Chapitre 3 : Elisabeth


Et puis cette ombre au fond de l'ombre

Et puis ces deux mains qui se nouent

Ces gestes faits et refaits sans en voir le bout

Et puis cette ombre encore debout

 

 

Jack arrima fermement le frêle esquif qui l’avait emmené jusqu’à Cuba et mit pied à terre, un sourire conquérant aux lèvres. Il repoussa loin de lui la nouvelle qu’il avait appris quelques jours auparavant. Will Turner n’était plus. Barbossa l’avait remplacé à la barre du Hollandais Volant en embrochant son cœur et Jack refusait de penser à ce que cette nouvelle impliquait.

 

Elizabeth Swann Turner, sa meurtrière, était morte. Il avait beau essayer de ne pas y penser, il n’y parvenait pas. Sans cesse, il revoyait la jeune femme telle qu’elle lui était apparue le jour où elle l’avait tué. Sa main glissant lentement sur la sienne alors qu’elle attachait les fers à son poignet, la sensation de ses lèvres douces sur sa bouche… Avec un gémissement de frustration Jack prit son compas, il l’ouvrit avec sécheresse avant de le refermer aussi vite, agacé de voir l’aiguille tourner sur elle-même. Elizabeth était morte ! Elle ne pouvait plus le troubler, plus maintenant alors qu’il avait déjà tout perdu.

 

Tournant le dos au soleil qui disparaissait à l’horizon, Jack entra résolument dans la taverne, décidé à s’offrir un peu de bon temps et du rhum aussi. Le pirate, la carte qu’il avait volé à Barbossa dans son manteau, s’assit et commença une chope de rhum. Il ne devait pas penser à elle. Sa meurtrière morte. Il aurait dû, il devrait se réjouir de sa mort, mais il n’y parvenait pas. Parce qu’elle était morte sans aucun doute, sinon Barbossa n’aurait pu s’emparer du cœur de Will et devenir Capitaine du Hollandais Volant.

 

Il soupira lourdement et chassa la silhouette dansante de son esprit. Il la haïssait de toute manière, qui aurait pu aimer sa meurtrière ? Alors qu’il se posait une fois de plus cette question, une toute jeune fille, fardée à outrance s’approcha de lui et posa une main aux ongles peints sur son bras.

« Bonsoir mon beau capitaine. Besoin de compagnie ? »

 

Jack releva le visage. Il détailla le visage sans finesse qui se présentait à lui, la poudre blanche étalée en couche épaisse sur sa peau et les lèvres rouge sang.

« Peut être bien ma belle. »

La fille sourit avec une coquette lassitude et s’assit à ses côtés, prenant soin de mettre en avant sa poitrine que la robe qu’elle portait faisait presque jaillir sur la table. Jack eut un sourire désabusé et but son verre d’un trait tandis qu’à ses côtés, la fille se trémoussait.

« Tu es un marin n’est-ce pas ?

- Un pirate chérie. »

La jeune fille écarquilla ses yeux marron et Jack ne put retenir un sourire devant l’éclat de frayeur qui traversa son regard.

« Tu n’en as jamais vu trésor ? Les pirates sont dangereux vois-tu. » Susurra-t-il en glissant sa main le long du dos de la fille.

 

Le regard de Jack erra sur les boucles brunes et soyeuses de la jeune fille et revint se poser sur ses lèvres rouges.

«  Alors, combien pour faire l’amour à un pirate ? »

La fille lui fit un sourire hésitant et jeta un regard vers le fond de la salle en direction d’un homme qui, silencieux les observait.

« Trois écus. » Finit-elle par avancer.

 

Jack la regarda, songeur.

« C’est d’accord. Trois écus avec la chambre.

- La chambre mais…

- Tu préfères la ruelle trésor ? Moi ça me va. Dit Jack crânement. Seulement je pense que ton ami ici présent préférera te savoir au chaud dans une chambre. »

La fille rougit et se pendit à son cou, se réfugiant dans ses habitudes de séduction. Jack sourit, sa main se perdit dans les replis de son décolleté et il palpa la poitrine offerte sans douceur.

« Comment t’appelles-tu ma belle ?

- Elisabeth… » Rougit la fille.

 

L’espace d’un instant, le regard de Jack se voila et il retira sa main. Il regarda d’un air morne la bouteille de rhum devant lui avant de s’en servir une large rasade. A ses côtés, Elisabeth resta silencieuse un long moment avant de poser la main sur sa cuisse.

« J’ai dit quelque chose qui fallait pas ? »

 

 

Le cri d'une sirène

Quand le jour a déteint

Parenthèse de peine

L'oubli jusqu'à demain

 

Le regard vide, Jack but lentement son verre avant de sourire à la fille.

« Non trésor, je réfléchissais juste à la manière dont j’allais te prendre. » Répondit-il, chassant le souvenir de son Elizabeth.

Ramassant la bouteille à moitié vidée, Jack se leva et lui sourit avec décontraction.

« Maintenant chérie. J’ai passé de longues heures en mer et il me tarde de retrouver le corps d’une fille. »

 

Sans dire mot, Elisabeth le précéda jusqu’à une petite pièce chichement aménagée et referma derrière eux. Sans plus de façons, Jack s’allongea sur le lit, une lueur ardente dans les yeux.

« Déshabille-toi chérie. »

Elisabeth, un peu tremblante commença à ôter ses vêtements sous le regard scrutateur de Jack qui, confortablement installé sur le lit, buvait lentement sa bouteille de rhum.

« Plus vite. »

 

Une fois qu’elle fut nue, Jack se leva lentement et posa ses lèvres sur les siennes. Il l’embrassa profondément, ses mains agrippant ses fesses nues. Elisabeth soupira alors que la langue du pirate s’insinuait entre ses lèvres, jouant avec la sienne avant de déserter sa bouche pour s’attarder sur sa poitrine offerte. Jack recula, le regard un peu parti.

« Alors Elizabeth, allonge toi sur le lit que je te donne enfin ce que tu mérites. » Souffla-t-il.

La fille soupira en sentant ses mains caresser à nouveau son corps tandis qu’il s’enfonçait en elle d’une violente poussée et gémissait de plaisir.

« Oui Elizabeth… » Souffla-t-il, les yeux fermés tandis qu’il la besognait avec ardeur.

 

Longues secondes inertes

Le corps à l'abandon

Gestes lents, cigarettes

Puis s'essuyer le front

 

Jack poussa un lourd soupir de délivrance alors qu’il jouissait en elle et laissa son corps retomber sur celui de la fille.

« Tu me tues Lizzie… Murmura-t-il en roulant sur le côté pour chercher la bouteille de rhum. Vide! » Ragea-t-il.

L’air interrogateur, Elisabeth le regarda. Elle n’osait plus bouger et Jack lui sourit à nouveau, ses yeux brillants dans l’obscurité de la pièce.

« Va m’en chercher une nouvelle et reviens.

- Je, ça fera plus. » Bégaya la fille.

Avec un sourire méprisant, Jack sortit sa bourse et aligna trois nouvelles pièces qu’elle prit sans rien dire.

 

()()

 

Le matin se levait à peine lorsque Jack se leva silencieusement, il accorda un regard vague à la forme allongée près de lui et dont il avait usé la nuit durant. L’esprit clair, il remit ses vêtements un par un, prenant le temps de nouer correctement ses ceintures avant de se pencher vers le lit. Elizabeth. Cette Elizabeth là avait bien voulu de lui, allant jusqu’à lui faire promettre de l’emmener avec lui sur son bateau, de l’arracher à cette vie de prostitution qu’elle détestait.

« Dommage trésor. »  Murmura Jack alors qu’il fouillait l’armoire de la fille.

Il y trouva comme il s’y attendait la bourse pleine qui contenait ses économies. « Il ne faut jamais faire confiance à un pirate. » Ajouta-t-il en empochant le tout.

 

Sans se retourner, Jack sortit de la chambre et passa sans se faire remarquer parmi les cadavres de bouteille jonchant le sol meuble de la taverne. Une fois dehors, il sortit son compas et l’ouvrit. Il sourit de le voir indiquer une direction claire. Ce n’était pas si difficile finalement.

 

Vague regard au ciel

Pour l'heure ou pour le temps

Trop de pluie, de soleil

C'est tout c'qu'il en attend

 

Lentement, Jack reprit place dans le frêle bateau qui l’avait emmené jusqu’à présent. Un sourire satisfait aux lèvres il déboucha la bouteille de rhum qu’il avait pris la précaution de dérober et but à longs traits. Une fois qu’il fut suffisamment loin de la terre, Jack soupira et laissa le vent fouetter son visage.

 

Il était libre….

 

Libre de cette fille, libre de toutes attaches comme il l’avait toujours voulu et bientôt il serait immortel. Lorsqu’il aurait enfin trouvé la Fontaine de Jouvence. Il n’en demandait pas plus.

 

La pluie commença à tomber finement sur la mer et Jack sourit. Ce qu’il trouverait serait mieux que d’être enchaîné pour toujours au Hollandais Volant, il resterait jeune éternellement et plus rien ni personne ne viendrait à bout du Capitaine Sparrow. Pas même sa meurtrière morte. Il soupira une nouvelle fois et chassa une fois de plus le souvenir de celle qu’il haïssait le plus au monde puis reprit sa route.


Chapitre 2                                                                                                         Chapitre 4


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Commentaires: 2
  • #1

    Microcosmos (lundi, 30 avril 2012 14:27)

    muahahaha!!! pauvre Jack! Une autre EliSabeth! A croire qu'elles le suivent partout!! Bon, ça ne va pas l'aider à oublier EliZabeth par contre ...

    Hein??? Will est mouru? j'avais pas compris ça dans le chapitre précédent!!! O_O

  • #2

    JessSwann (lundi, 30 avril 2012 16:09)

    Ah bah Jack n'a pas de chance... Le hasard ou la main du destin ?? mdrrr