Ses longs cheveux blond vénitien en bataille et sa magnifique robe de mariée en lambeaux, Elizabeth Swann offrait un spectacle pitoyable. Un léger soupir échappa à Jack en la reconnaissant et ses yeux tombèrent malgré lui sur la broche ornée de pierres précieuses qui ornait la dentelle défraichie… Cela devait valoir une fortune.

« Jack… C’est le destin qui vous a amené à Port Royal justement aujourd’hui ! » s’exclama la jeune femme.

La poisse plutôt, songea le pirate avant de s’aviser des tremblements incontrôlables de la jeune femme.

« Vous êtes transie, » soupira le pirate tout en enveloppant la jeune femme dans son lourd manteau. 

Ses doigts frôlèrent le bijou de la jeune femme mais il ne chercha pas à le lui voler.

« Que se passe-t-il, mon ange ? Je vous croyais en pleine lune de miel avec Turner après un mariage mirifique… »

A ces mots, Elizabeth fondit en larmes et expliqua d’une voix entrecoupée par les sanglots que Beckett les avait interrompus. A la fin de son long récit, Jack soupira. 

« Ne vous inquiétez pas, Lizzie, on va retrouver votre damoiseau en détresse, » promit-il.

Jack poignarda le cœur de Davy Jones sans le moindre mouvement d’hésitation. Le poulpe monstrueux laissa échapper un cri de pure souffrance qu’Elizabeth entendit à peine. Les yeux agrandis par l’horreur, elle en oublia son mari mourant et la bataille qui faisait rage. Elle ne voyait plus que Jack Sparrow. 

Jack qui venait de se condamner à endosser la charge du poulpe. Jack qui, par ce geste, lui serait à tout jamais inaccessible.

Elle se précipita vers le pirate, le regard embué de larmes qui ne demandaient qu’à s’écouler.

« Jack… Non, ne m’abandonnez pas ! 

— Des regrets, trésor ? ironisa le pirate. Vous auriez dû y penser. »

La jeune femme le regarda avec incertitude et Jack désigna Will.

« Avant d’épouser Turner, » termina-t-il.

La boule dans la gorge d’Elizabeth et elle laissa ses doigts effleurer ceux du pirate.

« Je suis désolée pour tout ça… »

Un sourire moqueur lui répondit.

« Pour quoi Lizzie ? Pour l’avoir épousé ? Pour m’avoir condamné à mort ? 

— Pour n’avoir pas compris avant que je vous aime, » murmura Elizabeth.

A ces mots, Jack se décomposa. Il ne s’était sacrifié que parce qu’il avait cru la jeune femme à jamais inaccessible et maintenant…

« Bugger, bugger, bugger, paniqua-t-il. Hey, tête de poulpe ! Reprends ton cœur ! »

Jack s’avisa alors avec horreur que l’équipage du défunt Jones s’approchait d’eux, psalmodiant que le Hollandais Volant devait avoir un capitaine. 

« Il faut que vous partiez d’ici, souffla-t-il à Elizabeth avant de la pousser.

— Pas sans vous ! » hurla la jeune femme.

Sans l’écouter, Jack attacha des bouts autour de la taille de la jeune femme et se dirigea vers le canon.

« Je t’aime, » murmura-t-il lorsque la jeune femme s’envola dans les airs, la voile se déployant en une corolle autour d’elle.

Puis, il se retourna vers l’équipage monstrueux, prêt à affronter le destin auquel il s’était lui-même condamné.

« Je ne sais pas si je pourrais à nouveau te faire confiance, lâcha Will. Comment pourrais-je te croire après ce que tu as fait à Jack ?

— Tu ne le peux pas », répondit Elizabeth d’une voix morne avant de s’éloigner. 

Jack se dissimula à la hâte dans la pénombre de l’entrepont du Black Pearl et suivit Elizabeth des yeux. 

Sa meurtrière. Froide, égoïste, sans pitié. Un pirate. 

« Si vous devez le faire, alors faites-le maintenant. »

La voix remplie de détresse de Will ramena Jack au présent et il reporta son attention sur le jeune homme.

« Je ne vois pas de quoi tu veux parler… »

Le poing de Will s’abattit contre le mur.

« Cesse de me prendre pour un idiot ! Tu me crois aussi niais ? Tu penses peut-être que je ne vois pas la manière dont tu la regardes ? Dont elle te regarde, » ajouta Will dans un murmure douloureux.

Jack émit un son qui trahissait son malaise et Will le toisa :

« Je ne peux pas simplement regarder ailleurs et faire comme si rien ne s’était passé. Tu me l’as volée, Jack. Je te croyais mon ami mais la seule chose qui t’intéressait chez moi c’était Elizabeth. Ça a toujours été elle, n’est-ce pas ? »

Une fois de plus, Jack chercha comment se justifier mais Elizabeth ne lui en laissa pas le temps.

« Will. Je t’aime, mais je l’aime aussi. Ne me demande pas de choisir. »

Le pirate ne put retenir un mouvement de pure allégresse en entendant Elizabeth exprimer ainsi ses sentiments et Will le fixa avec mépris.

« Tu es aussi fourbe et menteur qu’elle. Vous vous méritez. 

— Will », tenta vainement Elizabeth tandis que le jeune homme s’éloignait.

Jack s’approcha d’Elizabeth, les mots d’amour qu’il n’avait jamais prononcés, prêts à jaillir. 

« Je l’ai perdu », murmura-t-elle, des sanglots dans la voix.

 Le pirate ravala ses sentiments et la serra contre lui.

Il la voyait partout, tout le temps. Il revivait sans cesse le moment où il avait enfin gouté ses lèvres. 

Le baiser langoureux tant espéré qui avait précédé la froideur de l’acier des menottes sur ses poignets.

Puis le Kraken… Son sabre d’abordage comme seul rempart contre les centaines de dents acérées du monstre… Il avait essayé mais il n’avait aucune chance, Elizabeth ne lui en avait pas laissé… 

La douleur, le vide, la solitude. 

La folie.

Puis elle. 

« Jack, nous sommes vraiment là. »

Ses cheveux blonds encadrent son visage à la beauté parfaite, presque irréelle… Les autres s’activent autour d’eux mais il ne peut détacher son regard d’elle. 

Lentement il se rapproche de sa meurtrière.

« Pourquoi ?

— Nous sommes venus pour vous sauver. »

Des frémissements, c’était ainsi que Jack les avait toujours appelés… Mais il ne les avait jamais éprouvés lui-même.

Jusqu’à ce qu’il rencontre Elizabeth Swann.

« Swann ? Vous savez où est Elizabeth ? » s’enthousiasma Jack Sparrow un peu décontenancé par les habits étranges de son interlocutrice.

La jeune et jolie brune qui lui faisait face haussa le sourcil et un sourire niais lui échappa.

« Non, non, non, vous n’avez pas compris, je m’appelle Isabella Swan.

— Mais quel rapport avec Lizzie ? Une cousine ? Une sœur ? Ce bon vieux gouverneur aurait-il fauté avec une femme de chambre ? » gloussa Jack.

Bella lui renvoya son éternel regard stupide et un peu bovin… Le sourire de Jack mourut sur ses lèvres en voyant ce dernier.

« Cette expression faciale me rappelle quelque chose… Tu serais pas une Turner plutôt ? »

Un regard vide répondit au pirate et il lâcha un « Blahhhh » retentissant avant de s’éloigner d’une démarche approximative.

« C’était qui ? » interrogea Edward, intrigué par l’allure dépenaillée de celui qui venait de s’adresser à sa tendre Bella.

La jeune femme haussa les épaules.

« Aucune idée, je crois qu’il cherchait une certaine Elizabeth Swan. La fille du Gouverneur selon lui ou je ne sais quoi… C’est amusant parce qu’il y a bel et bien eu une Elizabeth du côté de Charlie, je crois que c’était une sorte de prostituée dans les années 1700, la brebis galeuse de la famille, s’amusa Bella. Elle a fini pendue si je me rappelle bien. »

Edward inspira profondément le parfum délicieux de la chevelure de sa douce et tendre Bella et cette dernière oublia sur le champ l’étranger bizarre pour se consacrer au centre de son existence : son magnifique petit ami si parfait.

« Ça n’aurait jamais marché entre nous…

— Vous aimeriez vous en convaincre, » rétorqua Jack, du tac au tac.

Leurs regards s’épousèrent et ils oublièrent un instant ceux qui les entouraient. Mue par un instinct primaire, Elizabeth s’approcha du pirate et il déglutit avant de la repousser.

« Une fois suffit, » lâcha-t-il, conscient que si elle s’approchait encore, il ne pourrait pas résister au besoin viscéral de l’embrasser qui lui tendait les tripes (et le bas-ventre).

Elizabeth se mordit brièvement la lèvre et cacha sa déception derrière un sourire de façade. 

« Merci Jack, » lâcha-t-elle.

Et elle le pensait. En agissant comme il l’avait fait, le pirate l’avait empêchée de rompre ses vœux de fidélité avant que sa nuit de noces soit consommée.

« Déjà ? L’OTP c’est pas prévu dans les dernières vignettes normalement ? s’étonna Elizabeth avant de blêmir. Rassurez-moi on est toujours son OTP hein ? Elle a pas viré Willabeth ?

— Non trésor, elle voulait juste fusionner des défis et comme on est sortis pour la semaine des couples, elle a décidé d’écrire sur nous. Elle a pas pu résister.

— Ah, ouf, à un moment j’ai cru qu’elle était devenue folle !

— Nope, pas plus qu’avant… »

Elizabeth laissa échapper un soupir mi soulagé mi inquiet.

« Et, c’est quoi encore cette histoire de fusion et de défi ? Je veux dire, on s’est déjà tapé les 30 baisers et les 30 interdits, ne me dites pas qu’elle recommence ! » 

Un sourire amusé éclaira le visage de Jack.

« De manière complètement inattendue, apocalyptique, et digne des plus grands drama… Une petite sirène (ou un ange, je ne sais plus trop) a fait pouf et détruit le serveur où elle prenait ses dettes.

— Donc, elle va nous laisser tranquille ! » triompha Elizabeth.

Jack posa un regard rempli de compassion sur Lizzie.

« Trésor… Elle a trouvé un autre endroit pour les défis…

— Mais pourquoi elle fait ça… qu’est-ce que ça lui rapporte ? s’énerva Elizabeth, à bout de nerfs. Des points ? Des pièces d’or ?

— Rien d’autre que le plaisir de nous torturer… »  insinua Jack en se tournant vers l’auteure.

Un large sourire salua cette déclaration et l’auteure (qui avait tout de même dû réécrire toute cette vignette pour coller à l’actualité… oui, toujours sur la brèche, telle BFM TV, !) s’exclama :

« Bienvenue au Paradisio di Dante, mes anges ! 

— Bugger… soufflèrent Jack et Lizzie d’une même voix avant de se retrouver dans un baiser aussi fougueux que langoureux et… 

Ah mince ! Le quota de mots de la vignette est atteint

« Est-ce que vous me pardonnez, Jack ? »

Le pirate frissonna en reconnaissant le timbre sensuel de sa meurtrière. 

« Non. Vous n’avez pas idée de ce que j’ai traversé à cause de vous, cracha-t-il.

— Je n’avais pas d’autre choix, se défendit la jeune femme. Et vous auriez agi de la même manière si vous aviez été à ma place. »

Le pirate lui renvoya un regard noir.

« Trésor, je doute de vous pardonner un jour. Vous n’imaginez pas tout ce que j’ai eu envie de vous faire quand j’étais là-bas. »

Un frisson d’excitation remonta le long de l’échine d’Elizabeth et elle avala sa salive. Jack s’approcha d’elle, le regard étincelant.

« Vous aimez les fers, Lizzie ? »

Un bruit de chaine se fit entendre et le cœur d’Elizabeth accéléra tandis que les doigts chauds de Jack glissaient sur son poignet nu. Puis, le cliquetis des menottes.

« Qu’est-ce que ça fait d’être impuissante ? D’être livrée en pâture au bon vouloir d’une bête ?  murmura Jack à quelques millimètres de sa bouche.

— Vous ne me tuerez pas, répondit crânement la jeune femme.

— Il y a des choses pires que la mort… »

Leurs lèvres se frôlèrent cette fois et le désir inonda le bas-ventre de la jeune femme.

« Qu’attendez-vous, dans ce cas ? Je ne chercherai pas à m’enfuir… » murmura-t-elle.

Jack laissa sa paume descendre jusqu’au fut de la jeune femme et elle retint son souffle alors qu’il glissait ses doigts à l’intérieur de son fut. Un sifflement échappa à Jack alors que sa main se couvrait d’humidité.

« Bugger… Vous êtes, vous êtes, chercha-t-il tout en insérant un doigt en elle.

— Un pirate, comme vous, haleta Lizzie.

— Les pirates prennent ce qu’ils désirent », murmura Jack.

Elizabeth grogna et écarta les cuisses, les yeux mi-clos.

« Alors, faites-le… » gémit-elle.

Jack se pencha sur ses lèvres, incapable de résister, et l’embrassa avec sauvagerie.

« Je ne compte pas me montrer doux… »

Au moment où le Black Pearl se brisa sous la force des tentacules du Kraken, le cœur d’Elizabeth en fit de même… 

Le regard fixe, la jeune femme se concentra pour empêcher ses larmes de couler. Elle venait de tuer l’homme qu’elle aimait pour sauver celui qu’elle n’aimait plus. 

Seulement, elle l’avait compris trop tard…

Jack & Anamaria                                                                                  Will & Elizabeth

Note :

Ce chapitre répond au défi " 50 nuances de PoTC" du Discord Paradisio di Dante