Chapitre 40 : Je servirai


Son retour sur la terre ferme après le fiasco de se rencontre avec Jones avait été douloureux et longtemps Anamaria se souviendrait des cris d'agonie des hommes morts de lui avoir fait confiance. Jones l'avait laissée seule sur l'eau teintée de rouge des Caraïbes et elle avait été seule à mener le Conquérant à terre. Une fois sauvée, Anamaria avait passé des heures à pleurer, revoyant le visage de Will Turner, son indifférence envers elle, la servilité amoureuse du regard que le jeune forgeron adressait à Jones. Elle haïssait ce poulpe diabolique dont elle devinait l'emprise sur les sens de Will et n'avait plus qu'une seule idée en tête: trouver le cœur de Jones et l'obliger à libérer Will. Elle ne ferait pas l'erreur de tuer Jones, d'une part si ce qu'elle avait lu dans les yeux de Will se vérifiait le jeune homme ne lui pardonnerait pas, et d'autre part elle savait depuis toujours que tuer Jones équivalait à prendre sa place et elle aimait trop sa liberté pour devenir esclave du Hollandais Volant, même si elle l'était en tant que Capitaine. Elle laisserait le choix à Jones, libérer Will, l'éloigner de lui ou mourir. Mais avant ça elle devait trouver le cœur du poulpe, chose aisée avec le compas de Jack Sparrow mais pour laquelle elle avait besoin d'hommes d'équipage.

 

D'une démarche chaloupée, elle entra dans la taverne bruyante où les marins dépensaient leur argent en alcool et filles de joie et commença à observer les hommes qui se trouvaient là. Un marin, plus éméché que ses compagnons s'approcha d'elle et plaqua une main avide sur ses fesses.

« Regardez les gars, une fille habillée en homme. L'est pas mignonne celle la avec sa peau toute chocolat ! J'suis sûr que tu sais faire des tas de trucs ma jolie. T'adore ça hein. » Gloussa-t-il en tentant de rentrer sa paluche dans son pantalon sous les rires gras de l'assistance.

Anamaria poussa un soupir de lassitude et, d'un geste preste, elle posa le canon de son arme sur le front de l'ivrogne.

« Tu as trois secondes pour sortir ta main de là. »

 

L'homme se contenta de rire, sa main s'enfonça plus profondément dans son vêtement et chercha à atteindre sa partie la plus intime.

« Fait pas ta mijaurée en plus t'es nue sous ton pantalon suis sûr que t'adore ça. » Gloussa-t-il.

Anamaria le fixa, un éclat dur dans le regard.

« Non. Ton temps est dépassé. » Annonça-t-elle avant de tirer, explosant la tête de l'homme qui retomba raide mort à ses pieds.

Anamaria se tourna vers les clients de l'auberge d'un air froid.

« Y 'a-t-il encore un volontaire ? »

 

Blancs comme des linges, les hommes secouèrent la tête et l'aubergiste se glissa derrière son bar pour décrocher son fusil. Anamaria, qui le surveillait du coin de l'œil, ajusta froidement son tir et lui transperça la main.

«  Ça non plus c'est pas une bonne idée. Sers-moi un rhum pendant que je tente de trouver des hommes valides dans ce tas de chiens. » Ordonna-t-elle.

Sans attendre de réponse de l'aubergiste qui se tordait de douleur, elle se tourna vers les hommes.

« Alors combien d'entre vous se sentent capables de naviguer sous les ordres d'une femme ? Ou plutôt d'un Seigneur de la Piraterie ? » Lança-t-elle avec hargne.

Un homme se leva, l'air moqueur.

« Un Seigneur rien que ça ? Alors pourquoi es-tu ici alors que nous savons tous que le Chant a retenti ? »

Les yeux d'Anamaria se plissèrent.

« Peut-être parce que j'ai besoin d'un équipage.

- Et on peut savoir ce qui est arrivé à tes hommes ? Ou même si tu as un navire, Seigneurie des Pirates ? Se moqua l'homme.

- Ils sont morts. Déclara d'une voix dure Anamaria qui refoula le souvenir de la boucherie. Quant au navire, il est ici Le Conquérant ! »

 

Les hommes éclatèrent de rire.

« Le Conquérant ? Et que comptes-tu conquérir la belle ?

- Ça me regarde. Alors combien d'entre vous préfèrent naviguer plutôt que de rester ici à se transformer en sacs à vinasse ? »

L'homme qui le premier l'avait interpellée jeta un coup d'œil vers le corps de celui qui lui avait manqué de respect et se leva lentement.

« Moi Capitaine Conquérante. Se moqua-t-il. Je suis volontaire pour la place de second ainsi que pour combler celle qui est ouverte entre tes cuisses. »

 

Anamaria le regarda froidement, l'homme était bien bâti et son visage buriné attestait d'une longue expérience en mer.

«  Oui à la première, non à la seconde. Cracha-t-elle.

- J'aurais essayé. » Sourit l'homme.

Anamaria tourna son regard vers lui.

« Alors ! Tu te décides ?

- D'accord. Je serais ton second pour le reste tu n'as pas l'air très hospitalière.

- Ça me regarde. Déclara Anamaria secrètement soulagée en voyant d'autres mains se lever. Très bien pour ceux qui veulent appareiller à mon bord le départ est pour ce soir, soyez à l'heure. »

Son nouveau second la regarda avec ironie.

« Et peut-on savoir où nous allons Capitaine ?

- Tu le sauras bien assez tôt. Rétorqua Anamaria avant de descendre cul sec un pichet de rhum. Retrouvez-moi sur le port. » Dit-elle avant de sortir, piétinant au passage le corps de celui qu'elle avait abattu.

 

()()

 

Un grand sourire aux lèvres, elle sortit et se hâta dans les rues, sure de l'adhésion des hommes qu'elle avait recruté. Elle était tellement absorbée par ses rêves de liberté pour Will qu'elle n'entendit pas le pas de l'homme derrière elle et se retrouva plaquée au mur avec rudesse.

« Laisse-moi tas de merde. Ordonna-t-elle en sentant la respiration saccadée de son agresseur dans son cou.

- Quel manque d'élégance Seigneur Mérida… » Souffla l'homme.

Anamaria sentit son sang se glacer dans ses veines en reconnaissant la voix de l'homme à qui elle avait jadis vendu Elizabeth Swann.

«  Que voulez-vous ? » Demanda-t-elle, détestant sentir sa voix trembler

Mercer remonta sa main gantée le long de sa poitrine et la palpa sans douceur.

« Vous me manquiez. Notre précédente rencontre m'a laissé un goût d'inachevé. » Murmura-t-il en pressant son corps contre le sien.

 

La respiration d'Anamaria se bloqua dans sa poitrine alors qu'elle sentait l'excitation de l'homme dans son dos.

« As-tu déjà goûté au plaisir indicible de la douleur Anamaria ? Demanda-t-il savourant son prénom

- Je vous ai donné ce que vous vouliez. Vous avez eu la Swann. Lâchez-moi. Ordonna-t-elle faiblement

- Elle n'est plus avec nous, Sparrow l'a échangée à mon maître contre Calypso. » Ricana Mercer en se collant contre elle.

Anamaria poussa une exclamation de surprise en apprenant que Jack avait été jusqu'à les trahir pour posséder cette petite oie.

« Ça ne me concerne pas. Tenta-t-elle d'une voix misérable. Laissez-moi. »

 

Mercer râla de plaisir. Il pouvait sentir son cœur s'affoler sous sa poigne, l'odeur de sa peur. Il lui semblait déjà goûter le sang qu'il ferait bientôt s'écouler d'elle, sa main chercha son couteau et il sortit sa lame brillante qu’il passa sous les yeux d'Anamaria.

«  Je l'ai aiguisée spécialement pour nos retrouvailles. » Souffla-t-il.

La jeune femme gémit bruyamment, terrifiée cette fois, lorsqu'une voix lui rendit l'espoir.

« Hé toi là-bas qu'est-ce que tu fais à notre Capitaine ! » Hurla l'homme qui s'était auto proclamé second.

Mercer se retourna vivement et jura entre ses dents en voyant arriver l'homme, suivi par le reste des recrues d'Anamaria.

« Tu as de la chance cette fois. Mais je saurais être patient. Murmura-t-il en rangeant prestement son couteau avant de détaler dans le sens opposé.

 

Choquée, Anamaria se laissa glisser contre le mur avec l'envie de pleurer de soulagement tant cet homme la terrifiait. Le second parvint à sa hauteur.

« Besoin d'aide Capitaine ? »

Anamaria secoua lentement la tête.

« Non. Juste un prétendant éconduit…. Plaisanta-t-elle en tentant d'être convaincante. Mais merci quand même euh rappelle-moi ton nom ?

- Tom Hutvin. Déclara sobrement l'homme, intrigué par ce seigneur pirate qui était une femme et qui semblait terrifié par un simple pervers.

- Très bien Tom, si tes amis et toi vous êtes au complet nous levons l'ancre. » Ordonna Anamaria.

 

L'homme hocha lentement la tête et Anamaria prit la tête du cortège, elle courait presque tant elle avait hâte de s'éloigner de celui qui semblait décidé à la poursuivre jusqu'en enfer. Dans un coin sombre, Mercer regarda le groupe passer, son désir d'elle prêt à exploser tant il était frustré.

« Bientôt Anamaria. Bientôt je te retrouverai. » Murmura-t-il avant de reprendre la route de Port Royal.

 

()()

 

Le voyage jusqu'à Port Royal était passé vite. Trop vite pour Audrey qui se sentait dépassée par les événements, en effet depuis leur passage dans le bayou et le comportement de James en découvrant la disparition de Tia Dalma, les choses avaient encore empirées entre eux. Le Commodore semblait à présent la regarder avec un intense dégoût et l'évitait le plus possible et elle se sentait plus vide qu'elle ne l'avait jamais été. Audrey ne comprenait même plus ce que le Commodore lui reprochait et elle n'osait pas lui demander, l'homme étant dans une ivresse quasi permanente.

 

Audrey sursauta en entendant les marins se préparer à jeter l'ancre et sa porte s'ouvrit sans la moindre prévention, laissant place au visage rasé de frais de James Norrington. Le Commodore posa son regard glacé sur elle.

« Nous sommes arrivés Madame Beckett. »

Audrey leva ses prunelles mauves sur lui, surprise de constater qu'il n'avait pas bu.

« Ne m'appelez pas ainsi James. Quant à notre arrivée je m'en étais rendue compte. »

James sourit brièvement avant de reprendre son masque froid, il évita de la regarder et d'écouter la voix en lui qui lui criait qu'il devait la protéger.

« Bien. Je vais donc vous expliquer ce que nous allons faire. Nous allons pénétrer chez Beckett, trouver Elizabeth la libérer puis découvrir la cachette de Calypso, si votre mari s'interpose, je me fais fort d'en venir à bout. »

Audrey frissonna.

« Un plan audacieux James. Mais je dois vous avertir que vous ne viendrez pas aussi facilement à bout de Cutler. »

Norrington s'approcha d'elle et lui saisit la main.

«  C'est pour ça que vous allez venir avec moi. Un de nous deux doit réussir. Sauvez Elizabeth et emmenez Calypso. Je m'occupe de Beckett. »

 

Audrey blêmit, ainsi donc le moment était venu. Peut-être devrait elle lui dire qu'Elizabeth n'était déjà plus ici, emportée ailleurs par d'autres bras, elle ouvrit la bouche pour parler et ne rencontra que le regard emplit de méfiance et de dégoût de James.

« Très bien. Nous ferons ainsi James. » Murmura-t-elle le cœur lourd.

James sourit à nouveau.

« Soit, j'espère que vous ne me réservez pas encore une de vos surprises car sachez que si c'était le cas ce serait la dernière fois que je vous autoriserais à me berner, même si je vous dois la vie. »

Audrey hocha la tête.

« Bien nous attendrons la tombée de la nuit. » Déclara James.

 

()()

 

La nuit tomba vite sur la ville et Audrey vêtue d'une longue robe noire referma doucement ses flacons, elle les scella, sachant au fond d'elle qu'elle ne reverrait jamais cet endroit. James, vêtu avec distinction l'attendait sur le pont et il fut surpris de sa pâleur lorsqu'elle le rejoignit.

« Vous vous sentez bien ? » Demanda-t-il malgré lui.

Audrey sourit faiblement.

« Finissons en James.

- Soit suivez-moi. »

Il sembla à Audrey que le temps ralentissait alors qu'ils pénétraient dans la maison endormie de Beckett. La jeune femme frissonna, la maison était trop calme pour que ce soit normal mais devant elle, James continua à avancer et grimpa les étages avec agilité jusqu'à ce qu'il pénètre dans une chambre richement décorée.

«  Ce doit être ici. » Murmura-t-il en allumant une bougie.

Il sourit en apercevant un ruban abandonné dans un coin et le serra doucement dans sa main.

« Elizabeth… »

 

Sur le seuil, Audrey était paralysée par l'effroi. Elle avait reconnu le décor cossu de la chambre, si semblable à celui de la pièce dans laquelle elle avait vécu les pires années de son mariage. Comme dans un brouillard, elle s'approcha du lit et commença à regarder les gravures qui étaient éparpillées sur la courtepointe. Une brusque nausée la saisit en reconnaissant Elizabeth sur certaines, elle sur d'autres. Norrington se retourna vers elle, la découvrant plus pale que jamais.

« Audrey ! Chuchota-t-il. Fermez la porte ! »

Les larmes aux yeux, la jeune femme ne bougea pas et James s'approcha d'elle, lui arrachant la gravure des mains. Il jeta un bref coup d'œil dessus et la repoussa loin d'eux en découvrant Elizabeth, le visage incliné, qui semblait appeler des caresses tandis qu'entre ses cuisses s'affairait une silhouette féminine.

« Et arrêtez de regarder ces saletés ! C'est révoltant ! » Dit-il plus fort en rougissant de sentir son sexe se réveiller.

 

La porte claqua avec violence derrière eux et Audrey recula, terrifiée cette fois. James lança un regard méfiant autour d'eux et se retrouva brusquement immobilisé une lame sous la gorge.

« Commodore Norrington. Souffla Mercer. Il semblerait bien que j'ai eu raison de rentrer au plus tôt. »

James sentit son cœur s'arrêter de battre et regarda Audrey avec crainte.

« Ne restez pas là Audrey ! Il est seul sauvez vous ! Vite ! »

 

Comme dans un cauchemar, elle commença à avancer vers la porte elle toucha la poignée et s'apprêtait à ouvrir lorsqu'une voix l'arrêta net.

« Tu m'as manqué, petite catin. »

James fronça les sourcils et se contorsionna pour apercevoir Beckett qui émergeait doucement d'un coin sombre de la pièce. Le cœur affolé, James comprit que le Lord s'était trouvé là dès le début, il fit un pas en avant et Mercer ré affermit son étreinte, la lame s'enfonçant légèrement dans sa gorge.

« Audrey… Part. » La supplia-t-il.

Elle ne lui accorda pas un regard et tourna son visage vers celui de l'homme qu'elle avait passé tellement de temps à fuir.

Beckett sourit avec cruauté.

« Tu as été très indisciplinée Audrey. Tu t'es donnée à cet homme sans que je t'y ai autorisée. Tu m'as volé. »

 

Un sanglot étouffé s'échappa des lèvres de la jeune femme tandis qu'elle avançait vers Beckett. Elle ne pouvait pas résister à son appel.

«  Tu m'appartiens Audrey. Dit-le. Ordonna Beckett.

- Je t'appartiens. » Murmura-t-elle les mots franchissant ses lèvres sans qu'elle puisse les retenir.

James, effaré, la contempla, elle avait le regard halluciné et ses pupilles démesurément dilatées étaient chargées de terreur.

« Audrey ! Cria-t-il. Arrête ! »

Mercer renforça sa prise sur lui.

« Plus un geste où je vous tue…encore. »

James s'arrêta net, le regard perdu en voyant Audrey s'agenouiller devant Beckett. Le Lord se tourna alors vers lui, un sourire de pure malveillance aux lèvres avant de se pencher sur la femme soumise à ses pieds.

« Donne-moi du plaisir Audrey. »

 

James, le cœur battant à tout rompre vit Audrey défaire le pantalon de Beckett, elle exhiba son sexe durci avant de le mettre dans sa bouche sans la moindre hésitation. La main de Beckett posa dans les lourdes boucles brunes de la jeune femme et il la força à le prendre entièrement dans sa bouche, ses hanches se pressant contre elle sans douceur. James, les larmes aux yeux avait plus mal au cœur que jamais en voyant Audrey ainsi, entièrement dévouée au plaisir d'un autre qui la prenait comme un simple objet.

« Mais qu'êtes-vous donc. » Murmura-t-il, si horrifié qu'il ne bougeait plus.

 

Audrey pleurait. Son cœur cognait avec force dans sa poitrine alors qu'elle sentait l'homme qu'elle haïssait le plus au monde s'enfoncer dans sa gorge sans qu'elle puisse se défendre, ses oreilles s'emplissant des râles de plaisir de Beckett. Sa langue agissait par automatisme tandis que son cœur se soulevait de sentir dans sa bouche la saveur amère de l'écume que bientôt il déverserait entièrement en elle. La main de Beckett se crispa dans ses cheveux alors qu'il l'immobilisait et se projetait en elle par d'un violent coup de reins qui faillit l'étouffer. Audrey gémit de détresse en sentant le liquide chaud envahir sa gorge, sa peine couverte par le cri de jouissance victorieuse de Beckett qui la repoussa violemment au sol et lui donna un coup de pied dans le ventre au passage.

« C'est bien ma chère petite putain. A présent regarde ton précieux Norrington. Ordonna-t-il en la saisissant par les cheveux, l'obligeant à tourner son visage vers James. Je veux qu'il voie la chienne que tu es. »

 

Les larmes aux yeux, James détailla le visage d'Audrey, ses lèvres entrouvertes portaient encore la trace du plaisir de Beckett tandis que dans ses yeux une souffrance sans nom se propageait.

« Audrey. Murmura-t-il, le cœur brisé. Pardon. »

Beckett sourit derrière elle.

 

« Touchant vraiment … »

Audrey gémit, ses yeux s'accrochèrent à ceux de James en une prière muette, regrettant de ne pas lui avoir dit tout ce qu'elle savait. Elle poussa un râle en sentant Beckett tirer sa tête en arrière et découvrir sa gorge. Ses yeux si sombres qu'ils en paraissent violets se fermèrent alors que la froideur de la lame de Beckett entaillait son cou et faisait jaillir son sang. L'homme la maintint jusqu'à ce que toute vie l'ait désertée et que son âme ait rejoint l'abîme de souffrance qu'il lui avait réservé. Elle n'entendit pas le hurlement de Norrington, pas plus qu'elle ne le vit échapper à la poigne de Mercer et recueillir son corps inerte dans ses bras.

« Audrey. Non, non non ! » Hurla Norrington pendant que Beckett s'écartait et essuyait soigneusement sa lame sur la courtepointe du lit d'Elizabeth.

 

James, anéanti, berça lentement le corps encore tiède d'Audrey contre lui, se jurant de la venger. Il n'entendit pas Tia Dalma pénétrer dans la pièce et elle les regarda avec un sourire ravi. La sorcière se tourna vers Beckett.

« Voulez-vous un verre ma chère ? » Lui demanda ce dernier.

La sorcière secoua la tête.

« Non … demande lui. C'est lui que le destin a désigné pour nous emmener. » Murmura-t-elle en désignant Norrington.

Cutler sourit.

« Relevez-vous Norrington et laissez ça, Mr Mercer va s'en charger. »

Le regard chargé de haine, Norrington s'avança, la main sur la garde de son épée.

« Non vous ne me tuerez pas. Affirma Beckett. Pas si vous voulez une chance de revoir un jour Elizabeth. »

Norrington le fixa avec dégoût.

« Vous l'avez tuée ! Vous êtes un être vil et méprisable !

- Mais je peux vous offrir votre désir et plus encore. Murmura Beckett d'une voix séductrice. Rejoignez-moi et goûtez les plaisirs. Soyez contre moi et mourez comme un chien en condamnant Elizabeth. »

 

Norrington, la main toujours sur la garde de son épée, avança encore prêt à frapper mais la main de Tia Dalma l'arrêta net.

« Allons chéri il t'offre ce que tu veux. »

James se tourna vers elle et émit un sanglot étranglé alors qu’il ressentait à nouveau le désir animal qui l'avait saisi la première fois qu'il s'était trouvé en sa présence. Il tenta de penser à Audrey sans y parvenir, le parfum enivrant de la sorcière ayant raison de ses défenses. Derrière elle, Beckett reprit d'une voix basse et envoûtante.

« Il y a mon cher James, ce qu'un homme peut faire et ce qu'il ne peut pas faire. La question est pouvez-vous me servir en rétribution de la réalisation de vos désirs ? »

Norrington ferma les yeux, le cœur emplit de haine.

«  Tous mes désirs. Murmura-t-il avec dépit.

- Tous. » Souffla Tia Dalma.

 

Le visage de Norrington se durcit. Il était temps pour lui de prendre son destin en main.

« Je servirai. » Murmura-t-il.

Beckett sourit d'un air suffisant et échangea un regard complice avec Tia Dalma.

« Alors conduisez nous à l'île des Épaves. » Ordonna-t-il.

James lui sourit étrangement et se mit en route leur faisant signe de le suivre.


Chapitre 39                                                                                                     Chapitre 41


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