Tortuga.
William Turner ne savait pas très bien ce qui l'avait poussé à venir ici mais c'était le seul endroit où il savait pouvoir trouver des marins susceptibles de le mener à Jack Sparrow ou un équipage suffisamment fou pour embarquer avec lui vers la Muerta. Cela faisait deux jours qu'il était ici et les choses étaient loin de se dérouler comme il le souhaitait. En effet peu d'hommes étaient près à le suivre sur sa bonne mine et Will n'avait pas la rouerie et le bagout d'un Jack Sparrow. Il se bornait donc à aller d'hommes en hommes et les interrogeait sur le fameux pirate, mais nul ne l'avait revu depuis des lustres. En fait, il semblait bien que Jack Sparrow avait disparu de la surface du globe.
Will en était là dans ses réflexions, lorsqu'il vit, amarré bien sagement, le navire qu'il appelait de tous ses vœux depuis le début de son périple. Le Black Pearl ! Si Jack était encore en vie alors le Pearl était le moyen de le retrouver. Will monta d'un geste preste à bord, souhaitant ardemment voir le fameux capitaine lui retourner un de ses larges sourires ironiques. Au lieu de ça, il sentit la froideur de l'acier d'une dague se poser sur sa gorge.
« Que fais-tu sur mon bâtiment ? » Souffla une voix indéniablement féminine à son oreille.
Will eut un sourire hésitant.
« Anamaria ? C'est Will, William Turner. Précisa-t-il.
- Je t'avais reconnu. Je t'ai posé une question que fais-tu sur mon bâtiment ? Répéta la femme sans desserrer son étreinte.
- Jack. Je cherche Jack.
- Sparrow est mort. Est-ce que c'est la Compagnie qui t'envoie ?
- La Compagnie… Bredouilla Will. Non je …
- Capitaine ce gamin n'est pas un menteur. » Intervint Gibbs.
Doucement, la femme desserra son étreinte et vint se planter devant Will.
« Et bien quel accueil. Ne put s'empêcher de dire ce dernier. J'ai connu mieux je l'avoue. D'autant plus que ça fait des semaines que je vous cherche.
- Pourquoi nous cherches-tu ? Et que fais-tu là ? Le questionna rudement Anamaria.
- T'as des nouvelles de Jack ? Ne put s'empêcher de demander Gibbs, l'air plein d'espoir.
- Non. A vrai dire je comptais un peu sur vous pour m'en donner.
- Gibbs occupe-toi du ravitaillement. Jeta Anamaria. Turner et moi nous allons avoir une petite discussion. »
Gibbs haussa les épaules et maugréa après ces maudites femelles. Il souhaitait du plus profond de son âme retrouver son capitaine Jack et voguer à nouveau sous ses couleurs plutôt que sous les ordres de cette maudite, MAUDITE femme, songea-t-il avant de cracher au sol afin de marquer sa désapprobation et de s'éloigner.
Anamaria resta seule face à William et apprécia malgré elle les épaules bien dessinées du jeune homme, son visage lisse qui ne portait encore aucunes cicatrices, la manière dont ses yeux doux se posaient sur elle. Si semblable à ce qu'il était dans ses souvenirs. Will de son côté, inconscient de l'examen dont il était l'objet, regardait la jeune métisse et attendait qu'elle reprenne la parole. Au fond de lui, il admirait la jeune femme qui dirigeait apparemment le Black Pearl d'une main de fer.
« Suis-moi. Finit-elle par ordonner. Et explique moi ce qui s'est passé et s'il est vrai que Jack a disparu le jour de sa pendaison.
- C'est exact, j'y étais. Il s'est envolé comme par magie. Et depuis ce jour je le cherche.
- Pourquoi ça ?
- Je, mon père, il est le seul à pouvoir me parler de lui. Le seul à pouvoir m'aider à me trouver, à savoir qui je suis.
- Je vois. Et tu penses que Jack essaiera de retrouver le Pearl.
- C'est son navire. Déclara doucement Will. Chacun de ses actes n'était motivé que par le désir de le récupérer.
- Nous n'avons fait qu'appliquer le code de la piraterie. Répondit Anamaria, sur la défensive. Et il me devait un navire ! »
Will leva les mains en signe de paix.
« Je ne vous juge pas. Je veux juste retrouver Jack. S'il n'est pas à la recherche du Pearl il ne peut être que sur la Muerta.
- La Muerta. Grinça Anamaria. Encore faut-il savoir y aller ! Je ne prendrai pas ce risque, je ne veux pas finir comme tous ces malheureux qui ont essayé.
- Et si j'avais en ma possession un objet qui nous mènerait à coup sûr et sans risque sur la Muerta ? Vers le trésor amassé par Barbossa.
- Intéressant… Dis-m’ en plus, et d'abord qu'est il arrivé à Barbossa ?
- Mort. Dit Will qui baissa les yeux à ce souvenir. Jack l'a tué. Son cadavre est là-bas. »
Anamaria ne put retenir un petit hoquet de surprise en entendant cela. Hector était mort, ça voulait donc dire que son empire était vacant. Et que le premier à posséder sa pièce de huit deviendrait un seigneur pirate de la plus ancienne des Confréries et dirigerait une partie du monde. Barbossa avait sûrement le signe de son appartenance à la Confrérie sur lui. Si elle s'en emparait elle deviendrait un seigneur pirate. Elle regarda Will d'un air rusé, il ne semblait pas avoir la moindre idée de ce qu'il lui proposait, ni de la puissance de la Confrérie. Décidément elle aimait de plus en plus ce garçon. Elle s'efforça de maîtriser son excitation.
« Et tu dis que tu peux nous mener là-bas sans danger ? »
Pour toute réponse Will sortit le compas de Jack qu'il agita sous son nez.
« Je l'ai ramassé après que Jack se soit évadé de Port Royal. »
Anamaria lui fit cette fois un vrai sourire. Oui c'était possible et même mieux que tout ce dont elle avait pu rêver.
« Et que veux-tu en échange ?
- Juste trouver Jack. Et que tu m'emmènes sur la Muerta. Et je garde le compas de Jack !
- Très bien William. Bienvenue à bord du Black Pearl.
- Et si on retrouve Jack, tu lui rendras le Pearl ? Demanda Will, méfiant.
- Lui rendre le Pearl ? Et pourquoi je ferais ça !
- Tu auras le trésor de la Muerta pour toi. Tu seras riche. Murmura Will.
- Nous verrons. » Répondit Anamaria consciente au fond d'elle-même qu'elle ne pourrait rien refuser à celui qui venait de lui offrir une chance d'obtenir tout ce dont elle avait toujours rêvé ou presque sur un plateau.
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Gibbs ne put se retenir bien longtemps d'interroger Will sur celui qu'il considérait envers et contre tout comme son capitaine.
« Dis Will le captain Jack s'est vraiment enfui comme tu l'as dit ?
- Oui. Il était là et deux secondes après, disparu…
- Oh et dis-moi Will. Et Miss Elizabeth ? Elle est rentrée saine et sauve, n'est-ce pas ? »
Une expression d'intense regret passa alors sur le visage de Will. Il n'arrivait toujours pas à oublier la jeune femme qui était son rêve depuis ses douze ans mais qu'il n'osait approcher.
« Elizabeth va très bien elle va épouser le Commodore Norrington comme prévu. »
Gibbs le regarda les yeux ronds, ne sachant que dire tandis qu'Anamaria qui écoutait la conversation sans en avoir l'air se sentait brusquement joyeuse à l'idée de voir la fille du gouverneur de Port Royal mariée et loin de William Turner.
« Pourquoi avez-vous peur de la Compagnie ? Demanda Will tout à trac, ne souhaitant pas s'appesantir sur le sujet Elizabeth.
- Les temps sont de plus en plus durs pour les fils du ciel. Chaque jour les vaisseaux de la Compagnie des Indes repoussent les limites du monde connu et ils nous traquent sans relâche. Expliqua Gibbs. Et le Commodore Norrington est loin d'être le moindre de ses agents.» Ajouta-t-il.
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Le soir venu tandis que chacun regagnait ses quartiers, Anamaria, confortablement installée dans ce qui avait été la cabine de Jack puis d'Hector Barbossa, se prit à rêver à son nouveau membre d'équipage. Will était différent des hommes qu'elle croisait habituellement, il était jeune, beau, et somme toute assez charmant. Ça faisait bien longtemps que la jeune femme n'avait pas goûté aux plaisirs de l'amour attendu qu’elle s'était refusée à Jack durant leur voyage vers la Muerta. En effet, sa précédente nuit d'amour avec le pirate lui avait coûté son navire et depuis, outre le fait de s'être jurée que plus jamais Jack Sparrow ne la toucherait, elle faisait preuve de prudence envers les hommes auxquels elle accordait ses faveurs. Mais ce soir elle avait l'impression que le désir qui courait dans ses veines ne s'en irait pas aussi facilement que d'habitude. Le jeune Will était tout entier dans son esprit et la chaleur qu’elle sentait au creux de ses reins appelait des caresses, ses caresses. Agacée, Anamaria se leva et décida que prendre l'air lui ferait du bien.
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La démarche rapide, Anamaria déambulait sur le pont du Black Pearl et s'efforçait d'oublier le désir qui grandissait en elle lorsque la voix du dit William vint la tirer de sa rêverie.
« Tu as un problème ? Tu as l'air… Perturbée. »
Anamaria le regarda. À cet instant son visage était éclairé la lumière de la lune ce qui le faisait paraître plus désirable encore. Lentement elle suivit du regard les contours de sa bouche et imagina ce que ça ferait de sentir ses lèvres se poser sur les siennes, ses mains sur sa peau, ses doigts la fouiller doucement et…
« Je peux faire quelque chose ? S'enquit Will, la ramenant à la réalité.
- Je. Oui viens avec moi. Tu vas m'aider à calculer notre itinéraire. » Répondit elle, confuse, en lui désignant sa cabine.
Will la suivit sans mot dire, amusé malgré lui par l'allure masculine du nouveau capitaine du Black Pearl et de la dureté qu'elle affichait face à ses hommes.
« Alors comment puis-je te venir en aide ? Demanda Will en souriant avant de se pencher sur les cartes éparpillées sur le bureau.
Anamaria, n'y tenant plus, vint se placer derrière le jeune homme, elle posa ses mains sur sa taille et lui murmura doucement à l'oreille.
« Regarde-moi Will. »
Will, se retourna lentement et obéit à la femme. Il sentit sa bouche s'assécher en la voyant. Elle n'avait plus rien de dur ou de masculin au contraire. Anamaria colla son corps contre le sien dans une étreinte qui ne laissait aucun doute sur la nature du service qu'elle attendait de lui. Lentement, elle passa sa main dans les cheveux du jeune forgeron et laissa son autre main glisser sur son torse.
« Will … » Murmura-t-elle en plongeant son regard dans le sien.
Will sentit son cœur s'accélérer tandis que le corps de la jeune femme épousait le sien. Avec hésitation il répondit à son étreinte, il se pencha légèrement sur elle et effleura ses lèvres tandis qu'il sentait sa poitrine contre lui. Anamaria, tremblante, attira doucement la tête de Will contre la sienne et posa sa bouche sur la sienne. Will sentit son sexe se tendre tandis qu'il embrassait la jeune femme. Il laissa à son tour glisser ses mains le long de son corps, jusque dans le creux de ses reins, jusqu' à sa croupe dont il apprécia la fermeté et l'agrippa fermement pour attirer Anamaria plus près encore. Toujours plus près…
Sentant le désir de son partenaire, Anamaria glissa doucement sa langue entre les lèvres de Will. Elle goûta sa bouche, savourant la sensation de sa langue contre la sienne tandis que sa main s'enhardissait et défaisait d'un geste nerveux la boucle de la ceinture de l'objet de son désir. Will, gémit légèrement puis l'écarta de lui, rompant leur baiser. Il l'observa longuement, gravant dans son esprit l'étincelle de désir qui allumait son regard, sa main encore sa croupe. Dieu qu'elle est belle songea-t-il. Mais elle n'était pas Elizabeth et il ne pouvait pas faire ça. Faire l'amour à une femme en pensant à une autre. Doucement, il ôta sa main de sa ceinture puis porta ses doigts à ses lèvres et les embrassa légèrement.
« Je suis navré Anamaria. Je ne peux pas te donner ce que tu souhaites. »
Anamaria, le feu aux joues, le regarda, incrédule. Elle avait bien senti le corps du jeune homme répondre tandis qu'elle était contre lui alors que…
« C'est à cause d'elle n'est-ce pas ? Elizabeth. Cracha-t-elle.
- Je, je l'aime… Depuis le premier jour où je l'ai vue, elle est la seule à mes yeux. J'aurais dû lui dire, j'aurais voulu passer ma vie à lui dire à quel point je l'aime. Elle, elle est si belle. Si douce. Je donnerais tout pour elle. Murmura Will
- Elle va en épouser un autre. Rappela Anamaria qui se sentit inexplicablement triste en entendant le discours du jeune homme.
- Je sais. Mais ne me demande pas de l'oublier. Ça m'est impossible. C'est pour ça qu'il ne peut rien se passer entre nous. Je, ça ne serait pas honnête ni pour toi, ni pour elle. Je ne peux pas te faire l'amour Anamaria. Tu mérites mieux que ça, mieux qu'un homme qui s'imagine avec une autre pendant qu'il est dans tes bras. » Termina-t-il en rougissant avant de sortir sans attendre sa réponse.
Anamaria, pantelante, se laissa tomber sur son lit. Il était parti et elle avait l'impression qu'un grand vide s'était fait dans la pièce. Au lieu de la refroidir, sa tirade, son honnêteté la poussait encore plus à désirer le jeune homme. Elle n'avait jamais connu d'homme aussi sincère, aussi pur, aussi altruiste que William Turner. Et tout cet amour, cet engagement pour une petite idiote capricieuse qui ne le méritait pas ! A cet instant Anamaria regretta amèrement de ne pas avoir livré cette femme à Barbossa lorsqu'elle le pouvait. La parfaite, pure et vierge fille du gouverneur !
« Sois maudite Elizabeth Swann ! » S'exclama-t-elle haineusement avant de déboucher une bouteille de rhum dont elle but de larges rasades.
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Will, de retour dans ses quartiers, s'allongea sur sa paillasse et s’efforça de ne pas réveiller ses compagnons déjà endormis dans les relents de crasse et de rhum. Il se rappela de la sensation que lui avait causée le corps d'Anamaria contre le sien, la douceur de sa bouche, ses formes pleines et fermes. Son sexe se durcit à nouveau et, lentement, Will se caressa jusqu'à parvenir à l'orgasme libérateur tandis qu'il s'imaginait avec Elizabeth.
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