Et ce léger sourire au coin des lèvres, c’est d’une telle indécence
Il est temps de partir elle se lève, évidente, transparente
Sa façon de marcher dans mon rêve, son parfum qui s’évanouit
Quand elle disparaît de ma vie.
Tout était dit.
Campé droit sur ses jambes, la pose nonchalamment étudiée, Jack Sparrow regarda Elizabeth Turner s’éloigner de lui, un sourire ironique vissé aux lèvres, les yeux baissés pour ne pas qu’on puisse lire sa peine. Il avait tout enduré de cette femme.
Elle l’avait repoussé, elle l’avait insulté, aguiché, utilisé…. Puis il était parti et avait cru ainsi s’en libérer.
Il avait tenté de l’oublier. En vain. Elle était revenue. Elle l’avait aguiché, caressé, séduit…. Elle l’avait embrassé. Elle l’avait tué.
A cause d’elle, à cause de cette faille qu’elle avait creusée en lui, il avait perdu sa vie et sa liberté. Pour la première fois depuis très longtemps Jack avait senti son cœur battre pour autre chose que pour son navire. Et elle l’avait utilisé, rejeté…Assassiné.
Mourir pour elle n’avait pas suffi. Pour la posséder, il l’avait faite reine, guettant à chaque instant de leur voyage le moment où enfin, elle viendrait vers lui et reconnaitrait qu’il était un homme bien. Avant de le récompenser.
Mais elle n’était jamais venue. Au lieu de ça, elle l’avait trahi à nouveau, l’échangeant contre Will sans se préoccuper de ce que lui aurait à subir.
Elle était un pirate et il était fier d’elle. Elle était sa meurtrière et il la haïssait. Elle était son âme sœur. Il l’aimait.
Le cœur emplit de toutes ces pensées contradictoires, Jack Sparrow regarda la chaloupe emmener Elizabeth Turner loin de lui, vers son époux. Il était à la fois fier et amer d’avoir refusé la dernière étreinte qu’elle lui avait offert comme une sorte de récompense pour avoir tout perdu pour elle avant de partir rejoindre son précieux Will.
Il avait fait mouche il le savait mais même à ce dernier instant elle ne l’avait pas choisi. Du reste il ne le souhaitait pas car après tout quel fou pouvait aimer sa meurtrière ?
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Seule sur le sable
Les yeux dans l’eau
Son rêve était trop beau
Le jour qui s’achève, il partira ….
Dans son pays loin là-bas ….
Le soir était tombé sur Molokai comme sur le reste du monde et Elizabeth Turner, la rage au cœur, regarda le Hollandais Volant disparaître à l’horizon, avec à son bord son époux. La journée était passée vite, si vite. Will et elle avaient à peine eu le temps de se découvrir et de s’apprivoiser que, déjà, le devoir avait rappelé le jeune homme.
Elizabeth resserra ses bras autour de son corps, elle se retrouvait épouse, veuve et femme à l’issue de la même journée. Ce matin elle était reine et à présent elle ne savait plus qui elle était. Était-elle encore seulement quelqu’un hormis la gardienne du cœur du Capitaine du Hollandais Volant ? Un instant son visage se teinta de chagrin alors qu’elle songeait que tous les navires quittaient les ports, le Hollandais Volant, le Black Pearl, tandis qu’elle seule restait ici.
Will était parti et en ce qui concernait Jack Sparrow, elle savait après leur adieu qu’elle n’avait plus rien à attendre de lui. Malgré ses manières séductrices, Jack ne s’intéressait plus à elle. En épousant Will elle l’avait perdu, si tant est qu’elle l’ait jamais eu. Et au fond d’elle-même elle était bien obligée de s’avouer qu’elle aurait aimé sentir les bras de Jack se refermer autour d’elle une dernière fois. Ses lèvres se poser sur les siennes. Elizabeth rougit à cette pensée incongrue alors qu’elle venait de dire au revoir à son mari pour dix longues années. Les joues rouges elle se pencha sur le coffre qui contenait le cœur de son époux et le serra contre elle, s’apprêtant à faire demi-tour .
Une voix l’arrêta net, et la surprise se peignit sur le visage d’Elizabeth en reconnaissant Tai Huang, le second de L’Empress.
« Vous Capitaine. » Dit-il simplement.
Le coffre contenant le cœur de Will reposant dans le creux de son bras, Elizabeth se contenta d’échanger un long regard avec le second avant de s’avancer, un vague sourire aux lèvres.
Derrière elle, Tai Huang sourit, il baissa la tête avec servilité avant de la suivre, le regard fixé sur le précieux coffre qu’elle portait …..
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Nous sommes les pirates les forbans,
Trinquons ma jolie …
Quelques semaines plus tard, Tortuga.
Jack avança lentement sur le quai, ses bras entouraient familièrement Scarlett et Giselle, alors qu’il débitait son discours habituel à l‘adresse des deux catins. Le pirate souriait, gesticulait, heureux de retrouver enfin sa liberté.
Il n’avait pas revu Elizabeth pas plus qu’elle n’avait cherché à le revoir. Jack chassa le souvenir de la jeune reine qui lui avait tout pris avant de se tourner vers Giselle, les lèvres gourmandes.
« Jack, c’est pas ton bateau là-bas ? » Demanda Scarlett d’un air innocent, l’interrompant dans sa manœuvre de séduction
Jack écarquilla les yeux en voyant le Black Pearl s’éloigner. Ainsi donc le sort avait décidé de le laisser seul, démuni comme au jour de sa rencontre avec Elizabeth.
Jack, sans y penser totalement, s’entendit dire leurs vérités aux catins et se couper toute possibilité d’avoir recours à leurs charmes dans l’avenir. Mais il n’y tenait pas. Le monde était rempli de femmes et de catins prêtes à réchauffer son lit.
Sans se retourner vers Gibbs, qui, lui aussi faisait partie de son ancienne vie, de son histoire ratée avec Elizabeth, Jack monta dans une petite chaloupe et ouvrit son compas, satisfait de voir ce dernier lui indiquer enfin une direction. Celle de la Fontaine de Jouvence et de l’immortalité qu’il avait abandonnées pour les yeux sombres d’une reine qu’il haïssait autant qu’il l’aimait. Alors qu’il prenait une rasade de rhum, Jack sourit. Il l’oublierait cette fois. Personne ne pouvait aimer sa meurtrière.
Conforté par cette pensée Jack Sparrow se mit en route vers son immortalité, il laissait derrière lui Elizabeth Turner et le souvenir du mal qu’elle lui avait fait, lui fermant son cœur.
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Le roi et ses frères
Tirèrent la reine de son lit
Et l’enchaînèrent à ses propres os
Sur l’Empress, Elizabeth ouvrit brutalement les yeux, sa main chercha son arme par automatisme mais ne rencontra que le vide. Sans lui laisser le temps de trouver une autre solution, des bras la tirèrent hors de son lit et la forcèrent à avancer sur le pont.
A la lumière de la lune, Elizabeth reconnut Tai Huang et tenta d’avancer vers lui, retenue par la poigne sans pitié de ses mercenaires. L’éternel second de Sao Feng la regarda avec une grimace.
« Tai Huang en a assez de se vendre au plus offrant. »
Elizabeth frissonna en comprenant, une mutinerie… La chose que redoutaient le plus les capitaines pirates. Du regard, la jeune reine chercha le morceau de terre où elle serait bientôt abandonnée, munie d’un pistolet avec une seule balle. Elle n’avait pas peur, elle avait connu pire.
Tai lui sourit avec cruauté tandis que ses hommes apportaient le coffre contenant le cœur de Will. Elizabeth se débattit plus vigoureusement.
« Vous n’avez pas le droit !!! »
Tai s’approcha, suivi par une vieille femme toute ridée. Tous deux commencèrent à parler dans un dialecte inconnu d’Elizabeth. La femme la détailla avec un sourire avant de glisser une bourse garnie dans la main de Tai Huang.
Elizabeth le regarda avec horreur.
« Qu’est-ce que tu fais ? S’insurgea-t-elle tandis que les hommes qui la maintenaient sans lui laisser la moindre chance d’évasion la traînaient vers l’arrière de la jonque.
- Tai Huang en a assez de se vendre au plus offrant. Votre tour à présent. Garde le coffre pour être sûr que vous obéirez.
- Obéir !!! S’insurgea Elizabeth. Je suis reine des pirates dois je te le rappeler? »
Tai Huang leva son visage, un sourire mauvais sur les lèvres
« Tai Huang n’appartient plus à personne. Pas de Capitaine. Pas de Reine. Vous appartenez à elle. Dit-il en désignant la vieille femme
- Jamais. » Siffla Elizabeth.
Tai la regarda avec un soupir puis la frappa violemment à la tête. Elizabeth s’évanouit sous la douleur.
La femme lança un regard de reproche à Tai Huang avant de l’invectiver en chinois : il risquait d’abîmer la marchandise. Tai lui répondit aussi fort et lui tendit une fleur avec un sourire. Les deux complices échangèrent un regard ravi et la vieille femme, apaisée, prit place dans la jonque légère qui la ramènerait vers Singapour, en compagnie d’Elizabeth toujours inconsciente.
Note : en ce qui concerne les chansons du prologue
La chanson utilisée dans la suite de la fiction sera Fermer les yeux, JJG
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Microcosmos (lundi, 30 avril 2012 13:49)
Prologue très intéressant!
Jack qui lutte pour oublier le passé et Liz qui commence déjà à en prendre littéralement plein la figure. ^^
Je vais de ce pas lire la suite! <3
JessSwann (lundi, 30 avril 2012 16:07)
Lol merci, je vois que tu as choisi d'entrée de jeu la plus "hard" de toutes mdrrr
emy (mardi, 30 octobre 2012 01:18)
aller c parti !! je commence. normalement je l'ai deja lu mais je ne me souvient pas de tout.
tu dis qu'elle est hard mais j'espere qu'elle ne l'ai pas plus que "le coffre" parceque sa m'avait deja bien ecoeuré alors je ne veux pas plus hard que sa lol
JessSwann (mardi, 30 octobre 2012 08:49)
Lol normalement si tu l'as lue elle marque mais elle est nettement moins écoeurante que le coffre, c'est la relation entre Jack & Liz qui est hard
Sur un thème plus léger tu devrais lire Fidélité et tentation si tu ne l'as pas lue