Singapour, le lendemain
Le port de la ville asiatique grouillait de monde, marchands en quête de rapine, trafiquants d’opium à la recherche de clients, coupe bourse et autres personnages qui peuplaient habituellement les ports du monde.
Sur le navire de contrebandiers, Hector Barbossa ouvrit un œil injecté de sang. La nuit dernière avait été épuisante. Trop de vodka, trop de sexe et trop de baisers aussi. A croire qu’Elizabeth avait décidé de reporter sur lui tout ce qu’elle avait prévu de faire à Turner. Ce qui en définitive n’était pas pour lui déplaire.
Barbossa se leva, les muscles douloureux, et tâtonna à la recherche de ses vêtements. Un sourire éclaira un instant son visage à la pensée qu’Elizabeth avait dépassé toutes ses espérances la nuit dernière. Elle avait agi comme la dernière des putains ce qui pour lui était plus une qualité qu’un défaut. En effet, Barbossa n’avait jamais apprécié la bonne éducation quand il s’agissait de se mettre à l’horizontale. Pourtant, il ne l’aurait pas crue capable d’autant de fougue, il devait le reconnaître.
Toujours aussi ravi de sa nuit, le pirate sortit sur le pont et soupira lorsque la chaleur étouffante de la ville le prit à la gorge, charriant toutes ses odeurs de poisson, d’opium et de crasse. Elizabeth avait beau dire, le froid était tout de même plus agréable, ne serait-ce que pour cette raison.
Le capitaine du navire le salua d’un signe de tête et Barbossa eut un petit sourire vaniteux. Il ne faisait aucun doute que l’équipage entier avait profité du bruit de ses ébats de la nuit écoulée. Tant mieux, la chose ne ferait qu’accroître sa réputation de pirate accompli.
« Bien dormi ? » Demanda-t-il au capitaine qui lui répondit par un regard fatigué.
Barbossa l’ignora et réalisa soudain qu’il n’avait pas encore vu Elizabeth. Surpris, il se tourna de nouveau vers l’homme.
« Où est la femme qui m’accompagne ? Lui demanda-t-il.
- Je ne sais pas. »
Barbossa tiqua et porta machinalement la main à la doublure de son manteau. Un cri de rage lui échappa en ne rencontrant que du vide là où aurait dû se trouver le compas qu’il avait dérobé à Jack. Le visage crispé de colère, Barbossa se repassa mentalement la soirée. Après l’avoir toisé d’un air accusateur et repoussé pendant des jours, Elizabeth s’était brusquement souvenue de lui. En colère, Barbossa revit la manière dont elle s’était frottée à lui, dont elle l’avait embrassé alors qu’ils n’avaient jamais échangé le moindre baiser, dont sa bouche avait si bien su lui donner du plaisir.
« Foutue pirate. » Grinça-t-il entre ses dents alors que la vérité lui apparaissait dans sa plus cruelle évidence : Elizabeth avait mis en pratique sur lui le seul plan qu’elle semblait capable d’élaborer. Elle l’avait séduit de belle manière puis elle l’avait volé. Bref elle avait agi exactement comme le pirate qu’il avait espéré qu’elle devienne. Sauf qu’il n’avait pas prévu d’être le premier à en faire les frais.
Barbossa jura de nouveau entre ses dents et pesta contre sa propre bêtise. Lui, un Seigneur de la Piraterie, le plus prestigieux d’entre eux, s’était fait rouler dans la farine comme le plus inexpérimenté des mousses. Et le comble c’était qu’il n’avait suffi que d’un joli sourire et d’une bouche audacieuse pour lui faire oublier la plus élémentaire des règles : ne jamais faire confiance à un pirate. Mâle ou femelle !
Le capitaine s’approcha de lui et toussota, sa main se posant sur son épée d’un air négligent.
« Vous êtes à Singapour Capitaine Barbossa, je crois qu’il est temps de payer votre passage et celui de votre putain. »
Barbossa lui répondit par un regard hautain et porta la main à sa poche. Il fut à peine surpris en constatant que, à l’instar du compas, le collier destiné à payer leur passage s’était lui aussi volatilisé.
« Le paiement. » Insista le capitaine avec un air menaçant.
Barbossa ne perdit pas de temps en conjonctures. Sa botte s’écrasa dans le ventre du contrebandier dont il ramassa l’épée. Sans laisser à quiconque le temps de réagir, il enfonça la lame dans le ventre de l’homme à terre et se précipita vers le bastingage.
« Personne ne fait payer le Capitaine Barbossa. » Déclara-t-il avant de sauter à quai.
Sûr de lui, Barbossa s’éloigna sans se presser, un léger sourire aux lèvres en entendant les gémissements de souffrance du contrebandier. Le vent fit voleter légèrement son bandana et son sourire disparut. Elizabeth lui avait volé son cher chapeau. Mais avec ou sans compas, il finirait bien par remettre la main sur elle. Et lorsque cela sera fait, elle aura tout intérêt à se montrer particulièrement docile. Barbossa sourit de nouveau à la pensée de la manière dont il lui ferait payer sa dette et il poussa la porte de la première taverne venue.
« Il me faudrait un équipage. » Déclara-t-il d’une voix forte.
Plusieurs hommes se levèrent en le reconnaissant et Barbossa les jaugea du regard. Ceux-là seraient bien assez bons pour manier le navire du contrebandier dont il venait de s’emparer. Ensuite, il retrouverait le Black Pearl et ferait payer sa trahison à Sparrow. Puis, une fois à la barre de son navire, il retournerait à la Muerta…
En route pour les Caraïbes,
Le compas de Jack à sa ceinture et les cheveux dissimulés sous le chapeau qu’elle avait emprunté à Barbossa, Elizabeth soupira en voyant s’éloigner le port de Singapour. Elle se demanda vaguement si Barbossa avait déjà découvert sa fuite et caressa le collier qui avait rejoint les boucles d’oreilles dans sa poche.
Son regard sombre fixa encore un instant le port qui s’éloignait puis elle se détourna.
« Êtes-vous certaine que l’Empress fait voile vers les Caraïbes ? Demanda-t-elle à Mistress Ching.
- C’est-ce que le Seigneur Huang a annoncé. Répondit le pirate avant de se reprendre sous le regard noir d’Elizabeth. Je veux dire ce que ce mutin a dit Seigneur Swann. »
Elizabeth caressa légèrement le compas de Jack tandis que son regard s’assombrissait.
« Une chance que vous ayez été là Mistress Ching.
- Une chance pour vous que je vous ai reconnue. » Rétorqua Mistress Ching.
Elizabeth ne répondit pas. En fait elle avait été la première surprise de l’aide que l’autre pirate lui avait apportée mais ne s’en plaignait pas.
« Je ne vous encombrerais pas longtemps. Une fois que j’aurais trouvé où Huang a emmené mon navire je le reprendrai. » Déclara froidement Elizabeth
Mistress Ching la fixa avec insistance et songea que la femme qui lui faisait face n’avait plus grand-chose de commun avec celle qui s’était présentée pour la première fois au conseil, un peu plus d’un an plus tôt. Le visage de celle-ci avait perdu de sa candeur et arborait une expression dure. Le genre de dureté que l’on acquiert au terme de beaucoup d’épreuves, ce que Ching respectait pour l’avoir elle-même vécu près de vingt ans plus tôt. La pirate ignorait ce qu’Elizabeth Swann avait affronté et elle ne chercherait de toute façon pas à le savoir, à ses yeux seul le résultat comptait.
Elizabeth ôta d’un geste négligent le chapeau de Barbossa, elle libéra ses longs cheveux et posa un regard cerné de fatigue sur Mistress Ching.
« Auriez-vous un endroit où je pourrais m’enfermer pour me reposer quelques heures ? »
Ching ne s’offusqua pas du manque de confiance que révélait sa requête, après tout un pirate qui voulait survivre était un pirate prudent. Son regard se posa un bref instant sur le chapeau et elle se demanda vaguement comment le précieux couvre-chef de Barbossa était arrivé sur la tête d’Elizabeth Swann sans s’abaisser à poser la question.
« Les quartiers de mon second sont à votre disposition Capitaine Swann.
- Merci. » Répondit simplement Elizabeth avant de se diriger d’un pas assuré vers la cabine.
Une fois à l’intérieur, Elizabeth s’empressa de barricader la porte et s’assit sur le lit. La jeune femme prit une grande inspiration et ouvrit le compas, se concentrant sur l’Empress. L’aiguille oscilla un instant puis pointa vers la direction qu’ils empruntaient. Satisfaite, Elizabeth le referma et s’allongea. Elle allait retrouver l’Empress facilement. Une fois cette formalité accomplie, elle se chargerait de Tai Huang et de tous ses alliés à bord. Ensuite, ensuite, elle utiliserait le compas pour retrouver la Croix de Ponce Pilate. Ainsi Will ne saurait jamais rien des derniers mois et retrouverait sa liberté au terme des dix années de sa charge.
Tout en s’allongeant, Elizabeth se promit également de faire oublier son infidélité. Personne ne saurait jamais ce qui s’était produit avec Barbossa, ni leur alliance, ni l’enfer de glace qu’ils avaient traversés. Non personne ne saurait jamais, même si elle devait tuer pour garder son secret.
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ߣΛCKĦ£ΛЯŦ (lundi, 20 février 2012 01:47)
j'adore vraiment cette trilogie !!
JessSwann (lundi, 20 février 2012 09:30)
Lol je sais bien Miss, merciiii
megan (mercredi, 08 octobre 2014 12:17)
bonne histoire
Jess Swann (mercredi, 08 octobre 2014 12:57)
Merci ^^