Une fois sortie de la taverne, Elizabeth prit une grande bouffée d’air frais et s’élança dans le port animé. Elle fuyait la foule et chercha un endroit tranquille où laisser libre court à la peine qui lui soulevait le cœur. Hors d’haleine, elle déboucha finalement sur une anse rocheuse dont le seul attrait était son isolement qui correspondait parfaitement à ce qu’elle attendait. Sans se préoccuper de la marée montante ou des rochers acérés, Elizabeth s’installa sur la plage et se dissimula sous un rocher pour éviter les curieux.
Une fois installée, elle porta ses mains tremblantes à son visage et s’efforça de contenir les larmes qui menaçaient depuis le début de son aventure sur le Pearl. Le cœur serré elle pensa à son fils avant de se détourner. Elle vomit à grands traits le dégoût que lui inspirait ce qu’elle avait dû faire pour le sauver, cherchant à effacer de sa mémoire les halètements de Barbossa et la dernière relation qu’elle avait eu avec le vieux pirate. Une fois que ses vomissements furent taris, elle se laissa aller contre la roche et ses pensées la ramenèrent inexorablement vers Jack et leur récente conversation.
Elle avait été honnête du début à la fin. Jack lui faisait véritablement peur, une peur totale, irraisonnée qui la poussait à le repousser alors que son corps malmené lui criait d’accepter les caresses du pirate. Sauf que ce dernier était son compagnon de voyage et elle ne soupçonnait que trop bien quelle serait sa réaction si Jack débarquait à la première escale venue pour courir dans les bras d’une des catins de son goût. Elle ne le supporterait pas, elle ne le supportait déjà pas. En fait elle aurait presque été prête à remercier Barbossa pour l’avoir empêchée de faire ce qui aurait été une nouvelle erreur. Sauf qu’elle le désirait toujours. Et que son désir était à la hauteur de la crainte qu’il lui inspirait.
Elizabeth prit sa tête entre ses mains, les paroles cruelles mais justes que lui avait asséné Jack résonnaient dans ses souvenirs tout comme les mots alambiqués de Teague qu’elle avait semblant de ne pas comprendre. Faire l’amour avec Jack serait prendre un risque. Un de ceux qu’elle ne se sentait pas capable de prendre parce qu’elle savait qu’elle ne pouvait ni contrôler l’avenir, ni ses sentiments. Elle avait passé dix ans, voir même vingt à soupirer pour William Turner. Elle l’avait attendu dix années après leur mariage, s’était forgée une carapace contre toutes les tentations, dédaigné les hommes qui avaient l’audace de l’approcher et s’était s’éloignée de la mer et des pirates aux regards séducteurs. Chaque fois que le sacrifice lui avait paru trop grand ou trop difficile, elle avait puisé sa force dans le regard de son fils qui attendait lui aussi son père encore inconnu et sur la certitude forte et inébranlable que Will l’aimait autant qu’elle l’aimait.
Sauf qu’elle s’était trompée, douloureusement, cruellement et avait remis son cœur et sa confiance à un homme qui les avaient bafoués sous le prétexte d’un devoir à remplir. Elle avait fait semblant de comprendre parce qu’elle tenait trop à l’estime de Will pour risquer de la perdre comme elle avait perdu le reste des sentiments qu’elle pensait pourtant qu’il lui porterait toujours. Et à présent qu’elle était seule elle réalisait que la réalité de l’existence était fort éloignée des rêves qu’elle faisait lorsqu’elle était enfant puis jeune fille. Aucun amour n’était éternel. Et la souffrance que l’on éprouvait en se voyant dédaignée était un prix trop élevé pour quelques heures de bonheur illusoire et de satisfaction incomplète des désirs charnels.
Sa relation avec Barbossa lui avait fait réapprendre le plaisir fugace qui précède la frustration et elle ne doutait pas d’y succomber à nouveau, n’ayant plus la moindre raison de demeurer chaste et fidèle à un mari qui l’avait quittée après qu’elle lui ait tout sacrifié. Mais pas avec Jack. Parce que Jack avait représenté sa plus grande tentation face à Will. Parce qu’elle l’avait fui durant des années de peur de lui céder dans un moment d’égarement et de condamner Will à une éternité à la barre du Hollandais Volant ce qui, ironiquement, avait été inutile puisqu’il avait préféré s’y condamner tout seul. Et surtout parce que Jack faisait battre son cœur plus vite qu’elle ne pouvait le permettre.
Sauf qu’elle en avait désespérément envie. Même si elle savait au fond d’elle-même qu’un Jack Sparrow n’avait rien de commun avec un Will Turner. Contrairement à Will, Jack était menteur, voleur, tricheur. Infidèle et incapable de s’attacher à autre chose qu’à son navire. Il passait de femmes en femmes comme un moineau volette de branches en branches, s’y attardant parfois avant de repartir dès les premières feuilles roussies par l’automne. Elle savait déjà qu’elle ne pourrait ni le retenir, ni supporter de se retrouver abandonnée une nouvelle fois. Pas après Will.
Un moment, elle songea à Jones, elle comprenait à présent la douleur qui avait été la sienne en découvrant qu’au terme de dix ans de bons et loyaux services, sa Calypso n’était pas là pour le délivrer de sa charge. Finalement c’était un peu ce qui lui était arrivé. Elle avait porté sa charge à sa manière, attendant avec impatience de goûter aux retrouvailles avec Will. Mais le moment venu, il n’était pas là ou plus là. Ce qui revenait au même. Si elle ne s’était pas arraché le cœur, c’était à cause de son fils, parce qu’elle ne voulait pas qu’il perde sa mère et son père le même jour.
Elizabeth regarda le soleil décroître lentement à l’horizon et se demanda où était son fils avant de se remémorer les termes de son accord avec Calypso. La Conque en échange de quoi elle prendrait la place de William. Elle ne le verrait plus grandir mais elle saurait que quelque part, il serait libre et heureux pendant qu’elle assumerait la charge qui tenait tellement à cœur à Will. Et elle finirait ainsi, ni tout à fait morte, ni tout à fait vivante jusqu’à ce que quelqu’un la libère en poignardant son cœur. Elizabeth passa sa main sur son front et soupira longuement en pensant à Jack dans la taverne, elle l’imagina au bras des deux donzelles, le sourire charmeur. Elle se laissa aller en arrière, amère à l’idée qu’il allait se jeter dans leurs draps sans se poser de questions avant de se relever brutalement. Teague avait raison. Elle était lâche. Lâche de ne même pas assumer son désir pour Jack par crainte d’en tomber amoureuse et se retrouver un petit matin le cœur en miettes. Quelle importance finalement puisqu’elle avait d’elle-même lié son destin au Hollandais Volant et que le moment venu, son cœur et ses blessures lui seraient arrachés.
Un peu triste à l’idée du destin qu’elle s’était tracé, Elizabeth songea brusquement qu’elle ne voulait pas avoir des regrets. Elle était un pirate et il était temps qu’elle agisse comme tel et prenne ce qu’elle pouvait avant de tourner définitivement le dos à cette vie. Jack avait raison, elle se terrait et s’empêchait de vivre alors qu’il lui restait si peu de temps. Et puis, même si ils parvenaient à utiliser la Conque contre Calypso, même si elle cédait à son désir, même si Jack lui brisait le cœur. Elle saurait, elle aurait essayé.
Forte de la décision qu’elle venait inconsciemment de prendre, Elizabeth se leva et courut vers la ville, ses bottes claquant contre le sol au même rythme effréné que son cœur.
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Elle avait utilisé l’argent que Jack lui avait donné pour louer une chambre et avait puisé dans sa réserve personnelle, qui consistait en une bourse malencontreusement empruntée à Barbossa, pour s’offrir une robe. Se sentant ridicule mais curieusement en paix avec elle-même, Elizabeth se regarda dans le miroir et sourit de voir le jupon de dentelle tourner autour d’elle. Bien entendu, la robe n’avait rien à voir avec les étoffes fines et satinées qu’elle avait portées durant toute sa jeunesse à Port Royal mais elle se surprit à apprécier le bleu clair de la robe et son décolleté un peu trop audacieux pour convenir à une dame respectable. Mais, après tout, qui pouvait encore penser qu’une femme pirate l’était ?
Les mains moites, Elizabeth pénétra dans la taverne, elle releva fièrement le menton en sentant sur elle les regards intéressés des hommes et ceux, envieux, des femmes trop fardées qui peuplaient l‘endroit. Le cœur battant, elle ignora les mains grasses qui se tendaient vers elle et s’approcha de Jack, qui, le nez plongé dans le décolleté d’une fille semblait fort apprécier la soirée.
« Bonsoir Jack. » Déclara-t-elle d’une voix qui tremblait un peu.
Le pirate s’immobilisa et se retourna lentement, il grimaça de surprise en la découvrant
« Vous êtes tombée sur la tête ou quoi ? Gardez ça pour Londres. » Lui dit il d’une voix avinée tandis que la fille l’attirait possessivement à elle et l’embrassait à pleine bouche.
Écœurée et se sentant plus humiliée que jamais, Elizabeth tourna les talons vivement, elle se précipita vers la porte et s’arracha aux mains remplies de convoitise des hommes.
« Lâchez-moi. Cracha-t-elle alors qu’une poigne de fer la tirait en arrière.
- Pas tant que vous ne m’aurez pas dit pourquoi vous êtes venue habillée ainsi. Rétorqua Jack d’un ton coupant.
- Ça n’a aucune importance. Répondit Elizabeth.
- Ça en a pour moi. Lui rétorqua Jack en la plaquant contre le mur. C’est tout ce que vous avez fait de l’argent que je vous avais donné ?? Vous achetez une, une robe ! Même si cette dernière vous va divinement mieux que les oripeaux que vous vous entêtez à porter j’aimerais comprendre … Vous vous cherchez un nouvel associé ?
- Goujat ! S’énerva Elizabeth en levant la main pour le frapper.
- Apparemment non. Déduisit Jack en bloquant son bras, ses yeux faisant des allers retours nerveux de son visage à son décolleté. Alors expliquez-moi … »
Elizabeth détourna le visage, mortifiée.
« Je voulais juste et bien suivre votre conseil et profiter un peu de la soirée. Attendu que nous nous partirons de toute manière pas avant demain. » Répondit-elle.
Le regard de Jack s’alluma brièvement et il lui sourit.
« Alors vous vous décidez enfin … Auriez-vous compris que rester murée dans votre chagrin ne ramènera pas votre fils plus vite ?
- Et bien disons que je n’avais pas envie de passer la soirée seule enfermée dans une chambre sordide à ressasser tout ce que j’ai perdu Répondit Elizabeth tandis que Jack l’entraînait vers une table.
- Nous allons boire à ça ! » S’exclama-t-il joyeusement en faisant signe à la serveuse tandis qu’Elizabeth sentait un petit frisson de fierté la traverser devant le regard dépité de la catin oubliée.
Jack se laissa tomber en face d’elle et la regarda, les yeux brillants.
« Vous étiez occupé. Commença Elizabeth.
- Je préfère votre compagnie trésor et je n’ai pas envie de vous voir déclencher une bagarre. Répondit Jack.
- Je ne suis pas venue pour que vous veilliez sur moi. » Se rebiffa Elizabeth.
Jack éclata de rire.
« En fait c’est surtout aux autres que je pensais Elizabeth. Je crois que vous savez très bien vous débrouiller seule.
- Pas si bien que ça, si j’en juge par ce qui s’est passé avec Barbossa. » Soupira tristement Elizabeth.
Jack se crispa quelques instants et se pencha vers elle.
« Vous n’avez pas à avoir honte. Vous vous êtes battue avec les armes dont vous disposiez. Faire mine de vous soumettre était un bon choix. Si vous ne l’aviez pas fait vous seriez dans le lit d’un prince arabe et je serais mort. »
Elizabeth soupira et tourna la tête.
« Je pensais qu’il n’aurait pas le temps de me toucher. Qu’il me détacherait pour faire cette chose et qu’ainsi je pourrais, je ne sais pas
- L’attacher au mât en attendant qu’une grosse bête vienne le dévorer ? Suggéra Jack. Vos plans manquent d’originalité trésor. »
Elizabeth accusa le coup un bref instant avant de s’apercevoir avec soulagement que Jack plaisantait.
« C’était l’idée. Sauf que je pensais pouvoir remplacer la grosse bête avec une épée… » Sourit-elle.
Jack lui sourit en réponse et poussa un verre dans sa direction, l’invitant à boire.
« C’est fini à présent, on s’en est sorti et en pleine forme qui plus est. Alors je vous suggère de penser à autre chose trésor.
- Ce n’est pas si facile. » Murmura Elizabeth.
Jack soupira et se pencha vers elle, l’air sérieux.
« Lizzie, je sais ce que Barbossa vous a fait. Commença-t-il avec une retenue qui surprit Elizabeth. Je, ce n’est pas toujours comme ça, c’est juste que cet homme est un porc, il l’a toujours été. »
Elizabeth rougit violemment et détourna le regard, gênée.
« Comment, comment avez-vous su ? »
Jack soupira légèrement, il hésita un instant entre le mensonge et la vérité crue, à savoir que ses cris avaient résonnés dans tout le navire, chaque homme du Pearl pouvant aisément deviner ce qui se passait.
« Je connais Barbossa depuis des années trésor, et aussi ses goûts dans ce domaine. Soupira-t-il, optant pour le mensonge
- Oh… Rougit Elizabeth, troublée au souvenir de ce que Barbossa lui avait dit sur Jack et sur cette pratique. Je, je vois. »
Jack détourna le regard un bref instant et comprit qu’elle n’avait sans doute pas du savoir à quoi s’attendre jusqu’à ce que Barbossa agisse. Un silence gêné s’installa entre eux et une pensée en entraînant une autre, Jack reprit brutalement.
« Comment va votre épaule ? »
Elizabeth grimaça et secoua la tête.
« C’est pas très beau. Murmura-t-elle. Et c’est un peu chaud … »
Jack soupira et se pencha sur elle.
« Pourquoi ne pas me l’avoir dit ? »
Elizabeth baissa la tête et sa respiration s’accéléra brutalement.
« Parce que je n’en ai pas eu l’occasion. Mentit-elle les joues rouges au souvenir de la dernière fois où Jack lui avait dispensé ses soins et où il l’avait entraînée plus loin qu’elle ne l’aurait pensé.
- Et bien nous allons voir ça, laissez-moi vous trouver une chambre et nettoyer votre blessure.
- Je préfère pas. » Souffla Elizabeth.
Jack se crispa alors qu’il accusait ce qui ne pouvait être qu’un rejet.
« Je ne suis pas Barbossa, je pensais que c’était clair entre nous. Je ne vous toucherais pas sans votre accord Lizzie. Mais je ne vous promets pas de ne pas essayer de l’obtenir. » Sourit-il.
Elizabeth se mordit la lèvre nerveusement, elle s’imagina un instant dans les bras de Jack tandis que ce dernier la couvait d’un regard brûlant et souriait en se représentant sans peine le cheminement de ses pensées. Les mains légèrement tremblantes, Elizabeth se saisit de son verre et le but d’un trait, grimaçant sous la brûlure du rhum.
« Pourquoi y tenez-vous tellement Jack ? » Demanda-t-elle finalement.
Cette fois, ce fut au tour de Jack de paraître gêné et il évita son regard.
« Je ne vois pas de quoi vous voulez parler.
- Je crois que si au contraire. Je veux dire pourquoi perdez-vous votre temps à rester avec moi alors qu’il y a dans cette taverne au moins cinq femmes prêtes à finir la nuit dans votre lit ?
- Seulement cinq ? » Plaisanta Jack avant de soupirer en comprenant qu’elle n’abandonnerait pas si facilement.
Elizabeth le regarda avec attention et Jack, résigné, se décida à lui répondre.
« Parce que je vous trouve plus intéressante que ces filles, je sais que vous êtes comme moi, un pirate. Et parce que je me rappelle avoir menacé une jeune fille de Port Royal et qui m’a défié au lieu de s’évanouir. Ça m’a plu. »
Elizabeth sourit légèrement et se pencha sur son verre avec un air de regrets.
« Cette jeune fille est loin maintenant…
- Combien plus loin ? Lui susurra Jack d’un ton joueur.
- Jack. Je ne serais plus jamais cette jeune fille. Je suis mère et épouse à présent.
- Vous êtes veuve mon ange. Et être mère ne fait pas de vous une de ces femmes d’intérieur qui passent leurs journées à broder. »
Elizabeth sourit tristement.
« Pourtant c’est ce que j’ai fait pendant dix ans.
- Parce que vous avez choisi de vous retirer du monde pour attendre votre stupide forgeron. Lizzie vous êtes un pirate et si j’en juge par ce que j’ai vu, vous êtes toujours Seigneur et Roi. Que comptez-vous faire une fois votre fils libéré ?
- Je ne sais pas. J’avais pensé récupérer l’Empress peut être. Mentit Elizabeth en repoussant loin d’elle l’idée qu’il n’y aurait peut-être pas de lendemain pour elle.
- Un bon choix. » Approuva Jack en lui resservant à boire.
Savourant de se retrouver sains et saufs dans une taverne, Jack et Elizabeth bavardèrent longtemps, buvant rhum après rhum tandis que Jack se lançait dans une série d’histoires toutes plus incroyables les unes que les autres. Elizabeth éclata de rire une nouvelle fois alors qu’il lui racontait comment il avait réussi à se faire passer pour un prêtre et secoua la tête.
« Je suis sûre qu’aucune de ces histoires n’est vraie. Affirma-t-elle.
- Mais elles vous font rire. Souligna Jack en souriant. Et elles sont toutes vraies trésor, ou presque… »
Elizabeth sourit joyeusement et se pencha sur son verre, le regard un peu vague.
« Merci Jack. Je passe une excellente soirée.
- Je crains que nous ne devions dormir à la belle étoile cette nuit. Sourit Jack en regardant par la fenêtre et en constatant que la nuit était à présent épaisse. Nous pourrions trouver une plage et faire un feu.
- J’ai loué une chambre. Dit Elizabeth à toute vitesse. Avec l’argent que vous m’avez donné. »
Jack lui sourit et se pencha vers elle.
« Et seriez-vous prête à la partager avec moi ou dois-je dormir seul à la belle étoile ? A moins que je ne trouve une tortue de mer sous la carapace de laquelle je pourrais me glisser. » Plaisanta Jack.
Elizabeth hésita tandis qu’il buvait à grands traits avant de la regarder.
« Et si je vous promets de bien me conduire ? Lui demanda Jack avec un sourire qui laissait présager le contraire.
- Je crains que vous en soyez incapable. Murmura-t-elle en rougissant sous l’ardeur de son regard.
- Prenez le risque. » Lui suggéra Jack.
Elizabeth hésita encore, les yeux fixés sur son verre, elle mourait d’envie d’accepter mais craignait de le faire
« D’accord … Après tout, le lit est immense alors je pense que ça devrait convenir. » Dit-elle finalement.
Jack la fixa avec une étincelle joyeuse dans le regard et Elizabeth ne put retenir un petit sourire. Le pirate se pencha sur elle pour lui parler mais un homme aviné traversa soudain la pièce tandis qu’une bagarre éclatait.
« Elle est loin cette chambre ? Demanda Jack en ramassant son tricorne
- Pas trop non. » Répondit Elizabeth en se levant par automatisme pour le suivre.
Jack ramassa la bouteille de rhum avec un sourire et se dirigea vers la sortie. Il louvoya aisément entre les combattants et ramassa au passage une bourse abandonnée.
()()
Une fois dehors, Jack se tourna vers Elizabeth qui se contenta de traverser la rue, et de faire quelques mètres avant de s’engager dans un établissement vieillot. Quelques instants plus tard, ils pénétraient dans la chambre et Elizabeth à qui la pièce avait paru immense quelques heures plus tôt eut soudain l’impression que les murs s’étrécissaient autour d’eux. Prenant une nouvelle gorgée de rhum, Jack s’assit sur le lit et commença à enlever ses bottes et ses ceintures tandis qu’elle le regardait sans bouger.
« Allons Lizzie. Enlevez cette robe et venez-vous coucher, nous avons une longue journée qui nous attend demain. »
Avec une impression d’irréalité, Elizabeth obéit et défit d’une main tremblante les lacets de sa robe tandis que Jack la regardait avec un plaisir mal dissimulé. Songeant que c’était une mauvaise idée, la jeune femme crispa ses doigts sur la robe sans parvenir pas à la défaire. Avec un soupir, Jack s’approcha d’elle et en profita pour se débarrasser de sa chemise.
« Laissez-moi faire Lizzie, j’en profiterais pour jeter un œil sur votre marque. »
Elizabeth se retourna brièvement vers lui, un peu effrayée.
« Détendez-vous trésor. Murmura Jack d’une voix caressante en défaisant d’une main habile les lacets de sa robe qui retomba sur le sol dans un froissement de tissu
- Jack vous avez promis. Protesta Elizabeth d’une voix tremblante.
- Je ne fais que regarder votre marque. » Souffla-t-il dans son cou en se penchant sur le P de pirate encore un peu rouge qui se détachait nettement sur la peau pâle d’Elizabeth.
Avec un soupir il déposa un léger baiser sur sa marque et glissa ses mains autour de sa taille alors qu’il laissait sa bouche errer sur sa peau.
« Votre peau n’est pas si chaude. Murmura-t-il. Est-ce que c’est douloureux ? Lui demanda-t’il tout bas en déposant un nouveau baiser sur son épaule
- Non. Répondit Elizabeth d’une voix tremblante. Je, je vais bien maintenant.
- Laissez-moi-vous séduire Lizzie… Pour cette nuit. Laissez-moi m’occuper de vous, vous faire oublier quelques heures. » Soupira-t-il d’un air tentateur en glissant ses lèvres dans son cou.
Elizabeth frissonna et ferma brièvement les yeux tandis que les mains de Jack caressaient sagement ses hanches à travers l’étoffe. Son cœur accéléra brutalement et elle se recula, ignorant les protestations de son corps qui la poussait à rester blottie contre lui. Elle réajusta nerveusement sa chemise sur son épaule et se retourna vers lui, elle déglutit en se découvrant à quelques centimètres de sa bouche. Elle le regarda, un peu étourdie par sa proximité et par le rhum qu’elle avait bu. Jack s’approcha encore d’elle, sa main glissa légèrement dans ses cheveux tandis qu’il la forçait à s’approcher de lui.
« J’ai très envie de vous Lizzie. Murmura-t-il contre ses lèvres, se contentant de les frôler. Depuis le premier jour … Ajouta-t-il d’une voix rauque.
- Jack. Gémit-elle en se sentant flancher.
- Je ne vous ferais pas de mal. Affirma Jack. Vous en avez envie, vous me désirez je le sais…
- Je… Commença Elizabeth sans réussir à protester alors qu’il caressait son visage avec un sourire.
- Il n’y a que vous et moi dites que vous me désirez pas et je vous laisse tranquille. »Murmura Jack.
Le cœur battant, Elizabeth sentit son souffle sur son visage tandis qu’il se rapprochait inexorablement et ses lèvres s’entrouvrirent alors qu’elle renonçait à lutter et avançait instinctivement vers lui. Avec un léger soupir, Jack glissa son bras autour de sa taille et se pencha vers elle pour l’embrasser lentement. Elizabeth sentit son cœur battre plus fort et elle noua ses bras autour du cou de Jack, se blottissant contre son torse. Il la serra plus fort contre lui en réponse et continua à l’embrasser, prenant son temps alors qu’il savourait ses lèvres sous les siennes. Finalement il rompit leur baiser à regret et la regarda avec douceur, guettant sa réponse.
« Séduisez-moi… » Murmura finalement Elizabeth en posant sur lui un regard altéré par le désir.
Jack lui sourit et la souleva brutalement dans ses bras. Il la porta sur le lit et l’y déposa avec précaution avant de l’embrasser de nouveau. Ses mains soulevèrent habilement sa chemise pour la faire passer au-dessus de sa tête, rompant brièvement leur baiser pour l’en débarrasser. Les sens enflammés, Elizabeth s’avança vers lui, ses mains glissèrent jusqu’à son pantalon pour le lui enlever. Jack soupira avec langueur avant de lui immobiliser les mains et les retirer doucement.
« On a le temps. » Murmura-t-il en caressant ses cuisses du bout des doigts.
Elizabeth ferma les yeux et savoura la caresse tandis qu’il effleurait son intimité et y glissait un doigt tandis qu’il s’allongeait sur elle, embrassant sa poitrine avant de descendre en déposant de légers baisers le long de son ventre. Elizabeth poussa un gémissement surpris en sentant ses lèvres chaudes se refermer sur son intimité humide de désir, sa langue se fraya un passage en elle avant de ressortir pour la caresser légèrement puis il appuya un peu plus ses pressions, allant et venant sur elle avant de s’introduire légèrement pour ensuite repartir.
Le cœur battant à exploser, Elizabeth crispa ses doigts sur les draps et se cambra vers lui dans une invitation évidente.
« Oh. » Haleta-t-elle tandis que Jack continuait avec une lenteur exaspérante, sa langue allant et venant sur elle
Incapable de penser à autre chose, Elizabeth sentit une vague de plaisir monter brutalement en elle et se mordit les lèvres pour étouffer un cri. Jack s’en aperçut et s’immobilisa un instant, s’écartant d’elle.
« Laisse-toi aller. » Murmura-t-il.
Elizabeth sentit à nouveau son souffle chaud sur elle et gémit bruyamment alors qu’il embrassait son intimité à pleine bouche, sa langue se glissa en elle une fois de plus et la caressa avec habileté. La jeune femme se cambra à son contact et poussa un cri alors qu’il lui semblait que quelque chose se rompait brutalement en elle et se déversa sur la langue de Jack. Avec un soupir, il s’immobilisa et laissa sa bouche appuyée contre elle tandis qu’elle était agitée par des soubresauts, son cœur battant plus vite que jamais sous l’effet du plaisir.
La respiration coupée, Elizabeth décrispa ses doigts et rougit brutalement en comprenant qu’elle venait de l’inonder de, de elle ne savait pas trop quoi. Rouge de honte, elle se releva légèrement tandis que Jack s’écartait et remontait vers son visage.
« Mon dieu Jack… Je suis désolée, je ne voulais pas. Je ne comprends pas ce qui s’est passé, je » Balbutia Elizabeth mortifiée.
Jack sourit et posa un doigt sur ses lèvres pour lui intimer le silence.
« Tu es délicieuse Lizzie. Murmura-t-il. Et tu n’as pas à t’inquiéter pour ça, j’avais envie de te goûter. » Souffla-t-il avant de l’embrasser passionnément.
Un peu rassurée, Elizabeth glissa ses bras autour de sa nuque et répondit à son baiser, elle s’aperçut avec surprise que sa bouche avait un goût plus salé avant de réaliser que c’était elle-même qu’elle goûtait sur ses lèvres. Elle se tendit brutalement en sentant le sexe de Jack cogner contre son ventre, tandis qu’il se reculait pour défaire son pantalon et exhiber fièrement une verge longue et durcie.
« Ma Lizzie. » Souffla Jack en s’abattant sur elle.
Elizabeth sentit une nouvelle de vague de désir déferler en elle et gémit alors qu’il se guidait en elle, s’enfonçant avec douceur avant de s’immobiliser, le visage tendu. L’instant d’après il commença à bouger, ses coups de reins accélérant peu à peu tandis qu’il reprenait sa bouche avant de la libérer, les yeux à demi fermés sous l’effet d’un plaisir évident.
« Oui. » Souffla Elizabeth en le sentant accélérer, la comblant plus qu’aucun de ses maigres amants ne l’avait jamais fait.
Jack soupira en réponse et se releva légèrement tandis qu’il lui donnait une puissante poussée. Elizabeth se sentit à nouveau perdre pied, ses parois se resserrèrent sur lui alors qu’elle criait à nouveau de plaisir. Jack se crispa brutalement en la sentant l’emprisonner et il poussa un râle rauque, jouissant en elle à son tour. Essoufflé, il ressortit lentement et se laissa tomber à ses côtés avant de la serrer dans ses bras.
Tremblante, Elizabeth s’efforça de maîtriser les battements de son cœur et se blottit contre lui, un peu étourdie par le plaisir intense et inattendu qu’elle avait ressenti. Au bout d’un moment la respiration de Jack se fit plus régulière et il l’embrassa doucement dans le cou.
« Fatiguée ? Lui demanda-t-il
- Je … je ne sais plus… Répondit Elizabeth.
- Jusqu’à quelle heure la chambre ? Lui souffla Jack.
- Je l’ignore… Je, le soleil va bientôt se lever. Observa Elizabeth d’un ton rempli de regret, un pincement au cœur à la pensée que la nuit finissait trop vite.
- Et alors ? Murmura Jack en glissant ses mains sur elle. Nous avons le temps trésor. » Ajouta-t-il en l’embrassant.
Elizabeth sourit sous sa bouche en le sentant à nouveau durcir, elle ferma les yeux et se laissa aller au plaisir tout nouveau pour elle. La nuit n’était pas finie.
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