Chapitre 5 : Un jeu dangereux


L’Empress,

 

 

Le temps s’était figé sur la jonque. Jack poussa un gémissement étranglé tandis qu’Elizabeth écarquillait les yeux de terreur. La jeune femme mit quelques secondes à réaliser ce qui venait de se produire tandis que Tai poussait une série d’invectives tout en rechargeant son pistolet.

«  Bugger mais désarmez le ! » s’écria Jack.

 

Devant les marins immobiles, il se précipita vers Tai et lui asséna un vigoureux coup de poing en plein visage. Jack sourit en entendant l’os du nez craquer.

«  Si tu savais depuis combien de temps j’avais envie de faire ça » se réjouit il avant de s’emparer de l’arme du second mutin.

Un sourire radieux aux lèvres, il se tourna vers Elizabeth. Les mots victorieux qu’il s’apprêtait à dire moururent sur ses lèvres.

 

Le visage blême, Elizabeth s’était laissé tomber aux pieds de Lee, qui gisait sur le pont, une tache rouge sur la poitrine.

«  Lee… Mais pourquoi tu as fait ça ?» Murmura-t-elle.

L’homme cracha un mélange de sang et de bile.

«  Toi tu sais comment sauver ma fille. » Lâcha-t-il avant de perdre conscience.

 

Les yeux agrandis par le choc, Elizabeth se retourna vers l’équipage.

«  Bon sang bougez-vous !! Portez le dans ma cabine il, il ne doit pas mourir. Non pas lui !! »

Jack s’assombrit et s’approcha d’elle.

«  Calmez-vous trésor, la balle l’a juste effleuré.

- Juste effleuré ! Hurla Elizabeth, hystérique. Qu’est-ce que vous en savez !!! »

Jack l’attira vigoureusement contre lui et la maintint tandis qu’elle se débattait.

«  Arrêtez, murmura-t-il. Vous avez été brillante jusqu’à présent. Ne gâchez pas tout avec un sentimentalisme stupide. »

La fureur d’Elizabeth redoubla à ces paroles et Jack la serra contre lui à la briser.

 

« Lâchez-moi !! Comment osez-vous !! » Finit par hurler Elizabeth qui le repoussa de toutes ses forces.

Jack chancela avant de se retrouver contre le bastingage. Elizabeth, quant à elle, se retrouva face à ses hommes. Les marins échangèrent des regards puis l’un d’eux avança d’un pas.

«  Nous attendons vos ordres capitaine. »

Elizabeth lut le défi dans son regard et elle serra les poings, se forçant à ne pas trembler.

«  Mettez ce mutin aux fers, ordonna-t-elle en désignant Tai. Puis cap vers les Caraïbes. Moi je vais voir Lee. »

 

Sans attendre la réaction des hommes, Elizabeth se dirigea vers sa cabine, inquiète à la pensée que Lee puisse succomber à ses blessures.

 

Le Black Pearl,

 

Barbossa referma la porte de sa cabine d’un air songeur.

«  Ainsi Madame Turner est elle aussi à Singapour » murmura-t-il pour lui-même.

Il n’avait jamais très apprécié Ching mais il devait admettre que pour une fois, la vieille chinoise lui avait été utile. D’une part, elle savait où était Elizabeth, même si il trouvait complètement stupide de la part de la pirate d’avoir accueilli la petite voleuse à son bord. Ensuite, il avait la confirmation de ce qui l’inquiétait le plus : son cher chapeau était bien en possession de la jeune Elizabeth. Ching lui avait confirmé l’avoir vue le porter. Barbossa avait d’ailleurs dû prendre sur lui pour ne pas frapper cette imbécile qui, au lieu de récupérer son couvre-chef, l’avait tranquillement laissé à Elizabeth !

 

Remâchant ce dernier point, Barbossa croqua dans une pomme et observa l’horizon. L’Empress n’était qu’une jonque ridicule en comparaison du Pearl. Si le vent se maintenait, il s’emparerait du navire avant qu’il ait atteint Singapour. On verrait ensuite si Elizabeth Turner était bonne négociatrice… Et ce qu’elle offrirait en échange de sa précieuse jonque. Ravi par cette idée, Barbossa prit une seconde pomme et la croqua de bon cœur. Il n’avait jamais été homme à se limiter.

  

L’Empress,

 

Jack ouvrit silencieusement la porte de la cabine d’Elizabeth et grimaça en découvrant la jeune femme assise au chevet de l’homme. Depuis quatre heures que le jeune asiatique était alité, elle ne l’avait pas quitté.

«  Votre charlatan de bord dit qu’il va s’en sortir. Commenta Jack.

- Oui… » Souffla Elizabeth d’un ton soulagé.

 

Jack se crispa à nouveau et s’avança dans la pièce.

«  Incroyable le nombre d’hommes prêts à mourir pour vous. Vous avez un véritable don pour ça, vous savez. Comment vous y prenez-vous donc pour charmer ces imbéciles ? Ironisa-t-il. Ou plutôt que leur offrez-vous ? »

Elizabeth sursauta devant l’aigreur de ses paroles et elle se retourna brièvement.

«  Rien du tout Jack. Certains hommes agissent avec honneur sans rien attendre en échange.

- C’est ridicule, aucun pirate ne ferait ça.

- Lee n’est pas un pirate. » répondit Elizabeth avant de poser un regard attentif vers l’homme allongé.

 

Jack serra les dents et avança encore un peu.

«  Pourquoi le couvez-vous ainsi si vous comptez pas le rétribuer ?

- Lee est mon allié. Rien de plus. Rétorqua Elizabeth, furieuse.

- Comme Barbossa ? » Ironisa Jack.

La jeune femme blêmit. En la voyant, Jack sentit la fureur qu’il contenait monter. De toute évidence, Barbossa n’avait pas menti.

«  Pourquoi ne répondez-vous pas Elizabeth ? Demanda-t-il d’une voix glaciale.

- Mes relations avec le Capitaine Barbossa ne vous regardent en rien. » Répondit Elizabeth d’une voix tout aussi froide.

Jack la fixa et son regard descendit malgré lui jusqu’à la ceinture de la jeune femme.

 

Il reconnut son compas avec choc. Sa présence corroborait les révélations de Barbossa, s’il en avait encore eu besoin.

«  Comment avez-vous eu ceci ? » Demanda-t-il en désignant l’objet.

Elizabeth rabattit la longue chemise qu’elle avait enfilée à la hâte sitôt après s’être débarrassée de ses atours de catin.

«  Négociation.

- Ah vous appelez ça comme ça vous ? Et de quel genre ?

- Il me semble vous avoir signifié que cela ne vous regardait pas !

- Tout comme cela ne regarde pas ce cher William je suppose ? » Ironisa Jack

 

Cette fois la pâleur d’Elizabeth augmenta.

«  Que voulez-vous dire ?

- Que je suis au courant de vos petits arrangements avec Barbossa. 

- Arrangements ?

- Je me demande ce que William pensera lorsqu’il saura que vous avez couché avec ce cher Barbossa. Non pas une mais des tas de fois !! En tout cas assez pour obtenir MON compas !!! » S’énerva Jack.

 

Elizabeth avança d’un pas dans sa direction.

«  Vous n’oseriez pas… Vous ne lui direz rien !!!

- Persuadez-moi trésor. On dit que vous êtes particulièrement douée pour ça. » répondit Jack avec acrimonie.

La gifle claqua dans l’air et un gémissement incrédule échappa à Jack. Sans lui laisser le temps de se reprendre, Elizabeth le toisa.

«  Sortez Jack. Et ne vous avisez pas de dévoiler quoi que ce soit de ce que vous pensez savoir ou vous finirez votre voyage dans mes cales suis-je claire ?

- Parfaitement claire Capitaine Turner. Je vois que vous savez toujours aussi bien remercier ceux qui vous viennent en aide, persifla le pirate.

- Si ça n’était pas le cas, vous seriez déjà à fond de cale. » Rétorqua Elizabeth d’une voix dure.

Jack accusa le coup et se tourna vers Lee.

«  Pauvre idiot. » marmonna-t-il avant de sortir.

 

Le Black Pearl,

 

Barbossa somnolait tranquillement lorsqu’un Pintel surexcité fit irruption dans sa cabine.

«  Capitaine ! L’Empress est en vue ! »

La nouvelle réveilla totalement le pirate qui bondit sur ses pieds et se rua sur le pont.

«  Canonniers à vos pièces !! Tenez vous prêts à l’abordage et hissez nos couleurs ! Pavillon noir. »

 

Barbossa savoura l’effervescence qui venait de s’emparer des marins et croqua négligemment dans une pomme.

«  Je veux que l’Empress soit à nous avant la tombée de la nuit » déclara-t-il.

 

L’Empress,

 

Elizabeth bondit sur ses pieds lorsqu’un de ses hommes se rua dans sa cabine et bredouilla en chinois.

«  Je ne comprends pas …

- Bateau. Attaqué !!! »

Cette fois Elizabeth comprit et se précipita à l’extérieur. Son sang se glaça dans ses veines en reconnaissant l’agresseur.

«  Le Pearl !

- Oups, je vous laisse régler votre différend d’amoureux. » s’empressa de se moquer Jack avant de se débiner vers la cale.

 

Elizabeth se retourna vivement dans sa direction mais le pirate était déjà loin.

«  Vos ordres ! » la pressa un de ses hommes.

Elizabeth réfléchit. Barbossa ne pouvait pas vraiment avoir envie de l’attaquer. Ils s’étaient quittés en bons termes après tout. Enfin si l’on faisait abstraction de quelques détails mineurs et…

«  Capitaine …. »

 

Elizabeth inspira et se tourna vers lui.

«  Pavillon blanc.

- Quoi ???

- Faites ce que je vous dis. Hissez le pavillon blanc et mes couleurs. Mais que les hommes se tiennent prêts à canonner à mon ordre. » Ajouta-t-elle.

Le marin la regarda avec horreur.

«  C’est contraire au Code !!!

- Le Code ne s’applique qu’envers ceux qui le respectent. Répondit durement Elizabeth. Barbossa n’est pas de ceux-là. Alors obéis ou alors tu rejoindras ton ancien capitaine dans les cales. »

 

L’homme déglutit et Elizabeth le fixa, craignant brutalement d’être allée trop loin alors qu’elle venait juste de récupérer son navire.

«  Oui Capitaine. » Finit par répondre le marin à son grand soulagement.

Elizabeth dissimula un sourire et passa inconsciemment la main dans ses cheveux pour se recoiffer.

 

«  Que voulez-vous Hector ? » murmura-t-elle

 

Le Black Pearl,

 

«  Ils hissent le pavillon blanc ! Ils se rendent ! » S’exclama Pintel.

Barbossa hoqueta de surprise et lui arracha la longue vue des mains.

«  On a pas besoin de se battre alors ! » Tenta Ragetti.

Barbossa lui répondit par un long regard méprisant puis replia la longue vue.

«  Ou alors c’est une tactique pour mieux nous piéger. Gardez les canons droit sur eux et approchez-vous »

 

Le Pearl manœuvra lentement tandis que Barbossa fixait les mouvements de la jonque, aux aguets.

 

L’Empress,

 

Elizabeth regarda approcher le Black Pearl tout en feignant un calme qu’elle est loin de ressentir. Finalement lorsque les deux navires furent suffisamment proches pour être à portée de voix, elle s’approcha du bastingage.

«  Que voulez-vous capitaine Barbossa ? »

 

Le Black Pearl,

 

Barbossa posa un regard incrédule sur la silhouette blonde qui avançait vers lui.

«  C’est la poupée ! » s’exclama Pintel.

Barbossa ne répondit pas et s’empara d’un grappin, stupéfait que la jeune femme ait réussi à récupérer son navire, du moins en apparence.

« Gardez-le sur notre ligne de tir » ordonna-t-il.

 

L’Empress,

 

Elizabeth grimaça en voyant Barbossa s’élancer et dissimula prudemment le compas de Jack dans son pantalon.

«  Je ne crois pas vous avoir invité à bord de mon navire.» déclara-t-elle.

Barbossa plissa les yeux et sourit très légèrement. Un vrai pirate cette Elizabeth. Pour un peu il aurait été fier d’elle.

«  Peut-on parler ? » suggéra-t-il.

 

Elizabeth releva le menton.

«  J’accède à votre demande de pourparlers Capitaine Barbossa. »

Suffoqué par son culot, Barbossa la toisa.

«  Ça veut dire oui. » précisa Elizabeth en se dirigeant vers sa cabine.

 

Conscient des regards amusés de ses hommes sur lui, Barbossa la suivit et claqua la porte de la cabine derrière eux.

«  Je n’apprécie pas de me voir traiter de la sorte !

- Et moi de voir le Pearl hisser pavillon noir », rétorqua Elizabeth.

Ils se jaugèrent du regard et les joues d’Elizabeth se colorèrent au souvenir de leur dernière rencontre. Gênée, la jeune femme fixa son lit et aperçut Lee, qui, réveillé tendait la main pour prendre une épée.

 

Barbossa suivit son regard et ironisa.

«  On dirait que vous avez pris de nouvelles habitudes Madame Turner.

- Lee est blessé. Se sentit obligée de dire Elizabeth. Lee, peux-tu nous laisser ? »

L’homme la regarda et Elizabeth lui lança un regard insistant. Quoi que veuille Barbossa, elle préférait que leur conversation n’ait aucuns témoins. Lee s’inclina et se leva pour clopiner vers la porte dans un silence lourd.

 

Une fois l’homme sorti, Barbossa se tourna vers Elizabeth.

«  On dirait que ça marche bien pour vous.

- Pour vous aussi. Vous avez récupéré le Pearl à ce qu’il me semble. » Rétorqua Elizabeth.

Barbossa sourit froidement.

«  Je récupère toujours ce qu’on me doit Elizabeth.

- Et qu’attendez-vous de l’Empress ? » Répondit jeune femme d’une voix tendue.

 

Barbossa la détailla et apprécia tout particulièrement la petite flamme de défi qu’il vit dans ses yeux.

«  De l’Empress rien. En revanche, Sparrow me doit une carte. Je me suis dit qu’il pouvait être ici.

- Qu’est-ce qui vous fait penser ça ? Demanda Elizabeth en évitant soigneusement de réagir.

- Oh sa mine lorsque je lui ai annoncé nos relations récentes… »

 

Elizabeth se crispa.

«  Oh c’est donc à vous que je dois ses sarcasmes.

- Donc vous l’avez vu.

- Je l’ai vu. Quelle carte vous a-t-il volée ?

- Celle de Feng. Où est Sparrow ? »

Elizabeth retint son souffle une seconde. Jack avait la carte. Celle qu’elle avait promise à Lee en échange de son aide. Et elle entendait bien remplir sa part du contrat. Surtout après ce que Lee venait de faire pour elle.

«  Vous arrivez trop tard Barbossa. Jack a quitté l’Empress il y a trois jours. » Mentit elle.

 

Barbossa serra les dents.

«  Voilà qui est regrettable.

- Si j’avais su que vous le cherchiez je l’aurais retenu….

- Trop aimable.

- Bien, je crois que vous avez une longue route jusqu’à Singapour. Je ne vous retiens pas. » Ajouta grossièrement Elizabeth que la présence du pirate rendait nerveuse.

 

Barbossa lui fit un sourire mauvais.

«  Allons Madame Turner, il me semble que vous aussi, vous me devez quelque chose ….

- Je ne vois pas ce que vous voulez dire….

- Un compas ? » Demanda Barbossa d’un ton suggestif.

Elizabeth fit mine de ne pas comprendre.

«  Réfléchissez bien Madame Turner, cette dernière nuit…

- Oh ce compas-là ! Et bien…  commença Elizabeth d’un ton embarrassé.

- Oui ce compas-là. Il me siérait beaucoup de le récupérer.

- Tout comme à moi !! Malheureusement Jack me l’a dérobé avant de partir. » avoua Elizabeth avec une mine honteuse.

 

Pour un peu Barbossa l’aurait frappée. Fallait-il être idiote pour se laisser voler de la sorte !!!

«  Tout comme il vous a volé la carte de toute évidence. Se justifia Elizabeth

- C’est ça… » Admit le pirate de mauvaise grâce.

Un sourire s’épanouit sur les lèvres d’Elizabeth et elle lui désigna la porte.

«  Cette fois je ne vous retiens pas.

- Une dernière chose Madame Turner, mon chapeau ? »

Elizabeth déglutit nerveusement.

«  Oh… ce, cette vieillerie… je …n’ai pas jugé utile de m’en encombrer.

- OU EST-IL ??? Rugit Barbossa.

- Je l’ai laissé à Singapour dans le repaire de Feng. » répondit Elizabeth.

Pour la première fois depuis le début de leur conversation ce n’était pas un mensonge….

 

Barbossa siffla entre ses dents une série d’imprécations et avança d’un pas.

«  Reste un petit détail Madame Turner.

- Lequel ? Demanda Elizabeth, mal à l’aise.

- Il me semble que vous me devez encore quelque chose. » Susurra Barbossa en glissant ses ongles sombres jusqu’à la chemise de la jeune femme.

Pendant une fraction de seconde, le corps d’Elizabeth s’enflamma et elle sentit ses reins se tordre d’impatience à l’idée de ce qu’il sous entendait. Puis, elle se souvint du compas qu’elle avait dissimulé et qu’il trouverait à coup sûr et recula.

 

«  Je n’ai pas froid merci.

- Vous n’aviez pas besoin de ça la dernière nuit », insista Barbossa.

Elizabeth recula et ouvrit la porte, désireuse de sentir un peu d’air frais sur son visage.

«  Comme vous l’avez-vous même dit c’était la dernière nuit. Au revoir Hector. »

 

Barbossa grimaça et s’approcha d’elle.

«  Tout mes canons sont pointés sur vous Elizabeth.

- Comme les miens sur le Pearl, rétorqua la jeune femme. Touchez-moi et les seules cales que vous verrez se remplir seront celles de votre navire après que je l’ai fait couler. »

Cette fois Barbossa se crispa.

«  Vous apprenez vite Madame Turner.

- J’ai eu un bon professeur. Maintenant partez. »

 

Barbossa poussa un soupir résigné et avança.

«  Vous comptez toujours sauver Monsieur Turner de l’effroyable sort auquel vous l’avez vous-même condamné ?

- Plus que jamais. »

Leurs regards se nouèrent et Elizabeth sentit le sang lui monter au visage.

«  J’espère pour vous et pour lui que vous m’avez dit la vérité Elizabeth, finit par déclarer Barbossa. Sans quoi aucun canon ne vous protégera de ce que je vous ferais subir. »

Elizabeth déglutit et releva le visage.

«  Il n’y a rien de ce que vous pouvez désirer ici. Au revoir Capitaine Barbossa. »

 

Le pirate hésita puis finit par céder.

«  Au revoir Capitaine Turner. Soyez sûre que nos routes se croiseront à nouveau. »

Elizabeth ne répondit pas et le regarda s’éloigner, concentrée sur ses jambes qui menaçaient de ne plus la porter. Enfin Barbossa s’élança et elle se tourna vers ses hommes.

«  Reprenez notre cap, vite ! »

 

Elizabeth se précipita dans sa cabine et se laissa tomber sur une chaise, le cœur battant la chamade. Toute à son émoi, elle n’entendit pas la porte s’ouvrir derrière elle et sursauta lorsque la voix de Lee s’éleva dans son dos.

«  J’ai dû neutraliser ton ami. »

Elizabeth se leva, affolée.

«  Jack ? Que lui as-tu fait ?

- Rien de mal, je l’ai juste assommé. Je me suis dit que si tu le cachais à ton autre ami il devait pouvoir te servir. »

 

Elizabeth souffla, soulagée.

«  Il a la carte que je t’ai promise.

- Si j’avais su je n’aurais fouillé. » répondit Lee en se laissant tomber sur le lit avec une grimace.

Elizabeth rougit devant son torse dénudé.

«  Ce n’est pas la bonne méthode avec Jack. Laisse-moi faire. »

Lee lui lança un regard ironique tandis qu’elle s’approchait de son bandage.

«  Tu te trouves de nouvelles excuses. Jamais tu n’arrêteras de pirater tu as la tromperie dans le sang. » Lui déclara-t-il avec un vague dégoût.

Les doigts d’Elizabeth s’immobilisèrent.

«  Je ne veux plus voir de mort ou de souffrance c’est tout…

- La souffrance n’est pas que physique Elizabeth. »

 

La jeune femme rougit et évita son regard.

«  Pour l’instant il faut changer ton bandage. » déclara-t-elle en défaisant le linge souillé avec précaution.

Lee se crispa brutalement tandis qu’elle frôlait sa peau et il la repoussa.

«  Je me débrouillerais seul.

- C’est à moi de te soigner.

- Je préfère que tu t’en abstiennes. Ton regard parle trop pour toi. Garde tes ardeurs pour ce Sparrow, puisque je suppose que c’est ainsi que tu comptes lui reprendre la carte. »

 

Elizabeth rougit et avala sa salive. L’ardeur que Barbossa avait allumée dans ses reins n’était rien à côté des idées qui lui venait à la vue de la semi nudité de son sauveur.

« Pourquoi me repousses-tu ? Souffla-t-elle. Est-ce que je te dégoûte à ce point ?

- Non. Au contraire. Répondit Lee d’un ton crispé.

- Alors pourquoi je si tu en as envie et je …

- Tu es un pirate. J’ai déjà trop souffert à cause d’une femme comme toi. Il vaut mieux pour tous les deux que nous en restions là. Comme pour ton mari. » Répondit Lee.

 

Le cœur d’Elizabeth manqua un battement et des larmes lui piquèrent les yeux. Lee avait raison. Comment pouvait-elle laisser son corps la gouverner à ce point ? Bouleversée, Elizabeth se précipita vers le pont et inspira longuement l’air frais de la nuit qui tombait. Elle n’avait plus le droit à l’erreur, le seul désir qu’elle devait suivre était celui d’effacer sa faute.


Chapitre 4                                                                                                        Chapitre 6


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