enfin Arabella … Il l’aime… et il semble riche… Bien sûr il n’est pas très beau mais enfin… On ne peut pas tout avoir … »
Arabella frissonna, ne se souvenant que trop bien de la manière dont Mercer l’avait désarmée et acculée. Une manière qui trahissait son habitude de tels actes… voir même de pire encore. Seulement… elle ne pouvait dire cela à Emmaline; elle avait trop peur de ce que Mercer risquait de lui faire s’il l’apprenait …
« Si, je, si justement Charlotte peut tout avoir !! S’exclama-t-elle désespérément. Elle est belle, elle est intelligente … Ne la sacrifiez pas au premier parti venu … »
Emmaline fronça les sourcils.
« Mais elle ne trouvera pas mieux ici … Et n’est-ce pas vous qui disiez qu’il valait mieux un parti passable que pas de parti du tout ?
- J’ai changé d’avis … Bredouilla Arabella. Ou plutôt non… Cela n’est pas valable pour Charlotte. Elle est très belle et puis … elle mérite mieux que cet homme ! Enfin vous ne le connaissez même pas !! Cela ne fait même pas un mois qu’il est au village !!
- Je ne vous connaissais pas non plus et ça ne m’a pas empêchée de vous ouvrir ma maison et devenir amie avec vous. » Observa Emmaline
Arabella la saisit par la main et la serra très fort
« Je vous en prie Emmaline… Écoutez-moi…Vous dites que je suis votre amie alors s’il vous plait faites-moi confiance … N’accordez pas la main de Charlotte à ce Mercer… »
Troublée, Emmaline se détacha
« Grand Pa a dit la même chose … »
Arabella recommanda à Dieu le vieux Mac Drache et sa sagacité et insista
« Emmaline, votre beau-père a un jugement sûr sur les gens quoiqu’on en dise… Si vous n’avez pas confiance en le mien, ayez confiance en lui !! Ce Mercer .. Il est .. Je n’aime pas son regard…
- Mais il est tout à fait normal !! »
Suzie intervint brutalement dans la conversation
« Arabella a raison… Moi aussi ça m’a fait ça… Un jour où … Bref il me regardait et … il m’a fait froid dans le dos. »
Emmaline se tourna vivement vers Suzie tandis qu’Arabella lui adressait un remerciement muet
« Suzie Hatcher !! Vous ne m’aviez jamais dit ça ! » L’accusa-t-elle
La pauvre Suzie bredouilla
« Je croyais que. Que j’étais la seule …Que je me faisais des idées mais.. Quand Arabella en a parlé… »
Emmaline fronça les sourcils, furieuse de voir un si bon parti devenir un peu moins éclatant.
« C’est ennuyeux…
- Emmaline .. Pensez à Charlotte… La pressa Arabella. Nous sommes déjà trois en comptant votre beau-père à le trouver étrange … Voulez-vous vraiment lui donner tout pouvoir sur Charlotte ?
- Et Thomas m’a confié que lui aussi le trouvait … glaçant. Déclara Suzie avant de rougir. Enfin je veux dire le Capitaine Gois… »
Tu m’en diras tant, ricana intérieurement Arabella avant de s’en vouloir. Après tout, aussi infidèle qu’elle soit, Suzie tentait de l’aider, ou plutôt d’aider Charlotte.
« Je vais en parler avec Joe. » Soupira Emmaline, mécontente.
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Quelques jours après cet incident, Arabella reçut la visite d’une Emmaline contrariée, suivie par une Charlotte arborant une mine ravie
« Je pense que vous serez ravie d’apprendre que Joe vient de décliner la demande en mariage de Mr Mercer. Annonça Emmaline en s’asseyant
- Oh elle ne le sera sûrement pas autant que moi ! » S’exclama Charlotte avec fougue
Arabella laissa échapper un soupir de soulagement et sourit à la jeune fille
Maussade, Emmaline fit mine de n’avoir rien entendu et continua
« Vraiment, je ne vois pas ce que vous trouvez de si inquiétant chez ce Monsieur. Il a fort bien pris la chose …
- Papa lui a expliqué que sa demande ne satisfaisait personne dans le village ! » S’exclama Charlotte
Une angoisse brutale serra le cœur d’Arabella et elle se pencha sur Emmaline
« Vous ne lui avez pas parlé de moi au moins ?
- Non… Répondit Emmaline avec mauvaise humeur. Il suffisait de dire que Grand Pa s’y opposait
- Ce qu’il a fait tout comme moi ! » Renchérit Charlotte
Arabella se rassit soulagée
« Pourquoi n’envoyez-vous pas Charlotte visiter des parents en ville ? Je suis certaine qu’elle trouvera rapidement un meilleur parti. Consola-t-elle Emmaline
- Pas la peine j’ai déjà choisi. Intervint Charlotte. J’ai décidé d’épouser l’aspirant du Capitaine Gois
- Seigneur qu’ai-je fait pour mériter ça… Gémit Emmaline
- Il est intelligent, il aime les livres tout comme moi et il compte bien vite se faire renvoyer de l’armée ! Triompha Charlotte
- Un va nu pied… un sans le sous… Gémit Emmaline. Moi vivante tu ne l’épouseras pas ! »
Éberluée, Arabella vit Charlotte se lever brutalement, ses jolies pommettes marbrées de rouge
« Oh que si je l’épouserais !! Même si je dois me donner à lui devant tout le village pour ça !! »
Arabella regarda Emmaline qui gémit
« Voyez ce qu’elle me fait … Ma propre fille est prête à se déshonorer…
- Je ne le ferais pas si vous acceptez … Susurra Charlotte
- Hors de question ! Je préfère te voir prendre le voile plutôt que ça !!
- Dieu n’est pas un bon mari. Rétorqua Charlotte. Et il a déjà trop de femmes pour avoir besoin de moi. »
Arabella dissimula son sourire tandis que Charlotte fixait sa mère
« Je l’épouserais. Point final.
- Non !!!
- On verra. Rétorqua Charlotte en claquant la porte
- CHARLOTTE MAC DRACHE !!! REVIENS ICI IMMEDIATEMENT ! Hurla Emmaline avant de se tourner vers Arabella. Je vous souhaite que votre Rebecca soit moins ingrate que celle-ci !!!
- Vous devriez peut être la rattraper … Suggéra Arabella
- Et entrer dans son jeu ? Sûrement pas ! A tous les coups elle est partie pleurer dans les bras de Grand Pa, vu que ce vieux fou leur passe tout ! »
Arabella en doutait mais elle n’en dit rien et changea de sujet
« Allons, il reste Penny…
- Penny… Soupira Emmaline. Figurez-vous que je l’ai surprise avec votre Will tantôt …
- Ah ? Et bien ils jouent sans cesse ensemble… Ça n’a rien d’étonnant. Rétorqua Arabella
- Votre Willy avait le pantalon baissé … »
Arabella en lâcha sa tasse
« Je vous demande pardon ?
- Oui comme je vous le dis !! Et ma Penny relevait sa robe …
- OH ! S’exclama Arabella en se ruant à la porte. William Turner Junior vient ici immédiatement !! »
Will, un grand sourire aux lèvres arriva en courant, suivi de peu par Rebecca.
« Pas toi Becca. Lui déclara doucement Arabella. Tu peux retourner jouer… William tu rentres immédiatement. »
Will se troubla et obéit
« Bonjour Madame Mac Drache… » Murmura-t-il d’une voix piteuse
Arabella le fixa
« Est-ce vrai que tu as baissé ton pantalon devant Penny ?
- Bah oui. Répondit Will. Maman tu savais que les filles n’avaient pas de truc entre les jambes ? »
Arabella lança un regard désespéré à Emmaline qui soupira
« Et ce n’est que le début … »
Will totalement innocent, insista
« Hein dit maman tu le savais ? »
Arabella lui fit signe d’approcher
« William. Écoute bien ce que je vais te dire…. Tu ne dois pas baisser ton pantalon devant Penny… Ni aucune fille, jamais
- Oh ça lui arrivera bien un jour … » Commenta Emmaline
Arabella lui lança un regard furieux et reprit doucement
« Tu comprends William ? C’est des endroits secrets … Pour toi et pour Penny et pour tout le monde
- Comme le secret ??? » Demanda Will en écarquillant les yeux
Arabella soupira et s’empressa de lui couper la parole
« Oui. Tu ne dois pas montrer ça d’accord ? C’est un secret …
- Pourquoi ?
- Parce que tu es un grand maintenant William… Tu auras bientôt sept ans et à sept ans on ne montre pas ça aux filles d’accord ?
- C’est Penny qui voulait et elle a dit que Sarah lui avait dit que ça servait pas qu’à faire pipi alors nous on voulait savoir à quoi ça sert… Expliqua Will. Mais j’aurais pas du le dire pasque c’est un secret. »
Arabella retint de justesse une bordée d’injures à l’égard de Sarah et soupira
« Pour l’instant ça ne te sert à toi qu’à faire pipi… Pour le reste tu es trop petit.
- Tu viens de dire que j’étais grand ! Dis à quoi ça sert maman ? »
Arabella pesta mentalement après Bill qui aurait du être là pour lui expliquer et commença prudemment
« Et bien.. Ça sert .. Quand .. Les papa veulent montrer aux mamans qu’ils les aiment … Ils, ils euh… Bredouilla Arabella
- Mais moi j’aime Penny !
- Oui mais pas comme ça …
- Mais comment on s’en sert ? Insista Will
- Je , je …
- Tu sais pas maman ? Demanda Will d’un air de doute tandis qu’Emmaline s’étouffait de rire
- Si vous pouviez m’aider … » Lança Arabella à sa voisine
Emmaline regarda Will et sourit
« Comme ta maman l’a dit, c’est pour faire un câlin…
- J’adore les câlins !
- Oui mais celui-là est spécial.. Parce que le papa… euh rentre dans la maman par une entrée secrète… S’emmêla Arabella
- Où ça ??? Et ça lui fait pas mal ?
- Non. Répondirent Arabella et Emmaline en même temps.
- Ah.. Et c’est où l’entrée ?
- C’est un secret… Soupira Arabella.
- Tu le sauras quand tu auras trouvé une fille qui t’aimera très très fort… Intervint Emmaline
- Oui c’est ça et alors elle te dira son secret ! S’exclama Arabella soulagée
- Et moi je pourrais lui dire les miens ?
- Oui… oui… Allez file maintenant… » Bredouilla Arabella
Tandis que le petit garçon s’élançait dehors, Arabella se retourna vers Emmaline
« Merci… Sans vous j’aurais été encore plus pitoyable …
- De rien… Dites de quel secret parlait William ? »
Arabella frémit et haussa les épaules avec une apparente désinvolture
« Qui sait ce qui se passe dans la tête d’un enfant de six ans…
- Bien sûr… Murmura Emmaline. Bien excusez-moi… Je dois partir à la recherche de Charlotte
- Je vous aide ? Proposa Arabella
- Oui… merci. »
Si elle avait su ce qui l’attendait Arabella n’aurait jamais proposé son aide… En effet, Emmaline et elle découvrirent Charlotte dans une étable voisine quelques heures plus tard, allongée à côté de l’aspirant qui eut la décence de paraître gêné… Alors qu’Emmaline paraissait sur le point d’avoir une attaque, Charlotte lui adressa un grand sourire
« Alors, vous voulez bien que je l’épouse maintenant ? Ou alors il faut qu’on recommence et qu’on s’arrange pour que quelqu’un d’autre nous surprenne ?
- Charlotte ! S’exclama l’aspirant, horrifié
- Taisez-vous, je négocie. Rétorqua Charlotte. Alors ?
- Tu n’es plus ma fille. Lâcha Emmaline d’une voix blanche. Épouse le fait ce que tu veux mais ne te présente plus devant moi
- Emmaline… Tenta Arabella
- Laissez Madame Turner. Intervint Charlotte. Elle viendra à la noce …
- Sûrement pas … Ragea Emmaline
- Oh si … Parce que voyez-vous mon fiancé vient de décrocher un travail de comptable pour la Compagnie des Indes … Un travail très bien payé … Grâce auquel nous allons aller vivre à Londres »
Emmaline rougit, pâlit et Arabella la regarda avec une pointe de dégoût tandis qu’elle soupirait
« J’ai peut-être … Été un peu rude … Mais que cela ne se reproduise pas …
- Pas avant le mariage, promis Mère. Sourit Charlotte. Vous voyez Madame Turner, c’était inutile de vous en faire … Mère n’a jamais su résister à certains arguments… »
Arabella soupira tandis que l’aspirant posait un regard rempli d’admiration sur la jolie Charlotte
« Nous allons être très heureux ! S’exclama cette dernière en l’embrassant. Venez, je vais vous présenter à mon père et puis ensuite je vous ferais la lecture dans le jardin. »
Le jeune aspirant qu’Arabella avait été un instant tentée de plaindre eut un sourire si heureux que la jeune femme changea son jugement. Certes Charlotte conduirait sûrement le ménage mais c’était apparemment ce qu’il voulait…
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Le mariage de Charlotte eut lieu deux semaines plus tard et les jeunes mariés prirent aussitôt la route pour Londres après des adieux déchirants. Le lendemain la famille Mac Drache se retrouvait endeuillée par la mort du vieux Mac Drache qui s’était apparemment rompu le cou en glissant dans le jardin…
Entourée par ses enfants, le cœur gonflé de chagrin, Arabella assista à l’enterrement et pleura toutes les larmes de son corps, peinée pour le vieil homme qu’elle en était venue à voir un peu comme son propre grand père. Alors qu’elle reniflait, une main lui offrit un mouchoir brodé et elle réprima une grimace en découvrant que le propriétaire n’était autre que Mercer.
« Regrettable cet accident… Susurra-t-il calmement. Voilà ce qu’on récolte à se mettre en travers de mon chemin… » Souffla-t-il avant de s’éloigner, laissant derrière lui une Arabella révulsée.
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