Deux jours après avoir été capturée par Barbossa, Elizabeth s’étirait longuement et cherchait à détendre ses poignets engourdis par les chaînes que le pirate ne lui avait pas ôtées une seule fois, même au plus fort de leurs ébats qu’il avait souhaité plus fréquents qu’Elizabeth ne l’avait imaginé en lui proposant son marché. En effet, même lorsque Pintel ou Ragetti lui apportait son repas, louchant au passage sur son corps nu que Barbossa ne se donnait pas la peine de couvrir une fois son plaisir pris, les fers ne quittaient pas ses poignets. Barbossa concédait juste à la libérer de la chaîne qui l’attachait au lit et la forçait ainsi à manger maladroitement, les poignets entravés. Elle n’avait pas de nouvelles de Jack, pas plus qu’elle n’avait vu la lumière du jour, hormis les faibles rais de lumière qui parvenaient à franchir la couche de crasse recouvrant les fenêtres de la cabine de Barbossa, et Elizabeth commençait à penser que son plan qui lui avait semblé si brillant, quoi que nettement dégradant, quelques jours plus tôt ne l’était pas tant que ça. Ce n’était pas que Barbossa était un amant désagréable. En toute honnêteté, Elizabeth se voyait bien obligée de reconnaître que l’homme était plutôt simple à contenter. Leurs relations se déroulaient toujours selon le même rituel. D’abord, il la saisissait par les cheveux, la forçait à ouvrir la bouche alors qu’il s’enfonçait dans cette dernière, soupirant à mesure que la langue d’Elizabeth caressait ses aspérités, puis il la forçait à s’allonger et la prenait sans se soucier qu’elle soit prête ou non. En cela, le préliminaire buccal mis à part, leurs relations ressemblaient aux deux malheureuses fois où elle avait fait l’amour avec Will. Quelques instants d’un va et vient haletant qui la laissait sur sa faim alors que l’homme retombait à ses côtés, essoufflé.
Non ce qui la gênait, outre le fait de se vendre comme la dernière des catins de Tortuga, c’était la sensation de frustration qu’elle éprouvait lorsque Barbossa finissait par jouir, le plus souvent sur son ventre. Elizabeth soupira à cette pensée, consciente que le plus honteux dans l’histoire était bel et bien cette frustration charnelle et le désir de son corps d’être contenté par un homme qu’elle méprisait et détestait tour à tour. En effet, à plusieurs reprises alors que Barbossa jouissait, elle avait ressenti l’envie quasi animale qu’il la prenne encore et s’était retenue de lui crier d’y aller plus fort. Ce qui n’était pas prévu dans son plan, loin de là. En vérité, si elle était totalement honnête avec elle-même, Elizabeth devait bien reconnaître qu’elle trouvait une demi satisfaction dérangeante dans sa relation avec Barbossa qui avait au moins le mérite de calmer temporairement les ardeurs qu’elle s’efforçait de museler depuis tellement d’années qu’elle avait perdu le compte de ces dernières.
Agacée à l’idée de trouver du plaisir dans le fait d’être obligée de s’offrir ce qui confirmait ce que Jack lui avait asséné quelques temps plus tôt, Elizabeth remua à nouveau et poussa un gémissement douloureux en sentant sa brûlure frôler l’étoffe rêche des draps de Barbossa. Les larmes aux yeux, Elizabeth regretta amèrement les soins attentifs de Jack dont les doigts apaisaient si bien sa douleur avant de se souvenir de la dernière fois où il lui avait dispensé ces derniers. Elle rougit, ferma les yeux et se remémora les mains de Jack sur son corps, étreignant ses seins et prenant le temps de la caresser comme aucun homme ne s’en était jamais donné la peine. Elle avait adoré ça. Et elle réalisa soudain que ce plaisir que lui avait dispensé Jack était beaucoup plus dangereux pour elle que ce qu’elle ressentait durant ses étreintes avec Barbossa. D’autant plus qu’elle se surprenait de plus en plus souvent à imaginer que Jack lui faisait l’amour à la place de Barbossa, ce qui décuplait immanquablement son excitation et la faisait pousser des cris de plaisir qui n’avaient que pour seul effet de faire jouir Barbossa plus vite. Ce qui était une bonne chose pour sa situation présente mais qui lui laissait entrevoir des problèmes pour la suite des événements, c’est-à-dire une fois que son plan aurait été couronné de succès et que Jack et elle seraient libres de la férule du pirate, bien entendu.
L’entrée de Barbossa dans sa cabine interrompit ses réflexions et Elizabeth songea avec désespoir qu’il venait à nouveau réclamer ce qu’il semblait considérer être son dû. Dissimulant son dégoût, elle se força à lui sourire et remonta légèrement sur le lit pour s’asseoir. Barbossa la regarda avec plaisir avant de se reprendre.
« Dites-moi Madame Turner, une promenade sur le pont vous plairait elle ?
- Cela serait inespéré. Grinça ironiquement Elizabeth.
- Regretteriez-vous notre accord ?
- Absolument pas. Sourit-elle. Ce que je déplore c’est votre manque de confiance alors qu’il me semble vous avoir démontré à plusieurs reprises que j’étais bien décidée à respecter ma part du marché. »
Barbossa la regarda d’un air songeur et se leva brutalement. Il se pencha sur elle et caressa au passage la peau fine de ses poignets alors qu’il frôlait ses fers.
« Si vous me disiez où vous avez caché les morceaux de Conque, je vous ferais confiance Elizabeth. »
La jeune femme réprima un sourire en songeant que le pirate n’avait pas trouvé ces derniers malgré les fouilles et les humiliations répétées qu’elle le soupçonnait d’avoir infligé à Jack au cours des derniers jours.
« Si vous me faisiez confiance sans ? Suggéra-t-elle d’un ton séducteur en remerciant intérieurement Jack d’avoir de toute évidence trouvé une parfaite cachette pour la Conque. N’avez-vous pas envie que nous explorions d’autres plaisirs ? Ajouta-t-elle en le couvant d’un regard équivoque.
- Une vraie catin. Grommela Barbossa en posant une main hésitante sur ses poignets. A la moindre tentative, je vous tue compris ? »
Elizabeth réprima la lueur de satisfaction qui s’allumait dans ses yeux avant d’hocher la tête.
« Libérez-moi. Vous ne le regretterez pas. » Affirma-t-elle d’un ton suggestif.
Barbossa la jaugea, hésitant visiblement sur la conduite à tenir, le regard légèrement vague à la pensée de ce qu’il pourrait faire d’une Elizabeth plus libre de ses mouvements et donc plus excitante. Finalement le désir l’emporta sur la raison et il défit lentement ses fers tout en la fixant dans les yeux.
« N’oubliez pas Madame Turner. Je ne le répéterais pas. » Lui affirma-t-il tandis qu’Elizabeth poussait un long soupir de soulagement et s’empressait de frotter ses poignets ankylosés.
La jeune femme sourit et se retourna vers lui, sa main fine se posa sur la cuisse du pirate tandis que son esprit travaillait à toute vitesse. Elle réprima l’envie impérieuse de se jeter sur lui et de tenter de le désarmer. Elle savait en effet qu’elle n’aurait qu’une seule chance de s’enfuir et que dans le cas où elle échouerait, Barbossa n’hésiterait pas à la tuer de sang-froid. Elle se força donc à sourire plus largement et remonta sa main sur sa cuisse.
« Pourquoi aurais-je envie de m’enfuir alors que vous allez me permettre d’obtenir ce que je désire ? » Répondit-elle en frôlant son entrejambe, sentant avec dégoût le sexe de Barbossa se tendre sous l’étoffe.
Barbossa ferma à demi les yeux et le cœur d’Elizabeth s’arrêta un instant avant de repartir lorsqu’elle réalisa qu’il suivait tous ses mouvements du regard en dépit de son abandon feint. Elle retira lentement sa main et le fixa.
« Vous aviez parlé d’une promenade sur le pont il me semble ? »
Les sens en alerte, Barbossa se pencha sur elle et suivit du bout de l’ongle la ligne de son ventre jusqu’à la naissance de son sexe.
« Nous avons le temps pour ça Madame Turner. Pour l’instant contentez-moi. »
Elizabeth masqua sa consternation derrière un sourire et laissa sa main errer sur le torse de Barbossa, elle se demanda fugacement s’il arrivait au vieux pirate d’être rassasié. Les mains de ce dernier se posèrent sur ses hanches et l’emprisonnèrent alors qu’il se penchait sur elle.
« J’en avais assez de vous prendre dans la même position. » Lui souffla-t-il à l’oreille tandis qu’elle glissait sa main dans son pantalon.
Elle étreignit son morceau de chair à la peau brûlante et imprima à sa main un mouvement de va et vient maladroit.
« Comment Jack préférait il vous prendre ? » Lui demanda-t-il d’un ton haletant.
Interdite, Elizabeth chercha quoi répondre et pesta intérieurement de ne rien connaître aux choses de l’amour tandis que son imagination lui faisait cruellement défaut.
« Il aime tout ce qui est possible de faire à une femme. Répondit-elle finalement en priant pour que ce soit la bonne réponse. Mais pourquoi parler de lui alors qu’il croupit dans vos geôles ?
- Dans la cale plutôt. Ricana Barbossa en se laissant aller légèrement en arrière, lui facilitant le passage. Oui comme ça Madame Turner.
- Je ne me rappelais plus l’existence de geôles au fond de la cale. Remarqua Elizabeth, l’air de rien en se penchant sur son torse pour déposer un baiser léger sur ce dernier.
- Je les ai fait construire. Gémit Barbossa en sentant sa bouche descendre lentement le long de son ventre. Pour enfermer les rats. Il y croupit sans boire et manger, je me suis dit… Oh …. Comme ça … » Gémit-il brusquement alors qu’elle refermait sa bouche sur sa verge.
Elizabeth se crispa, sa langue s’enroula autour de son gland tandis qu’elle attendait la suite le cœur battant mais seuls des râles lui répondirent. Au bout d’un moment, elle cessa sa caresse et le sentit grossir dans sa bouche alors qu’une écume amère se déversait sur sa langue.
Elle s’écarta de lui tandis que Barbossa, la fixait, un éclair frustré dans le regard.
« Nous avons le temps non ? Sourit-elle en se laissant aller en arrière dans une invite plus qu’explicite.
- Pas comme ça … Répondit Barbossa. Je ne vous ai pas libérée pour vous prendre ainsi.
- Essayeriez-vous de concurrencer Jack ? Lui demanda Elizabeth d’un ton joueur tout en frémissant intérieurement à l’idée de ce que le vieux pervers avait en tête.
- Sparrow ne sera bientôt plus bon à rien. Rétorqua Barbossa d’un ton satisfait. Une fois qu’il sera mort je fouillerais son cadavre, il opposera moins de résistance ainsi. » Dit-il en riant.
Elizabeth frissonna à cette pensée et se releva légèrement.
« Est-ce vraiment nécessaire de le tuer ?
- Je croyais que son sort ne vous importait pas. Rétorqua Barbossa en la saisissant par la taille.
- C’est le cas mais … » Commença Elizabeth d’un ton prudent, consciente qu’elle marchait sur des œufs.
Barbossa la regarda avec un sourire presque aimable et baissa les yeux sur son sexe tendu.
« Assez parlé. J’ai très envie d’essayer quelque chose avec vous. Une chose que Jack a faite ou s’apprêtait à faire si j’en juge par l’onguent dont il avait recouvert ses mains. Cet imbécile a toujours voulu se montrer délicat. Se moqua-t-il en couvant Elizabeth du regard. Alors que tout le plaisir est justement dans la douleur que cela procure à la partenaire. »
Elizabeth recula craintivement, brusquement inquiète, et Barbossa la regarda d’un air moqueur.
« Allons Madame Turner, dois-je interpréter votre mouvement comme un refus ? Il me semblait pourtant vous avoir entendu dire, tout. » La défia-t-il.
Retenant des larmes de rage, Elizabeth le toisa.
« Il me semblait à moi que des partenaires étaient égaux. Qu’est-ce qui me prouve que vous ne me remettrez pas les fers ensuite ?
- Rien du tout. Prenez ceci comme une preuve de votre confiance en moi et un dernier gage de votre docilité. » Ricana Barbossa.
Elizabeth hésita, la lueur qu’elle pouvait lire dans les yeux de Barbossa n’augurait rien de bon, avant de hausser les épaules. Elle se força à penser à William et raffermit sa volonté.
« Je ne vous pensais pas adepte de ce genre de chose, je suis surprise voilà tout. Répondit-elle.
- Oh Madame Turner … Vous êtes précisément le genre de femme que l’on a envie de voir dans cette position. » Sourit Barbossa en lui tendant la main.
Elizabeth glissa sa main fine dans la sienne, son esprit courait la campagne à mesure qu’elle tentait de deviner ce qu’il voulait faire.
Barbossa la guida jusqu’à sa table de travail et la poussa en avant, la forçant à poser sa poitrine et son visage sur les cartes à l’odeur nauséabonde.
« Agrippez les bords de la table. » Lui ordonna-t-il d’une voix altérée.
Elizabeth obéit, le cœur battant la chamade alors qu’il se positionnait derrière elle et écartait ses cuisses d’une main pressée avant de venir poser cette dernière sur le bas de ses reins.
« Dommage que cette marque vous défigure. Murmura-t-il. Vous étiez de toute manière invendable avec ça ou du moins vous perdez de votre valeur marchande. »
Elizabeth ne répondit pas et se força à rester immobile alors que son sexe brûlant se glissait entre ses fesses. Affolée, elle sentit la main de Barbossa sur sa hanche, la maintenant alors qu’il s’enfonçait en elle d’une poussée brutale et la faisait hurler.
« Chaude …. Et étroite … » Râla Barbossa tandis que l’esprit affolé de la jeune femme lui envoyait des signaux d’alertes
Percluse de douleur, Elizabeth se crispa instinctivement, les phalanges de ses doigts blanchirent sur la table tandis que Barbossa poussait un gémissement de pure jouissance et s’enfonçait un peu plus en elle, forçant le passage entre ses fesses. A moitié inconsciente sous l’effet de la douleur, Elizabeth se détendit et mollit peu à peu alors qu’il allait et venait en elle, son sexe brûlant la déchirant un peu plus à chaque poussée. Elizabeth poussa un cri à mi-chemin entre le gémissement et le hurlement alors qu’il lui semblait être écartelée de l’intérieur. Finalement, elle sentit un liquide bouillant inonder son cul alors que Barbossa poussait un râle de plaisir et crispait ses mains sur ses hanches. Les larmes aux yeux, tant de douleur que d’humiliation, Elizabeth le sentit se retirer d’elle avec une lenteur insoutenable et reprit son souffle, le cœur prêt à exploser.
Elle ne bougea pas alors que Barbossa s’éloignait d’elle pour remettre son pantalon et le pirate prit son temps avant de la regarder avec satisfaction.
« J’aime décidemment cet accord Madame Turner. Et je crois qu’il est inutile de vous attacher de nouveau. Ironisa-t-il en se dirigeant vers la porte. Vous êtes libre de venir me rejoindre sur le pont lorsque vous serez en état de marcher. » Ajouta-t-il dans un rire avant de franchir la porte.
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Elizabeth mit un long moment à reprendre son souffle avant de se relever avec un gémissement. Hormis pour son accouchement et le moment où Kolsey l’avait marquée du sceau de la piraterie, elle n’avait jamais ressenti une douleur aussi intense. Tremblante, elle se força à marcher jusqu’au petit paquet de vêtements que Barbossa avait préparé à son intention et grimaça en découvrant une longue robe d’un vert profond. Les mains tremblantes, elle revêtit la robe et songea que son idée était jusqu’à présent un échec retentissant. Se forçant au calme, Elizabeth examina un instant son reflet dans le miroir et y découvrit le visage dur d’une femme qu’elle ne reconnaissait pas. Ses prunelles s’assombrirent et elle se força à relever la tête.
« Je te sauverais William. Murmura-t-elle. Quoiqu’il m’en coûte … »
Sa volonté affermie, Elizabeth se dirigea vers la porte et s’immobilisa un court instant en sentant le soleil chaud inonder son visage. Alors, un sourire malsain étira ses lèvres alors qu’elle avançait sur le pont, elle ne pensait plus à la douleur qui était la sienne mais à cette semi-liberté retrouvée qui lui permettrait bientôt de mettre son plan à exécution. Plus que quelques jours à supporter ça, songea-t-elle, rongeant son frein en attendant le moment où elle pourrait ôter son masque de catin soumise…….
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A quelques mètres en dessous de la cabine de Barbossa, Jack avait ouvert brutalement les yeux en entendant le cri d’Elizabeth et avait suivi les bruits étouffés de l’étage supérieur, comprenant instinctivement ce qui était en train de se passer. Fou de rage, le pirate se releva et tourna en rond dans sa cage malgré les effets de la faim et de la soif, qui, le temps passant se faisaient de plus en plus sentir.
Pintel et Ragetti, portant un balai et un seau d’eau firent leur apparition, la mine renfrognée.
« De corvée de ménage hein. Se moqua Jack.
- Et après on fait la cabine du Capitaine pendant qu’il se promène sur le pont avec sa poupée. Pleurnicha Ragetti
- C’est toujours les mêmes qui ont du bon temps. Renchérit Pintel. Ils ont commandé du poulet pour ce midi. Alors qu’il en reste presque plus. »
Jack ravala sa salive à la mention du poulet alors que son ventre grognait avec conviction. Sa tête lui tournait un peu et il se força à analyser les paroles des deux sbires. Elizabeth était donc sortie.
« Je doute qu’elle apprécie le poulet les mains liées… Observa Jack
- Oh elle est complètement libre. Lui rétorqua Ragetti. Le capitaine Barbossa aime ce qu’elle lui fait. »Ajouta-t-il avec un clin d’œil.
Jack digéra l’information et se rejeta dans sa cellule, le visage bouleversé. Elle était libre. Une fois de plus il s’était fait berner par cette petite catin égoïste qui sacrifiait sans le moindre remord tout ce qui pouvait l’empêcher d’atteindre son but. A commencer par lui. Se traitant mentalement d’imbécile d’avoir chercher à la séduire là où seule la contrainte était apparemment efficace, Jack sourit faiblement en sentant les morceaux de Conque bouger en lui. Avec un sourire méchant, il pensa à Elizabeth et à la douleur qu’elle devait ressentir à présent. Il doutait que Barbossa ait cherché à faciliter son passage ainsi qu’il l’avait lui-même fait quelques jours plus tôt, lorsqu’il avait caché les morceaux de Conque dans le seul endroit où il était bien certain que le pirate ne viendrait pas les y chercher, dieu merci, ces derniers étaient petits !
« Toujours avoir un moyen de pression. » Se dit-il à lui-même tandis que Pintel et Ragetti échangeaient un regard, le croyant visiblement devenu fou.
La voix enragée de Barbossa leur parvint soudain du pont et Pintel et Ragetti frissonnèrent en réalisant que le pirate les appelait.
« Allons messieurs dépêchez-vous d’obéir au capitaine que vous vous êtes choisi. » Ironisa Jack, qui espéra fugacement parvenir à les pousser à la mutinerie, ce qui lui permettrait du même coup de se venger d’Hector et de récupérer le Pearl. Et de posséder Lizzie avec laquelle il serait moins clément cette fois quoi que lui indique son foutu compas.
Pintel et Ragetti parurent ne pas l’entendre et s’élancèrent dans l’escalier, laissant en plan seau et balais.
Passé la déception de ne pas avoir réussi à les détourner de Barbossa, Jack sourit lentement et observa d’un œil neuf le balai au manche épais qui gisait à quelques centimètres de la grille de sa geôle. Avec un éclat rusé dans le regard, Jack leva lentement sa main droite qu’il avait libérée quelques jours plus tôt en utilisant une fois de plus la graisse dont il avait enduit sa main pour soigner Elizabeth et sourit avec satisfaction en se retrouvant quasi libre de ses fers, mis à part celui qui pendait à sa main gauche.
« Ça pourrait convenir. » Murmura Jack avant de se mettre à plat ventre sur le sol.
Il tendit le bras au maximum pour s’emparer du balai qui était sa meilleure chance de sortir d’ici … si ce n’était pas la seule !
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Grimaçant à chaque pas, Elizabeth remplit avec délices ses poumons de l’air marin et réfléchit du même coup à la manière de faire sortir Jack de sa geôle. Elle avait passé la dernière heure à écouter discrètement les conversations de l’équipage et avait découvert avec surprise que ses membres semblaient tous satisfait de naviguer sous les ordres de Barbossa. Ce qui ne l’arrangeait guère, attendu qu’elle avait caressé l’idée d’utiliser sa toute nouvelle liberté pour pousser les hommes à la révolte.
Elle se déplaça lentement et sentit dans son dos le regard méfiant de Barbossa qui ne la lâchait pas. Elle se retourna vers lui et lui adressa un sourire lumineux tout en songeant à la manière dont elle pourrait venir à bout du vieux pirate.
Elle y pensait encore lorsque Marty cria du nid de pie.
« Le Misty Lady !!! Droit devant ! »
Barbossa pesta alors qu’une bouffée d’espoir emplissait Elizabeth. Le navire de Teague. Elle se rapprocha imperceptiblement du bord et chercha à évaluer la distance qui les séparait.
« Larguez les voiles ! On part dans la direction inverse et on le sème. » Hurla Barbossa.
Elizabeth frissonna en l’entendant et se retourna brièvement vers la cale, elle hésita une fraction de seconde.
« Retournez dans la cabine Madame Turner. » Lui cria Barbossa.
La colère et le désespoir montèrent en elle, Elizabeth se pencha brusquement au bastingage et sauta sans plus aucune hésitation dans l’océan. C’était peut-être sa seule chance de s’enfuir. Crachant et toussant elle commença à nager vers Le Misty Lady et musela ses remords à l’idée de laisser Jack en arrière.
Sur le Pearl, sa fuite ne passa pas inaperçue et un bordée d’injures la salua.
« Demi-tour !! Hurla Barbossa. Plongez, tirez, abattez la mais je ne veux pas qu’elle s’en sorte. »
Un tollé salua son ordre et Jack fronça les sourcils en entendant les pas des hommes qui étaient visiblement en branle-bas de combat.
« Parfait … Déclara-t-il en rassemblant ses dernières forces pour appuyer sur les grilles de sa geôle et les faire jaillir hors de leur gonds. Ce qui est incroyable avec ce truc c’est que ça marche à tous les coups. » Marmonna-t-il avant de s’élancer hors de la cellule.
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Elizabeth se sentit happée par les profondeurs, la lourde robe que Barbossa lui avait offert la fit couler à pic, affolée, elle battit des mains et chercha à défaire le laçage compliqué tandis qu’au-dessus d’elle les ombres des chaloupes se profilaient. Se forçant à se calmer, Elizabeth retint sa respiration et finit par faire céder le ruban vert qui laçait sa robe, elle laissa cette dernière s’enfoncer vers les profondeurs sans toutefois tenter de remonter.
Les poumons prêts à exploser, elle se força à nager et se maintint en profondeur, sure qu’ainsi, les hommes de Barbossa ne la verraient pas. La tête cognant vivement, elle s’obligea à avancer, ne pensant qu’à son fils et à son envie de le sauver avant de refaire surface quelques mètres plus loin pour inspirer largement l’air dont ses poumons avaient été privés. Les oreilles bourdonnantes, elle entendit les cris étouffés des hommes de Barbossa hurlant qu’elle s’était noyée. Sans prendre le temps de savourer sa victoire elle s’empressa de plonger à nouveau, espérant que sa nage approximative la rapprocherait du Misty Lady.
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Sur le Pearl, Jack se faufila silencieusement derrière Pintel et Ragetti qui s’étaient lancés dans une de leur interminable dispute et nota du coin de l’œil les chaloupes à la mer. Sans attendre, Jack se saisit d’un morceau de bois et s’engouffra dans une pièce, dont il brisa la fenêtre sans hésitation avant de plonger dans l’océan, espérant que Barbossa n’avait envoyé ses hommes que de l’autre côté du navire. Un nouveau sourire illumina ses traits en réalisant que c’était bien le cas et Jack battit des pieds. Il s’empressa de mettre le plus de distance possible entre le navire et lui et remercia intérieurement la personne à l’origine de la diversion qui lui avait permis de s’enfuir, qui que cette personne puisse être.
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Elizabeth refit à nouveau surface et constata avec plaisir que non seulement le Misty Lady venait dans sa direction mais qu’en plus le Pearl s’éloignait, Barbossa paraissant avoir renoncé à la retrouver. Épuisée, elle fit de grands gestes à l’intention du Misty Lady et poussa un soupir de soulagement en voyant une chaloupe descendre lentement.
Quelques instants plus tard, elle sentit des mains puissantes l’agripper et la hisser à bord, les hommes rirent en découvrant sa chemise trempée et plaquée contre son corps. Exténuée, Elizabeth ne répondit pas et s’efforça de reprendre son souffle, se laissant porter tel un sac de marchandises à bord du Misty Lady.
L’homme la déposa sur le pont et Elizabeth, trempée, souffla lentement alors qu’au-dessus d’elle le capitaine Teague la regardait avec une surprise mal dissimulée.
« Capitaine Swann ????? »
Elizabeth s’autorisa un bref sourire avant de saisir la main qu’il lui tendait.
« Mais que faites-vous ici ? » Lui demanda Teague.
Elle dédaigna de répondre et se précipita au bastingage, là, elle constata avec horreur que le Black Pearl n’était déjà plus qu’un point à l’horizon.
« Le Pearl !! Rattrapez-le !! Il faut, Jack est à bord ! » S’exclama-t-elle d’un ton désespéré.
Sans bouger d’un muscle, Teague la regarda avec étonnement.
« Avant toute chose j’aimerais que vous m’expliquiez pourquoi je devrais faire ça… » Déclara-t-il calmement.
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