Victoire amère

La bataille était finie.

Les hommes de la Compagnie des Indes se retiraient, semblables à des poulets sans tête à présent que leur meneur n’était plus.

C’était fini. Elle avait tué Beckett et vengé son père. Elle avait sauvé la piraterie de l’extinction.

Elle avait gagné.

Elizabeth Turner regarda autour d’elle tandis que les pirates hurlaient leur joie face à la déroute des oppresseurs de la Compagnie. Un sourire amer lui échappa à cette vue et elle aperçut du coin de l’œil Jack Sparrow lancer son tricorne au milieu de la foule des marins.

La jeune femme inspira profondément puis se tourna à nouveau vers l’épave du navire de Beckett qui finissait de couler, réduit en cendres par les canons du Black Pearl et du Hollandais Volant.

A travers les flammes mourantes, la jeune femme accrocha le regard de son époux. Comme elle, Will regardait la victoire. Comme elle, Will en connaissait le prix.

Elizabeth serra le bastingage et retint les larmes de détresse qui montaient à ses cils.

«  Je suis désolé Lizzie. » Murmura Jack derrière elle.

Elizabeth avala sa salive et se tourna vers le pirate.

«  Il ne fait plus partie de notre monde, là où il va ni vous ni moi ne pouvons le suivre. Précisa Jack avec prudence.

- Je sais. Souffla Elizabeth, le cœur lourd.

- Sans lui nous aurions été vaincus par Beckett et son armada, poursuivit Jack d’un ton qui laissait percevoir son dégout.

- Je sais. » Répéta Elizabeth, les yeux rivés au jeune capitaine qu’un homme avait rejoint au bastingage.

Jack suivit son regard et grimaça.

« Quelquefois, certains ne sont pas faits pour, commença-t-il.

- Nous nous sommes mariés, comme il se devait. Le coupa brusquement Elizabeth. Parce que si ce jour devait être le dernier, nous voulions qu’il soit le nôtre. »

Un soupir lui répondit et Elizabeth entendit finalement le pas de Jack décroitre alors qu’il rejoignait ceux qui célébraient leur victoire.

La jeune femme reporta alors ses yeux sur Will. Le regard que son époux lui lança était plein de promesses. Des promesses qu’il n’aurait qu’un seul jour pour tenir elle le savait.

Tel était le prix de leur victoire.

Elizabeth refoula de nouvelles larmes. La jeune mariée avait beau savoir que sans Will pour barrer le Hollandais Volant ils seraient sans doute tous morts ou prisonniers de Beckett au lieu de danser sur le pont, elle ne pouvait s’empêcher de penser que la victoire avait un gout amer.