Au grand soulagement de Jack et d'Elizabeth, la camériste prit place à l'arrière de la calèche, leur laissant une intimité toute relative pour le trajet. A peine la voiture commença-t-elle à s'ébranler que Jack rejoignit Elizabeth et s'installa à ses côtés.
« Tu es terriblement belle dans cette robe. Murmura-t-il à son oreille, pendant que ses mains parcouraient son corps avec avidité
- Seigneur Jack … Soupira à voix basse Elizabeth en sentant sa main relever ses jupons et se frayer un passage le long de ses cuisses.
- J'ai envie de toi. Lui rétorqua le pirate qui souffla sur les plumes de son décolleté et les fit voleter.
- Jack … » Murmura Elizabeth en le fixant, l'air troublé.
Le pirate lui fit un lent sourire et se pencha vers elle pour l'embrasser passionnément.
« Ma petite meurtrière. » Soupira-t-il en glissant ses doigts en elle.
Elizabeth rougit et se crispa tandis qu'il la caressait habilement sans la quitter des yeux.
« Ne te retiens pas … » Lui demanda-t-il en la voyant se mordre les lèvres pour s'empêcher de gémir.
Elizabeth inclina la tête en arrière, les lèvres entrouvertes alors qu'il continuait à la caresser, ses doigts allant et venant dans son antre chaud et humide avec un petit bruit de succion. De sa main libre, Jack entreprit de caresser ses seins à travers l'étoffe, son regard rivé à son visage. Elizabeth se cambra légèrement et ferma les yeux tandis qu'il lui semblait qu'elle allait étouffer et Jack lui mordilla le lobe de l'oreille.
« Oui Lizzie. Laisse toi aller. » Lui glissa-t-il.
Un long frisson parcourut Elizabeth pendant que la calèche s'engageait sur une route caillouteuse et elle sentit les doigts de Jack s'enfoncer profondément en elle alors qu'elle s'avouait vaincue une fois de plus et étouffait ses cris de plaisir dans le velours de la banquette. Les doigts de Jack s'immobilisèrent en elle, le pirate savoura les soubresauts de son intimité autour d'eux avant de les retirer lentement d'elle.
« Tu es encore plus belle comme ça … » Souffla-t-il en léchant ses doigts un par un avec un plaisir manifeste.
Sonnée, Elizabeth lui lança un regard alangui et Jack poussa un soupir de frustration en sentant la voiture s'arrêter
« Nous reprendrons cette conversation plus tard. Annonça-t-il à regret. Surtout soit prudente.
-Toi aussi. » Eut juste le temps de souffler Elizabeth avant que la porte de la calèche ne s'ouvre.
Un laquais s'inclina profondément devant elle. Une rougeur charmante aux joues, Elizabeth descendit et retint un sifflement fort peu distingué devant l'allure grandiose de la demeure qui s'étalait devant eux.
« Bugger … Souffla Jack derrière elle, estomaqué par la demeure massive.
- Monsieur, Madame… C'est par ici. » S'inclina le majordome en leur indiquant le grand escalier de pierre.
Jack et Elizabeth s'empressèrent de poser leurs masques sur leurs visages puis Elizabeth posa sa main sur le bras de Jack et pénétra dans la maison au luxe fastueux. Impressionnée, Elizabeth glissa un regard en direction de Jack et maîtrisa à grand peine un sourire en constatant que ce dernier semblait évaluer le montant des objets précieux que recelait le hall.
« Veuillez me suivre. » Annonça un domestique en les précédant, portant un candélabre totalement inutile au vu de la myriade de bougies qui éclairait la demeure.
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L'instant d'après, Jack et Elizabeth firent leur entrée dans une vaste salle de bal, remplie d'hommes et de femmes masqués qui bavardaient et buvaient dans un brouhaha assez déplaisant aux oreilles d'Elizabeth. La jeune femme sentit une bouffée d'inhabituelle de timidité la saisir avant de constater avec un malaise grandissant que, hormis elle-même, toutes les femmes de l'assemblée étaient vêtues de noir, comme si elles assistaient à une veillée funèbre. Jack nota également ce détail et il se crispa, brusquement inquiet.
« Ils sont sur leurs gardes.
- On dirait bien… Déglutit Elizabeth, mal à l'aise.
- Sois très prudente. Ne prend aucun risque inconsidéré. Pigé ? »
Avant qu'Elizabeth ait le temps de répondre une femme vêtue d'une opulente robe noire ornée d'une riche dentelle faite de fils d'argent s'approcha d'eux et glissa son bras sous celui de Jack.
« Adam… Souffla la voix chaude et envoûtante de Natalia
- Vous êtes éblouissante ma chère Duchesse. Répondit Jack. Sans conteste la plus belle femme de l'assemblée.
- Vous me flattez … Rit avec fatuité Natalia avant de se tourner vers Elizabeth. Lady Stanley. Votre présence m'honore. »
Elizabeth serra les dents et plongea dans une profonde révérence.
« C'est moi qui le suis au contraire. Répondit-elle en retrouvant instinctivement ses réflexes de cour. Je ne saurais assez vous remercier pour la beauté de cette robe même si à la vue des costumes des autres dames je me sens un peu mal à l'aise. » Compléta Elizabeth avec un charmant sourire tout en songeant qu'elle aurait grand plaisir à passer une épée au travers du corps de Natalia.
La Duchesse sourit et se pencha vers elle. Elle caressa familièrement sa main.
« Il m'a semblé tout à fait approprié pour vous qui êtes en deuil et devez être lassée des couleurs sombres. Ce soir, vous êtes une autre que vous-même ma chère Laura. Votre beauté illuminera cette soirée aussi sûrement que le cygne donne de la majesté à l'étang. »
Elizabeth se crispa tandis que les yeux de Jack passaient alternativement de l'une à l'autre. Elizabeth le regarda brièvement et lut sur ses lèvres le « ne fais rien de stupide » qu'il lui adressait.
« Ma beauté n'est rien au regard de la vôtre. Répondit-elle d'un ton dépourvu de sincérité à la Duchesse.
- Merci Laura…. Souffla Natalia en caressant brièvement ses doigts. J'ose croire que cette soirée nous permettra de mieux nous connaître et de devenir des amies extrêmement proches.
- C'est mon plus cher désir. Répondit Elizabeth par automatisme en refoulant l'envie de retirer sa main
- En attendant, permettez-moi de vous soustraire votre frère. J'ai une œuvre d'art charmante qui ne saurait supporter plus longtemps d'être privée de son attention. » Reprit Natalia en entraînant Jack sans attendre sa réponse.
Elizabeth les suivit du regard tandis que Natalia l'entraînait dans une alcôve discrète, ce qui laissait peu de doute quand à ce qu'elle comptait montrer à Jack en guise d'œuvre d’art. Elizabeth serra les dents et s'empara d'un verre plein pour se donner une contenance. Elle se mêla ensuite à la foule sombre et refoula sa jalousie à l'idée de ce qui était en train de se passer à quelques mètres d'elle.
Elle but son verre à petites gorgées, le cœur soulevé en observant les couples enlacés sans aucune gêne, les femmes attiraient les hommes et s'agenouillaient devant eux pour se livrer à des caresses, encouragées par les autres femmes et hommes qui faisaient cercle autour d'eux.
Elle reculait imperceptiblement, cherchant du regard une porte qui aurait favorisée sa fuite lorsqu'une main chaude et ferme se referma sur son bras.
« Vous semblez perdue ma chère. » Lui déclara une voix aux intonations affectées.
Elizabeth se retourna vivement et rencontra de plein fouet le regard bleu et hautain de l'homme qui venait de lui parler.
« Je et bien oui. Admit-elle en faisant un sourire désarmant à l'inconnu dont le masque dissimulait les traits
- Vous êtes Lady Stanley n'est-ce pas ?
- Je croyais que les convives ignoraient les identités des autres invités. Rétorqua Elizabeth
- Cette règle ne s'applique pas au maître de cérémonie. Répondit l'inconnu en s'inclinant. Fitzwilliam P Dalton. » Annonça-t-il.
Elizabeth réfléchit à toute vitesse, surprise de se retrouver face à l'homme qui détenait le moyen de sauver son fils. Elle jeta un regard en direction de l'alcôve dans laquelle avaient disparu Jack et Natalia et s'inclina à son tour.
« Soit vous m'avez démasquée. Je suis Laura Stanley. »
Fitzwilliam la détailla longuement et lui présenta son bras.
« Lady Stanley, me feriez-vous le plaisir de m'autoriser à vous faire visiter ma demeure ? »
Elizabeth hésita une fraction de seconde et posa sa main sur le bras offert, songeant qu'elle tenait là une occasion rêvée de localiser la Conque. Fitzwilliam lui fit un sourire charmeur et l'entraîna, faisant signe aux valets d'ouvrir une grande porte pour eux.
« Natalia m'a beaucoup parlé de vous.
- Vraiment ? S'étonna Elizabeth. Pourtant nous venons à peine de nous rencontrer. » Déclara-t-elle machinalement en observant les tableaux et autres objets d'art qui peuplaient la galerie dans laquelle ils cheminaient.
L'homme la guida dans un escalier qui semblait fait de marbre tandis qu'il continuait son badinage.
« Mais votre beauté lui a fait une forte impression et je dois dire qu'il en est de même pour moi. »
Elizabeth fit mine de rougir légèrement et détourna les yeux vers les tableaux qui les entouraient un peu choquée par les scènes de luxure qui y étaient représentées.
« Êtes-vous sensible à l'art Lady Stanley ? Lui demanda Fitz en la guidant dans les profondeurs de la demeure, loin des bruits de la salle de bal.
- Je, tout dépends … Répondit Elizabeth qui voyait mal comment on pouvait qualifier « d'arts » les scènes d'érotiques souffrances que leur visite dévoilait.
- Oui, Natalia m'a dit que vous sembliez novice en la matière au contraire de votre frère. Voilà pourquoi une visite s'imposait. » Répondit Fitz qui s'écarta pour la laisser pénétrer dans une pièce sombre.
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Elizabeth sentit un vague malaise l'envahir alors qu'elle prenait conscience de l'isolement de la pièce dans laquelle il l'avait emmenée et se tourna vers Fitzwilliam, un sourire forcé aux lèvres.
« Asseyez-vous je vous en prie. Lui enjoignit-il en lui désignant un fauteuil de velours noir au dossier ouvragé.
- Pourquoi m'avoir emmenée ici ?
- Allons détendez-vous Laura. » Lui répondit Fitzwilliam.
Il remplit deux verres de sherry et en lui en tendit un avant de s'asseoir face à elle.
« Merci. » Répondit poliment Elizabeth qui attendait qu'il boive pour en faire de même.
Fitzwilliam ôta lentement le masque et la perruque qu'il avait revêtus laissant apparent un visage indolent et rempli de morgue surmonté d'une chevelure blonde dont les tempes blanchissaient ça et là. Un peu surprise Elizabeth fit de même et posa son masque sur la table de travail.
Fitzwilliam but lentement, son regard s'accrocha au sien avant de se lever.
« Vous êtes à la hauteur de votre réputation. Froide et ravissante.
- Vous me connaissez donc ? Demanda Elizabeth d'un ton joueur en levant les yeux vers lui.
- Laura Stanley pauvre veuve éplorée, forcée de se soumettre à son frère. Qui ne vous connaît pas ? »
Méfiante, Elizabeth le regarda s'approcher d'elle et Fitzwilliam lui sourit.
« De quoi avez-vous peur ? Que j'abuse de vous ? Ce n'est pas mon genre. Je suis un homme d'honneur. »
Elizabeth sourit avec langueur et entra dans le jeu de la séduction.
« Qu'est-ce qui vous dit que vous abuseriez ? » Lui demanda-t-elle d'un ton suggestif.
Fitzwilliam sourit et se pencha vers elle, il lui donna un baiser aussi rapide que désagréable avant de s'écarter et de porter la main à sa poche.
« On m'avait dit que vous étiez une putain Miss Swann. Je constate à présent que la chose est vraie. » Commenta-t-il d'un air dégoûté en posant le canon d'un pistolet minuscule sur le front d'Elizabeth.
La jeune femme étreignit le fauteuil et leva un regard hardi vers Fitzwilliam.
« Est-ce un jeu ? Je ne connais pas de Miss Swann. »
Fitz se contenta de sourire et posa la main sur une liasse de papiers. Il commença à lui en faire la lecture à voix haute, le canon toujours sur son front.
« Mon très cher cousin …. Cette fois mon choix est fait … Je vais me marier et épouser la plus délicieuse de toutes les jeunes filles de Port Royal. Elizabeth Swann puisque c'est ainsi qu'elle s'appelle, est la plus belle femme que je connaisse.
-Je passe sur les paragraphes décrivant les nombreuses qualités dont vous pare mon cousin.
- Son visage est d'une pureté sans égale, ses grands yeux couleur de châtaignes surmontant une bouche pulpeuse que je devine gourmande. Je n'ai qu'une hâte c'est de faire d'elle mon épouse et de pouvoir baiser son visage, y compris le grain de beauté qu'elle a au-dessus de son sourcil droit seule imperfection dans un visage si agréable. » Cita Fitzwilliam en laissant glisser le canon de son pistolet jusqu'à la zone dont il parlait.
Elizabeth commença à trembler, comprenant instinctivement qu'il était inutile de nier et tenta de refouler l'angoisse qui montait en elle, ne se souvenant que trop clairement de la dernière fois où elle avait été reconnue.
« Que me voulez-vous ? Je ferais ce que vous voudrez. S'empressa de dire Elizabeth, les scènes de luxure dont il semblait si friand à l'esprit.
- Ce que je veux ? Oh ma chère ne vous flattez pas je n'ai que faire d'une catin hors la loi. Non ce que j'aimerais savoir c'est-ce que Jack et vous espériez faire de ceci…. » Murmura-t-il en agitant le morceau de Conque manquant.
Elizabeth ne put se retenir et avança ses mains vers lui tandis que Fitzwilliam le mettait hors de sa portée et le posait sur le bureau.
« Voyez-vous la traîtrise semble être de mise partout y compris dans vos rangs. Mais enfin que pourrait-on attendre d'autre de la part de pirates ? »
Elizabeth le fixa, légèrement inquiète, tandis que Fitzwilliam continuait et prenait un plaisir manifeste à l'éclairer sur l'identité de celle qui les avait trahis.
« Lorsque cette idiote de pirate est venue m'avertir de votre venue. Elle m'a demandé ceci en paiement de ses informations. Expliqua-t-il en lui désignant la conque du menton.
- Anamaria … Murmura Elizabeth.
- Oui ! S'exclama joyeusement Fitz. Cette imbécile a eu la mort qu'elle méritait. Elle a beaucoup souffert mes chiens n'avaient pas mangés depuis des jours lorsque je leur ai donnée. »
Elizabeth déglutit et posa un regard effaré sur le lévrier qui, attaché à une courte laisse et assis aux pieds de son maître, attendait. Fitz suivit son regard et éclata de rire.
« Ne vous en faites pas je vous réserve un sort différent Elizabeth, après tout vous êtes la Reine des Pirates non ? »
Elizabeth ne put retenir un hoquet de frayeur alors qu'il continuait.
« Vous allez être l'attraction principale de ma soirée Elizabeth. Offerte à tous les désirs de mes invités. Mais il me faut vous prévenir certains d'entre eux ont des inclinaisons hors du commun. Prenez Lord Solo par exemple, il ne jouit qu'en voyant le sang couler. Lord Jolabki c'est en voyant sa femme se faire donner du plaisir par une autre femme. Et Sir Andrew aime voir ses chiens s'amuser. »
Elizabeth recula, tentant d'éviter le canon pointé sur son front.
« Pourquoi …. »
Fitz la regarda avec dégoût.
« Parce que les pirates sont la honte de notre société si bien ordonnée. Et parce que le père de Jack m'a humilié.
- Le capitaine Teague n'est pas le père de Jack. Tenta Elizabeth.
- Vous ne comprenez pas. J'ai du vivre des mois aux côtés de ce moins que rien, de cet imbécile de Sparrow qui se croyait capitaine alors qu'il n'a jamais été autre chose qu'un raté. »
Elizabeth ne répondit pas, son cœur battait à tout rompre dans sa frêle poitrine pendant que Fitzwilliam continuait.
« J'ai attendu des années durant. Et finalement ma patience a été récompensée … Je vais lui faire payer l'humiliation. » Sourit-il en entourant Elizabeth d'une corde épaisse.
Elizabeth sentit la corde l'étrangler et elle se tourna avec difficultés vers Fitzwilliam, les larmes aux yeux.
« Pitié … Mon fils … Je vous en prie … Mon enfant.. »
Fitz la regarda de haut et la gifla avec violence.
« Il fallait y penser avant. »
Le visage tuméfié, Elizabeth se tourna vers lui.
« Vous n'avez aucun honneur.
- Mon devoir est de châtier les pirates. Lui rétorqua Fitz, le regard empli d'une folie fanatique. Avec un traitement spécial pour toi. »
()()
Un pas pressé résonna dans le couloir et la porte s'ouvrit soudain à la volée, livrant le passage à Jack. Fitz sourit lentement et desserra le cran de sécurité de son arme, laissant le canon appuyé contre le front d'Elizabeth.
« Voilà notre second invité. Annonça-t-il d'un ton décontracté. Salut pauvre idiot. » Déclara-t-il en se tournant vers Jack.
Le pirate posa un regard dévoré par l'angoisse sur Elizabeth et regarda Fitz.
« Laisse la partir c'est moi que tu veux. »
Fitz éclata d'un rire mauvais et se retourna vers Jack.
« La laisser partir ? Libérer un pirate qui a conduit à la mort mon propre cousin ? Tu es décidément stupide Jack.
- James … James … a choisi sa mort ! » S'écria Elizabeth à demi étranglée.
Fitz la regarda et la repoussa à l'aide de son pistolet.
« James était trop sentimental et manquait de discernement envers les femmes. »
Jack blêmit et avança en direction de son ancien matelot.
« Tu ne ferais pas de mal à une dame. »
Fitz lui renvoya son regard souriant de manière désagréable.
« Ce n'est pas une dame. Ce n'est qu'une sale catin pirate. Cet idiot de James s'est peut être laissé prendre à son charme mais ce ne sera pas mon cas.
- Fitz espèce de lâche et d'idiot. Viens te battre. Le défia Jack à la surprise d'Elizabeth.
- Non. Je ne me bats pas avec la racaille … »
Jack se mordit les lèvres et regarda en direction d'Elizabeth avant de fouiller la pièce des yeux à la recherche d'une arme quelconque.
« Tu ne trouveras rien Jack. Mais je te promets que tu seras aux premières loges pour voir s'éteindre la Reine des Pirates. Après tout c'est elle l'attraction de ma soirée pas toi.
- Sale traître morveux ! » Hurla Jack en avançant vers lui.
Fitz appuya lentement sur la gâchette et Elizabeth poussa un gémissement terrifié qui stoppa net Jack.
« C'est mieux Jackie. Dis-moi où est ton navire ? Ironisa Fitz. Et qu'est devenue Bella ? »
Elizabeth vit le visage de Jack s'emplir de confusion et le pirate reprit d'une voix légèrement étranglée.
« Pourquoi me parles-tu de Bella. Si tu es si bien renseigné tu dois savoir qu'elle est morte non ? »
Fitz sourit et se tourna vers Elizabeth qui était toujours immobilisée par la corde passée autour de son corps dont les nœuds serrés l'étranglaient.
« Arabella était le second de Jack. Vous auriez du voir comme il lui tournait autour, il était pathétique avec ses airs mi fanfarons mi séducteurs. Il n'avait pas la moindre classe. Elle ne lui a jamais accordé un seul regard. » Expliqua-t-il.
Elizabeth secoua la tête sans comprendre tandis que Fitz continuait.
« Ses derniers mots ont été pour te maudire Jack. Pour te maudire de lui avoir volé l'homme qu'elle aimait. »
Elizabeth vit Jack blêmir tandis que le pirate reprenait d'un timbre froid.
« Comment connais-tu ses dernières paroles ?
- C'est simple. Sourit Fitz. Elle me plaisait beaucoup à moi aussi. Alors j'ai cherché et je l'ai trouvée… Figure toi que cette idiote m'a repoussé comme elle m'a dit l'avoir fait avec toi quelques mois plus tôt. »
Elizabeth frissonna de plus belle en lisant la mort dans les yeux de Jack.
« Que lui as-tu fait ? Demanda Jack d'une voix basse. Qu'as-tu fait à celle qui t'a sauvé la vie à maintes reprises ? »
Fitz eut un sourire suffisant et fixa Jack.
« Elle m'a dit qu'elle aimait son mari. Qu'elle ne voulait pas plus de moi qu'elle n'avait voulu de toi. Cette garce a osé nous comparer ! Alors j'ai essayé de la forcer mais elle a dit qu'elle attendrait son Billy jusqu'à sa mort et que son fils ne tarderait plus. Elle voulait que je sois parti lorsque son petit William rentrerait. Tu te rends compte ! Alors que cette garce n'était qu'un pirate, la fille de cette maudite Laura Smith dont j'ai fait couler le navire.
- Alors c'était toi …. Marmonna Jack. J'ai toujours su que la Fleur de la Mort avait été trahie. Qu'as-tu fait à Bella ? » Répéta-t-il d'une voix sourde.
Perdue, Elizabeth regarda Jack, les mots de Fitzwilliam résonnant dans sa tête.
« Qui était l'époux d'Arabella ? » Demanda-t-elle au même instant d'une voix blanche, le cœur serré alors qu'elle entrevoyait la vérité.
Fitzwilliam, se retourna brièvement vers elle et la fixa d'un air hautain.
« C'était Bill Turner. Répondit Fitz avec un plaisir manifeste. Le père de votre époux chère Miss Swann. Je l'ai égorgée lentement. Son sang a inondé le tapis de sa maison. Croyez-moi elle a regretté de vouloir rester fidèle à un pirate.
- NON ! Hurla Jack. Sale traître comment as-tu pu faire ça ? Bella était la plus douce, la plus humaine, la meilleure d'entre nous ! Comment as-tu osé lui faire du mal ! »
Sous le choc, Elizabeth lança un regard désorienté à Jack tandis que Fitz souriait désagréablement à son ancien compagnon.
« Arabella a fait le mauvais choix. Au lieu de rester fidèle à l'ordre et la loi, elle a préféré se tourner vers les moins que rien de pirate. Elle en a épousé un. Tout comme notre délicieuse Elizabeth qui était pourtant promise à un avenir brillant.
- Libère la … » Gronda Jack en avançant vers eux.
Fitz appuya le canon de son arme sur le front d'Elizabeth et pressa légèrement la détente.
« N'approche pas. Ou je lui fais sauter la cervelle. »
Indécis, Jack resta debout, il serra les poings devant son impuissance tandis qu'Elizabeth lui jetait un long regard terrifié.
« Dommage que tu n'aies plus la montre de ma sœur hein Jack ? Se moqua Fitz. Tu pourrais remonter le temps. Faire en sorte de ne pas être venu nous rejoindre.
- Ce que je regrette c'est d'avoir écouté Teague et de t'avoir épargné lorsque tu m'as trahi.
- Trahi ? Allons Jack, je n'ai jamais été de ton côté. Tu ne m'as JAMAIS commandé ! Si tu savais à quel point j'ai du me retenir pour ne pas te tuer alors que j'étais obligé de faire semblant de courber l'échine devant un minable dans ton genre.
- Je ne te laisserais pas gagner. » Déclara Jack d'une voix froide en se déplaçant légèrement.
Fitz lui fit un sourire désagréable.
« Il n'y a rien ici que tu puisses utiliser. J'y ai veillé. Quand à Miss Swann, Beckett lui a laissé plusieurs chances de sauver sa vie.
- Beckett … Murmura Jack.
- Oui l'homme idéal pour servir mes desseins. Il était prometteur et il te haïssait déjà pour je ne sais quelles raisons. Je n'ai eu qu'à faire en sorte qu'il soit promu et envoyé à Port Royal. Mais, revenons à Miss Swann. J'admets qu'il me déplaisait de voir mourir une femme de si nobles origines. J'ai donc demandé à Beckett de lui laisser une chance. Cet imbécile lui en a donné plusieurs. Mais malgré cette étrange générosité dont a fait preuve Beckett cette idiote a préféré ignorer nos propositions. Alors il est temps qu'elle en paie le prix. »
Affolée, Elizabeth commença à s'agiter et tenta de libérer ses mains étroitement entravées par la corde dont Fitz l'avait entourée. Ce dernier lui lança un petit regard amusé et reprit la parole d'une voix tendre.
« Natalia a toujours eu le sens de la mise en scène. Des plumes de cygne pour Miss Swann, la couleur de la pureté pour celle que nous sacrifierons ce soir.
- Sacri… quoi ! S'affola Jack tout en s'intimant intérieurement de se calmer.
- Voyons Jack. Tu sais comment ça fonctionne non ? Nous aimons à nous divertir. Le plus souvent une catin ramassée dans les rues de Londres suffit mais ce soir, c'est un met très spécial que je réserve à mes amis. J'étais jeune et inexpérimenté lorsque j'ai réglé mes comptes avec Arabella, je me suis laissé emporter. Mais depuis, Natalia m'a fait découvrir d'autres possibilités.
- Natalia. » Cracha Jack avec dégoût, fou de rage au souvenir des soupirs de plaisirs que la machiavélique Duchesse poussait encore dans ses bras à peine une heure plus tôt.
La bouche de Fitz se tordit dans un rictus malfaisant et il reprit d'un ton guindé.
« Assez parlé Jack. Tu as toujours trop parlé d'ailleurs. Pauvre petit pirate déçu par sa famille. Quand je pense au temps que tu as passé à pleurnicher sur ta haine des pirates alors que tu n'étais qu'un des leurs. »
Elizabeth terrifiée, continua à bouger ses mains, se coupant sur la corde trop serrée. Elle sentit le sang commencer à s'écouler des blessures qu'elle s'était infligées et continua son manège, espérant que le sang sur ses mains l'aiderait à se libérer tandis qu'elle rougissait sous la privation d'air, ses mouvements resserrant encore la corde autour de son cou.
Jack soupira et s'adossa brutalement au mur.
« Soit Fitzy. Tu as gagné fait d'elle ce que tu veux. » Commença-t-il.
Fitz haussa le sourcil.
« Pas à moi Jack je te connais.
- Tu me connaissais. Et tu as raison, j'avais le cœur tendre alors. Mais depuis je me suis rendu compte que la vie de pirate comporte certains risques et je ne suis pas disposé à en prendre pour Elizabeth. Déclara-t-il froidement en commençant à avancer vers la porte.
- RESTE ICI ! » Ordonna Fitz.
Jack se retourna vers lui, un sourire ironique aux lèvres.
« Tu n'as pas d'ordres à me donner Fitzy. Je suis capitaine. Toi tu n'es rien. » Souffla-t-il.
Fou de rage Fitz détourna son arme du front d'Elizabeth pour le mettre en joue. Un bref éclair satisfait brilla dans les yeux de Jack et avant que son ennemi ait eu le temps de comprendre qu'il venait de commettre une erreur, Jack bondit sur lui et le jeta au sol. Fitz essaya maladroitement de le mettre en joue sans succès pendant que Jack se battait avec l'énergie du désespoir et réussissait à lui faire lâcher prise sur le pistolet qui retomba à quelques mètres d'eux. Les deux hommes, à terre, se battaient avec hargne et Fitz chercha à atteindre le stylet qu'il portait en permanence sur lui.
Elizabeth, le cœur au bord des lèvres et le sang s'écoulant cette fois largement de ses poignets blessés mit à profit ce temps pour redoubler ses tentatives et finit par libérer une main puis l'autre. Sans ce soucier du sang qui laissaient de larges taches rouges sur sa robe et sur le tapis précieux de Fitz elle écarta la corde qui la retenait. Enfin libre, elle inspira une longue goulée d'air et se rua vers le pistolet pendant que le stylet de Fitz manquait l'œil de Jack de quelques centimètres. Les mains tremblantes, Elizabeth prit le pistolet et mit Fitz en joue. Sa main hésita alors que les deux hommes ne cessaient de bouger. Elle n'avait droit qu'à une seule balle. Elle le savait. Affolée elle regarda les deux hommes se battre alors qu'aucun des deux ne s'était rendu compte de sa liberté retrouvée. Fitz poussa soudain une exclamation de victoire après avoir cogné violemment la tête de Jack contre le bois dur du bureau qui ornait la pièce.
« Cette fois c'est la fin Jack. Commenta-t-il en levant son stylet pour frapper droit dans le cœur du pirate à demi sonné.
- Oui. Ça l'est. » Se contenta de dire Elizabeth en ajustant froidement son tir.
Fitz, surpris, se retourna vers elle juste au moment où elle tirait et la balle de la jeune femme le frappa en plein milieu du front. Un cercle rouge se forma rapidement là où la balle avait pénétré sa tête. Elizabeth le fixa alors qu'une expression d'incrédulité naissait sur le visage de Fitz et qu'il retombait en arrière les yeux grands ouverts.
« Pour toi Will… » Murmura-t-elle, se rappelant de l'émotion dans la voix de son mari lors de l'unique fois où il lui avait parlé de sa mère.
Will ne lui avait jamais dit comment elle était morte, ni même comment elle s'appelait. La seule chose qu'il avait dite, c'était qu'un soir en rentrant d'une partie de pêche il l'avait trouvée morte. Et qu'il avait toujours su que des pirates l'avaient tuée.
Un filet de sang le long du crâne, Jack se releva avec difficultés. Il écarta le corps de Fitz qui était retombé sur lui, notant au passage que le stylet était planté dans sa manche. Il avala brutalement sa salive en comprenant qu'il était passé tout près de la mort et tira son bras vers le haut, déchirant son costume pendant qu'Elizabeth, prise d'un brusque vertige, s'appuyait contre le mur. Jack tourna la tête vers elle en entendant un bruit de pas qui courraient dans leur direction.
« Un coup de feu ! Criait la voix inquiète de Natalia. FITZWILLIAM ! Répondez ! »
Jack se redressa et s'approcha d'Elizabeth, il la prit par la taille.
« Vite, faut pas rester là ! Viens ! »
Elizabeth se laissa emmener tandis que les pas se rapprochaient. Jack l'approcha de la fenêtre lorsqu'elle vit du coin de l'œil le morceau de Conque, toujours posé sur le bureau.
« William ! » S'écria-t-elle en réunissant ses dernières forces pour se jeter sur la Conque.
Elizabeth refermait ses doigts sur elle au moment où des hommes armés faisaient leur entrée dans la pièce, suivis par Natalia qui tenait un petit pistolet.
« FITZ ! » Hurla-t-elle à la vue du corps de son amant sur le sol, baignant dans son propre sang.
Jack poussa un cri étranglé en la voyant mettre en joue Elizabeth et se rua vers la jeune femme au moment où Natalia tirait. Sa balle fit exploser la fenêtre derrière eux.
« Tuez-les ! » Cria Natalia d'un ton de pure haine.
Jack n'hésita pas, il serra son bras autour de la taille d'Elizabeth et les projeta tout deux par la fenêtre à présent ouverte, insensible aux bouts de verres qui les meurtrirent.
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