Le Black Pearl,
Pont
Jack observait d’un air absent Davies tandis que ce dernier fouillait le Black Pearl, finissant le désarmement dont Jack s’était déjà bien occupé afin de juguler la résistance de ses compagnons. Un sourire mauvais aux lèvres, Angelica s’approcha de lui.
« Je dois reconnaître que cette fois tu t’es surpassé Jack. » Cracha-t-elle.
Ce dernier eut un sourire cynique et se tourna vers elle.
« Venant de toi, je présume que c’est un compliment trésor. »
Angelica posa un regard noir sur lui et secoua la tête.
« Arrête avec tes trésors tu veux. Il est inutile de jouer la comédie plus longtemps. »
Jack arbora un air déçu et ironisa.
« Moi qui croyais que tu m’avais pardonné… Je suis vraiment surpris Angie. » Se moqua-t-il.
Sentant le regard de Davies sur eux, Angelica retint la gifle qui n’attendait que de partir et le toisa avec mépris.
« Te pardonner ? Dans tes rêves Sparrow ! Jamais je ne t’accorderais quoique que ce soit à commencer par mon pardon.
- Il me semble pourtant avoir expérimenté le contraire chérie… Ricana Jack avant de l’imiter : oh Jack…
- Je faisais semblant. Ragea Angelica. Je crois que je prendrais encore plus de plaisir avec Blackbeard qu’avec toi.
- Si j’avais su. » Ironisa Jack à mi-voix en songeant au plan d’origine de son nouvel allié.
Angelica n’y prit pas garde et reprit.
« Enfin ta chère petite blondinette pourra bientôt nous dire ce que ça fait. Du moins si elle y survit. Je dois admettre que je m’étais trompée sur ce point. Un moment j’ai cru que tu étais bêtement amoureux d’elle. »
Jack sourit légèrement le regard vague.
« C’est fou comme on peut se tromper sur les gens, hein Angie. »
La jeune femme grimaça et se tourna vers lui.
« Dis-moi Jack… Comment as-tu su ?
- Su quoi ? Lui demanda-t-il d’un ton absent.
- Que je vous attirais vers un piège. » Répondit honnêtement la jeune femme.
Jack sourit brièvement.
« Voyons trésor, je l’ai su dès que je t’ai vue, c’était écrit sur ta face. Tu n’as jamais su faire correctement semblant, sans doute un héritage de ta mère.
- Ne parle pas d’elle. » Le coupa Angelica.
Jack se contenta d’hausser les épaules et s’éloigna pour rejoindre Davies.
Queen Anne’S Revenge,
Geôles
Barbossa jeta un regard dégoûté aux fers qui l’entravaient à l’instar de ses autres compagnons entassés dans l’étroite cellule, Teach n’avait pas pour habitude de faire des prisonniers.
« Maudit Sparrow ! » Ragea-t-il pour la dixième fois en cinq minutes.
La tête basse Gibbs soupira lourdement.
« Peut-être que le capitaine Jack, » commença-t-il avant de s’interrompre devant les regards furieux que lui lançaient les autres.
Gêné par ses nombreuses entraves, Barbossa s’approcha de lui.
« Si quelqu’un prononce encore le nom de ce lâche, de ce pourri, de ce sale rat devant moi il n’aura pas le temps de finir sa phrase ! » Ragea-t-il.
Gibbs baissa un peu plus la tête tandis que Pintel et Ragetti sursautaient brutalement.
« Je persiste à croire qu’il sait ce qu’il fait… Répondit mollement le fidèle second.
- Ce qu’il fait ? Ragea Barbossa. Il a tourné sa veste voilà ce qu’il a fait ! Ils nous a tous livrés à Teach ! »
Les hommes ne répondirent pas, sentant instinctivement qu’une partie de la colère de Barbossa venait vraisemblablement du fait de ne pas avoir pensé lui-même à agir comme Jack.
Le Black Pearl,
Pont
Le visage tendu, Angelica s’approcha de Teach qui observait avec un sourire cruel Jack en train de se démener pour aider Davies.
« Ça n’était pas prévu comme ça. » Rappela-t-elle.
Une expression ennuyée sur le visage, Blackbeard se tourna vers elle.
« Je croyais t’avoir dit de retourner sur la Revenge, Angelica. »
La jeune femme se hérissa devant son ton de commandement.
« Je ne suis pas un de tes hommes. Ne me traite pas comme tel. Nous avons un accord toi et moi. »
Blackbeard se tourna vers elle et lui lança un regard sombre, Angelica maîtrisa son premier mouvement de recul et s’entêta.
« J’ai respecté ma part. Je te les ai amenés. En échange, j’ai droit à la Fontaine de Jouvence et à la tête de Jack. »
Teach porta la main à son pistolet avant de se raviser, songeant que si un malheur devait arriver à Elizabeth Swann, il serait bon de disposer d’un autre corps pour accueillir Calypso.
« Le moment venu tu auras ce que tu mérites Angelica.
- Vraiment ? Dans ce cas pourquoi Sparrow est-il toujours en liberté sur le pont !
- Parce que l’idée qu’il m’a soumise était meilleure que ce que tu avais à m’offrir. Mais rassure toi, je ne compte pas respecter ma part.
- Et tu me demandes de croire que tu la respecteras pour ce qui me concerne ? Ironisa Angelica. Sparrow devrait déjà être mort ! »
Blackbeard la prit fermement par le bras et l’entraîna à l’écart.
« Il mourra quand il ne me sera plus utile.
- Si il est toujours là ! Ironisa Angelica. Dois-je te rappeler que tu lui as promis le Black Pearl ? Ainsi que la Fontaine !
- Pour faire mine d’entrer dans son jeu… Tu auras le Black Pearl Angelica. Ainsi que la Fontaine et tout ce que je t’ai promis. Mais pour Sparrow, il te faudra attendre. Je te l’ai dit, j’ai besoin de lui. Seul un Seigneur connaît les informations dont j’ai besoin pour la suite de mon plan.
- Barbossa est lui aussi un Seigneur. Argua Angelica. Laisse-moi tuer Sparrow et je convaincrais Barbossa de t’aider. »
Teach éclata de rire.
« Comme tu as convaincu Sparrow que tu étais de leur côté ? Dans ce cas la technique est à revoir Angelica. »
La jeune femme rougit de colère et Blackbeard resserra son étreinte.
« Contente toi de m’obéir ou alors tu n’auras rien du tout Angelica. Pour l’instant, je vais faire mettre Sparrow aux fers, pas pour toi mais parce que je m’en méfie. Quand à toi si tu ne veux pas le rejoindre, fais ce que je te dis de faire. »
Angelica ne put retenir un léger gémissement de douleur tandis qu’il lui serrait le bras à le broyer.
« Lâche-moi !
- Pas tant que tu n’auras pas compris que tu n’as pas ton mot à dire. Rétorqua froidement Teach. Tu vas sur la Revenge et tu obéis. Tiens-toi en là et tu auras ta récompense… Sinon tu suivras Sparrow dans sa chute. »
Angelica blêmit puis releva le visage, comprenant qu’elle n’aurait rien à gagner en affrontant Blackbeard de front.
« Je t’obéirais tant que tu respecteras ta part.
- Bien … Approuva le pirate, satisfait. Dis-moi que sais-tu sur la fille qui était avec vous ? »
Angelica cracha sur le sol à cette question.
« Que tu ferais mieux de la tuer tout de suite. C’est une mijaurée, une garce d’aristocrate qui se prend pour un pirate. »
Blackbeard retint un rire cynique devant la hargne qu’elle mettait dans sa réponse.
« Je ne compte pas la tuer, j’ai d’autres projets pour elle, des projets qui nécessitent qu’elle reste vivante et en bonne santé… Cependant, si tu veux t’amuser un peu avec elle, je n’y vois pas d’inconvénients. Enfin une fois que j’en aurais fini avec son corps. »
Un sourire se dessina sur les lèvres d’Angelica, humilier Elizabeth en juste retour des choses était une idée séduisante.
« Tu comptes te servir d’elle pour enfermer Calypso. Murmura-t-elle.
- Tu as mis plus de temps à comprendre que Sparrow. » Se moqua Blackbeard.
Angelica se crispa et se retourna vers lui.
« Et elle que deviendra-t-elle ? »
Blackbeard haussa les épaules.
« Et bien son âme rejoindra la souffrance de celles qui sont liées à mon loa.
- Parfait. » Se réjouit Angelica.
Blackbeard lui tapota l’épaule avec une feinte bonhomie paternelle et la relâcha.
« Va sur la Revenge maintenant Angelica. Tu ne veux pas rater le spectacle de Sparrow enchaîné n’est-ce pas ? »
La jeune femme lança un regard haineux en direction de son amant qui gesticulait à quelques mètres de là, un sourire prétentieux aux lèvres.
« Pour rien au monde… » Répondit elle en obéissant.
Blackbeard la suivit quelques instants du regard, il se demanda comment il avait pu engendrer une fille aussi stupide, s’il était bien son père, puis revint à sa préoccupation première et examina le Black Pearl. Le navire était à la hauteur de sa réputation, constata-t-il, grand, bien entretenu et selon toute vraisemblance, rapide. Il ferait un excellent navire pour Davies lorsque ce dernier naviguerait sous son pavillon.
Le Victory,
Port inconnu, en pleine errance dans les Caraïbes
Découragé, l’Amiral Greitzer soupira lourdement à l’adresse de son compagnon de beuverie.
« Des semaines de recherche sans rien trouver. Marmonna-t-il. A croire que ce foutu Blackbeard n’est nulle part. »
Groves, un peu éméché lui-même, prit sa chope de rhum et la vida d’une torsion brusque du poignet avant de la reposer, les resservant immédiatement sans se donner la peine de répondre. Greitzer avait raison. Cela faisait des semaines qu’ils naviguaient, suivant point par point les éléments de la légende de Blackbeard dont Greitzer se rappelait. Sans succès.
A chacune de leurs escales et de leurs interrogatoires, ils ne rencontraient que des silences butés, les hommes préféraient de toute évidence la corde au risque de mécontenter Blackbeard ce qui ne faisait qu’amplifier l’aura sinistre qui entourait déjà le pirate.
« La prochaine escale ? » Demanda pourtant Groves pour la forme.
Le jeune amiral haussa les épaules et balaya brutalement la carte qu’ils avaient annotée
« A quoi bon ! S’écria-t-il. Ils refusent tous de nous parler que ce soit en échange de richesse ou sous la menace ! Autant arrêter là les frais et retourner à Nassau !
- Vous oubliez Lord Hawks… » Souligna Groves d’un air sombre.
A ces mots, Greitzer ricana.
« Hawks… Et bien cela ne lui convient pas, qu’il aille dont le chercher lui-même ! On verra bien s’il fait mieux que Lord Beckett ou que nous. »
La mention de Beckett dégrisa légèrement les deux hommes et ils échangèrent un regard inquiet.
« Nous devrions peut être encore chercher un peu. » Suggéra Groves
Greitzer s’apprêtait à argumenter sur l’utilité d’une telle chose lorsqu’un coup frappé à la porte de sa cabine l’interrompit.
« Entrez, » lança-t-il d’une voix râpeuse.
Un jeune insigne ouvrit la porte et ses yeux s’écarquillèrent de surprise en découvrant les deux officiers à la tenue débraillée et à l’air aviné qui le fixaient.
« Amiral … Commença-t-il avec hésitation en regardant Groves
- Pas moi, lui l’Amiral. » Répondit ce dernier en désignant Greitzer.
L’insigne rougit de confusion et se retourna vers Greitzer.
« Pardon monsieur mais il y a ici une dame, enfin pas vraiment une dame, mais …
- Que voulez-vous que ça me fasse ? Le coupa grossièrement Greitzer qui avait du mal à tenir son verre.
- C’est qu’elle dit qu’elle a des informations… Se dandina le jeune soldat.
- Bah voyons… Ricana Groves. Elle veut plutôt tâter la bourse d’officiers oui. »
Greitzer émit un rire nerveux à ce commentaire tandis que le pauvre insigne les regardait, dépité. Groves, un peu moins saoul que son compagnon eut néanmoins pitié de lui et l’interrogea.
« Jolie la fille ?
- Oui. Oui je crois Commodore... Balbutia l’insigne.
- Alors fait entrer… Après tout un peu d’exercice ne serait pas de refus. »
Greitzer ricana et se cala dans son fauteuil.
« Si vous vous sentez d’attaque Theodore… »
L’insigne referma la porte, peu désireux d’en entendre plus.
Quelques secondes plus tard, la porte se rouvrit et laissa le passage libre à une femme d’un certain âge au visage poudré. En la découvrant, Groves et Greitzer échangèrent un regard avant d’éclater de rire.
« Jolie. » S’étouffa presque Greitzer tandis que l’insigne rougissait.
Sans se démonter, la femme avança d’un pas.
« Qui est le plus haut gradé ici ? Demanda-t-elle
- Lui, s’empressa de répondre Groves en désignant Greitzer peu désireux d’expérimenter les charmes de la femme à présent qu’il la voyait.
- J’étais sûr que vous m’en vouliez… » Répondit Greitzer tandis qu’elle s’approchait de lui.
Le regard imperturbable devant leurs moqueries, la femme déposa une enveloppe soigneusement cachetée devant Greitzer.
« Je devais vous remettre ça en mains propres. Ma mission est accomplie. Annonça-t-elle en se dirigeant vers la porte sous l’œil surpris des deux officiers
- Mission ? Eut la présence d’esprit de demander Groves. Mais qui vous envoie ?
- C’est dans la lettre. » Commenta la femme avant de sortir.
Stupéfaits, Groves et Greitzer regardèrent la femme sortir sans qu’aucun n’ait le réflexe de l’arrêter.
« Je la rattrape Amiral ? Demanda finalement l’insigne.
- Euh oui, oui ! » Ordonna Greitzer sortit de sa torpeur par la question.
Tandis que le jeune insigne sortait à la hâte, Groves se pencha vers la lettre et la décacheta. Son regard parcourut brièvement les quelques lignes tracées à la hâte et il blêmit en lisant la signature.
« Ça par exemple… » Murmura-t-il en tendant la lettre à Greitzer.
Ce dernier écarquilla les yeux.
« Vous croyez que c’est … qu’elle est authentique ?
- On ne perd rien à essayer. » Répondit Groves totalement dégrisé en se levant pour ramasser la carte.
Greitzer se leva à son tour et ils se penchèrent sur la carte.
« Ici. Expliqua Groves en tapotant une terre minuscule.
- Mais pourquoi nous aiderait il ? C’est peut être un piège !
- Oui mais c’est la seule piste que nous ayons… Alors je pense qu’il faut tenter le coup… Répondit Groves. Qu’en dites-vous Amiral ? »
Greitzer soupira lourdement et écarta les bras en guise d’impuissance.
« Je m’en remets à vous Theodore.
- Dans ce cas, partons sans perdre de temps. » Décida Groves, galvanisé par les nouvelles.
Il se dirigea vers la porte pour donner l’ordre du départ, l’ouvrant au moment où l’insigne s’apprêtait à frapper. Le jeune homme rougit de confusion.
« Je suis désolé Monsieur, mais elle s’est comme … volatilisée. »
Groves balaya la nouvelle d’un geste de la main.
« Faites lever l’ancre, nous partons. » Ordonna-t-il.
Queen Anne ‘S Revenge,
Pont
Accoudé dans un coin, Philip observait les va et vient des hommes sur le navire sans comprendre. Enfin si, il comprenait que Blackbeard venait de faire des prisonniers. Sauf que contrairement à d’ordinaire, les prisonniers n’avaient pas été conduits au loa mais enchaînés et jetés en prison, fait suffisamment rare pour être remarqué. Par habitude, le jeune missionnaire nota donc les mines des nouveaux venus dans son esprit et se dit que Syréna comprendrait peut être de quoi il en retournait.
Il nota d’un œil absent la jeune femme blonde à l’expression résignée teintée de rage que les hommes enfermèrent dans la cabine de Blackbeard contrairement au reste de ses compagnons et chercha du regard quelqu’un qui pourrait le renseigner sur ce fait étrange. Davies n’étant pas là, il se rabattit sur Gahreng, l’un des rares hommes de l’équipage à ne pas le moquer et à se montrer relativement compréhensif à son égard, sans doute parce que l’homme maîtrisait mal l’anglais malgré le fait qu’il soit au service de Teach depuis cinq ans environ.
Une fois qu’il l’eut trouvé, Philip se précipita vers lui.
« Que se passe t’il ? Lui demanda-t-il abruptement.
- Des prasinniers. » Répondit l’homme.
Prisonniers, le corrigea mentalement Philip avant de poursuivre.
« Oui mais pourquoi ? »
Gahreng haussa les épaules en signe d’ignorance et s’apprêta à repartir.
« Tu sais qui c’est ? Lui demanda Philip, pressé d’avoir au moins une information à transmettre à Syréna. La fille peut être ? Pourquoi elle n’est pas avec les autres ? »
Gahreng, qui comprenait nettement mieux qu’il ne parlait, ricana à sa question. Sans se démonter il fit un geste grivois à l’adresse de Philip avant de le planter là.
Quelques secondes après, un sourire se dessina sur les lèvres de Philip. De toute évidence, la fille était là pour assouvir les besoins de Teach et de l‘équipage ainsi que Davies l’avait plus ou moins espéré. Ce qui le comblait de bonheur finalement… Non pas qu’il désire la blonde, qui pourrait vouloir une femme aussi banale au regard de Syréna, mais parce que Teach n’aurait maintenant plus aucune raison d’obliger Syréna à se donner à lui. Et ça c’était la meilleure nouvelle qu’il ait entendue depuis son arrivée à bord. Philip reprit donc son poste d’observation, le cœur en fête.
Le Black Pearl,
Pont
Davies s’approcha de Teach, l’arme à la main.
« Tout est en ordre capitaine, ainsi que vous l’aviez dit. »
Blackbeard maîtrisa sa surprise : Jack Sparrow n’avait donc pas menti puis il se tourna vers Davies.
« Et qu’en penses-tu ?
- De quoi Capitaine ? Demanda avec réserves le second qui était suffisamment habitué aux humeurs changeantes de son capitaine pour être prudent.
- Du bateau. Répondit Teach sans le regarder, observant Jack qui suivait l’un des marins l’air catastrophé parce que ce dernier venait d’arracher un éclat de bois au bastingage par inadvertance.
- Et bien… Commença prudemment Davies. C’est un fort beau navire, moins que la Revenge bien sûr, » s’empressa-t-il de préciser.
Teach sourit et apprécia l’effort.
« Et cela te plairait il d’en devenir le capitaine ? »
Cette fois, Davies s’accorda un moment de réflexion… Son premier mouvement était de répondre positivement, le Black Pearl était un trop beau bâtiment pour être refusé… D’un autre côté, Teach le testait peut être. Ou encore peut être Teach voulait il se débarrasser de lui.
« Répond simplement Davies. Lui intima le capitaine.
- Je ferais tel votre souhait. Répondit le second. Mais je serais honoré de me le voir confier.
- Bien répondu. Apprécia Teach en le gratifiant d’une claque dans le dos. Dès que nous aurons atteint notre but, tu seras le capitaine du Black Pearl. »
Davies s’autorisa un sourire tandis que Teach continuait.
« En attendant pas un mot Davies… Et fait donc mettre ce fichu Sparrow avec les autres, il me tape sur les nerfs. »
Davies hocha la tête avant d’oser timidement, sentant son capitaine particulièrement satisfait.
« Vous n’aviez pas un accord ?
- Les accords avec les ennemis sont faits pour être brisés. Rétorqua Teach. Met Sparrow aux fers et garde un œil sur Angelica, cette fille est retorse; à se demander de qui elle tient. » Commenta-t-il.
Davies ne put retenir un sourire et tenta, arborant une mine gourmande.
« Et pour leur Roi ? »
Cette fois Teach se tourna vers lui et sourit en lisant la convoitise dans les yeux de son second.
« Celle-ci est une prise toute personnelle. Mais transmets à l’équipage qu’ils recevront rapidement de quoi les contenter …
- Bien. » Accepta Davies.
Teach se retourna vers lui alors qu’une idée lui venait brusquement.
« Penses-tu que ma « fille » serait une compensation acceptable ? »
Davies se força à maîtriser son excitation à cette idée.
« Plus que ça Capitaine…. »
Teach éclata de rire et lui tapa à nouveau dans le dos.
« Tu auras la priorité Davies… Après tout ne dit-on pas telle mère telle fille ? » Se moqua-t-il.
Davies hocha la tête en guise de remerciements et Teach reprit son sérieux, désignant Jack.
« Enferme-le. »
Davies n’attendit pas que Teach répète son ordre, conscient qu’il lui fallait continuer à mériter la faveur et l’amitié, si tant est que Teach soit capable d’un tel sentiment, de son capitaine. Il s’approcha donc de Jack avec diligence. Ce dernier haussa le sourcil et le gratifia d’un regard peu amène.
« Un problème mon gars ? »
Davies, qui n’appréciait que fort peu le pirate sourit.
« Aux fers, ordre du capitaine Teach. »
Jack hoqueta, l’air blessé et sortit son épée sans se soucier du fait qu’il était encerclé par des hommes de la Revenge.
« Quoi ? Non.
- Si… » Soupira Davies en le contrant.
Voyant sa résistance, Teach approcha et sortit sa propre épée.
« Laisse Davies. » Ordonna-t-il.
Le second recula, peu désireux d’être à la place de Jack qui déglutit.
« On avait convenu le Pearl ! Et la Fontaine !
- Mais pas ta liberté. Et pour l’instant je préfère te savoir en cale, j’ai pas confiance Jackie. » Commenta Teach qui le désarma sans la moindre difficulté.
Jack prit l’air offusqué et s’empressa de se cacher derrière un tonneau de rhum vide. Voyant cela Blackbeard soupira.
« Cesse donc ta comédie Jack, tu n’as aucune chance … Et puis, ajouta-t-il un ton plus bas, tu as promis de m’obéir non ? »
Jack le fixa et lui fit un grand sourire
« C’est vrai l’ami cependant je ne pense pas que m’enfermer soit … » Commença-t-il avant de s’interrompre devant le regard que lui lançait Teach.
Avec un sourire désarmant, Jack tendit ses poignets.
« Qu’on me mette aux fers, j’ai l’habitude. » Annonça-t-il soudain.
Surpris par sa brutale et inespérée reddition, Davies ne réagit pas et Teach se tourna vers lui.
« Bouge-toi. » Ordonna-t-il
Jack se laissa faire avec un sourire.
« Je vais avoir ma cellule personnelle hein ? »
Blackbeard ricana.
« En fait non, mais je suis certain que tes compagnons seront ravis de te revoir. » Commenta-t-il avant de se détourner sous le regard désappointé de Jack.
Queen Anne ‘ S Revenge,
Geôles
Barbossa se leva avec hargne en entendant un bruit de pas se rapprocher d’eux et un sourire mauvais se matérialisa sur son visage lorsqu’il reconnut Jack, traîné par Davies.
« Oh … Hector ! Fit mine de se réjouir le pirate, les fers aux poignets.
- Jack… Commenta Barbossa en lançant un regard de connivence aux autres prisonniers. Il me semble que nous avons beaucoup de choses à nous raconter. »
Jack déglutit en sentant les regards hostiles de l’équipage sur lui.
« Pas tant que ça en fait… Répondit-il d’une toute petite voix tandis que Davies le poussait dans la cellule déjà surpeuplée sous le regard ravi d’Angelica.
- A peine… » Commenta Barbossa avec sourire pendant que Davies refermait la grille sur eux, n’accordant pas le moindre regard à Jack.
L’île des Épaves,
Salle du Conseil
Teague releva à peine le visage tandis que la porte s’ouvrait violemment et livrait le passage à un pirate au visage buriné par les ans.
« Elle a délivré ton message Teague, que te faut-il de plus ? »
L’air agacé, Teague releva le nez de la guitare qui l’occupait jusqu’alors et fit face au capitaine.
« A-t-elle touché les bons destinataires ? »
Le vieux pirate serra les poings.
« Tu sais bien que oui. Libère la. »
Teague ne réagit pas et le vieux pirate, agacé avança dans sa direction.
« Dis à ton homme de main de la libérer !!! »
Teague soupira lourdement.
« Elle a accepté de plein gré de me servir, comme tous les autres. » Souligna-t-il.
Le vieux pirate écuma de rage.
« Pas moi. Rend moi ma femme. Ou alors je dirais au monde comment tu transgresses les lois que tu te fais fort de faire respecter. »
Teague se crispa légèrement puis répondit avec décontraction.
« Je ne vois pas de quoi tu parles… Le Code interdit la magie certes, sauf en cas d’absolue nécessité… » Ricana-t-il avant de faire un geste en direction de son loa.
Ce dernier s’empressa de répondre et le vieux pirate poussa un soupir de soulagement en voyant se matérialiser le corps de sa femme devant lui. Pourtant, cette dernière l’ignora pour se tourner vers Teague.
« Je leur ai remis
- Excellent. Approuva Teague. Maintenant retrouve ton foyer, tu en as assez fait pour la Confrérie. »
La femme hocha la tête tandis que le vieux pirate glissait son bras sous le sien et l’entraînait vers leur Eden, Libertalia.
Une fois le couple hors d’oreille, Teague se pencha vers son loa.
« Alors ?
- Elle l’a fait. Ils sont au courant.
- Bien… Se félicita Teague. Et le reste ?
- Comme on devait s’y attendre… Commenta le loa avec une grimace.
- Je vois, soupira Teague avant de reprendre sa guitare, ses doigts arrangeant une mélodie triste.
- Qu’allons-nous faire ? » Demanda le loa d’un ton inquiet.
En guise de réponse il reçut une fausse note avant que Teague ne parle.
« Nous verrons bien ce qui se passe ensuite. » Soupira-t-il.
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