Chapitre 7 : Elizabeth arrive à ses fins


La veille du jour de ses six ans, Elizabeth eut enfin l’occasion de s’emparer de ce qu’elle convoitait tant. Profitant de l’effervescence causée par son anniversaire tout proche, la petite fille se glissa dans la salle d’études dont elle referma la porte soigneusement derrière elle avant de poser un regard calculateur sur ce qui l’entourait. Le livre était placé sur l’un des rayonnages les plus hauts et la tranche de sa couverture recouverte de poussière appelait la petite fille comme un aimant. Elizabeth se rendit rapidement compte qu’il lui faudrait faire preuve d’ingéniosité pour réussir le double exploit de s’emparer du livre et de faire en sorte que son larcin, ce qu’elle ne voyait du reste pas ainsi, du moins pas tout à fait, passe inaperçu aux yeux des adultes.

 

La petite fille se mit en devoir de rapprocher la chaise sur laquelle elle s’asseyait habituellement de l’objet de ses convoitises. Soufflant et le cœur battant à tout rompre de peur d’être surprise, Elizabeth souleva avec difficultés le siège, pestant intérieurement contre le faste de sa maison qui alourdissait le mobilier qu’elle contenait. Finalement et au bout d’efforts qui la laissèrent en nage, Elizabeth réussit à rapprocher suffisamment le siège pour pouvoir en se mettant sur la pointe des pieds frôler du bout des doigts la couverture du livre interdit. La petite fille tira la langue en même temps qu’elle extirpait l’ouvrage de l’étau qui le maintenait en place et réprima de justesse une exclamation victorieuse lorsqu’il céda enfin et la projeta presque sur le sol.

 

Le livre entre les mains et le cœur battant d’excitation et d’angoisse mêlées, Elizabeth se retourna vivement et tendit l’oreille, les sens en alerte à l’idée que quelqu’un puisse la surprendre. Avec un petit soupir satisfait, elle entendit le ballet des domestiques qui s’efforçaient de préparer la fête du lendemain et ne se souciaient donc pas d’elle, Elizabeth redescendit précautionneusement de son perchoir et traversa la pièce sur la pointe des pieds. Assise devant les rayonnages de la bibliothèque qui faisait face à celle qu’elle avait amputée d’un ouvrage, Elizabeth finit par repérer un roman dont la taille et l’épaisseur correspondaient à son livre de pirate et dont l’absence du rayon le plus bas passerait inaperçue. Posant à regret son tout nouveau livre et repoussant la tentation de le feuilleter, Elizabeth prit le second ouvrage et remonta sur son escabeau improvisé.

 

Il s’avéra nettement plus compliqué de combler le trou que son vol avait fait dans la bibliothèque que de dérober le livre de pirate. Cependant et au bout de longues et angoissantes minutes, Elizabeth se laissa tomber sur la chaise et poussa un soupir de soulagement. Le trou était comblé. La petite fille s’accorda juste les quelques minutes qui lui étaient nécessaires pour reprendre son souffle avant de descendre de la chaise, la soulevant à nouveau pour lui faire faire cette fois le trajet inverse au premier.

 

Elle posait un regard satisfait sur l’ensemble de la pièce qui avait retrouvé son apparence d’origine lorsque la voix de Miss Asst retentit dans le couloir, l’appelant avec un zeste d’inquiétude. Paniquée Elizabeth se rua vers son livre de pirates avant de regarder autour elle avec inquiétude en entendant les pas de la nurse se rapprocher dangereusement de la bibliothèque. Sans hésiter, elle se glissa derrière l’une des longues tentures qui ornait les fenêtres, ferma les yeux et serra le livre contre elle, espérant que ses petits pieds ne dépassent pas de sa cachette.

 

L’instant d’après la porte s’ouvrit et Elizabeth retint sa respiration en entendant la voix de Miss Asst.

«  Miss Elizabeth ? Vous êtes là ? »

La petite fille se sentit vaguement coupable en percevant l’angoisse dans la voix de Miss Asst qui craignait visiblement que la petite fille ne lui ait à nouveau échappé, réitérant son exploit d’il y avait quelques mois. Elizabeth commençait à se sentir dans une position inconfortable derrière ses rideaux, lorsque la voix de Mrs Brode retentit à son tour.

« Que faites-vous ici Miss Asst ? » Demanda sèchement l’intendante.

D’où elle était Elizabeth put entendre la voix tremblante de la nurse alors qu’elle lui répondait.

« Rien du tout Madame.

- Auriez-vous encore perdu la petite peste dont vous avez la responsabilité ? » Insinua Mrs Brode.

 

Elizabeth serra les dents, furieuse, et se retint de justesse de faire une réflexion qui aurait à coup sûr trahi sa présence.

« Absolument pas Mrs Brode. Pas plus que Miss Elizabeth n’est une peste. Répondit la voix indignée de Miss Asst ce dont Elizabeth lui fut reconnaissante.

- Alors que faites-vous ici ? Du reste si vous la cherchiez une salle d’étude est bien le dernier endroit où le faire vu la négligence de cette petite. Reprit Mrs Brode. Allons retournez donc auprès de votre charge puisque vous dites savoir où elle se trouve. »

Miss Asst répondit d’une voix mal assurée qui serra le cœur d’Elizabeth.

«  Oui Madame. »

 

Tremblante, la petite fille entendit la porte se refermer puis les pas des deux femmes décroître dans le couloir. Au bout d’un moment, Elizabeth glissa un œil prudent en dehors de sa cachette et serra le livre contre elle alors qu’elle sortait de derrière les rideaux. Finalement elle s’approcha de la porte qu’elle ouvrit avec précautions. Un coup d’œil à droite puis à gauche, la voie était libre. Sans attendre, Elizabeth se glissa silencieusement hors de la porte et prit son élan pour courir jusqu’à la porte de sa chambre. Elle colla rapidement son oreille contre le battant, cherchant à savoir si Miss Asst y était. N’entendant pas le moindre bruit, Elizabeth pénétra dans la pièce à la hâte et se rua vers son coffre à jouet. Elle enfouit le livre sous l’amas de joujoux délaissés qu’il contenait.

 

Une fois que ce fut fait et que le résultat lui parut satisfaisant, Elizabeth se dirigea vers la porte de sa chambre, le cœur battant à tout rompre. Au moment où elle tendait la main vers la clinche de la porte cette dernière s’abaissa et laissa le passage à une Miss Asst qui ne put retenir une expression de soulagement à sa vue.

« Vous voilà enfin Miss Elizabeth. Souffla-t-elle. Mais où étiez-vous donc passée ? »

Elizabeth, ne sachant pas au juste où la nurse l’avait cherchée rougit brutalement.

«  Par ci par là. » Dit-elle d’une petite voix.

 

Le sourcil haussé, Miss Asst la regarda avec plus d’attention et se pencha vers elle.

« Mais, mais ce sont des toiles d’araignée sur votre robe ! Et dans vos cheveux aussi ! S’exclama-t-elle en se mettant en devoir de la nettoyer.

- Ah ? » Demanda Elizabeth le plus innocemment qu’elle pouvait, pestant intérieurement contre les domestiques dont le zèle n’allait visiblement pas jusqu’à épousseter les rideaux…

Miss Asst la regarda avant de sourire tout en affectant un air sévère, croyant comprendre les raisons de la gêne de la petite.

« Oh Miss Elizabeth la curiosité est un bien vilain défaut vous savez. Et trouver les paquets que vous aurez à ouvrir demain dès aujourd’hui ne vous en dira pas plus sur leur contenu. »

Elizabeth mit quelques secondes à comprendre que la nurse parlait de ses cadeaux d’anniversaire mais dès qu’elle eut compris elle sauta sur l’occasion. «  Mais je veux savoir. » Geignit-elle.

 

Miss Asst sourit avec indulgence tout en continuant à la débarrasser des morceaux de toiles d’araignée qu’elle avait ramassés.

« Les avez-vous trouvés au moins ?

- Non. Répondit Elizabeth d’un ton boudeur alors que l’idée de les chercher ne l’avait même pas effleurée.

- Bien. Déclara Miss Asst d’un air satisfait. De toute manière ils n’ont pas encore été livrés. Vous ne risquiez donc pas de les trouver.

- Oh. Lâcha Elizabeth d’un ton qu’elle espéra suffisamment dépité.

- Et j’ai ordre de vous emmener en promenade cet après-midi afin que vous ne voyiez rien du tout. » Reprit Miss Asst

Cette fois Elizabeth n’eut pas à se forcer pour prendre l’air déçu. Une après-midi de ballade n’entrait pas dans ses projets de découverte du livre dont elle avait eu tellement de mal à s’emparer !

« Et ce soir vous dînerez exceptionnellement dans votre chambre. Votre père tient absolument à ce que la fête de demain soit une surprise pour vous. Continua Miss Asst. Mais si vous le voulez, je vous tiendrais compagnie ce soir. »

 

Elizabeth réprima de justesse un sourire : une soirée entière de solitude c’était tout ce qui lui fallait pour commencer son livre ! Elle regarda Miss Asst l’air vaguement embêtée.

« Mais c’est pas le jour où vous voyez votre fiancé ? Demanda-t-elle l’air concerné.

- Si. Répondit Miss Asst. Mais ça ne sera pas très amusant pour vous de rester toute seule dans votre chambre.

- Ne vous en faites pas ! S’exclama Elizabeth d’un ton léger. Je trouverais de l’occupation. »

La nurse la regarda d’un air de doute avant de soupirer. L’envie de voir son fiancé était la plus forte.

« Vous êtes sure Miss Elizabeth ?

- Oui oui !! S’empressa la petite fille avec un sourire angélique.

- Bien … Céda Miss Asst avant de la prendre par la main. En attendant allons nous promener. »

 

()()

 

Le soir venu, Elizabeth entendit pour la première fois avec plaisir le bruit de la clef tournant dans la serrure de sa chambre signe que Mrs Brode l’enfermait pour la nuit, l’intendante ayant visiblement peu confiance en la docilité d’Elizabeth. Cette dernière regarda d’un air inquiet la bougie de sa petite lampe qui était déjà brûlée à moitié et se rua vers son coffre à jouet. Elle en sortit enfin le livre qu’elle avait dérobé.

 

Elle porta le livre avec révérence jusqu’à son lit et l’ouvrit avec impatience, fouillant les mots d’un regard avide. Le doigt posé sur la page pour suivre sa progression, Elizabeth finit par laisser échapper un soupir déçu. Le livre était rempli de mots qui lui étaient étrangers tels que « abordages », « pavillons » ou  « caraïbes ». Pestant contre les leçons de vocabulaire de Mlle Woods qui étaient de toute évidence peu complètes, Elizabeth feuilleta le livre et retrouva le sourire devant les illustrations détaillées des bateaux des pirates et des visages de ces derniers.

 

L’un d’eux retint particulièrement son attention, vêtu d’une longue robe d’un vert brillant, nettement plus joli que le vert lavasse de ses robes à elle, dans laquelle se dessinaient des motifs dorés, l’homme avait une expression féroce qui l’intrigua. Elizabeth se pencha sur le livre, son nez touchait presque la page à mesure qu’elle détaillait l’illustration. Le pirate portait une longue épée à la lame recourbée au flanc et de fines moustaches noires ornaient son visage tandis que son crâne était dépourvu de cheveux. Elizabeth grimaça et se demanda pourquoi, à l’instar de son père qui pourtant avait de forts beaux cheveux, le pirate ne portait pas de perruque. Ses yeux avides détaillèrent l’image sur laquelle figurait un bateau comme elle n’en avait encore jamais vu, à vrai dire, elle avait vu peu de bateau. Les voiles rouges sang du bateau semblaient flotter sur la page et surmontaient une coque basse qui n’avait pas d’étages. Elizabeth se pencha un peu plus et découvrit çà et là sur l’illustration ce qui devaient être des canons. Finalement la petite fille laissa échapper un soupir déçu. Le bateau était petit et le pirate fort laid sans ses cheveux.

 

Le doigt sur la légende, Elizabeth lut à voix haute, détachant les syllabes comme Mlle Woods le lui avait appris.

«  Sa- o Fen-gue et l’ Em-, l’Em-pres-se. »

Elizabeth sourit, le bateau était petit mais le nom lui plaisait. Reportant son attention sur le texte qui faisait face à la page de l’illustration, Elizabeth chercha le nom de « Sao Fengue » et poussa un petit cri de plaisir en le voyant. Quelques minutes plus tard, la petite fille était toute blanche. Il n’était question que de morts, de « pillages » et de sang. Nulle part elle ne lut que le pirate était libre ou n’obéissait pas. Un peu perdue, Elizabeth continua sa lecture laborieuse et finit par trouver une information qui ramena le sourire sur ses lèvres. « Sao Fengue » était décrit comme un chinois qui avait refusé très tôt l’autorité de ses parents et de la loi, s’engageant sur une « jonque » qu’il avait fini par « détourner » pour pouvoir aller où il voulait et faire ce qui lui plaisait. Instantanément la petite fille oublia tous les meurtres décrits et se sentit proche d’un petit garçon qui ne voulait pas obéir. Un peu plus loin, elle lut que ce même « Sao Fengue » était connu pour ses nombreuses maîtresses et elle se demanda un instant ce qu’étaient les « maîtresses » en question… Elle imaginait mal le pirate entouré de nombreuses préceptrices comme Mlle Woods ! Elizabeth rit doucement à cette idée et continua à tourner les pages, son regard se gorgeant des illustrations du livre avant de découvrir avec ravissement le portrait d’une certaine Laura Smith. Une fille !!! Une fille qui était pirate !!!

 

Elizabeth se pencha sur l’illustration, louchant presque tant elle était proche du livre pour saisir tous les détails de la femme. Nul ne savait qui était réellement Laura Smith et l’esprit imaginatif de la petite fille se figura qu’elle était une Lady qui avait fui sa famille ou un époux et qui voguait maintenant sur les mers sans avoir de comptes à rendre ou de Mrs Brode dans ses pieds. Cette idée la fit sourire encore plus largement et elle se demanda si son papa serait d’accord pour qu’elle devienne pirate avant de réaliser avec une grimace qu’il y avait peu de chances pour que Weatherby accepte. A moins que …

 

La bougie s’éteignit brusquement ce qui ramena Elizabeth au présent qui était bien différent de ses rêves d’aventures. Avec un couinement frustré la petite ferma le livre et s’empressa d’aller le remettre à sa place dans le coffre à jouets, tâtonnant dans l’obscurité. Puis, elle remonta paisiblement se mettre au lit et ferma les yeux tandis que son esprit l’emmenait loin de Londres pour lui faire vivre des aventures sur les océans.

 

()()

 

Elizabeth avait veillé fort tard aussi le réveil au jour de ses six ans ne fut pas sans mal. Miss Asst, portant un bon bol de lait chaud et fumant, s’assit confortablement à côté d’elle et lui souhaita joyeusement un bon anniversaire. Elizabeth qui avait eu une nuit agitée de rêves de pirates, les personnages du livre ayant pris forme dans ses songes, mit du temps à revenir à sa réalité de petite fille sage et choyée.

« Allons Miss Elizabeth il faut vous lever et vous habiller. La pressa gentiment Miss Asst. Ensuite nous irons faire une promenade, vous ne verrez le grand salon que cet après-midi. »

Elizabeth soupira et regarda la nurse.

« Papa est là ? »

Miss Asst se troubla légèrement et soupira.

« Il est retenu par le service du Roi mais il a envoyé un mot disant qu’il tâcherait d’être là pour votre fête. Allons quelle robe voulez-vous porter aujourd’hui ? »

Elizabeth haussa les épaules. Peu lui importait la robe si son papa n’était pas là pour la voir. Miss Asst poussa un nouveau soupir en lisant la déception sur le visage de sa protégée.

«  Allons il viendra vous verrez. » La consola-t-elle.

 

()()

 

Quelques heures plus tard, Elizabeth toute de rose vêtue était assise dans le grand salon qui avait été décoré de bleu et de jaune, ses couleurs préférées du moment, tandis que les autres enfants babillaient autour d’elle, les plus âgés imitant déjà le ton de cour qui était celui de leur parents. Elizabeth soupira silencieusement et jeta un coup d’œil vers le jardin baigné de soleil. Elle songea qu’il aurait été plus amusant de courir dehors en jouant à être Laura Smith plutôt que de devoir supporter les chamailleries des uns et des autres sur la couleur la plus jolie pour un ruban.

 

Dans un coin de la pièce, se tenant à l’écart, Alix et Robert discutaient à voix basse sous le regard méfiant de Miss Asst.

« Le papa de Robert est mort il y a un mois tu sais. Lui glissa la petite Marguerite Richbourg. Enfin je veux dire les anges l’ont emmené. » Se reprit elle du haut de ses dix ans avec condescendance envers Elizabeth.

Cette dernière se retourna vivement vers son amie, rouge d’embarras au rappel de l’histoire des anges. Elizabeth cherchait quoi dire lorsque la double porte du salon s’ouvrit pour laisser le passage à son père dont les traits accusaient la fatigue.

«  Papa !!! » S’écria Elizabeth qui courut vers lui sans la moindre retenue, laissant ses petits invités en plan et crispant Mrs Brode qui secoua la tête avec agacement.

 

Weatherby sourit et se pencha vers elle puis la prit dans ses bras.

« Bon anniversaire ma chérie.

- Tu es venu !

- Bien sûr. Je n’aurais pas raté l’anniversaire de ma petite fille. » Répondit Weatherby avec un pincement au cœur en songeant que ce dernier était aussi celui de la mort de sa femme.

Robert détourna le regard du père et de la fille enlacés, brusquement intéressé par le jardin tandis qu’Alix lui touchait la manche. Weatherby soupira et relâcha Elizabeth

«  Ce soir on fera un grand dîner rien que tous les deux. Lui souffla-t-il à l’oreille. Maintenant va t’occuper de tes invités et ouvrir tes paquets.

- Oui Papa. » Répondit Elizabeth à regret en s’approchant des paquets multicolores.

 

Un peu plus tard la petite fille regardait d’un air dépité les poupées finement vêtues et autres broches et rubans qui composaient ses cadeaux. Il n’y avait là rien qu’elle ne possédât déjà en plusieurs exemplaires et Elizabeth se tourna machinalement vers Marguerite qui s’extasiait sur le mini service de porcelaine délicate qu’Elizabeth venait d’ouvrir.

« Regarde comme ça tu pourras faire comme si tu prenais le thé avec nous ! » S’exclama-t-elle.

Alix, un sourire mauvais sur les lèvres, renchérit :

« Oui et ta maman pourra te montrer comment te comporter en public. Déclara-t-elle avant de plaquer théâtralement les mains sur sa bouche. Oh c’est vrai t’as pas de maman. Elle a pas voulu de toi. »

Elizabeth serra les poings et se retourna vers Alix avec une envie impérieuse de lui jeter une des petites tasses à la figure.

« Miss Elizabeth prendra le thé avec moi. Intervint froidement Miss Asst.

- Oh une domestique … Se moqua Alix. Enfin vu qu’Elizabeth ne sait même pas comment est sa maman.

- C’est pas vrai ! S’exclama la petite fille. Ma maman elle était gentille et belle et douce !! »

 

Alix ouvrait la bouche pour répondre lorsque Weatherby fit son entrée. Le père d’Elizabeth, qui n’avait rien perdu de la conversation fronça les sourcils en direction d’Alix.

« Et ma chère femme adorait sa petite fille. Elle aurait tellement voulu être ici avec toi ma chérie. » Dit-il tendrement à Elizabeth tandis qu’Alix rougissait brutalement.

Weatherby resta jusqu’à la fin de la fête, désireux d’éviter de nouvelles méchancetés à sa petite Elizabeth et le père comme la fille virent avec soulagement l’après-midi se terminer.

 

Le repas du soir se déroula sans accrocs, Elizabeth était fière comme jamais de suivre le long dîner seule avec son père qui la porta finalement jusqu’à son lit lorsqu’il fut clair que la petite fille ne resterait plus très longtemps éveillée.

«  Es-tu contente de tes cadeaux Elizabeth ? Lui demanda-t-il en la bordant.

- Oui papa. » Répondit Elizabeth en feignant l’entrain.

Weatherby haussa le sourcil en s’en apercevant et la dévisagea avec attention.

« Aurais-tu eu envie de quelque chose d’autre ? »

Elizabeth hésita avant répondre d’une petite voix.

«  Je me disais juste qu’il aurait été merveilleux de voir des bateaux. J’aimerais bien en voir en vrai. »

Weatherby la regarda avec étonnement.

« Mais où diable es-tu allée chercher ça ? »

Elizabeth rougit alors qu’elle proférait un gros mensonge.

«  Marguerite en a vu et Robert aussi …

- Oh et toi aussi tu voudrais pouvoir leur raconter ça ? S’amusa son père. Et bien je verrais ce que je peux faire.

- Merci papa !! S’écria Elizabeth en se jetant à son cou.

- Mais pour l’instant il faut dormir. » Rétorqua Weatherby avec une feinte sévérité en l’embrassant.

 

Elizabeth, épuisée, hocha la tête et se laissa retomber sur son lit douillet tandis que Weatherby sortait lentement de la pièce. La petite fille s’endormit le sourire aux lèvres et songea que somme toute cette journée s’était admirablement déroulée et que bientôt elle verrait des bateaux comme ceux des pirates !


Chapitre 6                                                                                                        Chapitre 8


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