Quatre mois après la mort d'Elizabeth Norrington qui avait tragiquement glissé des remparts de Fort Charles, Cutler Beckett supervisait les hommes, qui sur le quai, emballaient les possessions du Lord.
« Cette année à Port Royal aura été riche en enseignements et en profits. Murmura le Lord à son fidèle Mercer.
- La charge de Gouverneur n'est en effet pas négligeable. Répondit Mercer avec un sourire.
- En vérité, ce qui me satisfait le plus est d'avoir éradiqué une bonne partie de la menace pirate dans les Caraïbes. Même si je dois avouer que j'ignore tout des circonstances de la disparition de Sparrow. Il faut croire que, comme dans le cas de l'enfant d'Elizabeth Norrington, le ciel a entendu nos prières. Voyez-vous Mercer, lorsqu'on agit au nom de la justice on finit toujours par être récompensé. » Termina pompeusement le Lord en prenant une gorgée de sherry dans la flasque qui reposait dans sa veste.
Mercer sourit vaguement à l'évocation de l'enfant mort-né et se rapprocha de son maître.
« Et où allons-nous exercer notre justice cette fois ?
- Oh et bien le Roi m'honore suffisamment de sa confiance pour me charger de sécuriser notre colonie à Singapour.
- Singapour ? Répéta Mercer d'un ton interrogateur.
- Voyez-vous, il y a là-bas un pirate qui se nomme Feng je crois. Sa Majesté aimerait voir ce problème réglé dans les plus brefs délais. Il nous laisse carte blanche. »
Avec un sourire aux lèvres, les deux complices embarquèrent sans un regard pour la ville qu'ils laissaient derrière eux. Ils avaient la conscience tranquille à l'heure de leur départ, leur mission était remplie, les pirates des Caraïbes étaient morts.
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A l'heure où le navire de Beckett quittait Port Royal pour ne plus jamais y revenir, James Norrington se tenait seul dans son salon, une bouteille pas encore entamée à ses côtés et une feuille entre les mains. Ça faisait des mois à présent que, chaque jour, il relisait les derniers mots qu'Elizabeth avait tracés pour lui. Bien peu de chose en fait. Trop peu face à la détresse qu'il ressentait encore en pensant à elle. Deux mots « Pardon James » et l'anneau qu'il avait passé à son doigt. C'était tout ce qui restait de la femme qu'il avait aimée au point de supporter qu'elle en aime un autre.
Éva entra silencieusement dans la pièce et le bruissement de sa robe sortit James de ses tristes pensées.
« Oh Éva … Et bien j'ignorais que vous deviez passer. » Déclara James en se forçant à sourire tout en rangeant prestement l'aveu du suicide d'Elizabeth.
La jeune fille lui sourit et son regard se posa sur les traits tirés du Commodore.
« Vous savez bien que je ne vous laisserais pas déprimer Commodore. Ce qui est arrivé à Elizabeth est certes tragique mais vous devez recommencer à vivre à présent. »
James la regarda, un sourire amer aux lèvres.
« Vivre… »
Éva sourit et lui prit les mains d'un geste d'une négligence calculée.
« Lord Beckett est parti, votre carrière n'a plus d'obstacles. »
Pour la première fois depuis des semaines, James sourit franchement. Son regard rencontra celui empli de tendresse de la jeune fille qui était venue chaque jour le voir et s’était tenue à ses côtés lors du simulacre d'enterrement d'Elizabeth dont le corps décomposé avait été retrouvé au large de Port Royal.
« Je ne mérite pas une amie telle que vous Éva. »
La jeune fille rosit de plaisir et sa main appuya légèrement sur celle de Norrington.
« J'aimerais pouvoir faire plus pour vous. »
James la regarda et détailla sa bouche aux lèvres légèrement teintée de rose, le soin de sa coiffure … Elle était jolie … Pris d'une impulsion, il s'approcha lentement d'elle, étonné mais ravi de ne pas la voir se dérober. Ses lèvres se posèrent sur les siennes d'abord légèrement puis plus fermement, surpris de sentir sa bouche répondre à la sienne. Éva se rapprocha doucement de lui et noua à son tour ses bras autour de son cou en un geste naturel qui émut James plus que tout le reste. Il avait tellement espéré un geste tendre au lieu d'étreintes passives au cours des mois passés avec Elizabeth. Il s'écarta légèrement et admira la pureté du visage innocent qui se levait vers lui.
« Éva ?
- Oui Commodore ?
- Je crois qu'il est plus que temps que vous m'appeliez James. » Souffla-t-il avant de l'embrasser à nouveau.
Éva, le cœur battant à tout rompre se laissa faire, sure au fond d'elle d'avoir fait le bon choix quelques mois plus tôt. La jeune fille sourit sous la bouche de James Norrington. Il n'y avait plus d'obstacle à présent et elle était enfin heureuse.
Tandis que James et Éva goûtaient au bonheur de se trouver enfin, une femme à la peau sombre passait lentement dans la rue et interpellait les passants.
« Votre avenir révélé pour deux pièces ! Criait-elle. Tout votre destin dévoilé ! Approchez, Tia Dalma ne se trompe jamais … »
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