Île de Zebirget,
Le visage d’Elizabeth s’éclaira en reconnaissant Jack Sparrow et sa révérence moqueuse termina de l’égayer. Sans réfléchir, elle avança vers lui et le serra brièvement dans ses bras avant qu’il ait eu le temps de prévoir son geste. Jack l’éloigna doucement et s’efforça d’adopter le ton ironique qui lui était coutumier.
« Que se passe-t-il Votre Altesse ? Vous cherchez un pauvre bougre à sacrifier ? »
Elizabeth s’écarta, plus blessée par ses paroles qu’elle ne voulait le reconnaître.
« Me pardonnerez-vous un jour ? »
Jack, la dévora un bref instant du regard et constata que les mois écoulés n’avaient pas altéré sa beauté et sa grâce. Il se reprit pour lui répondre.
« Lizzie, trésor vous l’avez dit, vous n’êtes pas désolée. Pourquoi dans ce cas désirez-vous tant que je vous pardonne ? Pour alléger votre conscience ? Voyons, je pensais que vous aviez dépassé ça. Lui dit-il en commençant à s’éloigner d’elle
- Où allez-vous ??? »
Jack se retourna et adopta un air surpris et de désintérêt total.
« Et bien je continue ma route pendant que vous, vous faites toutes ses choses que vous devez faire.
- Et que venez-vous faire sur cette île ? Que cherchez vous ? »
Jack frissonna brièvement en entendant sa question. Que pouvait-il lui dire ? Qu’alors qu’il pensait désirer l’immortalité plus que tout au monde, c’était vers elle que son compas l’avait mené ? Il prit l’air dégagé.
« Je ne crois pas que cela vous concerne. »
Elizabeth s’assombrit à ces mots et la pensée des corps du village lui revint brutalement en mémoire.
« Il n’y a plus rien ici. Ils sont tous morts. Quelqu’un est venu avant nous. »
Jack réfléchit très rapidement, elle cherchait donc quelque chose. A coup sûr ça devait avoir un rapport avec son cher William.
« Oh, à mon tour, serait-ce trop vous demander de me dévoiler les raisons de votre présence sur cette île ? »
Elizabeth ne répondit pas et s’avisa brutalement que Jack était seul.
« Où est le Pearl ?
- Oh il est quelque part en mer. »
Elle sourit joyeusement devant l’air penaud arboré par Jack et devina sans peine ce qui s’était produit.
« Vous voulez qu’on vous dépose quelque part ?
- Votre serviteur ma reine. » Répondit-il avec une révérence moqueuse.
Elizabeth sourit joyeusement.
« Ça doit vouloir dire oui. Allez, suivez-moi Capitaine Sparrow. »
Sans attendre de réponse de sa part elle commença à se diriger vers la plage où ils avaient arrimé l’Empress. Jack la suivit et pesta intérieurement contre le sort qui l’avait conduit à dépendre à nouveau d’Elizabeth Swann.
Retour furieux dans les Fonds sous-marin,
Calypso apparut rageusement dans l’endroit qui lui servait à la fois de repère et de demeure. Elle était ulcérée. Comment ce petit forgeron avait-il osé la rejeter ? De quel droit prétendait-il se refuser à elle ? Il préférait une simple mortelle alors qu’il pouvait posséder une déesse !! Calypso n’avait jamais essuyé un tel affront de toute sa vie de déesse ou de mortelle lorsqu’elle s’appelait Tia et il était inconcevable qu’elle laisse une telle chose impunie. Avec fureur elle chercha à localiser celle qui était responsable de son rejet et un sourire cruel déforma ses traits lorsqu’elle aperçut la personne qui accompagnait la jeune femme.
Calypso lut dans le cœur et dans les âmes des deux compagnons et savoura un bref instant la résignation teintée d’amertume et de tristesse de Jack avant de s’intéresser plus profondément à celle qui se tenait à ses côtés. Elizabeth n’osait pas regarder dans la direction de Jack mais Calypso lut toute la joie à peine retenue de la jeune femme, le sentiment de sécurité qui renaissait au fond d’elle et la petite flamme d’espoir qui l’accompagnait immanquablement. Calypso s’installa confortablement et tourna cette fois son visage vers le Hollandais Volant où elle pouvait voir Will accoudé au bastingage.
« Bientôt tu auras besoin de mes services William Turner, bientôt le doute et l’angoisse rongeront si bien ton âme que tu m’imploreras de venir te délivrer… Il existe des souffrances pires que tout ce que tu peux imaginer. »
Pacific Princess (the love boat)
Cutler Beckett reposa la carte qu’il avait réussi à se faire remettre sur l’île de Zebirget et pour la possession de laquelle il avait tué tant d’innocents. Il avait réellement du mal à imaginer que le si précieux péridot puisse se trouver sur une île si minuscule qu’elle n’apparaissait sur aucune île connue. Selon les informations qu’il avait réussi à glaner en torturant le moine qui était en possession de la carte, cette île avait tout d’abord été le repaire de religieux avant que ceux-ci ne soient décimés par une épidémie de peste. Une longue vue en main, Beckett découvrit le morceau de terre qui s’étendant devant lui.
« Vous êtes sûr que c’est bien l’endroit qui correspond aux coordonnées que je vous ai données ?
- Oui Lord Beckett. Répondit l’homme d’une voix qui tremblait un peu en évitant de regarder dans sa direction.
- Dans ce cas faites mettre une chaloupe à la mer et rendons nous y… Après tout nous devrions rapidement trouver ce que nous cherchons, elle n’est pas si grande que cela non ?
- On la dit maudite Lord Beckett, on dit que lorsque résonne la cloche de la chapelle alors les morts reviennent à la vie et dévorent les âmes pures. Poursuivit l’homme d’une voix qui tremblait légèrement.
- Superstition… Et puis vous avez parlé d’âmes pures non ? » Argua Cutler, un sourire cruel déformant un peu plus ses traits.
Hollandais Volant pas notre monde,
William encore sous le coup de la visite de Calypso avait du mal à reprendre son calme. Il était choqué par les avances lascives que lui avait faites la déesse et sa peau gardait l’empreinte de son toucher comme une brûlure. Will ferma les yeux et s’efforça de chasser le souvenir des mains de Calypso suivant le tracé de sa cicatrice pour évoquer l’image de celle qu’il aimait au-delà de la mort. Il avait parfois l’impression de sentir le souffle de son Elizabeth sur son visage, d’entendre sa voix lui murmurer les mots dont il avait tant besoin pour exister. Ces mots à la fois si simples et si difficiles à dire, ces mots qu’il avait envie de lui répéter chaque jour depuis le premier jour mais qu’elle ne lui avait jamais dits. Je t’aime. Trois simples petits mots pour trois ans de fiançailles durant lesquels jamais elle ne les avait prononcés.
Will se remémora le discours de Calypso, ces mots chargés de méchanceté et de fiel, ces paroles qui instillaient le doute dans l’âme.
« Dix années… à être la reine des pirates. »
Puis ce baiser, cette étreinte de la mort qu’il avait tant cherché à oublier mais qu‘elle avait ramené à sa mémoire. La main de sa femme sur la nuque du pirate, la manière dont elle l’avait attiré et repoussé tout à la fois, dont son corps se pressait contre le sien jusqu’à le forcer à reculer vers le mât… Et ces trois mots qu’elle ne lui avait jamais dits et dont l’absence lui parut soudain insoutenable.
La respiration accélérée, Will tenta de se rassurer, c’était lui qu’elle aimait, lui qu’elle avait épousé c’était avec lui qu’elle avait découvert les plaisirs subtils des jeux amoureux. Pendant une seule journée, un jour de bonheur, une seule chance de se découvrir avant de se quitter.
Oui, Will avait confiance en Elizabeth, elle était sa femme mais jamais elle ne lui avait dit qu’elle l’aimait. L’âme tourmentée par le doute qui y prenait place insidieusement, Will se tourna vers l’horizon et murmura les mots qu’il aurait tant voulu entendre une fois.
« Je t’aime Elizabeth. »
L’Empress, mer de Chine
Elizabeth Turner regarda avec agacement celui qui était assis dans sa cabine. Depuis son arrivée à bord de l’Empress, Jack n’avait cessé de se montrer distant, voir indifférent et affichait à son égard une courtoisie glaciale teintée d’ironie qui la blessait. Elle finit par prendre la parole et se résolut à contre cœur à dévoiler ses plans à Jack.
« Il existe une pierre, un péridot pour être précise, qui
- Trésor vous a-t-on déjà dit que vos histoires avaient une fâcheuse tendance à ressembler aux miennes ? » Se moqua Jack.
Agacée, Elizabeth plissa les yeux d’un air mauvais avant de reprendre d’un ton légèrement agressif.
« Qui lorsqu’on la trouve exauce le vœu le plus cher de son possesseur.
- Et vous voulez cette pierre pour délivrer ce pauvre Will de la terrible malédiction qui est sur lui. Finit Jack d’un ton moqueur.
- Je veux revoir mon mari. » Répliqua-t-elle vivement.
Jack accusa le coup, ces mots lui tordant désagréablement le cœur. Il la regarda.
« Et ?
- Il me faut trouver cette pierre Jack. Dit-elle d’une voix légèrement fêlée. Je ne pourrais pas supporter d’attendre dix ans, pas s’il existe une autre solution pour sauver Will. »
Jack s’efforça de se montrer le plus froid possible.
« Et qu’ai-je à gagner dans l’aventure hormis l’incomparable plaisir de vous voir retrouver le jeune Turner ?
- Je vous aiderais à récupérer le Black Pearl.
- Pas suffisant, je pourrais décider de trouver le péridot pour moi et de voir mes souhaits exaucés.
- Mais votre compas ne marche pas avec vous Jack. »
Il encaissa son affirmation du mieux qu’il put. Ainsi elle croyait que le compas ne marchait pas, mieux valait cela que la vérité.
« Jack, s’il vous plait. Plaida-t-elle alors qu’il restait silencieux
- D’accord… Accorda-t-il, ne supportant pas de voir ses yeux s’emplir de larmes. Je vous aiderais Lizzie, contre le Black Pearl. Alors tenez. » Dit-il en lui tendant son compas.
Fond sous-marin
Calypso suivait depuis de longues minutes l’entretien de Jack et Elizabeth et vit comment la jeune femme avait réussi à emporter la décision de Jack. Ce constat attisa encore la haine brûlante qu’elle vouait à celle qui se dressait entre William et elle. Calypso avait perdu une fois le capitaine du Hollandais Volant, la fin de l’amour de Davy avait eu pour elle des conséquences dramatiques tout comme pour les âmes des pauvres ères qui mourraient en mer. William Turner était un guide parfait pour ses chers disparus et il saurait l’aimer même si pour cela elle devait le briser avant. D’un geste désinvolte elle balaya légèrement l’Empress.
« Le Hollandais Volant a besoin d’un capitaine et la fonction de capitaine de ce navire est incompatible avec toi Elizabeth Turner ! »
L’Empress, en pleine mer,
Au moment où Jack posait cérémonieusement le compas devant Elizabeth, une secousse brutale fit trembler la jonque et manqua de projeter le précieux boîtier au sol. Jack et Elizabeth tendirent tout deux leurs mains dans un même réflexe de sauvegarde de ce qui menait à leurs plus chers désirs. Ils le saisirent en même temps, leurs doigts s’entrelacèrent comme naturellement autour de l’objet. Jack tourna son visage vers elle alors que les secousses cessaient aussi brutalement qu’elles avaient commencées. Il avait totalement oublié la présence du compas. Il ne songeait qu’aux doigts qu’il effleurait avec les siens, à la femme qui le regardait à présent dans les yeux sans songer à se dégager de l’étreinte de sa main. Aucun des deux ne bougeait, lui comme elle gardait ses yeux rivés à ceux de l’autre. Un battement sourd vint briser l’union de leurs regards et chacun tourna alors son visage en direction du coffre qui contenait le cœur de William Turner.
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Alice (vendredi, 25 juillet 2014 12:55)
Ce will... toujours là au mauvais moment!!
Jess Swann (vendredi, 25 juillet 2014 15:44)
Et oui....