La capitaine Angelica Malon, rejetonne secrète du redoutable Blackbeard leva les yeux vers le missionnaire dont le corps était exposé aux éléments depuis le début de leur voyage. A la vue de la peau brûlée par le soleil et les embruns du jeune homme elle baissa brièvement le visage.
« A boire… par pitié, » coassa le religieux.
Angelica frissonna et avala sa salive.
Les lèvres du supplicié étaient si sèches qu’elles étaient craquelées à de nombreux endroits. Philip passa la langue sur les crevasses, s’abreuvant de son propre sang. Ce spectacle eut raison de l’obéissance d’Angelica.
D’un geste rageur, elle arracha l’écuelle du matelot le plus proche et le remplit à ras d’eau douce. Sans se soucier de l’étonnement des marins, elle s’approcha de Philip et porta l’eau à ses lèvres. La main d’Angelica se posa sur la nuque brûlante du jeune homme et elle le guida jusqu’à la bienfaisante fraicheur.
« Là, doucement, murmura-t-elle avec tendresse. Je suis tellement désolée de ce que vous subissez, si je pouvais, je…
— Merci, la coupa Philip d’une voix rauque. Soyez bénie…
— Je suis désolée », répéta Angélica, caressant plus longtemps que requis la nuque du prêtre dans l’espoir de lui procurer un peu de réconfort.
« Combien de fois as-tu forniqué avec Satan ? »
La voix sèche de l’inquisiteur fit frissonner Angelica. Son interrogateur était jeune, tellement jeune…
« Je n’ai jamais…
— Blasphématrice ! hurla Philip. Tu as été vue, t’offrant aux assauts du Démon durant la nuit. Buvant de l’alcool et psalmodiant des prières impies. »
Si sa situation n’avait pas été aussi désespérée, Angelica aurait éclaté de rire. Jack était peut-être sale mais de là à le qualifier de Diable…
« Ce n’est pas le démon mon Père, c’est Jack », tenta-t-elle.
Philip lui adressa un regard terrible.
« Ainsi, tu reconnais t’être offerte à Satan par l’intermédiaire charnel d’un certain Jack…
— Quoi ? Non », ragea Angelica avant de laisser échapper un chapelet d’injures en espagnol.
Philip se signa à la hâte avant de s’emparer d’un objet en forme de poire. Il adressa un signe de tête au bourreau silencieux qui se tenait dans un coin de la pièce et le sang d’Angelica se glaça en le voyant s’approcher d’elle.
« Qu’est-ce que… »
Un gémissement lui échappa lorsque le bourreau déchira sa robe, exposant sa féminité aux regards des inquisiteurs réunis. Sans se soucier des coups de pieds qu’Angelica tentait de lui donner pour se défendre, le bourreau écarta les cuisses de la jeune femme et referma des fers autour de ses chevilles.
A présent terrifiée, Angelica entendit le jeune prêtre prendre une profonde inspiration.
« Inquisiteur Swift, procédez, » ordonna une voix venue des ténèbres.
— Que tu sois punie par où tu as péché, lâcha Philip avant d’enfoncer sans douceur la poire dans le vagin d’Angelica. Puisses-tu te repentir et être accueillie dans la Grâce de notre Seigneur. »
L’objet était glacé dans les chairs d’Angelica. Un bruit sinistre de vis se fit en entendre et la jeune femme hurla alors que, patiemment, Philip élargissait la poire centimètre par centimètre, jusqu’à ce que les os et les muscles de son intimité se disloquent…
Blackbeard était prêt à tout pour obtenir la larme de la sirène… Vraiment tout.
Alors qu’il ordonnait à son homme de main de maintenir l’étau sur la gorge de Philip, Angelica tenta d’arrêter son père. Elle essaya vraiment. Mais Teach la balaya comme un moucheron et le cœur d’Angelica s’arrêta de battre quelques secondes tandis que le cri de douleur de Syrena s’élevait.
Philip gisait sur le sol. Angelica n’avait pas su le protéger.
Angelica regarda d’un air philosophe autour d’elle. L’Antre de Jones… Il fallait s’y attendre, après tout, elle n’avait spécialement consacré sa vie aux bonnes œuvres…
« Angelica ? Angelica Teach ? C’est bien vous ? »
La voix lui était familière, comme l’écho d’un souvenir lointain et elle écarquilla les yeux de surprise en reconnaissant, Philip, le tendre missionnaire qui avait navigué — à contrecœur — sur le Queen Anne en sa compagnie.
« Philip ? Mais… Que faites-vous au… »
Angelica était tellement stupéfaite qu’elle ne parvint pas à finir sa phrase.
« Au Purgatoire, compléta le jeune homme avec un zeste d’amertume.
— Je ne comprends pas, balbutia Angelica. Vous êtes un homme de Dieu, un missionnaire qui n’a jamais commis le moindre péché et
— Il faut croire que Dieu n’accorde pas la même valeur à toutes Ses créations, finalement, la coupa Philip. Mon amour pour Syrena m’a conduit droit ici. »
Angelica se troubla et ne put s’empêcher de se sentir coupable, sans elle, sans son terrible père…
« Mais, peut-être me suis-je trompé, ajouta Philip en posant un regard brûlant sur Angelica. Peut-être qu’en amenant ici, Dieu avait un autre dessein que celui de me punir…
— Lequel ? l’interrogea la jeune femme.
— Sauver votre âme et vous aider à rejoindre le Paradis, répondit Philip. Angelica, je sais que vous n’avez jamais été mauvaise. Teach était un démon, mais vous… La rédemption vous est encore possible. Voulez-vous que nous essayions ? »
Un espoir fou naquit en Angelica et elle baissa la tête avec humilité.
« Il n’y a rien au monde que je ne désire plus qu’obtenir le pardon pour mes péchés et trouver la paix, » murmura-t-elle, sincère.
Philip toucha son visage avec douceur, l’obligeant à le regarder et lui sourit avec une grande douceur.
« Dans ce cas, prions pour le salut de nos âmes… »
Depuis qu’il avait été touché par la Grâce, Philip Swift n’avait jamais connu les affres de la tentation charnelle. Mais, lorsqu’Angelica Teach s’agenouilla devant lui, la lourde croix d’or qui ne la quittait jamais se logeant entre ses deux globes de chair voluptueuse, le jeune homme sentit pour la première le désir naitre dans ses reins.
Le monastère bénédictin où Philip avait choisi de résider était franchement sinistre mais le jeune homme ne recula pas pour autant. Il avait trop péché en pensées tout d’abord, puis en actes en caressant les courbes ravissantes de Sœur Angelica, pour ne pas reconnaitre qu’il méritait l’austérité du lieu. Il devait déjà s’estimer heureux de ne pas avoir été purement et simplement excommunié comme Angelica…
Il se demanda fugacement ce qu’était devenue la pécheresse avant de secouer la tête. La tentatrice fourbe avait reçu un juste châtiment pour ses actes, son destin ne le concernait plus. D’autres prieraient pour son âme dévoyée…
Une certaine effervescence régnait dans le monastère quand Philip y pénétra et il comprit bien vite la raison de cette dernière. Guillaume de Baskerville, flanqué de son novice, était arrivé quelques heures avant lui… La réputation du franciscain le précédait et Philip baissa la tête dans l’espoir de passer inaperçu.
L’un des futurs condisciples de Philip passa la langue sur ses lèvres adipeuses et siffla.
« Le Diable a pénétré nos rangs… nos frères meurent les uns après les autres… Tu as mal choisi le moment pour nous rejoindre… »
Intrigué, Philip se tourna vers le moine mais celui-ci reprit
« Ta peau est blanche et parfaite… J’ai hâte de voir les marques du cilice sur des cuisses et le reste… »
Une vague de répulsion secoua le jeune moine en devenir et il s’écarta d’un mouvement maladroit, attirant sur lui le regard pénétrant de Guillaume…
La pénitente venait chaque jour, son magnifique visage à peine dissimulé par le voile noir qu’elle portait. Le Père Philip Swift l’avait déjà remarquée à plusieurs reprises, frappé par l’expression extatique qu’avaient parfois les traits de l’inconnue durant ses homélies.
Ce jour-là, contrairement à ses habitudes, la jeune femme se dirigea vers le confessionnal et Philip ne put retenir un soupir, lorsque son tour venu, la voix rauque de la femme s’éleva.
« Pardonnez-moi mon père, parce que j’ai péché.
— Je vous écoute ma fille…
— Je désire un homme qui n’est pas disponible, murmura la femme.
— Convoiter le mari d’une autre femme est un péché, répondit Philip. Vous devez l’oublier…
—Angelica, » déclara la femme d’une voix pressante.
Philip sourit.
« Un prénom destiné à être béni de Notre Seigneur. Eloignez-vous de la tentation, ma fille, ne succombez pas aux affres de Satan.
— Chaque soir je me caresse entre les cuisses en imaginant que ce sont ses doigts qui me touchent, puis son sexe qui pénètre en moi, » souffla Angelica.
Philip avala brutalement sa salive, troublé malgré lui par les images que la voix sensuelle de la pénitente faisait naitre en lui.
« Il vous faut repousser ces pensées inspirées par le Démon et vous tourner vers Notre Seigneur. Priez au lieu de vous adonner au péché de chair, lui conseilla-t-il avec une pointe de brutalité.
— Je ne puis ! Cet homme m’obsède ! Je rêve de le sentir en moi, je ne puis plus penser qu’à cela…
— Evitez-le dans ce cas, cela vous aidera à éloigner la tentation.
— Je ne peux pas, il me faudrait renoncer à toute dévotion, » souffla Angelica.
Philip se crispa dans l’étroit confessionnal.
« Vous, vous, balbutia-t-il.
— J’ai envie de vous accueillir en moi, Père Swift, d’éprouver la vigueur de votre organe et de recevoir votre semence… »
Philip se leva à la hâte, crucifix en main. Il s’était trompé sur Angelica… Elle n’était pas sa meilleure dévote mais l’envoyée de Satan…
« Ai-je vraiment l’air d’une grenouille de bénitier ? Pourquoi faut-il que dans les trois-quarts de ses histoires, elle me présente soit comme une novice portée sur la luxure, soit comme une dévote ?
— Dans l’UA ! tu es une sorcière », lui fit remarquer Philip, un sourire béat aux lèvres.
Angelica adressa un regard noir à son compagnon du jour.
« Ah oui, j’oubliais… Elle aime aussi me torturer… Franchement, j’espère que cette collection idiote de vignettes va vite s’arrêter ! »
Philip le regarda d’un air songeur.
« Au final, t’as préféré quoi ? Le moment où le dragon t’a cramée quand tu étais avec Jack ou celui où j’ai écarté la poire du pape que j’avais enfoncée en toi ? »
La fureur d’Angelica redoubla à sa question :
« Je démissionne ! Je ne passerais pas une vignette de plus avec cet abruti. Ni avec qui que ce soit d’autre d’ailleurs ! »
Depuis que le missionnaire avait été amené à bord du Queen Anne, Angelica ne parvenait pas à le chasser de ses pensées. Son corps mince mais musclé, sa bouche bien dessinée, ses grands yeux clairs... Evidemment, elle avait conscience qu’il avait fait vœu de chasteté mais au lieu de la rebuter, l’idée qu’il soit vierge l’excitait encore plus. Elle se mordit la lèvre au sang, vaguement honteuse des désirs que Philip Swift faisait naitre en elle : détourner un prêtre de sa vocation, c’était péché.
Ses pas la portèrent cependant jusqu’à la cabine dans laquelle le jeune homme était retenu captif et elle entra à l’intérieur, prenant soin de verrouiller derrière elle.
« Pourquoi m’avez-vous enlevé ? Relâchez-moi, par la Grâce de Dieu ! »
Angelica, bouche entrouverte, le contempla sans retenue. Il était tellement beau, tellement jeune…
« Je sais que vous êtes bonne, continua le jeune homme. Vous n’êtes pas comme ce Blackbeard, je l’ai vu. S’il vous plait, laissez-moi partir. »
La manière presque suppliante dont il s’adressait à elle excita encore plus la jeune femme et elle s’approcha de Philip.
« Je ne peux pas te laisser partir, commença-t-elle. En revanche, je peux adoucir les conditions de ta réclusion… »
Philip la regarda sans comprendre et Angelica se débarrassa de son chemisier d’un geste décidé, exhibant sa poitrine opulente et ferme aux yeux ébahis du jeune homme.
« Je, je, je ne peux pas, balbutia-t-il. Vous, je suis un homme de Dieu. »
Angelica se saisit de la main de Philip et la posa sur son sein.
« Tais-toi et touche-moi, ordonna-t-elle. Je veux que tu les mettes dans ta bouche et que tu les lèches… »
Un gémissement de plaisir lui échappa alors que, comme toujours depuis qu’il était entré au séminaire, Philip obéissait…
Le désespoir de Philip à l’idée que l’on puisse faire du mal à la sirène était aussi poignant que sincère.
Le hurlement de la sirène en voyant le corps de Philip s’effondrer sur le sol remua Angelica jusqu’au plus profond de son âme.
Pour la première fois de son existence, Angelica comprit ce qu’était l’amour.
Note : Répond aux défis : 10 façons d'être avec toi & 50 nuances de Pirates des Caraïbes du Discord Paradisio di Dante
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