Miracle au conseil

Résumé : Pré DMTNT , Teague se voit forcé de réunir le conseil... Ce qui est toujours une épreuve pour ses nerfs

 

Genre : Général

 

Rating : K 

 

Note : Ecrit pour les Nuits du FoF sur le thème "Unanimité"

 

Le Gardien du Code fit face aux Seigneurs assemblés devant lui, Teague ne put réprimer un mouvement de répulsion face aux visages qui lui faisaient face. Sérieusement, encore ? Il commençait à être là de ces votes qui ne servaient à rien d’autres qu’à justifier leur statut de République Pirate… De tous temps, ils n’avaient jamais réussi à atteindre le moindre consensus. Jamais aucun Conseil n’était parvenu à atteindre l’unanimité. Avec un dernier roulement des yeux, il laissa son regard balayer l’assemblée réunie.

« Et donc, que pensez-vous que nous devrions faire face à la menace grandissante du retour de Salazar ? »

Un tollé salua sa question.

« Le tuer !

— Non, le renvoyer dans les limbes !

— Lancer le Kraken à ses trousses ?

— Imbécile, le Kraken est mort ! s’insurgea Ammand.

— Ah bon ? Il est mort ? » interrogea Mistress Ching.

Teague ne put retenir un soupir. La vieille Ching perdait de plus en plus la tête. Il était largement temps de la remplacer, mais, bien entendu ce genre de décision ne devait pas être prise à la légère : il fallait l’unanimité pour limoger un Seigneur pirate.

« On d’vrait le… le … bref ça quoi. »

Teague sentit sa tension augmenter. L’intervention de Jack, réduit au stade d’épave depuis qu’il avait (une fois de plus) perdu le Black Pearl, n’apportait absolument rien au débat. Pour changer. 

« Sinon, quelqu’un a une idée ? « lança-t-il sans trop y croire.

Depuis le temps, il avait pris l’habitude de déclamer ses répliques sans plus y penser. Lorsqu’il était jeune pirate, frais émoulu à la doctrine du Code il avait réellement cru qu’il allait bouleverser les choses, réussir à fédérer, bref : créer une réelle communauté mais force était de constater que nul ne pouvait changer les pirates : égoïstes un jour, égoïstes toujours. La piraterie était ainsi faite, comme il l‘avait douloureusement appris au cours des trente dernières années.

Laissant les Seigneurs se livrer au rituel combat d’égos qu’entrainaient forcément leur réunion, il se réfugia dans un coin de la salle pour gratter sa guitare. Qu’est-ce qu’il en avait assez de leurs vociférations, de leurs expositions de prétendus faits d’armes… A croire qu’ils passaient leur temps à se mesurer pour savoir qui a la plus grande. Enfin, exception faite de Ching qui perdait la tête.

Et bien sûr d’Elizabeth Swann, enfin Turner. Elle au moins avait réussi à mobiliser un mini consensus. Enfin, elle avait eu une voix quoi…

Teague adressa un regard à son fils. Il était loin le pirate flamboyant,  le pourfendeur des mers, bref, le Capitaine Jack Sparrow !

Depuis qu’Elizabeth avait disparu du tableau et prit sa retraite (enfin façon de parler), son fils n’était plus qu’une éponge, une racaille avinée.

« Je peux savoir pourquoi vous m’avez convoquée ? Il me semble vous avoir signifié assez clairement que je ne souhaitais plus avoir quoi que ce soit avec vos histoires ? »

Teague manqua son accord tandis que Jack se redressait brusquement. D’un coup, le silence se fit sur l’assemblée réunie. Le Roi de la Confrérie était là. Pour la première fois depuis leur épique bataille contre Beckett et Jones, leur Roi se présentait devant eux.

« Est-on vraiment obligés de supporter encore ça ? persifla Ching. Déjà que son élection est sujette à caution ! »

Pas si folle que ça la vieille, songea Teague.

Autour de lui, les débats faisaient rage à nouveau et, après le sursaut d’espoir qui l’avait animé à l’arrivée du Capitaine Turner, le Gardien se laissa sombrer à nouveau dans l’apathie. Roi ou pas, la Confrérie était incapable de tomber d’accord, c’était dans sa nature.

Le bourdonnement des débats le porta presque jusqu’à l’endormissement, bercé qu’il était par les vociférations et les contradictions de l’assemblée contradictoire qui était à sa charge depuis… depuis trop longtemps ! 

Un fracas le fit sursauter. Médusé, il observa Elizabeth qui, un pistolet fumant à la main se dressait face aux pirates assemblés. Même Jack sembla dégrisé par l’événement.

Une fois certaine d’avoir l’attention de ses consœurs,  Elizabeth prit la parole.

« J’en ai par-dessus la tête de devoir me déplacer à chaque fois que l’un d’entre vous pressent une vague menace. Je suis une mère et j’ai clairement autre chose à faire. Donc je propose que la « menace Salazar » soit assumé par celui qui l’a causée et que les autres restent en dehors de ça. »

Jack poussa un léger couinement à cette annonce et Teague réprima un soupir : comment aurait-il pu en être autrement ? Après tout, Jack était sans doute responsable de la plupart des catastrophes qui les avaient touchés durant ces dernières années. 

Cependant, la déclaration agacée d’Elizabeth avait eu son petit effet. Stupéfait, Teague entendit les Seigneurs proférer un par un leur assentiment à cette décision aussi arbitraire que dictatoriale. Finalement il ne resta plus que Jack (comme on pouvait s’y attendre). Elizabeth se tourna vers lui, froide.

« Nous attendons, Jack. A moins bien entendu que vous ayez une fois de plus quelque chose à voir dans cette embrouille et que vous espériez que la Confrérie vous sorte de là ? Ce ne serait pas étonnant… »

Teague retint son sourire devant l’air faussement choqué qu’arborait son fils. Bien sûr qu’il avait quelque chose à voir là-dedans, et bien entendu, il ne le reconnaîtrait pas. L’air pédant, Jack déclara :

« Rien à voir avec ça, trésor. Salazar ? Connais pas. Je laisse ça au responsable, » affirma-t-il d’un ton léger.

Elizabeth eut un sourire satisfait.

« Bien, je pense que nous sommes tous d’accord dans ce cas : le responsable de la colère de Salazar envers le pirate devra se débrouiller seul. »

Jack grimaça tandis que des hochements d’assentiment saluaient la déclaration de la jeune femme mais il finit par les suivre. A regrets, à ce qu’il sembla à Teague. 

« Parfait, dans ce cas, nous sommes tous d’accord : je peux donc rentrer chez moi », annonça Elizabeth d’un ton satisfait.

La guitare de Teague émit une note discordante alors que la portée de ce qui venait de se produire lui apparaissait : pour la première fois, la Confrérie des pirates avait réussi à prendre une décision… à l’unanimité !