Le premier mouvement d'Elizabeth en voyant le Pearl fut de se frotter les yeux pour être sûre que le navire était vraiment là. Une fois que ce fut fait, elle eut juste le temps de se précipiter dans un coin de la geôle et évita de justesse le boulet de canon qui fit voler en éclat les barreaux de sa cellule. Le cœur battant, la jeune femme sourit légèrement en se découvrant brutalement libre. Sans se poser de questions sur l'origine de cette intervention miraculeuse du Pearl, Elizabeth se précipita dans les couloirs et refoula sa peur d'être fauchée en pleine course par un boulet. Autour d'elle, les explosions se succédaient à un rythme soutenu et elle s'accroupit brusquement, les mains au-dessus de la tête tandis qu'à quelques pas d'elle une poutre explosait.
Elizabeth se mordit les lèvres jusqu'au sang alors qu'un éclat frôlait la blessure qu'elle portait à l'épaule. L'espace d'une seconde elle oscilla et se sentit prête à défaillir pour la première fois de sa vie avant de se reprendre. Elle devait récupérer la Conque et sauver son fils. Sans plus d'hésitations elle s'élança dans l'escalier et balança son genou dans les parties les plus fragiles du premier soldat qu'elle rencontra, ne laissant pas le temps à l'homme de donner l'alerte.
« Tu ajouteras ça sur mon avis de recherche. » Ironisa-t-elle en ramassant l'épée de l'homme et en continuant sa progression.
Arrivée sur le pont, Elizabeth prit l'ampleur de l'attaque des pirates et ne put retenir un petit sourire remplit de fierté en constatant la panique mal dissimulée des soldats. L'un d'eux la repéra et poussa un hurlement d'alerte
« La pirate ! Elle s'enfuit !
- Oh c'est pas vrai… » Marmonna Elizabeth en parant de justesse le coup mortel d'un soldat.
Avec l'énergie du désespoir, elle continua à combattre, soulagée que la plupart des hommes soient trop occupés par l'attaque du Pearl pour se soucier d'elle. Elle enfonça sa lame dans le torse d'un soldat et ne prit pas le temps de l'en retirer, se contentant de ramasser l'épée de l'homme qu'elle venait de tuer, tandis qu'elle se frayait un passage vers la cabine de Kolsey.
Elle s'immobilisa une fraction de seconde en reconnaissant la voix de Barbossa qui surmontait le fracas des canons et des armes et se précipita au bastingage, arborant un sourire presque joyeux.
« Attendez ! Ne tirez pas ! » Hurla-t-elle en direction du pirate.
Un boulet de canon lui répondit et elle se baissa prestement, le cœur battant.
« Maudit pirate. » Marmonna-t-elle en s'efforçant de progresser vers la cabine de Kolsey.
Elle y parvint finalement, au terme d'une course échevelée et se précipita vers le coffret dans lequel elle avait vu Kolsey mettre les morceaux de la Conque.
Les mains tremblantes, elle s'acharnait après la serrure lorsqu'un cliquetis sec la fit sursauter. Résignée, elle se retourna lentement vers Kolsey dont le pistolet était pointé sur sa poitrine. Le lieutenant la regarda d'un air égaré et Elizabeth lut la folie dans ses yeux, lentement elle recula, ses mains tentant toujours de faire jouer le pêne de la serrure du coffret. Kolsey fut le premier à prendre la parole.
« Comment … comment faites-vous ça ? Vous êtes une sorcière c'est ça ? »
Elizabeth sourit brièvement en sentant le couvercle céder et referma ses doigts sur les morceaux de Conque.
« Laissez-moi partir Lieutenant Kolsey. Déclara-t-elle d'une voix douce, jouant le tout pour le tout. Ils sont venus pour moi, ils savent que vous me retenez. Si vous ne me relâchez pas ils vous tueront. » Mentit-elle, doutant fort que Barbossa ait été au courant de sa présence sur le navire.
Kolsey la fixa avec horreur et son bras s'affermit sur son arme.
« Je mourrais peut être … mais pas sans vous ! » S'exclama-t-il.
Alors qu'il appuyait sur la gâchette, une détonation fracassante ébranla le navire et les projeta dans les airs. Poussant un hurlement, Elizabeth croisa les bras devant son visage pour se protéger, serrant toujours les morceaux de la Conque entre ses doigts. Elle eut l'impression de voler quelques secondes puis son corps rencontra de plein fouet l'océan et s'enfonça dans les profondeurs avant de remonter à la surface, poussé par un morceau de bois.
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A plusieurs mètres d'elle, le combat continuait, Barbossa se faisant un devoir de tuer les soldats de la Navy survivants avant de cracher avec mépris en voyant le navire commencer à couler.
« Ce n'était pas le bon navire. Fulmina-t-il en se tournant vers Pintel et Ragetti. Je peux savoir comment vous comptez expliquer ça ? »
Pintel et Ragetti échangèrent un regard embarrassé puis Ragetti se décida.
« On a vraiment cru que c'était celui-là Capitaine…
- La ferme imbécile ! » S'exclama Barbossa en commençant à avancer en clopinant vers sa cabine dont il claqua la porte avec violence.
Le regard du pirate se posa sur le miroir dans lequel il se reflétait et il poussa un grognement de rage en découvrant son visage usé par les années.
« Maudit Sparrow. Grogna-t-il. Combien de temps toi et ta carte m’échapperez-vous encore ? »
A l'extérieur, Marty se rapprocha de Pintel et Ragetti.
« Il est de plus en plus bizarre le capitaine …
- Il est comme ça depuis qu'on a vu Anamaria… Chuchota Pintel. Elle lui a dit qu'elle avait croisé Jack, tout pareil qu'avant.
- Et alors ? S'étonna Marty.
- Je crois que le capitaine a peur de vieillir. » Murmura Ragetti.
Les deux autres le regardèrent d'un air sceptique et Ragetti expliqua.
« Il est comme ça depuis qu'il sait que le capitaine Jack a pas pris une ride …
- C'est vrai que normalement on l'évite plutôt. Réfléchit Marty.
- Oui ! S'exclama Pintel. Alors que là on a attaqué ce navire juste pour mettre la main sur Jack.
- Et Barbossa a peur de vieillir alors il cherche Jack pour qu'il lui donne l'eau de Jouvence. Et comme on lui a dit qu'il était sur un navire de la Navy, le capitaine va nous faire détruire tous les bateaux de la Navy jusqu'à ce qu'on trouve celui de Jack. Expliqua Ragetti trop pris par son raisonnement pour voir pâlir ses deux compagnons.
- Merci pour cette explication Monsieur Ragetti. Maintenant… Susurra la voix de Barbossa. Est-ce que je dois vous mettre une balle entre les deux yeux ou est-ce que vous allez enfin vous mettre au travail ! »
Ragetti sursauta violemment et regarda autour de lui d'un air affolé tandis que Pintel et Marty semblaient soudainement absorbés par leur tâche. L'homme recula et s'empressa de sortir du champ de vision de Barbossa avant de détaler comme un lapin. Barbossa le suivit un instant du regard puis crispa sa main sur le bastingage du Pearl, secrètement paniqué en constatant que les os et les veines de sa main étaient de plus en plus visibles, le faisant paraître vieilli et décharné.
« Tu ne te cacheras pas bien longtemps Sparrow. Murmura Barbossa en fouillant l'horizon du regard avant de s'éloigner rapidement des vestiges du navire qu'il venait d'attaquer.
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L'obscurité.
Un long moment ce ne fut que le noir et le froid puis il lui sembla refaire surface après une longue station sous l'eau.
Le souffle coupé, Elizabeth ouvrit les yeux, ses doigts serrant toujours les morceaux de Conque. Un peu sonnée, elle observa le paysage autour d'elle et découvrit avec surprise qu'elle était assise dans une chaloupe. Autour d'elle, les soldats de la Navy étaient installés de la même manière, leurs uniformes tachés de sang dans le meilleur des cas et le corps déformé par un trou dans les cas les plus tragiques. Serrant toujours les morceaux de Conque dans ses doigts engourdis, elle regarda autour d'elle, surprise de ne pas reconnaître le paysage caraïbe avant que son regard ne se pose sur l'occupant de la chaloupe la plus proche d'elle. L'homme n'avait plus de visage et l'un de ses bras pendait mollement le long de son corps, désarticulé.
Elizabeth plissa les yeux, brutalement angoissée en réalisant qu'elle ne voyait plus qu'à travers un brouillard, le paysage se déformant autour d'elle. Finalement elle frissonna en reconnaissant l'endroit. C'était le même chemin que celui qu'elle avait pris des années plus tôt pour sauver Jack. Comme pour confirmer ses pensées une gerbe d'eau explosa soudain à quelques mètres devant elle et Elizabeth reconnut avec résignation Le Hollandais Volant.
A la fois heureuse et triste elle se leva dans sa chaloupe et la fit tanguer tandis que les embarcations autour d'elle se dirigeaient rapidement vers le navire avant de se retrouver plaquée sur le siège de sa barque avec l'impression qu'un étau appuyait sur sa poitrine.
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Le petit garçon regarda avec tristesse les embarcations approcher de son navire, les âmes montant une à une sur le pont, prêtes pour leur dernier voyage. A ses côtés, son grand père, lui lança un regard inquiet.
« Ça va William ? »
Il se tourna vers lui, son regard jeune déjà usé par les souffrances dont il avait été le témoin durant sa mission.
« Je veux rentrer à la maison… Répondit-il avec tristesse. Pourquoi tous ces hommes ont-ils le droit de quitter le navire alors que moi je ne le peux pas ? »
Bill secoua la tête, ne sachant comment expliquer au petit garçon que son destin lui avait été volé par Calypso.
« Je voudrais ma maman. Reprit William en serrant la main de Bill dans la sienne.
- Je sais… » Répondit Bill, submergé par les regrets à la pensée qu'il avait tué cette dernière pour faire de son petit-fils le capitaine du navire maudit.
Cela faisait des mois à présent que William était capitaine et à chaque embarquement de nouvelles âmes c'était la même scène qui se reproduisait, le petit garçon peinant à assumer la charge trop lourde pour ses neuf ans.
Pourtant cette fois ce fut différent. William poussa un petit cri et s'arracha à l'étreinte de Bill pour courir vers le bastingage aussi vite que ses petites jambes le lui permettaient.
« Maman ! Maman ! » Cria-t-il mi pleurant mi heureux.
Bill frémit et courut à sa suite. Il reconnut avec surprise la silhouette d'Elizabeth à la fin de la longue file de barques qui attendaient que le Hollandais Volant les recueille.
« Maman. » Répéta William en tendant sa main en direction d'Elizabeth.
Elizabeth se leva brusquement, le regard brouillé par les larmes cette fois.
« William! William … Cria-t-elle. Je suis là mon chéri, maman est là … » Balbutia-t-elle en cherchant des rames pour rejoindre plus vite le navire et serrer son fils dans ses bras.
D'où elle était, elle pouvait voir le visage baigné de larmes de son petit garçon et Elizabeth tendit la main dans sa direction.
« Maman ! » Cria une nouvelle fois William d'un ton qui lui fit mal parce que c'était celui qu'il avait invariablement lorsqu'il était malade ou qu'il souffrait.
Elizabeth glissa sa main dans l'eau froide et l'utilisa en guise de rame dans l'espoir de gagner quelques places, délirante de joie à l'idée de serrer bientôt son fils dans ses bras sans même réaliser ce que cela signifierait pour elle. Elle ne voyait qu'une chose, son enfant était là, tout proche, et il avait besoin d'elle…
« Je suis là William. » Cria-t-elle.
Alors qu'elle avançait lentement vers le navire, elle sentit à nouveau une vive pression sur sa poitrine, rapidement suivie par l'impression d'un afflux d'air dans sa gorge. Agacée, elle tenta de chasser la sensation alors qu'il lui semblait qu'au lieu de se rapprocher de son fils, elle s'en éloignait.
« Maman ! » Cria la voix angoissée de William.
La douleur dans sa poitrine reprit et Elizabeth se sentit reculer à nouveau.
« Non ! Cria-t-elle, mi pleurant mi rageant. Je ne te laisserais pas William, je te rejoins ! »
Le cœur rempli de détresse en voyant la silhouette de son fils s'estomper peu à peu, Elizabeth tenta une nouvelle fois de ramer dans sa direction, luttant contre les courants qui emportaient sa chaloupe dans la direction contraire. Un nouvel afflux d'air gonfla sa poitrine rapidement suivi par la pression et elle entendit une voix déformée qui venait de très loin.
« Ne mourrez pas … Je vous l'interdis. Pensez à votre fils Lizzie … Si vous mourrez maintenant personne ne le libérera. »
Elizabeth poussa un gémissement étranglé en se sentant tirée en arrière et tendit vainement la main vers William, dont la silhouette s'estompait.
« William ! » Cria-t-elle avant que le noir ne la submerge à nouveau.
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Sur le Hollandais Volant, William poussa un hurlement en voyant sa mère disparaître. Affolé, il courut sur le pont et chercha des yeux la chaloupe dans laquelle elle se trouvait.
« Maman, maman, maman. Répéta-t-il en pleurant tandis que Bill lui posait la main sur l'épaule.
- Ce n'était pas son heure mon garçon… » Lui dit Bill d'un air navré, secrètement soulagé que la mort d'Elizabeth n'ait été qu'un mensonge de Calypso.
William leva vers lui un visage baigné de larmes.
« Elle était là. Ma maman était là et maintenant elle est partie… »
Le cœur serré, Bill le serra contre lui et sentit les larmes chaudes de William contre son torse.
« William. Ça veut juste dire que ta maman n'est pas morte, alors elle est repartie dans son monde… Tu ne veux pas que ta maman meurt n'est-ce pas ? »
Contre lui William renifla et referma ses bras autour du cou de Bill.
« Elle était là. »
Le regard de Bill se durcit à la pensée du chagrin que Calypso infligeait à son petit fils et il resserra son étreinte autour de ce dernier.
« Tu la reverras William. Je ne sais pas encore comment ni quand mais je te le promets. »
Cette fois le petit garçon ne répondit pas, le visage enfoui contre l'épaule de Bill il laissa libre court à son chagrin tandis que le défilé des âmes continuait sur le Hollandais Volant …
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L'obscurité encore.
Puis vint la lumière aveuglante et la souffrance. Elizabeth expira brutalement et sentit une main contre sa nuque qui la poussait sur le côté tandis qu'elle rejetait toute l'eau qu'elle avait ingurgitée.
Essoufflé mais soulagé, Jack se laissa retomber contre le bastingage et fixa le visage d'Elizabeth. Il l'observa tandis qu'elle recrachait toute l'eau qu'elle avait bue, la poitrine secouée par l'effort. Il avait réussi. Il l'avait ramenée. Il avait vaincu la mort et peut être même la volonté d'Elizabeth. Mais ça n'était qu'un détail. Sans se laisser le temps de réfléchir à ce qu'il venait de faire, Jack prit la main d'Elizabeth et desserra doucement ses doigts encore crispés sur les morceaux de Conque.
« Tout va bien Lizzie… » Lui dit-il d'un ton rassurant.
Clignant des yeux dans la lumière du jour, Elizabeth se tourna lentement vers lui.
« William… Il était là. Et je
- Chut. N'essayez pas de parler. Vous avez été pas mal secouée. » L'interrompit Jack en frissonnant sous ses vêtements trempés.
Elizabeth ouvrit la bouche pour parler, mais une douleur fulgurante dans son dos l'en empêcha et elle s'évanouit soudainement. Avec un soupir, Jack se releva, il la souleva dans ses bras et s'empressa de l'emmener dans sa cabine. Sans la moindre hésitation il la débarrassa de ses vêtements mouillés et l'enveloppa tant bien que mal dans une couverture, notant au passage la marque à vif de son épaule.
« Sales chiens de soldats. » Grommela-t-il en la serrant contre lui autant pour se réchauffer que pour la réconforter.
Au bout de quelques minutes, Elizabeth reprit conscience, les traits crispés par la douleur. Complètement perdue elle regarda Jack qui grelottait, sans toutefois relâcher son étreinte autour d'elle.
« Que faites-vous là … Et pourquoi, qu'est-ce qui s'est passé ? » Demanda-t-elle avec efforts, encore choquée par l'expérience qu'elle venait de vivre.
Jack la regarda puis la relâcha à regret et la força à s'allonger dans le lit moelleux.
« Et bien on dirait que vos techniques de piraterie laissent à désirer trésor… Commenta-t-il avant de se reprendre devant l'air égaré d'Elizabeth. Je vous ai trouvée dérivant sur un bout de coque. Alors j'ai plongé et je vous ai ramenée ici. Dit-il simplement. J'ai pensé que vous seriez mieux sur un vrai navire que sur un morceau de bois. »
Le front d'Elizabeth se plissa alors qu'elle tentait de rassembler ses souvenirs.
« Je, j'étais sur le navire… Kolsey, il avait pris les morceaux de Conque. J'étais en cale. Et puis le Pearl. Le Pearl a attaqué ! Et ensuite Kolsey, il m'a trouvée, il allait me tuer et il y a eu cette explosion…
- Barbossa a fait sauter le navire, le dernier boulet de canon s'est logé tout droit dans leur réserve de poudre. Expliqua Jack. Vous avez eu de la chance d'être expulsée du navire.
- J'ai vu William. Le Hollandais Volant, il était là, il m'appelait. Et puis tout s'est brouillé, j'avais beau faire je n'arrivais pas à le rejoindre. » Continua Elizabeth, le regard fixe.
Jack sentit son cœur s'arrêter en l'entendant et il se crispa alors qu'Elizabeth continuait sans s'en rendre compte.
« Je me suis sentie comme tirée en arrière. Et, et il y avait une voix … Quelqu'un qui, qui m'a dit que si je mourrais, si, personne ne sauverait William.
- Je suis désolé Elizabeth. Je ne pouvais pas vous laisser mourir. Répondit Jack. Même si sur le moment je sais que c'est difficile pour vous d'accepter de ne pas serrer votre fils dans vos bras. Mais si vous étiez morte, personne n'aurait délivré votre fils. Et même si quelqu'un avait réussi vous n'auriez pas été là pour lui. Ce n'est pas dans le monde des morts qu'il a besoin de vous c'est dans celui des vivants. »
Elizabeth parut digérer l'information et finit par hocher la tête, elle comprenait le raisonnement mais regrettait de ne pas avoir pu serrer William contre elle, même une seconde.
« Vous m'avez sauvé la vie…. Merci Jack. »
Le pirate lui sourit et remonta la couverture sur elle.
« Vous avez été secouée. C'était juste.
- Jack que faisiez-vous là ? » Demanda Elizabeth brutalement, s'efforçant de se concentrer sur autre chose que sur la douleur de son épaule.
Le pirate eut l'air embêté un bref moment puis il répondit.
« Le hasard trésor. Je cherchais le Pearl et le compas m'a mené jusqu'à lui. Je l'ai vu détruire le navire et c'est comme ça que je vous ai repêchée. » Répondit-il finalement.
Ce faisant il omit de lui raconter la manière dont l'aiguille de son compas s'était soudainement détournée, semblant suivre une trajectoire à l'opposé de celle du Black Pearl tout comme la vague d'angoisse qui l'avait submergé en la voyant inconsciente. En effet, lorsqu'il avait découvert que son compas l'avait finalement mené jusqu'à elle, il avait plongé sans réfléchir, luttant pour la maintenir à la surface puis pour les hisser tout deux sur le navire. Il ne lui raconta non plus ce qu'il avait ressenti en sentant son pouls s'amenuiser sous ses doigts ni l'acharnement qu'il avait mis ensuite à la faire revenir, appuyant sur sa poitrine à lui en briser les côtes et soufflant désespérément de l'air dans sa gorge jusqu'à ce qu'elle reprenne conscience.
Elizabeth toussa brutalement, le ramenant au présent et il se pencha vers elle pour incliner sa tête.
« Vous avez besoin de repos. Et de soigner ceci. Dit-il en regardant la brûlure de son omoplate. J'ai ce qu'il faut pour ça. »
Le souffle encore court, Elizabeth hocha la tête et lui prit le bras alors qu'il se levait.
« Jack… Attendez. Je, pardonnez-moi, je regrette ce que je vous ai dit. Je, j'étais en colère et je ne le pensais pas… »
Jack lui sourit doucement et détacha ses doigts de son bras.
« Je ne vous ai pas épargnée.
- Mais vous aviez raison. Souffla Elizabeth. Sur ce que vous avez dit sur moi. »
Jack la regarda avec surprise et détourna le regard avant de changer de conversation.
« N'en parlons plus Elizabeth. Nous savons à présent tous deux à quoi nous en tenir. »
Elizabeth le regarda avec surprise et Jack se hâta vers son bureau. Il en sortit un pot rempli d'une pommade graisseuse. Avec lenteur il en mit sur ses mains et la regarda.
« Si vous voulez bien vous tourner. Ça va vous soulager. »
Elizabeth obéit avec un gémissement de douleur et l'instant d'après elle sentit les doigts de Jack effleurer précautionneusement sa blessure.
« Qu'est-ce que c'est ? » Demanda-t-elle en sentant la texture grasse de la crème glisser sur sa marque.
Derrière elle, Jack sourit fugacement et songea à l'usage qu'il faisait habituellement de ce genre de crème.
« Vous n'avez pas vraiment envie de savoir trésor. » Plaisanta-t-il en continuant à tartiner soigneusement sa blessure, ses mains glissant sur son dos.
Elizabeth soupira, les paupières brutalement lourdes et ferma les yeux. Elle renonça à parler tandis que les mains de Jack allaient et venaient sur sa blessure et apaisaient la douleur cuisante peu à peu.
« Ça fait du bien. » Murmura-t-elle d'un ton languide.
La gorge sèche, Jack reprit une noix de crème et continua lentement à la soigner. Il reflua les réactions peu amicales de son corps en la sentant se détendre sous ses doigts. Peu à peu, ses mains glissèrent sur sa peau fraîche tandis qu'il continuait à étaler la crème et Elizabeth poussa un nouveau soupir de bien être avant de glisser dans le sommeil, savourant la sensation de sécurité qu'elle éprouvait après les épreuves de la journée écoulée.
Derrière elle, les mains de Jack arrêtèrent leur ballet et le pirate se pencha sur elle, déçu qu'elle se soit endormie avant de se reprendre
« Bonne nuit Lizzie… » Souffla-t-il en la recouvrant soigneusement.
Jack sortit ensuite de la cabine en prenant garde à ne pas faire de bruit et alla ramasser les morceaux de Conque qui gisaient sur le pont. Avec une grimace il les empocha et se dirigea vers la barre qu'il saisit d'une main ferme.
« En route pour l'Angleterre… » Soupira-t-il à mi-voix.
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