Plymouth,
Un jeune garçon d'environ dix ans remontait la rue encombrée. A cette heure, les chalands étaient occupés à décharger leurs marchandises et ne faisaient pas attention à ce petit garçon qui courait comme le vent. Lui-même ne se souciait pas d'eux, il n’avait qu’une seule idée en tête : être le plus rapidement possible de retour chez lui. C'est que cette journée n'était pas ordinaire !
En effet, alors qu'il flânait sur le port, il avait rencontré Mr Dawson, un marin qu'il connaissait bien et qui lui avait dit qu’il possédait un paquet adressé à sa mère et à lui ! Un paquet ! Pour le petit garçon cela ne pouvait signifier qu'une seule chose : des nouvelles de son père !
Il faut dire que c'était une occasion qui se présentait rarement, car son père était bien loin d'ici … En fait il ne le connaissait même pas car ce dernier s'était engagé dans la marine marchande alors qu'il n’était encore qu’un bébé ce qui expliquait qu'il soit si excité par un simple colis…
Enfin, Will arriva chez lui et ouvrit la porte à toute volée. Emporté par son élan il manqua de s'écrouler au milieu de la pièce étroite et récupéra son équilibre de justesse.
Mérédith Turner leva les yeux de son ouvrage. C'était une femme assez menue mais qui possédait de fantastiques cheveux auburn qui descendaient en cascade sur son dos. Elle contempla son fils avec indulgence :
« Que se passe-t-il William ? Tu me parais bien pressé ce matin !
- C'est que, m'an, Mr Dawson m'a remis un paquet qui t'es adressé. C'est peut-être des nouvelles de papa ! » Répondit le jeune Will en essayant sans succès de cacher son impatience.
Mérédith, sentit son cœur se serrer comme toujours devant l'excitation et l'espoir qui perçaient dans sa voix. Elle savait sans qu'il n'ait besoin de lui dire que chaque jour son fils espérait voir son père passer la porte de leur humble demeure. Elle n'avait pas le courage de lui dire que selon toute probabilité William senior, son mari, ne reviendrait jamais auprès d'eux et qu'il les avait abandonnés tous les deux pour courir les mers des Caraïbes avec une bande de hors la loi. A la place, Mérédith avait toujours affirmé que Bill s'était engagé dans la marine marchande ce qui permettait à son fils d'avoir au moins une bonne image de son père et à elle de conserver des dehors respectables.
Mérédith soupira et demanda à son fils de lui donner ce paquet qui l'intéressait tant. Elle commença à défaire la ficelle et se sentit petit à petit gagnée par l'excitation de Will. En effet, même si Bill ne reviendrait sans doute jamais, il lui arrivait de leur envoyer quelques menus objets qui s'avéraient bien utiles ! Et vu sa situation financière elle ne pouvait pas faire la difficile…
Enfin le paquet s'ouvrit et sous les yeux émerveillés de Will et de sa mère apparut une sorte de médaillon… William n'en croyait pas ses yeux, il n'avait jamais vu un objet pareil ! Il brillait de mille feux et ressemblait à de l'or…
« Vas y maman, essaie le, ce doit être un cadeau de papa pour toi, c'est probablement un des autres marchands qui le lui a donné … »
Mérédith secoua la tête et regarda son fils.
« Non Will, ce n'est pas pour moi si j'en crois ce qui est écrit sur ce mot c'est à toi qu'est destiné cet objet.
-Pour moi ! »
Will n'en croyait pas ses oreilles, c'était la première fois que son père lui envoyait quelque chose à lui.
« Tu es sûre, maman ? C'est bien pour moi ?
-Oui mon garçon, j'en suis sûre. Vas y mets le. »
Mérédith sourit à son fils mais au fond d'elle-même elle se sentait profondément angoissée. Des milliers de questions tournaient dans son esprit. Pourquoi Bill avait-il envoyé cet objet à Will ? D'où provenait-il ? Quel était le sens de cette tête de mort qui ornait ce bijou ? Et surtout pourquoi se sentait elle aussi mal à l'aise en le contemplant ….
Tout à sa joie, Will ne s'aperçut pas de l'ombre qui passait sur le visage de sa mère. Il n'en finissait pas de retourner le médaillon dans tous les sens. Soudain, il se tourna vers sa mère et lui tendit l'objet.
« Tiens maman prends le, tu en auras peut être besoin pour payer notre loyer. »
Un immense sentiment de fierté envahit Mérédith mais aussi une grande tristesse pour son Will qui, à dix ans à peine, n'avait pas beaucoup de l'insouciance habituelle des enfants…
« Non Will, c'est à toi, c'est un cadeau de ton père, je ne veux pas te le prendre. Ne te préoccupes pas du loyer c'est mon problème.
-Mais maman… Essaya d'ergoter Will
-Non mon garçon, garde le et met le en lieu sûr, je pense que s'il te l'a envoyé, c'est parce que ton père voulait que tu aies quelque chose de lui. »
Elle se leva alors avec difficultés; c'était l'heure pour elle de partir à l'atelier pour gagner les quelques sous qui leur permettaient de vivre. Elle referma la porte sur son fils qui semblait fasciné par son cadeau…
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