Singapour
Elizabeth, flanquée de Lee, retrouva avec bonheur la relative sécurité de son repaire. Plissant le nez sous les effluves de cendre qu’elle exhalait, elle se tourna vers son sauveur.
« J’ai besoin de prendre un bain. »
L’homme haussa les épaules et s’assit.
« Dans ce cas nous parlerons après. »
Elizabeth hésita. Lee Huang avait beau lui avoir sauvé la vie, elle ne lui faisait pas confiance. Ne serait ce qu’à cause du nom qui était le sien.
« Si j’avais voulu me débarrasser de toi, j’aurais pu le faire au moins une dizaine de fois pendant ton sommeil. » déclara l’homme.
Elizabeth tiqua puis reconnut en son fort intérieur la justesse de l’argument. Sans plus se soucier de l’homme, elle se hâta vers la salle adjacente et se mit en devoir de verser l’eau qu’elle avait mise à chauffer dans un baquet.
Un long soupir soulagé lui échappa lorsqu’elle se glissa dans l’eau chaude et elle posa son sabre à portée de main. La confiance avait des limites.
Une fois séchée et rhabillée, Sao Feng semblait avoir été un grand amateur d’étoffe pour son plus grand bonheur, Elizabeth rejoignit Lee.
« Que proposes-tu ?
- Voilà qui est direct, apprécia l’homme. Je te propose mon aide pour récupérer l’Empress.
- Qui te dit que je veux le récupérer ?
- Pourquoi serais tu ici si ce n’était pas le cas ? »
Elizabeth se laissa tomber sur le sol et le fixa.
« Admettons que je veuille le récupérer. Pourquoi aurais-je besoin de ton aide ?
- Parce que je suis disposé à te l’offrir et que tu n’as guère d’autres alliés. »
Elizabeth réfléchit rapidement tout en observant le jeune homme qui lui faisait face. A présent qu’il avait lavé la suie qui couvrait son visage, il ne paraissait plus si jeune qu’elle ne l’avait cru.
« Pourquoi m’aiderais-tu ?
- Je te l’ai dit, j’ai un compte à régler avec Tai Huang. »
Elizabeth secoua la tête.
« Tu n’as pas besoin de moi pour le faire. Si tu le connais si bien que tu le prétends, il te serait facile de le tuer sans mon aide. Alors que cherches-tu ? »
L’homme sourit avec froideur.
« Méfiante…
- Je préfère le terme de lucide. Alors ? Ton prix ?
- On prétend que tu es l’épouse du Hollandais Volant.
- Tu le sais déjà puisque tu connaissais mon nom. Que veux-tu réellement Lee ?
- Un navire et l’assurance de ne pas mourir.
- Si je récupère l’Empress ce ne sera pas pour te l’offrir. Quand à ta seconde requête, ce n’est pas en mon pouvoir de t’offrir la vie éternelle.
- Sauf si tu me donnes les cartes du vieux Feng.»
Elizabeth cilla et se força à ne pas réagir.
« Si c’est ton prix tu peux repartir immédiatement Lee. Elles ne sont pas en ma possession.
- Je le sais. Mais je sais aussi que tu sais qui les détient. Quant au navire, j’ai toujours admiré la jonque de Mistress Ching. »
Elizabeth ne put contenir un léger sourire.
« Rien que ça ? Dois-je te rappeler que Ching est mon alliée ?
- Pas la mienne. Quant aux alliances… Elles n’ont de sens que tant qu’elles sont utiles. »
Elizabeth sourit à nouveau. Lee lui plaisait. Il lui plaisait même beaucoup.
« Dans ce cas, rien ne me dit que tu me resteras fidèle.
- C’est un risque à prendre. »
Elizabeth fixa le jeune homme.
« Admettons que je dise oui… Que proposes-tu ?
- Je t’aide à renverser Tai et à reprendre l’Empress. Puis tu m’aides à obtenir la jonque de Ching. Et les cartes.
- Qu’est-ce qui te prouve que je respecterais mon engagement ?
- C’est un risque à prendre. » sourit le jeune homme.
Elizabeth sourit à nouveau et lui tendit la main.
« Très bien Lee. J’accepte ton offre. Aide-moi et le moment venu, je veillerais à ce que tu obtiennes les cartes.
- Et pour la jonque ?
- Aussi. » assura Elizabeth.
A sa grande surprise, le jeune homme se leva souplement.
« Bien, je reviendrais te voir lorsque Tai sera de retour. »
Elizabeth le regarda avec curiosité.
« Tu pars ?
- Tu préfères que je te tienne compagnie ? Répondit l’homme d’un ton moqueur en la détaillant avec audace.
- Sûrement pas. » Affirma Elizabeth en se sentant rougir.
Lee haussa les épaules et s’éloigna, la laissant seule. Après son départ, Elizabeth cligna plusieurs fois des yeux, surprise, puis elle s’allongea. Si elle voulait affronter Tai Huang, elle aurait besoin de toutes ses forces.
En dépit de tous ses efforts, le sommeil s’entêtait à la fuir et Elizabeth finit par se lever, agacée. Le comportement de Lee l’intriguait. Il l’avait sauvée, ils avaient passé un accord puis il était parti sans rien tenter de plus. Ce n’était pas qu’elle le regrettait non, bien sûr que non… Mais de la part d’un pirate, cela était surprenant. La jeune femme se rassit et soupira de plus belle en fixant d’un œil morne les flammes qui brillaient.
Une fois de plus, ses pensées la ramenèrent vers Lee. Le jeune homme était vigoureux. Elle avait senti sa force lorsqu’il l’avait serrée contre lui dans la cave.
« N ‘y pense même pas ! S’ordonna-t-elle à voix haute. C’est à cause de désirs comme ça que tu en es là. »
Immédiatement ses souvenirs la ramenèrent à Barbossa et elle grinça des dents. L’espace d’une seconde elle regretta l’absence du pirate. Avec lui l’assouvissement était simple. Et attendu que la faute était déjà commise, il n’y avait plus lieu de regretter.
Comme s’il lui répondait son ventre se durcit et Elizabeth se leva à nouveau. Avec une expression résignée, elle entreprit de se faire du thé. La nuit serait aussi solitaire que longue…
Le Black Pearl,
Barbossa promena un regard ironique sur les hommes qui avaient été si prompts à l’abandonner quelques mois plus tôt et savoura la peur que son retour leur causait. Derrière lui, la voix rauque de Grace O Malley s’éleva.
« J’espère que vous allez être plus efficace que Sparrow, Barbossa. J’ai besoin de rejoindre l’Irlande au plus vite. »
Barbossa se fendit d’un sourire onctueux. Un sourire contre lequel Jack aurait pu mettre en garde Grace s’il avait encore été à bord.
« Ne vous en faites pas Capitaine O’Malley, j’ai barré ce navire durant dix longues années, je le connais mieux qu’aucun autre. »
La femme lui renvoya un regard peu amène.
« Je l’espère bien sans quoi votre carrière risque de se voir écourtée. »
Barbossa se contenta de s’incliner puis se retourna vers les hommes pour hurler ses ordres.
Une fois le Pearl lancé à pleine voilure en direction d’une Irlande que Barbossa ne comptait pas visiter, le pirate se présenta dans la cabine que s’était appropriée la femme.
« Je ne vous ai pas autorisé à me rejoindre. » grinça Grace.
Barbossa s’empara d’une pomme et mordit machinalement dans le fruit avant de répondre.
« Il me semble que vous m’aviez promis une carte. »
Grace ricana légèrement.
« Me croyez-vous stupide Barbossa ? Moi aussi j’ai entendu parler de vous, vous n’aurez la carte qu’une fois que nous serons arrivés à destination.
- Je comprends, votre méfiance m’honore. » répondit Barbossa avant de sortir, un sourire aux lèvres.
Une fois sur le pont, le pirate se dirigea vers la barre d’un pas léger. Le regard de Grace lorsqu’il avait parlé de la carte l’avait trahie. Elle avait caché la carte dans le dernier endroit où un homme pourrait avoir envie de la chercher. Maintenant qu’il disposait de cette information ce n’était qu’une question de temps pour qu’il reprenne le commandement du Pearl et trouve la Fontaine de Jouvence. Après tout, il n’avait jamais rien promis à Calypso et il accepterait avec plaisir tout ce qui le garderait éloigné de la Muerta.
Singapour,
Trois jours s’étaient écoulés depuis leur rencontre lorsque Lee réapparut dans le repaire d’Elizabeth.
« Huang sera à quai dans une semaine. » annonça-t-il en guise de préambule.
Elizabeth sursauta en l’entendant entrer puis se redressa.
« Dans ce cas que me vaut le plaisir de ta visite ? »
Lee se contenta d’un regard vaguement méprisant qui déplut à la jeune femme puis observa.
« Tu n’as guère été discrète. Toute la Navy te recherche.
- Et bien qu’ils cherchent…
- Ce n’est pas un jeu. » La reprit l’homme.
Elizabeth se tourna vers lui, le regard luisant de rage à peine contenue.
« Crois-tu que je l’ignore ? Je sais exactement de quoi la Compagnie est capable.
- Alors sois plus prudente. Je t’ai apporté de quoi manger. Et aussi de quoi passer plus inaperçue. »
Elizabeth haussa le sourcil en le voyant sortir un tas de robes de son sac.
« Qu’est-ce que c’est que ça ? Ragea-t-elle en voyant un corset.
- Je croyais que tu avais été éduquée chez les nobles. » Riposta Lee.
Elizabeth eut un haut de cœur à la vue des robes impudiques qu’il exhibait.
« Je peux savoir ce que tu comptes faire ? Te déguiser ? » Se moqua-t-elle.
Lee la regarda sans sourire.
« Les hommes de la compagnie recherchent une femme pirate vêtue comme un homme. Ils arrêtent toutes les femmes vêtues à la mode asiatique qui dissimulent leurs visages. Ils ne songent pas aux catins. »
La mine d’Elizabeth s’allongea.
« Tu plaisantes … »
Lee n’eut pas besoin de répondre: les fards et rouges qu’il venait de disposer parlaient pour lui.
Elizabeth déglutit.
« Hors de question. Il va falloir trouver autre chose. »
Cette fois un sourire sardonique se forma sur les lèvres du jeune homme.
« Tu tues, tu rançonnes, tu pilles, mais tu refuses de te déguiser en putain ? Pourquoi ? »
Elizabeth baissa les yeux. Elle n’avait pas de réponse précise à sa question, excepté le fait qu’elle avait la conviction que si elle se grimait ainsi, elle ne mériterait plus la fierté de son père. La jeune femme déglutit à cette idée. Elle n’avait pas pensé à son père depuis des mois. Le Gouverneur avait été fier d’elle. Même en la sachant devenue pirate. Parce qu’il estimait que son combat était juste. Mais que penserait-il s’il pouvait la voir vêtue comme une catin ? Que penserait-il de ses agissements des derniers mois ? Le cœur d’Elizabeth se serra et pour la première fois depuis des semaines elle sentit des larmes de désespoir monter.
Lee l’observa et détourna pudiquement le visage tandis qu’elle se retournait, les épaules tremblantes.
« Est-ce que tu es certain que c’est le seul moyen ? Finit par demander Elizabeth d’une voix fêlée.
- Le seul non. Mais le plus sûr, y compris pour approcher Tai. Il ne t’attendra pas sous ce déguisement, il te juge trop noble pour ça. » Répondit Lee sans dissimuler son mépris.
Elizabeth prit une profonde inspiration.
« Comment sais-tu ce que Tai pense de moi ? » lui demanda-t-elle d’un ton méfiant.
Tout en parlant, elle baissa la main jusqu’à la garde de son épée, les yeux à présent secs.
« Parce qu’il m’a parlé de toi lorsqu’il est venu dans ma maison et qu’il a enlevé ma fille de quatorze ans pour le servir. » répondit Lee d’un ton vibrant de haine.
Elizabeth se mordit les lèvres submergée par le souvenir de Sonja, la jeune russe que Tai avait tenté de soustraire pour lui seul.
« Je suis navrée, je …
- Tu comprends maintenant pourquoi je le hais. La coupa Lee. Ma fille était tout ce qui me restait et il me l’a prise. Il a dit que maintenant qu’il était capitaine, il peut prendre tout ce qu’il voulait. Et il voulait ma fille. »
Elizabeth tendit une main hésitante vers Lee puis la rabaissa. L’homme s’était détourné. Sans doute pour qu’elle ne le voit pas pleurer à son tour.
« Nous la vengerons. Je te le promets. »
Lee se tourna vers elle et redressa le menton.
« C’est pour ça que je suis ici. Parce que je sais qu’il t’a volé quelque chose à toi aussi.
- Ce n’est qu’une jonque…. Répondit Elizabeth.
- Pas pour toi. Sinon tu ne serais pas là. »
Elizabeth ne répondit pas, mal à l’aise avec ce qu’il sous entendait. Bien sûr que l’Empress n’était qu’un navire parmi tant d’autres. Elle n’avait aucune raison de le désirer hormis pour retourner à la Muerta et sauver Will. Elle grimaça puis se pencha sur les étoffes.
« Allons explique-moi ton plan. »
Il s’avéra que le plan de Lee était fort simple. Elizabeth s’introduirait sur l’Empress déguisée en putain au nez et à la barbe de la Navy qui la recherchait. Puis, une fois à bord elle se débarrasserait de Tai, Lee la rejoindrait et lui prêterait main forte avec les hommes.
« Je les connais tous depuis longtemps. Ils me suivront.
- Ton plan pourrait marcher sans mon aide. Remarqua Elizabeth. Pourquoi as-tu besoin de moi ? »
Lee s’assombrit.
« Pour les cartes et le bateau. Il me faudra les deux pour retrouver ma fille et lui rendre son innocence. »
Elizabeth fronça les sourcils.
« Retrouver ta fille ? »
Lee la toisa.
« Les cartes ne mènent pas que vers ce que vous appelez la Fontaine de Jouvence. Elles détiennent un grand pouvoir mais ceux de ta race ne le comprendront jamais.
- Tu parles du Purgatoire de Jones ?
- Pas seulement. Elles offrent tout à qui sait ce qu’il cherche vraiment. »
Elizabeth ouvrit la bouche pour poser une nouvelle question mais le regard de Lee l’en dissuada. A son tour, la jeune femme réfléchit à toute allure. Les cartes menaient peut être à Will, peut être que…
« Je te tuerais sans hésitation si tu te dresses entre ma fille et moi. » déclara Lee d’une voix coupante, la main sur son épée.
Elizabeth haussa les épaules et lui fit un sourire désarmant.
« Désolée, l’habitude….
- J’étais sérieux. » Répondit Lee, sur la défensive.
Leurs regards s’affrontèrent un instant puis Elizabeth céda.
« Lee, je ne sais pas ce que c’est d’être mère. Mais j’ai eu un père qui, qui aurait tout fait pour me sauver alors je respecterais ma part du marché. » déclara-t-elle avec sincérité.
Lee se détendit un peu.
« Je veux juste la carte et le navire de Ching. »
Elizabeth exhala un soupir de soulagement et répondit sur le ton de la plaisanterie.
« Pourquoi Ching ?
- C’est la mère de ma fille. Et elle lui a refusé son aide et sa protection. » répondit Lee.
Elizabeth déglutit, encore plus mal à l’aise.
« Tu veux dire que toi et … mais… »
Elle a au moins cent ans de plus que toi…. Ajouta-t-elle mentalement, vaguement écœurée par cette idée.
Un vrai sourire illumina le visage de Lee en lisant son dégoût.
« Mistress Ching a été belle tu sais. Lorsqu’elle avait ton âge, elle possédait la taille la plus fine de Singapour et la poitrine la plus ferme. Ses baisers étaient de miel et ses étreintes de feu…
- J’en ai assez entendu. L’interrompit Elizabeth en rougissant.
- Pourquoi ça te met pas à l’aise ? »
Mal à l’aise, corrigea mentalement Elizabeth.
« Tu as un mari non ?
- Oui j’ai un mari. Soupira Elizabeth, le cœur serré à la pensée de Will. Moi c’est lui que je veux retrouver. »
Un silence inconfortable s’installa entre les deux complices et Lee finit par le briser. Tout en se penchant vers les tenues qu’il avait apportées il dit :
« Je pense que la bleue serait bien pour commencer. »
Elizabeth lui lança un regard reconnaissant et grimaça en voyant la transparence de la robe. Pourtant, Lee avait raison, c’était la plus décente de toutes.
« Les soldats doivent s’habituer à ta présence sur le port. »
Elizabeth reconnut la logique de l’argument puis grimaça.
« Mais s’ils…
- Je jouerais ton client.
- Tu as pensé à tout. » remarqua-t-elle un brin acide.
Lee se contenta de lui tendre les vêtements et Elizabeth se dirigea dans la pièce adjacente pour se changer. Elle enfila le jupon, aussi transparent qu’il se devait, puis contempla le corset. Elle n’en avait jamais mis seule et au bout d’une bonne dizaine de minutes d’inefficaces contorsions, elle dut se rendre à l’évidence: elle n’y arriverait pas sans aide. La jeune femme se couvrit comme elle le pouvait et se présenta devant Lee.
« J’ai besoin d’aide pour le laçage dans le dos. » déclara-t-elle avec autant d’assurance que possible.
Lee se leva avec nonchalance et s’approcha.
« Relève tes cheveux. »
Elizabeth obéit et frissonna en sentant le souffle chaud de l’homme lui caresser la nuque. Des images d’une indécente volupté la traversèrent et elle se crispa lorsque les mains de Lee l’effleurèrent alors qu’il s’emparait des lacets de son corset.
« Agrippe-toi à quelque chose. »
Troublée, Elizabeth referma ses doigts sur un pieu de fer maculé de sang et retint son souffle. Derrière elle, Lee tira fermement sur les lacets et elle hoqueta.
« Tu as la taille fine. » observa-t-il tandis qu’elle enfilait le haut de sa robe.
Une fois habillée Elizabeth posa des yeux peu convaincus sur les pots de poudre que l’autre avait ramené.
« Je vais le faire. » Annonça Lee en voyant son hésitation.
Elizabeth se laissa faire docilement tandis qu’il blanchissait son visage et recouvrait ses yeux de khôl pour les élargir avant de peindre ses lèvres en rouges.
« Belle. » apprécia-t-il.
Elizabeth sourit faiblement, peu convaincue tandis qu’il relevait ses cheveux avec plus de dextérité qu’aucune de ses caméristes dans son ancienne vie.
« Tu es prête. » annonça-t-il.
Elizabeth se pencha sur le miroir qu’il lui tendait et écarquilla les yeux à la vue de la créature qui lui faisait face. L’Elizabeth qu’elle découvrit n’avait rien de commun avec la fille du Gouverneur Swann. Pas plus qu’avec le capitaine de L’Empress. Non. Cette fois elle ressemblait à une femme séduisante. Et dangereuse.
Un peu décontenancée par ce qu’elle venait de voir et qui ne lui ressemblait pas, Elizabeth se retourna vers Lee. Pour la première fois il évita son regard et déclara avec froideur.
« Tu pars devant. »
Le Black Pearl
Trois jours avaient suffis à Barbossa pour retourner un équipage déjà à demi convaincu.
Grace ne se doutait de rien, trop accoutumée à la fidélité sans faille de ses chers irlandais. Barbossa releva crânement le visage et l’exposa aux rayons de la lune qu’il avait redoutée durant dix longues années. Le moment était venu de reprendre le contrôle de son existence. Il allait trouver la Fontaine et devenir immortel. Ensuite, il irait vers la Muerta et ferait payer à Elizabeth Turner le vol de son chapeau. Mais pour l’instant….
« Prenez les armes. » Ordonna-t-il.
Du coin de l’œil il aperçut Pintel et Ragetti qui tentaient de se cacher et pointa son pistolet dans leur direction.
« Messieurs Pintel et Ragetti, passez donc devant. »
Les deux lâches semblèrent embarrassés mais finirent par se résoudre à avancer.
Dix minutes plus tard, ils enfonçaient la porte de la cabine de Grace. Celle-ci se releva brutalement
« Barbossa ! Comment osez-vous ? Vous n’obtiendrez jamais la carte ainsi.
- Au contraire. » Commenta le pirate en plongeant sa main dans son fut sous les regards dégoûtés de ses hommes.
Un air triomphant sur le visage, Barbossa exhuma un papier jauni par les ans.
« Voilà la carte. » triompha-t-il en la humant avec affectation.
Grace se débattit mais Pintel et Ragetti la tenaient.
« Dommage poupée. »
Barbossa déplia la carte et poussa un rugissement de rage en y lisant l’écriture maladroite de Jack.
« Où est-elle !!! » Ragea-t-il
Grace le regarda sans comprendre et Barbossa soupira.
« Sparrow…..
- On la tue capitaine ?
- Oui on la tue ? » Demandèrent Pintel et Ragetti
Barbossa sonda le regard de Grace et soupira en comprenant qu’elle aussi avait cru à la véracité de la carte.
« Non, soupira-t-il à regrets, je ne voudrais pas priver l’Irlande de sa libératrice… Relâchez-la sur cette île. »
Grace lui lança un regard hostile et Barbossa se fendit d’un sourire ironique
« Allons vous voulez libérer l’Irlande non ? Alors entraînez-vous sur vous ma chère, sinon il vous reste une balle. »
Alors que ses hommes entraînaient Grace O’Malley sur la planche, Barbossa froissa la carte qu’il tenait. Il devait retrouver Sparrow…
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