L’Empress, une semaine plus tard
Les yeux gonflés par une nuit quasi sans sommeil, Elizabeth se força à s’arracher aux bras d’Hector qui dormait paisiblement à ses côtés. Un sourire échappa à la jeune femme en voyant le chapeau du pirate soigneusement posé sur un siège et elle se leva. Elizabeth attrapa une longue tunique de soie et la passa d’un geste négligent avant de se diriger vers sa table de travail.
Cette dernière, jonchée de trognons de pommes et de coupes à demi pleines de rhum, témoignait de leurs recherches de la soirée précédente. Recherches et calculs qui avaient été interrompus par l’appétit grandissant de Barbossa. Le pirate ne se contentait plus de pommes pour assouvir ses désirs. Elizabeth frissonna au souvenir de la violence de leur dernière étreinte et posa un regard vague sur les trajectoires qu’ils avaient dessinées la veille. Des trajectoires qui ne servaient à rien attendu qu’ils n’avaient rien à trouver.
Derrière elle, Barbossa bougea légèrement et Elizabeth se retourna. Un sourire ironique se forma sur ses lèvres en constatant que le redoutable Barbossa s’était rendormi et elle releva machinalement ses cheveux avant de se rendre sur le pont de l’Empress.
Jal la salua d’une inclinaison de la tête et Elizabeth se dirigea vers lui. Le regard du second se baissa quelques secondes sur la peau nue que découvrait l’échancrure de la tunique de la jeune femme puis il se reprit
« Capitaine…
- Du nouveau cette nuit ? » Lui demanda Elizabeth.
Jal baissa à nouveau les yeux sur sa tunique et Elizabeth sourit intérieurement. Maintenant qu’elle était sûre des sentiments de Barbossa, lui briser le cœur serait facile. Peut-être que son second pourrait lui être utile dans cette entreprise. Si Barbossa les découvrait au lit tous les deux….Le sourire de la jeune femme s’accentua.
« Nous n’avons croisé aucun navire Capitaine.
- Bien… Confie la barre à l’un des hommes, je vais sur le gaillard arrière. » lui répondit Elizabeth avec un sourire enjôleur.
Sans attendre de réponse, la jeune femme s’écarta et se précipita vers l’endroit désert. Le plus calme de la jonque. Là où elle venait pour réfléchir. Son regard fixa l’horizon.
« Bientôt Will. » murmura-t-elle.
Ce n’était plus qu’une question de temps avant qu’elle retrouve son époux.Un remord inconfortable serra le cœur d’Elizabeth à la pensée de Barbossa. Le pirate allait souffrir. C’était fort mal le récompenser pour lui avoir sauvé la vie. Mais après tout, c’était le lot des pirates. Il finirait par comprendre et si ce n’était pas le cas….
« Je n’ai pas le choix de toute manière » marmonna Elizabeth.
Elle était allée trop loin pour reculer. Elle ne pouvait pas continuer à vivre ainsi, alors que Will… Des larmes se formèrent dans ses yeux et la souffrance d’avoir perdu son époux monta en elle, quasi intolérable. Un pas léger se fit entendre dans son dos et Elizabeth s’essuya rapidement les yeux. Elle devait encore tenir un peu. Une moue séductrice se forma sur ses lèvres.
« Je savais que tu viendrais me rejoindre. » murmura t’elle, certaine que son second l’avait suivie.
Un cri lui échappa en découvrant Calypso à la place de l’homme.
« Que faites-vous ici ? lui demanda-t-elle avec acidité.
- Tout ce qui vogue m’appartient, » rétorqua Calypso.
Les deux femmes se jaugèrent et une bouffée de haine monta en Elizabeth. Calypso…. La déesse perverse responsable du départ de Will et de sa situation présente.
« Où en es-tu Elizabeth ? Le temps presse….
- J’ignorais qu’il y avait une condition de temps. Ce n’était pas dans nos accords. » Rétorqua Elizabeth.
Calypso la toisa avec froideur.
« Il y en a une maintenant. Où en es-tu avec Hector ?
- Ca avance. Il est amoureux de moi. Ne put s’empêcher de souligner Elizabeth
- Vraiment ? » Demanda Calypso en posant un regard méprisant sur la jeune femme.
Elizabeth lui sourit.
« Vraiment… »
Un ricanement échappa à Calypso.
« Dans ce cas Elizabeth Turner choisit bien ton moment. Tu n’auras qu’une seule chance. Le Pearl navigue dans ces eaux….»
Elizabeth leva un sourcil interrogateur mais la nymphe disparut.
« Capitaine, il y a un problème. » intervint Jal
Elizabeth cligna des yeux.
« Capitaine ? Tout va bien ?
- Oui Jal, quel problème ?
- Nos réserves d’eaux douces sont presque épuisées tout comme la nourriture. » Répondit Jal qui fixait cette fois ouvertement la poitrine que le tissu dessinait.
Elizabeth sourit tristement. Elle venait de comprendre le but de la visite de Calypso. Barbossa n’aurait pas le cœur brisé s’il la trouvait avec son second. En revanche, si Jack était l’autre homme… Le ventre de la jeune femme se tordit désagréablement à cette pensée. Contrairement à Barbossa, Jack était le genre d’homme qu’elle redoutait. Pour de multiples raisons qui n’étaient pas sans rapport avec l’attachement qu’elle avait pour lui et dont elle se défendait.
Jal s’approcha d’elle, le regard fiévreux.
« Nous sommes en mer depuis des semaines Capitaine. »
Elizabeth sourit.
« Et vous brûlez de dépenser l’or de nos rapines en rhum et en filles faciles je sais. Fais mettre le cap vers le port le plus proche. »
Jal s’écarta à regrets et Elizabeth se retourna vers l’horizon.
« Nous verrons bien où le destin nous mène » ironisa-t-elle.
Port de Santa Silla.
Barbossa s’étira et se tourna vers Elizabeth.
« Santa Silla, un vrai repaire de brigands, se réjouit-il.
- N’est-ce pas le cas de tous les ports ? rétorqua Elizabeth.
- Vous apprenez vite Elizabeth… »
Leurs regards se croisèrent et Elizabeth se tourna vers Barbossa.
« Allez à terre et voyez si vous pouvez trouver des informations sur ce que nous cherchons, demanda t’elle sèchement.
- Je ne prends pas d’ordres de votre part Elizabeth, rappela Barbossa.
- Pourtant vous prenez le reste, » rétorqua la jeune femme.
Leurs mains se posèrent sur la garde de leurs épées et ils se jaugèrent. Finalement Barbossa sourit.
« Je vais faire un tour à terre. » déclara-t-il d’un ton dégagé.
Elizabeth dissimula un sourire et il ricana.
« Ne m’attendez pas cette nuit Elizabeth.
- Qui vous dit que j’ai envie de vous attendre, » susurra-t-elle.
Leurs corps se rapprochèrent imperceptiblement et Barbossa secoua la tête.
« Vous avez toujours froid. » lui jeta-t-il avant de s’éloigner.
Elizabeth suivit du regard le chapeau du pirate puis se retourna vers ses hommes. Elle avait des ordres à donner.
Barbossa était parti depuis deux bonnes heures lorsqu’elle vit le navire en approche. Un navire avec des voiles noires.
« La main du destin, ironisa t’elle en reconnaissant le Pearl. Sois maudite Calypso. »
La jeune femme passa ensuite la main dans ses cheveux pour les recoiffer et se tourna vers ses hommes.
« Je vais à terre, surveillez le navire. »
Une heure plus tard,
Elizabeth fixa Jack alors qu’il mettait pied à terre de sa démarche dansante habituelle. Une boule se forma dans sa gorge et elle s’approcha de lui.
« Bonjour Jack. »
Le pirate s’immobilisa et il se retourna lentement.
« Elizabeth… » Murmura-t-il d’un ton indéfinissable.
La jeune femme lui adressa un sourire tremblant. La dernière fois qu’elle avait vu Jack elle l’avait abandonné dans une chaloupe.
« Ça fait longtemps…
- Pas assez à mon gout. » rétorqua le pirate en commençant à avancer.
Elizabeth grimaça. Les choses ne se déroulaient pas exactement comme elle l’avait espéré. Certes, elle ne s’attendait pas à ce que Jack lui saute au cou mais tout de même.
« Je n’avais pas le choix Jack.
- Vous n’aviez pas le choix, changez d’excuses trésor ça devient lassant. »
Le cœur d’Elizabeth se serra un peu plus. La remarque de Jack lui rappelait Lee. Une vague de honte la submergea à la pensée de ce que son ami aurait dit de ce qu’elle projetait de faire et elle s’approcha.
« J’essayais de m’excuser. »
Jack soupira et se tourna vers elle.
« De quoi ? De vous êtes servie de moi ? De m’avoir abandonné en pleine mer ? De m’avoir tué ?
- Un peu tout ça en fait… »
Jack soupira à nouveau.
« Que voulez-vous Elizabeth ?
- Qui vous dit que je veux quelque chose ?
- Vous ne faites jamais rien gratuitement.
- Tout comme vous, » rappela-t-elle.
Leurs yeux se nouèrent et Jack sourit avec ironie.
« Barbossa ne vous suffit plus ?
- Que voulez-vous dire ?
- Vous le savez très bien trésor… Je me demande ce que William en penserait. » ricana Jack.
Le cœur d’Elizabeth s’alourdit un peu plus.
« William n’est pas là, répondit elle sèchement. Quant à moi je survis.
- Vous appelez ça comme ça ? » Fit mine de s’étonner Jack.
Elizabeth soutint son regard et Jack tiqua.
« Vous avez changé Lizzie. Vous n’avez plus rien de celle que j’ai connue.
- C’est mon monde qui a changé, répondit la jeune femme d’un ton douloureux.
- Vous aussi. » Rétorqua Jack en se détournant.
Le cœur d’Elizabeth accéléra et elle le saisit par le bras.
« Jack, s’il vous plait, ne me tournez pas le dos.
- Et pourquoi ne le ferais-je pas ? »
Elizabeth le regarda avec désespoir et il se dégagea de son étreinte.
« Jack s’il vous plait. Nous sommes amis. » Plaida-t-elle.
Cette fois le pirate s’immobilisa à nouveau et il se retourna.
« Amis ??? Allons Lizzie, dites ce que vous voulez. Ou plutôt non laissez-moi deviner, vous avez besoin de quelque chose que je possède pour sauver Turner ou je ne sais qui d’autre en me faisant espérer une récompense !! » Ragea Jack.
Surprise par son amertume, Elizabeth recula.
« Vous êtes quelqu’un de bien Jack, la singea ce dernier. Un jour vous serez récompensé. »
Elizabeth comprit avec un choc.
« C’est pour ça que vous m’en voulez ?
- Pour ça et pour ce que vous êtes devenue. La maîtresse de Barbossa, » cracha le pirate.
Elizabeth sourit intérieurement en reconnaissant la jalousie dans le ton de Jack.
« C’est vrai. Je vous ai mal traité. Mais laissez-moi une chance de me rattraper… » Murmura t’elle en frôlant ses lèvres.
Jack ne bougea pas et elle se pencha vers lui.
« Ma cabine vous est ouverte Jack. Si vous voulez parler… » Susurra-t-elle avant de se détourner.
Le cœur battant, Elizabeth avança vers l’Empress. Derrière elle, Jack déglutit.
« J’ai très envie de parler. » lâcha t’il.
Elizabeth se retourna et s’inclina moqueusement.
« Dans ce cas après vous Capitaine Sparrow. »
L’Empress
Jack posa un regard dégoûté sur la cabine.
« Vous vous êtes mise à ça ? » ironisa-t-il en désignant les trognons de pommes qui jonchaient la pièce.
Elizabeth avança vers lui.
« On dit que c’est très bon pour la santé.
- Vous m’en direz tant, » marmonna Jack.
Le cœur cognant douloureusement dans sa poitrine, honteuse de ce qu’elle se préparait à faire, Elizabeth se pencha sur lui.
« Oubliez les pommes… » Murmura t’elle en posant ses lèvres sur les siennes.
Dans un premier temps, le pirate ne réagit pas puis elle sentit sa main glisser sur sa nuque et sa bouche dévorer la sienne. Le cœur d’Elizabeth accéléra encore à ce baiser. Elle le voulait. Plus qu’elle ne le devait, plus qu’elle ne pouvait se l’avouer.
Elle glissa ses mains le long des bras de Jack et le pirate recula.
« Non trésor pas cette fois. »
Le corps tendu par le désir, Elizabeth mit quelques secondes à comprendre. Elle rougit et recula.
« Je n’ai pas d’armes, » murmura t’elle en défaisant la ceinture qui retenait son vêtement.
Jack déglutit alors qu’elle le laissait retomber sur le sol.
« Lizzie. »
Le cœur battant, Elizabeth lui tendit la main et il la prit avec un sourire.
« Je savais que vous finiriez par me rejoindre, » murmura Jack en la poussant sur le lit.
Plus tard,
Trempée de sueur et le plaisir à son comble, Elizabeth poussa un long gémissement alors que Jack s’enfonçait à nouveau en elle. Depuis des heures que cela durait le pirate l’avait amenée à la jouissance à de nombreuses reprises. Tellement qu’elle en était presque étourdie. Loin de la violence de Barbossa, l’étreinte de Jack était gourmande, profonde….
Son corps se cambra et le pirate lui caressa le visage.
« Bugger Lizzie, » gémit il.
Elizabeth sourit, noyée sous le plaisir. Jack se pencha sur ses lèvres et leurs langues se rejoignirent tandis qu’un gémissement de bonheur lui échappait. Jack déserta ses lèvres et Elizabeth fixa son visage couvert de sueur tandis qu’un courant d’air froid la chatouillait. Elle tourna son visage vers la porte et vit Barbossa.
Le pirate se tenait sur le seuil.
Leurs regards se croisèrent durant une seconde puis Barbossa referma doucement la porte de la cabine.
Troublée, Elizabeth jeta un regard à Jack. Les lèvres entre ses cuisses, le pirate n’avait rien vu. Sa langue glissa sur son intimité gorgée de plaisir et Elizabeth gémit. Sa main se posa sur la tête de Jack et elle se crispa à nouveau, parcourue par le plaisir. Elle aurait dû arrêter elle le savait… Mais elle n’en avait aucune envie. Barbossa et Will pourraient attendre le lendemain.
« Viens Jack. » supplia t’elle d’une voix tendue par le désir.
Le lendemain,
Elizabeth ouvrit un œil et observa avec amusement les efforts que Jack déployait pour s’habiller en silence.
« Vous ne comptez tout de même pas me fausser compagnie comme ça ? » plaisanta t’elle.
Jack s’immobilisa et une expression consternée passa sur son visage avant d’être remplacée par un sourire.
« Lizzie je... »
La jeune femme se leva, entièrement nue, et le rejoignit. Elle savait que c’était mal mais elle le désirait encore. D’autant plus qu’elle savait maintenant qu’elle avait réussi grâce à lui.
Ses mains se posèrent sur la ceinture de Jack et le pirate déglutit.
« Vous avez changé….
- Pas tant que ça, » soupira-t-elle alors qu’il la plaquait contre le mur.
L’étreinte fut aussi brève que violente et Elizabeth ne put retenir ses gémissements. Elle n’en avait du reste pas envie. Elle voulait que Barbossa l’entende. Jack se lâcha en elle avec un râle et recula.
« Si, Lizzie vous avez changé, mais je dois reconnaître que la nouvelle me plait un peu plus aujourd’hui qu’hier. »
Elizabeth sourit et leurs lèvres se rejoignirent une fois de plus.
« Merci Jack. » souffla-t-elle.
Le pirate sourit d’un air bravache tout en finissant de se rhabiller.
« A votre service ma reine. » déclara-t-il avant de sortir.
Restée seule, Elizabeth sourit. Jack lui avait finalement pardonné. Elle ignora délibérément les raisons de ce pardon et revêtit une tunique à la hâte. Maintenant elle devait affronter Barbossa. Son ventre se tordit et elle soupira. Elle avait passé les dernières semaines à s’offrir à des hommes pour en sauver un autre. Elle se demanda fugacement ce que son père aurait pensé de ça et frissonna.
« Je n’avais pas le choix, » répéta-t-elle à voix haute comme pour se protéger.
L’Empress, pont
Elizabeth jeta un œil sur le pont où Jal l’attendait. Le corps rassasié par la nuit, elle jeta un regard absent dans la direction du Black Pearl. Son souffle s’arrêta net. Le navire avait disparu…
Un cri fit écho à sa surprise et elle entendit Jack sur le quai.
« Mon bateau ? Où est mon Pearl ?? »
Elizabeth frémit et se tourna vers Jal tandis que Jack fouillait son vêtement à la recherche de son pistolet.
« ON LEVE L’ANCRE ! » hurla t’elle.
Jal la regarda sans comprendre et Elizabeth se précipita sur la barre.
« Vite !! »
Un coup de feu retentit et elle sentit une balle la frôler, abattant l’homme qui se trouvait derrière elle.
« Maudite garce ! hurla Jack.
- Manqué… marmonna t’elle tandis que Jack rechargeait nerveusement son pistolet. »
Elizabeth se baissa tandis que le pirate courrait vers l’Empress qui quittait lentement le port, l’équipage aiguillé par la peur.
« Lizzie ! Sale pirate !» Hurla Jack en se précipitant sur la jonque.
Elizabeth frémit en voyant les mains du pirate étreindre le bastingage mais Jal le frappa sèchement et Jack poussa un hurlement avant de tomber dans les eaux sombres.
« Non !!! » s’écria Elizabeth, angoissée à l’idée qu’il ait pu le tuer.
Elle se précipita au bastingage et se pencha avant de se baisser juste à temps pour éviter la balle que lui destinait Jack.
« Je suis désolée !! » cria-t-elle.
Ses excuses se perdirent dans le vent.
Le cœur lourd et à présent hors de portée, Elizabeth fixa la silhouette solitaire et trempée de Jack sur le quai.
« Pardon Jack… murmura-t-elle. Ce n’était pas ce que je voulais. »
Jal toussota derrière elle et Elizabeth se retourna.
« Barbossa m’a dit de vous donner ça quand il serait parti. »
Elizabeth prit la feuille d’une main tremblante. Il n’y avait qu’une phrase.
Rendez-vous à la baie de Costa Sol….
Écrire commentaire