A quelques encablures de l'île de la Muerta, les marins du Green Bottle, regardaient médusés l'océan engloutir un petit lopin de terre qui ne se trouvait sur aucune de leur carte tandis qu'au chaud dans sa cabine, Audrey se laissait retomber, épuisée, sur son lit. Les yeux à demi clos, elle s'efforçait de reprendre des forces, le sort qu'elle avait mis en œuvre pour couler l'île de la Muerta ayant eu raison d'elle. Néanmoins, elle avait l'esprit plus tranquille à présent que l'île était au fond de l'océan. En effet elle avait beaucoup parlé avec James Norrington qui se révélait être une source d'informations assez impressionnante dans la mesure où il ne se rendait même pas compte de l'importance de ses révélations. Audrey s'accordait donc un moment de répit bien mérité sure que l'homme ne parviendrait jamais à ses fins à présent que le corps de Barbossa et donc sa précieuse pièce de huit reposaient au fond de l'océan lorsque James, dans la cabine voisine, poussa un cri étouffé. Audrey fit une petite prière silencieuse à celui qu'elle servait, souhaitant de toute son âme pouvoir enfin se reposer, et se dirigea d'un pas traînant vers la provenance du bruit, non sans avoir au préalable bu une décoction à base de graines et d'écorce qui, si elle luttait très efficacement contre la fatigue, prodiguait aussi un mal de tête atroce à celui qui l'utilisait trop souvent.
James Norrington, dans la cabine qui lui avait été attribué, ne cessait de tourner en rond. Il en avait assez d'être tenu à l'écart par cette femme étrange dont il ignorait tout ! En regardant par la fenêtre il avait reconnu l'endroit près duquel se trouvait leur navire. C'était l'île de la Muerta, l'île qui n'apparaissait sur aucune carte et dont seule une poignée de personnes connaissait l'existence et les coordonnées, et cette femme, cette Audrey, les savait apparemment. James avait beaucoup observé cette dernière depuis qu'il s'était réveillé sur ce navire et plus les jours passaient, plus il avait l'impression qu'on lui dissimulait des choses. Il avait posé des questions ça et là aux marins du navire mais aucun d'entre eux n'avait pu lui en apprendre plus que ce soit sur Audrey ou sur la manière dont il était arrivé à bord. A vrai dire, les hommes avaient même semblés plutôt surpris de le voir au début. Et voilà qu'à quelques mètres de là, fendant rapidement les flots comme s'il le narguait, se trouvait le Black Pearl ! Le voir avait eu raison de James qui, persuadé que Sparrow était à son bord, avait exprimé son indignation et poussé le cri qu'avait entendu Audrey qui venait de pénétrer dans sa cabine sans frapper comme à son habitude.
James, bien décidé à avoir des réponses se tourna vers elle, l'œil vif. Il détailla un instant la femme qui lui faisait face. Elle avait le visage las des personnes qui ont vu beaucoup de choses au cours de leur existence et pourtant James était persuadé qu'elle n'avait même pas trente ans. Comme à son habitude elle était vêtue d'une robe noire qui la faisait paraître plus pale encore qu'elle ne l'était en réalité et ses yeux d'une teinte lavande presque improbable étaient la seule tache de couleur dans un ensemble presque terne. Chassant la pitié qu'il ressentait pour elle, James s'approcha l'air conquérant.
« Comment connaissez-vous cet endroit ?
- Je vous demande pardon ? Demanda innocemment Audrey
- Ne me prenez pas pour un idiot ! J'ai reconnu cette passe infâme c'est la Muerta ! Tout comme le navire qui s'éloigne là-bas est le Black Pearl ! »
Audrey pâlit en voyant la colère de James mais plus que tout elle ne put cacher son inquiétude à la mention d'un navire.
« Vous avez dit qu'un bateau était ici !
- Cessez vos petits jeux Audrey ! Je ne suis pas un gamin ! Il se passe des choses étranges sur ce bâtiment et j'en ai assez d'être tenu à l'écart. »
Audrey ne l'écoutait plus, il lui semblait que ses oreilles bourdonnaient et que son sang se glaçait dans ses veines tandis qu'elle découvrait enfin par la fenêtre le navire que James nommait le Black Pearl mais qu'elle connaissait sous un autre nom. Les souvenirs qu'elle avait tant fait d'efforts pour chasser refluèrent lentement dans son esprit et, devant un James Norrington médusé, elle glissa au sol, inconsciente.
James se précipita pour la rattraper et la souleva lestement dans ses bras, étonné par sa légèreté. Il la déposa doucement sur le lit et saisit son poignet fin pour s'assurer qu'elle était encore en vie. Au bout de quelques instants d'angoisse il sentit son pouls battre très très faiblement. Ne sachant pas trop quoi faire il lui passa un peu d'eau fraîche sur le visage et constata avec inquiétude que ce dernier était à présent d'un blanc cireux qui n'augurait rien de bon pour la suite. Le cerveau en ébullition, James cherchait un moyen de lui venir en aide lorsqu'il vit encore une fois le Pearl qui s'éloignait au loin. Il repensa à ce qu'avait dit ce maudit Sparrow sur les corsets lorsqu' Elizabeth était tombée de la falaise et sans hésiter il ouvrit la robe d'Audrey, arrachant les boutons dans sa hâte. Sans réfléchir à l'indécence de son acte, il la mit sur le coté afin de dénouer son corset, et poussa un cri en voyant le dos nu de la jeune femme.
Des épaules jusqu'au plus bas qu'il pouvait voir, ce dernier était couvert de zébrures indiquant sans aucun doute possible qu'elle avait été fouettée sans pitié. Pétrifié James posa une main hésitante sur l'une des cicatrices et constata le cœur serré qu'elle s'inscrivait profondément dans sa chair. Ne perdant pourtant de vue son but initial, il installa Audrey dans une position qui, il l'espérait, lui permettrait de mieux respirer et rabattit pudiquement un drap léger sur le corps de la jeune femme. En se relevant il aperçut un petit objet doré au sol et, curieux, il se pencha pour le ramasser. A sa grande surprise, il constata que c'était une alliance qui était auparavant attachée à une fine chaîne d'or qu'il avait dû briser lorsqu'il avait libéré la respiration d'Audrey.
Ainsi donc elle était mariée… songea-t-il, la nouvelle ne lui faisant aucunement plaisir. Intrigué, il regarda l'anneau de plus près. Ce dernier était de l'or le plus pur et recouvert de ciselures délicates qui formaient un motif compliqué qu'il ne connaissait pas. Un peu honteux de sa curiosité, mais ne pouvant pour autant pas la réfréner, James examina la face intérieure de l'anneau. Il savait que de nombreuses personnes faisaient graver leurs alliances à leur nom et il avait du reste lui-même commandé pour leur mariage des anneaux portant ses initiales et celles d'Elizabeth entrelacées. Espérant découvrir enfin le nom de sa mystérieuse hôtesse il approcha la bague de la lumière du jour et lut avec étonnement les mots qui y étaient gravés. Tu m'appartiens. Rien d'autre. Pas de promesse d'amour mutuel ou de nom, juste cette étrange affirmation. Plongé dans ses réflexions, James ne s'aperçut pas qu'Audrey reprenait peu à peu ses sens.
Audrey papillonna légèrement des yeux, elle cherchait à se souvenir de ce qui lui était arrivé lorsqu'elle aperçut James et ce qu'il tenait entre les mains. Sans se soucier de sa nudité elle bondit hors de son lit pour récupérer son anneau.
« Comment osez-vous ! Cet objet ne vous appartient pas ! Hurla-t-elle en lui arrachant. Où est la chaîne ? » Demanda-t-elle en serrant l'anneau à s'en faire blanchir les jointures.
James baissa les yeux, un peu penaud et lui tendit ce qu'elle demandait.
« Je suis désolé elle s'est cassée. »
Audrey, les mains tremblantes remit l'anneau sur la chaîne.
« Vous ne comprenez pas… Maintenant il va savoir que je suis en vie et alors il va me chercher.
- Mais de qui parlez-vous ? Est-ce de l'homme qui vous a fait ces marques ? » Interrogea doucement James.
A cet instant précis Audrey se rendit enfin compte qu'elle était à demi nue devant le commodore, elle croisa ses bras devant sa poitrine en un geste défensif et le regarda avec horreur.
« Qu'avez-vous fait ? »
James, interdit, avança vers elle.
« Vous vous êtes évanouie, vous aviez du mal à respirer et je me suis souvenu avoir entendu dire que les corsets nuisaient à la respiration. Dit-il avec la grimace qui lui était coutumière à chaque fois qu'il pensait à Jack Sparrow. Alors je, enfin je vous l'ai enlevé. Termina-t-il un peu gêné. Je m'excuse je voulais juste vous aider. »
Audrey sonda un instant son regard, se demandant visiblement s'il disait la vérité, puis sourit légèrement en signe d'apaisement.
« Oh… je crois que des remerciements s'imposent alors, Commodore.
- Et aussi des explications. » Compléta Norrington en l'aidant à s'allonger avec sollicitude.
Audrey soupira et sentit que cette fois l'homme ne se contenterait pas d'imprécisions mais elle ne pouvait pas lui dire la vérité.
« Pourquoi vous êtes-vous évanouie ? Demanda doucement Norrington.
- La fatigue sans doute. » Mentit-elle.
James, peiné par son manque de confiance, la fixa un bref instant avant de reprendre.
« De qui avez-vous si peur Audrey ? Est-ce de l'homme qui vous a donné ce bijou ? »
Elle secoua la tête et lui tourna franchement le dos pour serrer le drap autour de son corps tremblant.
« Je ne veux pas en parler. Si vous voulez m'aider laissez-moi seule. » Répondit-elle d'une voix étouffée.
James resta un instant sans bouger, ému par la détresse muette de la jeune femme, puis sans réfléchir, il s'approcha doucement d'elle et embrassa son cou avant de laisser sa bouche descendre le long de ses épaules, suivant le tracé des marques qui maculaient son dos. Le souffle court Audrey n'avait pas la force de le repousser, ça faisait tellement d'années qu'elle n'avait pas laissé un homme l'approcher ou la voir qu'elle n'arriva pas à s'éloigner de celui-ci comme elle aurait du le faire. Tendrement, prenant son silence pour un encouragement, James fit glisser le drap qui la recouvrait avant de saisir ses seins entre ses mains et de commencer à les caresser doucement. Audrey gémit en sentant les mains du Commodore se poser sur elle et pétrir doucement sa poitrine tandis qu'une chaleur se répandait dans son bas ventre.
« James. Souffla-t-elle. Nous n'avons pas le droit de faire ça. »
Norrington ne tint pas compte de ses paroles. Lentement, il tourna sa tête vers lui et prit ses lèvres tandis qu'il caressait doucement la pointe de ses seins, se sentant durcir à mesure qu'elle s'abandonnait sous ses doigts. Il la repoussa sur le lit où il finit de la déshabiller entièrement et commença à caresser négligemment sa cuisse puis remonta sa main vers son intimité. Il laissa un moment ses doigts frôler cette dernière avant de la pénétrer lentement et de commencer à la fouiller tout en l'attirant contre lui. Audrey gémit tout en avançant ses hanches vers lui ce qui arracha un sourire triomphant à Norrington qui prit une fois de plus ses lèvres avant de s'écarter d'elle.
Audrey lâcha un soupir de frustration et à son tour posa une main tremblante de désir sur le pantalon de son compagnon qu'elle enleva rapidement, libérant sa verge en érection. James plongea son regard dans celui d'Audrey lorsqu'il qu'il sentit sa petite main fine se refermer sur son sexe et le caresser lentement. Il laissa échapper un petit soupir de plaisir alors qu'elle accélérait ses mouvements sur son sexe.
Audrey le regarda intensément ses yeux mauves plongeant dans les siens. Elle voyait peu à peu le plaisir envahir les traits du Commodore qui était de plus en plus dur dans sa main. Il prit doucement sa main et interrompit sa caresse, le cœur battant. Il ne voulait pas jouir comme ça. Il avait envie d'elle, de goûter la chaleur de son corps de femme contre le sien. Sans dire un mot il la souleva, posa son corps souple contre le sien et poussa son sexe en elle. Audrey poussa un long gémissement lorsqu'il posa ses mains sur ses hanches pour guider ses mouvements. Elle agrippa le cou de son amant tandis que celui penchait la tête sur sa poitrine léchant ses seins avant l'attirer à nouveau contre lui et de prendre sa bouche fiévreusement. Audrey gémit tandis que les mouvements de James se faisaient toujours plus profonds en elle. Cette fois sans douceur, il lui saisit les fesses et les pétrit alors qu'il accentuait ses mouvements avant de se lâcher dans un râle. Audrey poussa un cri de plaisir en sentant sa semence chaude se répandre en elle tandis que son amant enfouissait sa tête dans son cou et y déposait un léger baiser avant de la relâcher.
James se leva. Il reprit tout son flegme, le cœur encore battant de leur étreinte. Il se sentait profondément satisfait d'avoir enfin assouvi le désir qui le brûlait depuis qu'il avait vu la première fois sur cette femme aux yeux violets. Il se rhabilla avant de se pencher sur elle et de baiser galamment sa main.
« Reposez-vous Audrey vous me paraissez fatiguée, ensuite vous répondrez à mes questions. Pour l'heure nous allons faire route vers Port Royal, ma fiancée m'attend. » Lui dit-il sèchement avant de sortir.
Audrey, encore étourdie par le plaisir qu'il venait de lui donner ne songea même pas à protester devant le changement de cap ordonné par James et ferma les yeux avant de plonger dans un sommeil sans rêves.
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