Les heures qui suivirent la disparition de William et la mort de Will se passèrent dans un brouillard flou pour Elizabeth Turner. La jeune femme se trouva dans un premier temps incapable de faire autre chose hormis pleurer. Un long moment, elle caressa l'idée de courir jusqu'à la plage pour s'enfoncer dans les flots bleus de la mer qui bordait son île jusqu'à ce que ceux-ci la submergent et lui apportent la mort qui lui permettrait de rejoindre son petit William. Mais ce n'était pas une solution, parce que si elle disparaissait personne ne pourrait libérer son fils de son esclavage.
Essuyant les larmes de son visage d'une main poisseuse du sang qui s'était écoulé de son fils lorsque Bill le Bottier lui avait arraché le cœur, Elizabeth avança vers la plage, la rage au ventre. Sa longue robe de nuit blanche flottant au vent et les cheveux emmêlés, elle se posta sur le sable et hurla sa haine et son désespoir à la seule personne qui pouvait lui rendre son fils: la déesse Calypso.
« CALYPSO ! Vous m'avez trompée ! Vous m'avez volé mon enfant ! Calypso ! » Hurla-t-elle à s'en briser la voix.
Finalement une forme indistincte se matérialisa à la surface de l'eau et Elizabeth regarda avec haine la déesse s'approcher d'elle.
Calypso jaugea avec un sourire cruel la mère éplorée qui l'appelait depuis des heures elle se pencha sur elle et gronda d'une voix d'outre-tombe.
« Que me veux-tu Elizabeth Turner ? N'ai-je pas respecté ma promesse ? Ne t'ai-je pas rendu ton époux au bout de dix années de fidèle attente ?
- Mon fils. Commença Elizabeth d'une voix tremblante. Ils ont emmené mon fils.
- Il a poignardé le cœur. Répondit Calypso d'une voix traînante. Celui qui poignarde le cœur devient capitaine du Hollandais Volant. Il en a toujours été ainsi.
- Ce n'est qu'un enfant ! Il a neuf ans. Je, prends moi à sa place. »
Un long ricanement secoua la silhouette de la déesse.
« Non Elizabeth Turner. Ce n'est pas ainsi que les choses doivent se passer… A moins que tu ne veuilles à ton tour poignarder le cœur de ton fils. » Suggéra Calypso en lui montrant le coffre sur lequel Elizabeth avait veillé dix ans durant.
La jeune femme ne put maîtriser son élan et sur précipita sur la déesse qui s'empressa de mettre le coffre hors de sa portée.
« Non Elizabeth. Je ne te le donnerais pas. Qu'en ferais-tu ?
- C'est mon fils. Murmura Elizabeth d'une voix brisée. Laissez-moi prendre sa place.
- Pour chaque chose que l'on désire il y a un prix à payer Elizabeth Turner… »
Elizabeth blêmit et regarda Calypso.
« Que voulez-vous en échange de la vie de mon enfant ?
- Ce que je désire. Oh chérie c'est très simple. Je veux la conque d'or fin que Poséidon a confiée à Triton il y a des siècles.
- Une, une conque ? Juste une conque et mon fils sera libre ?
- Ce n'est pas juste une conque. Murmura Calypso. Son chant est magique et amènera à moi les créatures de la mer, elle les forcera à m'obéir de nouveau …
- Où est-elle ?
- Crois tu que je te la demanderais si je savais où elle se trouve ? Trouve la conque et ton fils sera libre ou bien continue à attendre comme tu l'as fait durant ces dix années écoulées en espérant que l'amour d'une mère soit suffisant pour libérer ton fils. »
Elizabeth serra les poings de rage et fixa Calypso.
« Libérez William et je me charge de la conque.
- Non chérie. Trouve la conque si tu le peux. Et alors ton fils sera libre d'aller et venir dans ton monde. Du moins, s'il n'a pas perverti sa mission. » Ricana Calypso.
A ces mots, Elizabeth commença à trembler et songea à ce qu'était devenu Davy Jones lorsqu'il avait cessé de guider les âmes vers l'autre monde.
« Il n'a que neuf ans ! S'écria-t-elle d'une voix désespérée. Comment pouvez-vous exiger de lui qu'il se conforme à une tâche dont il ignore tout ! C'est cruel et injuste !
- C'est la vie qui est cruelle chérie. Les hommes, les pirates qui se voulaient les maîtres de l'océan ont bousculé l'ordre des choses. Ils ont emprisonné des années durant celle qui aurait dû régner sur les mers. »
Effarée, Elizabeth recula.
« Vous, vous aviez prévu ça dès le premier jour. Vous saviez que Will n'abandonnerait pas ces âmes.
- C'était son destin chérie. Tu n'avais pas le droit de t'interposer, à présent tu en paies le prix.
- Mais William est innocent ! Plaida encore une fois Elizabeth. Punissez-moi mais épargnez mon fils. Il n'a rien fait.
- Il a poignardé le cœur. Ce cœur sur lequel tu avais promis à ton époux de veiller. Ne m’accuse pas de tes erreurs Elizabeth Turner. Toi seule es responsable. Lui asséna Calypso avant de disparaître.
- NON ! WILLIAM NON ! Hurla Elizabeth à demi hystérique cette fois. JE NE TE LAISSERAIS PAS ! »
Épuisée, Elizabeth se laissa retomber sur la plage, et subit une nouvelle crise de sanglots incontrôlables alors qu'elle réalisait que Calypso avait raison. C'était sa faute. Elle n'avait jamais expliqué à William l'importance du coffre pas plus qu'elle ne l'avait surveillé, trop peinée par le départ de Will pour s'en soucier. Une seule erreur en dix ans, une unique faute qui lui coûtait à présent la liberté de son enfant …
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Trempée, Elizabeth finit par reprendre le chemin de la maison désormais vide dans laquelle elle avait été heureuse aux côtés de son fils. Comme dans un brouillard, sans prendre la peine de s'assurer que personne ne s'y trouvait elle se dirigea vers sa chambre. Elle se nettoya et s'habilla par automatisme avant de s'emparer de l'épée qui gisait, abandonnée dans un coin de la pièce depuis des années. Avec des gestes précis, Elizabeth l'attacha à sa ceinture et enfonça son vieux tricorne défraîchi sur son crâne avant de sortir de la maison sans prendre la peine de refermer la porte. Elle ne reviendrait jamais plus ici. Sans un regard en arrière, Elizabeth Turner dévala la colline jusqu'au port voisin où elle n'allait que très rarement. Elle devait trouver la conque. Et pour la trouver il n'y avait qu'un seul moyen : s'emparer du compas magique de Jack Sparrow …
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A bord du Hollandais Volant, William reprit lentement conscience et une douleur aigue vrilla son torse. Le petit garçon battit des paupières avant de reculer, apeuré, en voyant des visages inconnus penchés sur lui.
« Maman ? Demanda-t-il d'une voix tremblante. Où est ma maman ! Que lui avez-vous fait ? » Cria-t-il en se précipitant vers l'homme le plus proche de lui pour le frapper.
Bill le Bottier reçut le petit garçon dans ses bras, les larmes aux yeux alors qu'il serrait pour la première fois son petit-fils contre lui.
« Je suis désolé William. » Murmura-t-il, choqué par la découverte que celui qui avait tué son fils n'était autre que son propre enfant.
William se débattit en hurlant, terrifié à l'idée d'avoir été enlevé.
« Ma maman est la reine des pirates ! Et mon papa le capitaine du Hollandais Volant. Ils vous trouveront et ils, ils... Commença-t-il rapidement à court d'idées quand à ce que ses parents pourraient faire à ses ravisseurs.
- Ils ne feront rien. Annonça une femme majestueuse de laquelle les marins s'écartèrent avec un mélange de respect et de terreur.
- Calypso… » Murmura Bill le Bottier en serrant William contre lui.
William lui-même garda un moment le silence avant d'éclater en sanglots.
« Je veux maman.
- C'est impossible William Turner. Répondit Calypso avec un plaisir évident. Tu as poignardé le cœur de ton père et tu t’es condamné toi-même à accomplir sa tâche sur les flots. »
William secoua la tête ce qui fit voler ses longs cheveux bruns.
« Ma maman me laissera pas. »
Calypso le toisa et évalua le petit garçon.
« Elle ne peut rien faire chéri. Ta maman est morte …
- Non ! » Protesta Bill d'un ton coupable tandis que de nouvelles larmes se formaient dans les yeux de William.
Calypso, le regard grave, se pencha sur le petit garçon qui pleurait à chaudes larmes.
« Pour toutes les erreurs que l'on commet, il y a un prix à payer William. Te voilà Capitaine à jamais guide les âmes des défunts jusqu'à leur dernière demeure.
- NON ! S'écria Bill. Prenez-moi à sa place !
- Maman. Répéta William d'une voix triste, laissant ses larmes rouler sur ses joues.
- Les âmes attendent leur guide William… » Murmura Calypso.
Elle le prit par l'épaule et le força à avancer vers le bastingage. William, les yeux embués par les larmes, découvrit avec horreur les chaloupes remplies d'inconnus, hommes, femmes et enfants confondus qui attendaient avec de la crainte dans les yeux le guide qui les mènerait à leur dernière demeure.
« Tel est ton destin William. » Celui que tu as choisi. Lui déclara Calypso avant de s'évanouir dans les airs, laissant le petit garçon tremblant et consterné.
Les hommes de son équipage le regardèrent avec méfiance et Jim fut le premier à parler.
« Ce n'est qu'un enfant… Comment pourrait-il guider les âmes ? »
Un murmure consterné lui répondit et William lança un regard paniqué à son nouvel équipage. Lui qui avait tellement rêvé de devenir capitaine, en grande partie à cause des récits fabuleux de sa mère lui décrivant les exploits de son père, se retrouvait à présent démuni devant ces inconnus qui l'avaient arraché à son foyer pour l'emmener sur ce navire.
« Pourquoi je ne peux pas rentrer avec ma maman ? » Pleurnicha-t-il brutalement
Le regard plein de pitié et de culpabilité, Bill s'agenouilla devant lui et essuya ses larmes.
« William mon gars. Ta maman elle est partie mais je suis certain qu'elle ne voudrait pas te voir devenir comme Jones. »
A ces mots, William frissonna et se rappela des histoires de sa mère sur le terrible capitaine devenu un poulpe à l'issue de dix années d'attente infructueuses.
« Je veux pas. Dit-il. Je veux rentrer chez moi.
- C'est impossible. Répondit Bill d'un ton chargé de regrets en le poussant vers la barre du Hollandais Volant. Fils de marin, petit-fils de pirate, la mer coule dans tes veines, petit, alors … »
William ferma les paupières, ses yeux le piquèrent à nouveau à la pensée du sourire tendre de sa maman et des histoires qu'elle lui racontait. Sans réagir, il laissa Bill le Bottier poser ses petites mains sur la barre et entendit à peine son grand père lorsqu'il cria aux autres que le Hollandais avait un capitaine et que le voyage vers l'au-delà pouvait commencer.
Deux mois plus tard, Tortuga
Le tricorne enfoncé sur son crâne et le visage dissimulé dans l'ombre, Elizabeth Turner attendait, assise à une table à l'écart, que Jack Sparrow finisse par franchir le seuil de la Fiancée Fidèle. Cela faisait à présent trois longues semaines que la jeune femme avait débarqué à Tortuga au terme d'un voyage périlleux. Elle avait embarqué sur un navire marchand le jour même de l'enlèvement de William en recourant à une ruse qui avait déjà fait ses preuves dans le passé : se faire passer pour un jeune matelot. Sauf que les choses ne s'étaient pas exactement déroulées comme prévu…
En effet, la maternité avait épanoui les formes féminines qu'elle avait tenté de cacher sous une épaisse bande de tissu enserrant sa poitrine mais cette fois sa ruse avait été découverte. Cela c'était produit environ trois jours après son départ. Le Capitaine, un homme ventripotent et maniéré qui affichait fièrement l'insigne de la Compagnie des Indes Orientales, l'avait demandée dans sa cabine. Au début, Elizabeth avait pensé que l'homme était mécontent de son travail à bord, les longues années passées à terre à élever William et à attendre Will ayant quelque peu émoussé l'endurance et les savoirs faire de la jeune femme. Mais au bout de quelques minutes d'entretien et après que le capitaine ait brutalement levé son tricorne et découvert sa masse de cheveux blonds, Elizabeth avait compris que ce n'était pas une simple discussion que le marin souhaitait avoir avec elle. La tête froide, Elizabeth avait alors évalué ses chances d'échapper aux mains graisseuses du marin qui la menaçait de finir ses jours en cale si elle ne cédait pas à ses avances. Elle avait laissé l'homme l'approcher, affectant un air farouche et timide alors qu'il faisait sauter un par un les boutons de son chemisier. Puis, lorsque l'homme, certain d'avoir affaire à une de ses filles de village naïves et innocentes, avait baissé sa garde elle s'était emparée du pistolet qui pendait à sa ceinture et l'avait plaqué sur sa tempe, une grimace satisfaite sur le visage.
L'homme avait bredouillé et son entrejambe avait molli brutalement contre le ventre d'Elizabeth qui avait affirmé sa prise.
« Tu ne sais pas ce que tu fais. Avait-il dit. Où crois-tu aller avec un pistolet ? Mes hommes auront tôt fait de te maîtriser et crois moi je ne t'épargnerais pas.
- On parie ? Avait-elle ironisé, une brusque bouffée d'excitation la parcourant alors qu'elle retrouvait ses habitudes de pirate.
- Tu n'es qu'une femme. Avait craché l'homme. La Compagnie te retrouvera et te pendra comme elle l'a fait des pirates. »
Elizabeth s'était contentée de sourire et s'était placée derrière l'homme, lui tordant le bras à le briser, son pistolet toujours sur sa tempe.
« J'ai vaincu l'armada une fois déjà. Tes hommes ne me font pas peur. »
L'homme avait blêmit en l'entendant et elle l'avait poussé vers le pont, insouciante de sa chemise ouverte qui laissait entrevoir les bandes dont elle avait recouvert les marques de sa féminité.
Une fois à l'extérieur de la cabine, Elizabeth s'était plaquée contre le mur, faisant du capitaine un bouclier efficace contre les tirs de ses hommes.
« Ordonne-leur de débarquer. Avait-elle soufflé à son oreille. Ou je te tue. »
L'homme s'était contenté de rire et avait fait un geste à l'intention de ses soldats. Du coin de l'œil, Elizabeth avait été juste assez rapide pour voir luire l'éclat métallique d'un pistolet et, gardant le capitaine contre elle en guise de protection, elle avait abattu sans sourciller le soldat faisant planer un silence de mort sur le pont.
« Ai-je toute votre attention Messieurs ? Avait-elle ironisé, son canon encore fumant reprenant sa place contre la tempe du capitaine aux pieds duquel s'était formée une flaque chaude et humide.
- Que voulez-vous ? Avait bredouillé l'homme.
- Que vous et vos hommes débarquiez … Maintenant. Je réquisitionne ce navire. »
Le capitaine avait blêmi, comprenant qu'elle n'hésiterait pas à le tuer lui aussi et avait ordonné à ses soldats de prendre place dans les chaloupes.
« Par le diable qui êtes-vous donc ? Lui avait-il demandé, tandis que, à présent seuls sur le pont, hormis le cadavre, Elizabeth le guidait vers le bastingage, prenant garde à ne pas s'exposer aux tirs des marins.
- Je suis le Capitaine Turner. Avait-elle répondu avant de se reprendre. Mais vous me connaissez sous le nom d'Elizabeth Swann. Seigneur de Singapour et des Mers de Chine du Sud, Roi de la Confrérie des Pirates.
- VOUS ! Avait crié le capitaine en tentant de se retourner. Mais on vous disait morte.
- On s'est trompé dans ce cas. » Avait répondu Elizabeth avant de le pousser par-dessus bord.
Elle s'était ensuite précipitée vers la barre en remerciant le ciel que le navire marchand soit de taille moyenne ce qui lui permit de le manœuvrer seule, avec beaucoup d'efforts. Elle était ainsi parvenue à Tortuga au terme d'un voyage éprouvant. Elle tenait debout uniquement grâce à sa rage et à son besoin de sauver son fils et n'éprouvait aucun remord d'avoir abattu l'homme qui était sur sa route.
Le visage toujours dissimulé, Elizabeth but lentement sa pinte de rhum. Elle grimaça au goût infâme dont elle avait perdu l'habitude mais se força à paraître normale au milieu de ce monde d'hommes. Elle avait du reste coupé ses longs cheveux blonds en un carré lui arrivant aux épaules qui lui éviterait de rencontrer le même genre de problèmes que ceux qu'elle avait eu sur le navire qu'elle avait volé. Grinçant des dents, Elizabeth regarda la porte de l'auberge s'ouvrir et pesta une nouvelle fois en voyant un inconnu la franchir. Elle avait pensé que Tortuga était sans doute le meilleur endroit pour trouver Jack Sparrow mais au bout de trois semaines d'attente infructueuse elle commençait à se demander si elle ne devrait pas reprendre la mer et aller de ports en ports à la recherche du célèbre pirate.
Elle s'apprêtait à jeter une pièce sur la table lorsque la porte grinça de nouveau et livra le passage à celui qu'elle aurait reconnu n'importe où … Réprimant avec difficulté un sourire satisfait, Elizabeth se laissa retomber sur sa chaise et observa avec curiosité Jack Sparrow.
Le bras négligemment posé autour de la taille d'une catin, Jack salua l'assemblée avec un air sûr de lui et entraîna la fille vers un coin tranquille, encaissé contre une fenêtre. Elizabeth le détailla et nota avec surprise que le pirate ne paraissait pas avoir vieilli depuis leur dernière rencontre. Finalement, agacée de le voir tenter de séduire lamentablement la catin pour obtenir ses faveurs, elle se leva et emporta avec elle son cruchon de rhum.
Une fois arrivée devant Jack, Elizabeth posa la bouteille sur la table et fit signe à la fille.
« Dégage on doit parler. »
Jack haussa le sourcil et sourit froidement.
« Désolé mon gars mais cette place est prise. »
Le regard noir, Elizabeth s'assit, sans tenir compte de l'air offusqué de Jack puis elle souleva son tricorne et révéla son visage. Jack plissa les yeux, l'air surpris.
« Lizzie ?
- Je dois vous parler Jack. Seul à seule. Ajouta-t-elle en jetant un regard équivoque à la fille.
- Oh …pas de: bonjour Jack comment allez-vous ? Je suis contente de vous revoir Jack » S'offusqua le pirate.
Elizabeth ne répondit pas et se contenta de fixer avec hostilité la catin. Cette dernière se troubla, elle se leva brusquement et bredouilla qu'elle avait d'autres clients tandis que Jack lui lançait un regard désespéré. Elizabeth sourit avec satisfaction et se pencha vers Jack.
« S'il vous plait Jack, j'ai besoin de votre aide. »
Le pirate la fixa un bref instant avant de se caler dans sa chaise et de porter la bouteille à ses lèvres.
« Et pourquoi vous aiderais je ? Outre le fait que vous avez essayé et réussi à me tuer …
- Jack… Soupira Elizabeth.
- … Je ne crois pas que vous ayez recherché ma compagnie durant les dix dernières années Madame Turner. Finit Jack.
- Capitaine Swann. Grinça Elizabeth. Et, est-il nécessaire de le rappeler, Roi de la Confrérie dont vous faites partie.
- Une erreur de jeunesse. Répondit Jack à la mention de son titre. Qu'avez-vous donc fait à vos cheveux ? Vous les avez coupé avec une épée ou quoi ?
- Une paire de ciseaux rouillés. Répondit Elizabeth avec agacement.
- Affreux. Commenta Jack avant de reprendre une nouvelle gorgée de rhum. Alors Lizzie, pardon Capitaine Swann. Qu'est-ce qui vous fait croire que je suis disposé à vous aider et qu’attendez-vous de moi ? »
Elizabeth fixa nerveusement ses mains un bref instant et chercha le meilleur moyen de présenter les choses alors que sa peine menaçait de la submerger à nouveau.
« Votre compas Jack. J'ai besoin que vous me prêtiez votre compas.
- J'ai déjà entendu cela quelque part. Ironisa Jack. D'ailleurs où est donc l'inestimable Mr Turner ou dois-je dire Mr Swann ? Se moqua-t-il. A moins que la dame n'ait pas été tout à fait fidèle et vertueuse. Remarquez trésor, je vous comprends, c'est long dix ans.
- Will est mort. Répondit Elizabeth d'une voix qui tremblait un peu au souvenir du retour de son époux et de la tragédie qui en avait découlé.
- Vous m'en voyez désolé trésor ou plutôt non … Après tout cela devait arriver non ? A présent si vous voulez bien m'excuser… » Déclara froidement Jack en ébauchant le geste de se lever.
Les larmes aux yeux, Elizabeth sentit son cœur s'affoler en voyant sa seule chance de sauver William s'apprêter à s'en aller.
« Jack s'il vous plait. S'écria-t-elle d'un ton poignant. J'ai vraiment besoin de vous et de votre compas .Vous seul pouvez m'aider ! »
La bouche de Jack se crispa brièvement en l'entendant et il se rassit à contre cœur.
« Encore une fois pourquoi le ferais-je Lizzie ? Et plus important, qu'avez-vous à m'offrir en échange de mes services ? »
Froidement, Elizabeth dont une des mains était restée à sa ceinture, sortit rapidement son pistolet. Elle s'apprêtant à le pointer sur Jack lorsqu'une main de fer serra son poignet.
« Pas très fair play ça trésor. Commenta Jack en lui lançant un regard dur.
- Oh vous … Cracha Elizabeth dont la main était immobilisée.
- Une chance que les tables de cette auberge soient aussi étroites. Commenta Jack. Maintenant dites-moi pourquoi vous voulez mon compas au point d'être prête à me tuer pour ça, encore que vous ayez déjà été prête à pire… Commença Jack.
« Pour sauver William. » Lâcha Elizabeth d'un ton désespéré.
Confus, Jack la regarda sans comprendre.
« Will ? Mais vous venez de dire qu'il….
- Pas Will ! Mais William mon fils. Précisa Elizabeth dont la voix mourut sur la dernière phrase.
- Oh... J'ai toujours cru qu'il était eunuque. Marmonna Jack avant de s'adoucir devant sa détresse évidente. Et puis je savoir quel péril court votre précieux William ? Vous manquez d'originalité dans les prénoms trésor. Ne put-il s'empêcher d'ajouter.
- Calypso, elle l'a pris, il est sur le Hollandais Volant et… Et bon dieu Jack ce n'est qu'un enfant ! Je vous en prie aidez-moi, elle ne me le rendra que si je trouve la conque que Poséidon a donnée à Triton. » Expliqua Elizabeth les larmes aux yeux.
Jack siffla entre ses dents et posa son regard chaud sur elle.
« Et que m'offrez-vous en échange de mon aide ?
- Ce que je, mais Jack nous sommes amis ! » S'exclama Elizabeth.
Le pirate lui sourit avec ironie tandis qu'il tordait son poignet et la forçait à lâcher son pistolet.
« Dans ce cas rappelez-moi de ne pas être votre ennemi trésor. Alors qu'avez-vous à m'offrir ? »
Elizabeth le fixa et des larmes d'impuissance montèrent à ses yeux.
« Je n'ai pas d'argent Jack. Je, depuis des années je vis simplement. »
Jack sourit, ne pouvant s'empêcher d'être troublé par la femme qu'il pensait pourtant avoir oubliée.
« Trésor il y a d'autres choses que vous pouvez offrir. Persuadez-moi. » Murmura-t-il d'une voix rauque en caressant la main d'Elizabeth qu'il tenait encore en dessous de la table.
La jeune femme frissonna en sentant la caresse presque sensuelle de sa main sur la sienne et riva son regard au sien.
« Vous êtes méprisable…
- Mais vous avez besoin de moi. » Se réjouit Jack.
Elizabeth baissa la tête et songea le cœur serré que Jack était dans le vrai.
« Si, si je passe la nuit avec vous. Vous m'aiderez ? Finit-elle par lâcher en masquant mal son écœurement
- Intéressant… » Commenta Jack en se frottant la barbe d'un air songeur.
Elizabeth honteuse, baissa la tête.
« Vous seriez prête à tout hein ? Reprit Jack
- C'est mon fils. Répondit Elizabeth sur le ton d'une évidence.
- Et en admettant que je sois disposé à vous aider. Commença Jack et son cœur se serra inhabituellement en voyant le visage d'Elizabeth rempli d'espoir. Comment irait-on ?
- J'ai un navire
- Qui a bien sur besoin d'un capitaine. » Répondit Jack.
Elizabeth se crispa et hocha à regret la tête.
« Il semblerait que nous ayons un accord Miss Swann. » Sourit Jack en levant la bouteille en direction d'Elizabeth.
La jeune femme répondit à son salut, le cœur serré devant ces négociations qui étaient bien loin de celles qu'elle avait escomptées. Jack se leva alors et fixa maladroitement son tricorne sur tête.
« En route trésor. Montrez-moi mon navire et allons sauver votre précieux William. Déclama-t-il. Oh là ça tourne. »
Sans un mot, Elizabeth le suivit et refoula ses larmes tandis que Jack s'efforçait de faire taire la petite voix en lui qui lui disait que c'était en agissant comme ça que les pires catastrophes survenaient.
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