L’Empress, un mois plus tard,

Elizabeth Turner ferma les yeux et laissa la brise caresser son visage. Chaque jour c’était le même rituel. Elle se réveillait, le cœur serré à la pensée de celui qu’elle avait abandonné puis elle étreignait la barre ou mettait le pied sur le pont et le chagrin s’atténuait. Elle aimait Will et d’une certaine manière elle l’aimerait toujours. Mais elle se mourrait à ses côtés. Elle ne voulait pas de la vie qu’il désirait. Ce qu’elle voulait c’était l’océan, les vagues, le sel, l’aventure.

Elle songea tristement à Lee. L’homme l’avait mise en garde, elle n’avait pas écouté.

«  Je ne pouvais pas rester. » murmura-t-elle.

Elle frémit alors que le vent chuchotait à son oreille, ses ronflements prenant la voix de Lee, moqueurs.

«  Tu n’avais pas le choix c’est ça ? »

Elizabeth ferma les yeux et Jal s’approcha.

«  Nous serons à Tortuga dans une heure, capitaine »

Le regard d’Elizabeth s’alluma malgré elle. Tortuga….

Molokai,

Will sourit à Lord Former.

«  Parfaitement équilibrée comme vous le voyez. »

Le Lord examina l’arme et lui jeta négligemment une bourse.

«  Bien Turner, j’aurais d’autres commandes. »

Will déglutit.

«  Je vais peut-être devoir m’absenter ….

- Pfff pour quoi faire ? Mon maître d’armes passera dans la journée Turner. »

Will regarda son client sortir et Bill s’approcha de lui.

« Où comptes-tu aller ?

- Tu le sais très bien. »

Bill soupira.

«  Tu la retrouveras et quoi ? Tu crois qu’elle te suivra ?

- Je l’aime !!! »

Bill le regarda tristement.

«  Alors laisse la partir….. »

Will frappa un grand coup dans le mur de la forge.

«  C’est toi qui l’a laissée partir !!! »

Bill encaissa et soupira.

«  Elle était malheureuse.

- Je sais !!! Mais si, si elle me laisse une chance, je….

- Tu quoi ? Tu la suivras ? Tu aborderas des navires ? »

Le visage de Will s’emplit de dégout et Bill le fixa.

«  Je suis désolé fils.

- Pas autant que moi. » Murmura tristement Will avant de s’emparer d’une épée.

Bill le regarda quelques instants faire des passes contre des adversaires imaginaires et sortit. Peut-être qu’un jour Will lui pardonnerait. Peut-être qu’un jour il comprendrait….

Tortuga,

Elizabeth avança dans les rues familières. Elle évita soigneusement les bagarres avant d’apercevoir un jeune garçon qui portait un chapeau familier. Son cœur se serra.

«  Où as-tu eu ça ? lui demanda-t-elle

- C’est l’ivrogne qui l’a vendu contre quelques pintes », répondit le gamin d’un ton effronté.

Elizabeth se crispa et lui arracha le chapeau.

«  Hé !!!

- Tiens », lui jeta t’elle en même temps que quelques pièces.

Sans attendre la réponse, elle se dirigea vers la taverne. Là, elle chercha des yeux Barbossa.

«  Hé, c’est combien ma jolie ? »lui demanda un marin visiblement éméché.

Elizabeth sentit sa main empoigner ses fesses et se retourna vivement.

«  Plus que tu ne peux payer », cracha t’elle en lui collant son poignard sous la gorge.

Instantanément ses compagnons se levèrent et l’aubergiste s’approcha, affolé.

«  Je cherche le capitaine Barbossa ! » clama Elizabeth sans se démonter.

Le marin qu’elle retenait hoqueta et Elizabeth sourit froidement.

«  Allons dépêchons… »

L’un des hommes lui désigna en tremblant le fond de la salle et Elizabeth relâcha son assaillant.

«  Essaie encore de me toucher et je clouerais tes entrailles sur le pont de mon navire pigé ? »

Terrifié, l’homme hocha la tête.

«  Dis donc la belle pour qui tu te prends ? Demanda un marin en sortant son épée

- Pour le Capitaine Swann, Seigneur des Mers de Chine et Roi de la Confrérie. » Clama Elizabeth d’un ton de défi.

Un murmure lui répondit et Elizabeth l’ignora. Elle se dirigea droit vers le fond de la salle.

Son cœur se serra en voyant Barbossa à demi affalé sur sa table, un verre encore plein à la main.

«  La Confrérie est morte. » bredouilla le pirate avec amertume.

Elizabeth s’assit et posa le chapeau entre eux.

«  Pas encore. On dit que la Rose d’ Aphrodite pourrait nous sauver. »

Barbossa releva les yeux.

«  Madame Turner ???

- Capitaine Swann », le reprit Elizabeth en grimaçant.

Barbossa plissa les yeux et regarda derrière elle.

«  Je ne vois pas Maître Turner. »

Elizabeth soupira tristement.

«  Ça n’a pas marché entre nous. »

Dégrisé, Barbossa la fixa d’un air calculateur.

«  Je croyais que vous aviez obtenu satisfaction.

- Je le croyais aussi…. »

Barbossa la jaugea et Elizabeth se mordit la lèvre.

«  Hector… Je me suis trompée… »

Barbossa se redressa.

«  Et vous êtes venue implorer mon aide.

- Je suis venue vous chercher !

- Je n’ai plus de bateau.

- J’en ai un, répondit Elizabeth sans réussir à dissimuler sa fierté.

- Et votre vie normale ? »

Le regard d’Elizabeth se voila de nouveau.

«  J’ai changé d’avis. » lâcha t’elle

Barbossa referma sa main sur son chapeau. Son cœur accéléra alors qu’il fixait la jeune femme.

«  Trouver la Rose ne sera pas facile.

- Je sais.

- Vous devrez voyager longtemps… 

- Je trouverais des navires sur la route. »

Cette fois Barbossa se leva et remit son chapeau avec superbe.

«  Vous aurez besoin d’un homme d’expérience pour vous aider. »

Elizabeth ne put retenir un sourire.

«  Certainement…. »

Les deux pirates échangèrent un regard et Elizabeth se dirigea vers la sortie. Barbossa lui emboita le pas, revigoré par l’aventure qui promettait. Elizabeth traversa la foule et ils se retrouvèrent à l’air libre.

«  Où se trouve la Rose ? Avez-vous une idée ?

- J’en ai une…. Mais il se peut que les contrées soient inhospitalières et froides. »

Cette fois, Elizabeth éclata de rire. C’était la première fois depuis qu’elle avait quitté Will.

«  Serait-ce une manière d’offrir de me réchauffer Capitaine Barbossa ?

- Pourquoi pas Capitaine Turner … »

Leurs regards se nouèrent, complices, puis Elizabeth secoua la tête et l’entraina sur l’Empress.

Une fois à bord elle se tourna vers lui.

«  Si nous étudions les cartes dans ma cabine ?

- Avez-vous des pommes ?

- J’ai des tas de choses en réserve. Jal on lève l’ancre. »

Une fois à l’intérieur, Barbossa la considéra.

«  Pourquoi avez-vous quitté Turner ? »

Elizabeth soupira tristement.

«  Je crois que vous le savez….

- Dites-le quand même….

- Je suis un pirate. » souffla Elizabeth.

Ils se fixèrent pendant quelques secondes. Elizabeth, rouge, se força à soutenir son regard tandis que Barbossa pavoisait et oubliait les mois sombres qu’il venait de traverser.

«  Il fait froid dans cette cabine vous ne trouvez pas ? Finit par dire le pirate.

- Si. » Lâcha Elizabeth.

Les bras de Barbossa se refermèrent sur elle et il la poussa vers le lit.

Elizabeth se laissa faire. Elle savait déjà que cette étreinte n’empêcherait pas Barbossa de tenter de la doubler. Pas plus qu’elle ne l’attacherait à lui. Ils étaient des pirates. Ils prenaient tout et partaient sans un regard en arrière. Ils étaient libres. Leurs cœurs aussi.

Chapitre 8