« Un lieu non pas de mort mais de châtiment. Voilà ce qui attend ceux qui sont au Purgatoire. Le pire sort qu‘un être humain puisse subir pour l‘éternité »
Tia Dalma
Lorsque son corps toucha les flots sombres et tumultueux, il eut l’impression que des centaines de lames acérées déchiraient sa chair. Puis, alors que son hurlement de souffrance se mourrait dans sa gorge meurtrie, la douleur cessa comme elle était venue.
Il sombra dans l'inconscience.
Ce fut la sensation de brûlure qui le réveilla. La chaleur était insoutenable et Jones roula sur lui-même pour y échapper. Sous son corps massif, du sable. Un océan de sable.
L'homme poulpe ouvrit les yeux. Autour de lui tout était silencieux. Pas un souffle de vent, ni même le roulis qu'il n'entendait plus par la force de l'habitude. Mais là, il entendait le silence. Un silence mat, inquiétant de profondeur.
Jones tourna la tête. Rien. Il n'y avait rien hormis le sable. Il se remit péniblement debout et commença à avancer, sa progression entravée par sa jambe de bois qui s'enfonçait dans le sol à chacun de ses pas.
« C'est pas normal tu n'as pas le droit de mettre pied à terre ! » Lui glissa soudain une voix.
Surpris par cette dernière, Jones se retourna aussi vivement qu'il le put et poussa un cri d'effroi en découvrant la créature qui lui faisait face. Cette dernière n'avait rien d'humain… Son visage tentaculaire avait tout du poulpe et son corps même semblait constitué de morceaux de poissons et de crustacés disposés ça et là.
Son souffle se bloqua et il sentit une angoisse irrépressible monter en lui.
« Et à qui la faute ? Ragea une autre voix derrière lui. Si Calypso avait honoré son serment je serais libre.
-Pas ça… » Supplia presque Jones en se retournant vers le nouveau venu.
Ce dernier ressemblait traits pour traits au monstre auquel il avait répondu.
« Calypso… Cracha le premier avec haine.
- Calypso… » Répéta une troisième voix.
L'apparence du nouveau venu terrifia plus Jones que les deux précédents. C'était son propre visage qu'il voyait. Son visage insupportablement humain et éploré. Le visage qui avait été le sien lorsqu'il n'avait pu que constater la fourberie de Calypso.
Jones recula.
« Laissez-moi » Ordonna-t-il.
Les trois autres le regardèrent et éclatèrent de rire.
« Mais tu ne peux pas te débarrasser de nous …. Nous sommes toi.
- Non…
- Davy Jones. » Tonna une voix mauvaise.
Éperdu, Jones se retourna dans sa direction. Lui encore. Cette fois dans toute la superbe que lui conférait sa cruauté. Le visage qu'avaient vu de nombreux marins avant de signer le pacte qui les condamnait à l'esclavage.
« Est-ce que tu as peur de la mort ? » Lui demanda l'autre.
La bouche sèche, Jones frissonna malgré la chaleur qui régnait
« Non….
- Dans ce cas… Par le fond » Hurla l'autre avec une joie mauvaise.
Avant qu'il ait eu le temps de se débattre, si tant est qu'il en ait eu envie, Jones sentit une lame déchirer son cou.
Puis les ténèbres à nouveau.
Lorsqu'il reprit conscience il était étendu sur le sable. A ses côtés l'homme qu'il avait été pleurait toutes les larmes de son corps. Dans sa main, une boite à musique brillait et claironnait sa mélodie aigrelette dans le silence. Cette vision décupla la rage de Jones et il arracha la boite aux mains de l'homme. Puis il la lança aussi loin qu'il le put.
« Calypso… Pourquoi n'est-elle pas là ? » Lui demanda l'homme au visage ravagé par les larmes.
La main de Jones se referma sur son épée et il poussa l'homme sur le sol.
« NON ! » Hurla-t-il.
Sa lame plongea dans le torse chaud de l'autre, déchirant les chairs, et Jones plongea sa main tentaculaire dans son corps pour en arracher le cœur palpitant. Sous lui, le visage de l'homme se transforma lentement et Jones vit avec horreur des tentacules pousser, remplacer la barbe, puis les yeux s'enfoncer dans leurs orbites alors que le visage se modifiait pour devenir celui d'un poulpe.
« Arrête ça » S'écria-t-il.
Sous lui, l'homme lui fit un sourire vicieux.
« Dis-moi as-tu peur de la mort ? »
Jones le relâcha avec gémissement et sursauta en entendant à nouveau la mélodie lancinante de sa boite à musique.
« Pourquoi n'est-elle pas venue ? » Demanda un homme derrière lui.
Jones se retourna et se retrouva à nouveau face à lui-même.
« NON ! » Hurla-t-il en plongeant son épée dans son corps, sans même se donner la peine de lui arracher le cœur.
La même scène se reproduisit à l'infini, jusqu'à ce qu'épuisé, Jones se laisse tomber sur le sable fin. Alors pour la première fois depuis longtemps il pleura à chaudes larmes. Il savait où il était. Et il savait qu'ici aucun de ses démons ne le laisserait jamais en paix. Il n'était ni mort ni vivant. Son âme était prisonnière de ce qu'il avait lui-même créé et que les hommes appelaient depuis des siècles : le Purgatoire de Davy Jones.
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Wizzette (vendredi, 02 décembre 2011 11:53)
En faite, je me suis trompée dans mon commentaire de la version 2 : ça pouvait être pire ^^
JessSwann (vendredi, 02 décembre 2011 14:25)
Héhé et pourtant celle ci c'est la version purgatoire, celle d'avant était l'enfer mais j'avoue que celle ci est gratinée aussi :)
Microcosmos (samedi, 05 mai 2012 17:14)
Chapeau bas pour cette version qui m'a littéralement soufflée! L'idée est excellente! Jones avec tous ses doubles, un peu comme Jack. Ce serait intéressant d'envoyer d'autres personnages dans le Purgatoire. *imagine Lizzie entourée de ses doubles pirates et aristos*
Bravo pour cette version! Voyons voir ce que donne la dernière. ^^
JessSwann (samedi, 05 mai 2012 18:13)
Merci beaucoup ( lol j'ai eu un tas d'idées sur Jones le pauvre) Ah ça en envoyer d'autres, j'y ai déjà pensé... Merciii