Le Black Pearl
« Singapour » annonça Bow.
Barbossa releva à peine la tête pour répondre.
« Quoi Singapour ?
- La destination de l’Empress. Plusieurs hommes m’ont dit que le Capitaine Huang retournait à son port d’attache. »
Un léger sourire se forma sur les lèvres de Barbossa.
« Le Capitaine Huang. Voilà qui risque de ne pas plaire à cette chère Madame Turner. » Se réjouit-il.
Le capitaine jeta ensuite un regard négligent à Bow.
« Tout les hommes sont à bord ?
- A l’exception d’un ou deux, capitaine.
- Et bien, tout homme qui n’est pas en place reste sur place non ? Donne l’ordre de lever l’ancre Bow. »
Le marin hocha la tête et Barbossa le rappela.
« Attend, depuis quand navigues tu sur le Black Pearl ?
- Quelques mois capitaine.
- C’est Sparrow qui t’a engagé ?
- Oui.
- Et maintenant tu dis que tu es prêt à naviguer sous mon commandement ?
- Je navigue sous le commandement du capitaine du Black Pearl. Tant qu’il ne s’agit pas d’une femelle ça me convient. » répondit Bow avec un air dégoûté.
Barbossa sourit.
« Tu me plais Bow. Va prendre la barre. Cap sur Singapour. »
Le marin s’empressa d’obéir et Barbossa regarda l’horizon.
« Vous allez bientôt me rendre ce que vous m’avez volé Madame Turner. » murmura-t-il avec un sourire mauvais.
Singapour
La course de nuit à laquelle se livraient Lee et Elizabeth s’avéra surprenante pour la jeune femme. Après son arrivée impromptue dans la forteresse et l’annonce du retour de Tai, Lee n’avait pas laissé à son alliée de reprendre ses esprits. Il avait fallu rassembler leurs effets au plus vite et quitter les lieux.
Sans poser de questions, inquiète par l’urgence qu’elle sentait chez son complice, Elizabeth avait obéi. Ils s’étaient enfoncés dans un dédale de rues dont la population avait fait froid dans le dos d’Elizabeth. Pourtant pas une seule fois Lee n’avait montré de peur ou d’appréhension. Finalement, au bout de deux bonnes heures de marche, ils sortirent de la ville de Singapour pour se diriger vers une forêt dense. Cette fois, Elizabeth ne put se contenir.
« Pourquoi m’éloignes-tu de la ville ? »
Lee ne lui accorda même pas un regard et continua à avancer. Furieuse, Elizabeth le saisit par le bras et le força à se retourner.
« Je t’ai posé une question Lee Huang.
- Tai doit avoir à te chercher. Plus il devra le faire, plus il te désirera. Et plus il te désirera, moins il se méfiera.
- Oh….
- Maintenant avance. »
Elizabeth lui jeta un regard furieux mais Lee ne s’en formalisa pas. Sans attendre de voir si elle obéissait ou non, il reprit sa progression.
Au bout d’une demi-heure de marche supplémentaire, ils arrivèrent dans une crique sauvage et Elizabeth retint son souffle.
« C’est magnifique. » ne put elle s’empêcher de déclarer.
Lee lui adressa un regard vaguement surpris mais elle ne s’en aperçut pas, trop occupée à admirer le paysage qui s’étendait devant elle. La plage était envahie d’une végétation luxuriante où cohabitaient des fleurs d’un rouge quasi surnaturel et des plantes grimpantes qu’elle ne connaissait pas. La lune se reflétait sur le sable et lui donnait une couleur d’un rosé léger, le cœur d’Elizabeth se serra à cette vue.
« Ça ne va pas ? » lui demanda Lee d’un ton plus doux en voyant son visage se décomposer.
Elizabeth sourit tristement.
« Si, c’est juste que c’est sur une plage comme celle-ci que, mon mari. » Souffla-t-elle.
Lee fronça les sourcils.
« Tu es vraiment décidée à le ramener n’est-ce pas ? »
Sans le regarder, Elizabeth hocha la tête.
« Je lui ai juré de lui rester fidèle sur une plage comme celle-ci. Et je n’ai pas pu tenir ma promesse. Maintenant, je dois tout faire pour rattraper mon erreur.
- Pas pu ? Releva Lee.
- J’avais peur de mourir. » Répondit Elizabeth, sur la défensive.
Lee secoua la tête avec philosophie..
« Et quelle sera ta prochaine excuse ? Le désir qui te brûle les reins ? Lui demanda-t-il avec un zeste d’amertume.
- Je ne suis pas Ching. Jamais je n’abandonnerais mon mari ou mon enfant pour courir les océans. »
Lee secoua une nouvelle fois la tête d’un air las et lui fit signe de se remettre en marche.
« Tai et moi, nous jouions souvent ici lorsque nous étions enfants. Nous avions coutume d’appeler cet endroit notre cache aux secrets. Lorsqu’il apprendra ton existence, il finira par venir te chercher ici. Alors le moment d’agir sera venu.
- Il me reconnaîtra au premier coup d’œil.
- Dans la lumière de la lune et maquillée comme une putain ? J’en doute.
- Et s’il vient de jour ???
- Alors, nous perdrons. » Répondit Lee sans émotion.
Elizabeth grinça des dents.
« Comment saura-t-on qu’il est en route ? »
Cette fois Lee ne répondit pas et lui désigna l’océan. Elizabeth sourit. On y voyait à perte de vue….
L’Empress
Affalé sur sa couche, Tai Huang repoussa du bout de sa botte la jeune anglaise qui partageait son lit depuis trois jours. Sa dernière prise de guerre. Le visage en sang, la fille lui adressa un regard fou et Tai ricana.
« Plus besoin de toi » annonça-t-il.
Il savoura l’espoir qui illumina le visage de sa victime et se saisit de son poignard. Sans hésiter, il lui trancha la gorge et repoussa le corps supplicié sur le sol.
« Le Seigneur Huang est de retour. » déclara-t-il à haute voix, savourant le son de sa propre voix.
Sans prêter plus d’attention au corps de la jeune fille, il revêtit les riches habits de soie qui avaient appartenus à Sao Feng et sortit sur le pont.
« Nous sommes à Singapour. La forteresse de Feng nous appartient. » tonna-t-il à l’adresse de ses hommes.
Quelques-uns lui sourirent, les autres s’écartèrent.
« Et pour le Feu de Glace ? Demanda un matelot moins prudent que les autres.
- Quoi le Feu de Glace ?
- Vous nous aviez promis sa possession Capitaine, si nous vous aidions à vous débarrasser de l’usurpatrice. »
Tai grimaça légèrement. La grogne augmentait de jour en jour sur l’Empress. Beaucoup d’hommes se souvenaient des promesses de richesse d’Elizabeth Turner.
« Nous venons de piller trois navires. Les cales sont pleines. Crois-tu que l’anglaise aurait fait mieux ? Défia-t-il le marin imprudent.
- L’anglaise avait promis le Feu de Glace. Et c’est elle que Feng avait désignée. »
Un murmure approbateur secoua l’équipage et Tai tiqua.
« Feng avait perdu la tête à la fin de sa vie. Quant à l’anglaise, elle est morte. »
Tout en parlant, il toisa l’équipage mais à son grand soulagement, aucun ne protesta. Elizabeth était morte. Il était capitaine.
« Tu peux débarquer. » lança-t-il à celui qui avait parlé.
L’homme obéit et Tai se pencha sur son second.
« Suis le et tue le. » souffla-t-il à son oreille.
L’Empress, deux jours plus tard
Tai Huang ne put retenir un sourire satisfait lorsque ses hommes ramenèrent son frère sur le pont. Le visage tuméfié, Lee lui adressa un regard mauvais.
« Lee Huang, cher frère, cela fait longtemps. » Ricana Tai.
Pour toute réponse, Lee se contenta de cracher aux pieds de son cadet.
Tai s’assombrit.
« Est-ce comme cela que tu traites ton frère revenu partager ses richesses avec toi ?
- Tu n’as rien d’un frère.
- Oh alors je suppose que cela ne t’intéresse pas d’avoir des nouvelles de ta délicieuse fille ? »
Lee accusa le coup et Tai ricana.
« Je l’ai vendue. J’en ai tiré un bon prix. La maquerelle à laquelle je l’ai offerte à Londres était ravie de posséder une jeune indigène même abîmée.
- Tu trahis ta race et ton sang. » Cracha Lee.
Tai haussa les épaules.
« Je suis un pirate. Je n’ai ni race, ni sang, ni famille. Cependant, je suis prêt à te faire une proposition. En souvenir du bon vieux temps.
- Laquelle ? » Trembla Lee.
Tai sourit et le contourna lentement.
« On raconte que tu as une nouvelle concubine.
- C’est faux !
- Je me doutais que tu étais assez stupide pour être tombé amoureux. Cela te regarde, mais on la dit belle. Je la veux. Dis-moi où tu la caches et je te dirais où est ta fille.
- Pourquoi je te ferais confiance !!
- Bien entendu ta petite Luan n’est plus exactement comme tu l’as connue. » Continua Tai.
Lee frémit.
« Que lui as-tu fait !!!
- La maquerelle aime les filles défigurées. Il parait que les clients paient plus cher lorsque les indigènes ressemblent à ce qu’ils imaginent. Que veux-tu les affaires sont les affaires… Mais rassure toi, elle n’a pas souffert, enfin pas longtemps. »
Le cœur de Lee rata un battement et il fallut la force de ses deux geôliers pour le retenir de sauter au visage son frère.
« Mais elle est encore en vie. Dis-moi où est ta concubine et tu seras libre d’aller chercher ta fille.
- Que comptes-tu lui faire ? »
Tai se contenta de sourire.
« La maquerelle prend aussi les anglaises. »
Lee le fixa avec dégoût et Tai posa sur lui un regard brûlant de haine.
« Tu as tout eu Lee mais maintenant c’est mon tour. »
Lee baissa la tête et affecta un air vaincu.
« Elle est à la crique, là où nous nous retrouvions enfants. »
Tai sourit distraitement.
« Bien sûr, la cache aux secrets. Mettez-moi ça aux fers. Je veux que tu sois aux premières loges pour me voir posséder ta putain Lee. »
L’autre déglutit tandis que les hommes l’entraînaient. Tout reposait sur Elizabeth. Il espérait qu’elle serait à la hauteur de sa réputation sans quoi ce serait dommage. Pour elle.
Périphérie de Singapour,
Cela faisait deux jours qu’elle était arrivée, un que Lee l’avait laissée totalement seule sur la plage. Elizabeth remâchait sa rage. Elle avait plusieurs fois hésité à repartir à Singapour pour y affronter Tai Huang. Devoir se conformer aux plans de Lee lui était insupportable et elle songeait avec angoisse au jeune homme. Et s’il était de mèche avec son frère ? Et si son histoire de fille disparue n’avait servi qu’à mieux l’attendrir ? Elle était sur le point de quitter la plage lorsqu’elle aperçut un pavillon et des voiles rouges à l’horizon.
Le cœur d’Elizabeth bondit dans sa poitrine. C’était l’Empress. C’était sa jonque.
Elle passa le temps qui lui restait à couvrir sa peau de poudre blanche et ses lèvres de rouge puis se servit d’un morceau de verre en guise de miroir pour parfaire le résultat. A l’horizon le soleil commençait à décliner. Elizabeth ne put retenir un sourire. Le destin était de son côté.
Elle se laissa malmener par les hommes de l’Empress. Elle les reconnut tous mais pas un ne vit la fière Elizabeth Turner dans la catin qu’ils devaient ramener à leur capitaine. Les mains entravées par des fers, Elizabeth mit le pied sur le pont de son navire.
L’Empress
Tai Huang éclata de rire en voyant ses hommes ramener la putain de son frère.
« Tu te tiens servilement, observa-t-il devant la tête baissée d’Elizabeth. C’est bien. Tu sais qui est ton maître. »
Elizabeth grimaça et serra brièvement les poings. Cela ne se passait pas comme prévu. Elle n’aurait pas dû être entravée.
« Faites venir Lee, ordonna Tai. Je veux qu’il voie le sort que je réserve à sa chère concubine. »
Elizabeth sursauta. Ce n’était pas prévu non plus dans le plan ! Lee aurait dû être prêt à intervenir, les armes aux poings.
Au lieu de ça, elle vit son allié débarquer sur le pont, aussi entravée qu’elle l’était elle-même. La rage au cœur, Elizabeth releva le visage.
« Tai Huang. » déclara-t-elle.
Elle eut la satisfaction de voir la surprise se peindre sur le visage du mutin.
« Toi ……………. »
Elizabeth profita de l’effet de surprise pour échapper à ses geôliers et chercha une arme du regard. Elle n’eut pas le temps d’aller plus loin. Remis de sa surprise, Tai éclata de rire.
« Je te croyais morte mais peu importe. Après tout, ce n’est que justice que tu occupes la seule place qui te convienne sur l’Empress.
- Et c’est celle de capitaine ! » S’exclama Elizabeth en tirant l’épée de l’homme le plus proche d’elle.
Tai se contenta de rire.
« Et que crois-tu faire avec tes poignets enchaînés ? Nous sommes des centaines contre toi.
- T’envoyer en enfer sale mutin !!! Vous tous !!! Tonna Elizabeth. Sao Feng m’a désignée comme capitaine et Seigneur !!! Comment osez-vous aller à son encontre !!! »
Tai rit de nouveau.
« Neutralisez-la. »
Elizabeth se défendit comme elle le pouvait, gênée par ses fers tandis que trois hommes s’élançaient sur elle.
Son épée vola dans les airs et elle recula devant la lame prête à frapper d’un de ses anciens hommes.
« Tu oserais lever ton sabre sur ton capitaine ? » Martela-t-elle.
Un sourire mauvais lui répondit. Elizabeth ferma les yeux. Elle allait mourir….
Un bruit de fer strident résonna et Elizabeth sentit son cœur faire une embardée. Puis
« J’ai jamais aimé les mutins. »
Surprise, elle ouvrit les yeux.
« Jack ????
- Je préfère capitaine Sparrow trésor. » Lui renvoya le pirate qui lui lança une épée.
Les mains d’Elizabeth se refermèrent sur cette dernière et elle offrit ses poignets à Jack qui trancha d’un coup sec la chaîne qui reliait ses fers.
« Très affûtée cette lame », commenta le pirate d’un air surpris.
Elizabeth poussa un cri de rage et se lança dans la bataille.
« Lee !! » appela-t-elle.
De son côté, sentant le vent tourner, son complice se libérait de ses gardes et se défendait comme un beau diable.
Les trois alliés se retrouvèrent dos à dos.
« Il est avec vous ? Demanda Jack en désignant Lee.
- Pour l’instant oui. Répondit Elizabeth en toisant les hommes. Vous tous, vous êtes les hommes de l’Empress, les hommes de Sao Feng. Ne vous a-t-il pas toujours mené à la victoire ? »
Tai blêmit et Jack soupira.
« Trésor, yne bataille n’est pas le meilleur moment pour….
- Ne vous a-t-il pas toujours satisfait ? Et moi ? Ne vous ai-je pas apporté la richesse ?
- Tai Huang aussi !!!
- Tai Huang n’est ni Seigneur ni Roi, répondit Elizabeth. Et depuis quand les pirates traitent ils avec les aristocrates et la Compagnie ?
- Elizabeth…. Supplia Jack. Il faut mettre les voiles là.
- Tai Huang m’a vendue à la Compagnie. Tonna Elizabeth. A-t-il partagé sa rétribution avec vous ? »
Un murmure stupéfait salua sa déclaration et elle poursuivit.
« Tai Huang a-t-il partagé le Feu de Glace avec vous ?
- Elizabeth… murmura Jack.
- Tais-toi !!! » Ragea Lee à l‘intention de Jack qui le regarda d‘un air outré.
Elizabeth observa les visages des hommes qui l’entouraient tandis que Tai écumait de rage.
« C’est faux !!! Il ne m’a rien offert en échange de cette usurpatrice.
- Oh tu vas essayer de nous faire croire que tu as fait ça gratuitement ? Ironisa Elizabeth. Aucun pirate n’agit gratuitement.
- Ça, c’est pas faux. » Releva Jack.
Plusieurs regards soupçonneux se braquèrent sur Tai Huang et il recula.
« Je vous ai donné tout le produit de mes rapines. Elle ment.
- Oh ? Et qui allez-vous croire ? Un traître mutin ou le Roi des pirates que Sao Feng lui-même a désigné pour prendre sa relève ? » Ironisa Elizabeth en avançant vers les hommes.
La jeune femme se força à relever le menton, tremblant intérieurement. C’était sa dernière carte, sa seule carte.
« Allons hommes de l’Empress allez-vous vous laissez commander par un capitaine qui vous ment ? Qui ne partage pas avec vous ?
- Et toi qu’offres-tu !! » Lança un marin.
Elizabeth ferma brièvement les yeux
« J’offre le trésor de la Muerta. Dix années de piraterie amassée par Barbossa. Vous pouvez tout prendre. Sauf une chose. La croix de Ponce Pilate.
- Lizzie même pour moi c’est de la folie. Murmura Jack.
- Ne l’écoutez pas !! Elle ment, le Feu de Glace n’a jamais existé !!! » S’exclama Tai Huang, paniqué.
Elizabeth sourit avec une feinte assurance
« Laisse les décider. »
Lee ferma les yeux tandis que Jack déglutissait.
« Elizabeth c’est »
Il n’eut pas le temps de finir sa phrase. Lentement, et l’une après l’autre les armes des pirates se baissèrent.
Tai Huang posa un regard fou sur ceux qui étaient encore à ses ordres quelques secondes plus tôt et s’empara de son pistolet. Sans hésiter il pressa la détente. Le coup de feu résonna dans l’air frais de la nuit.
Le Black Pearl,
« Ce navire n’avance pas !! Où est donc la grande voile ?? Où sont les rames !!! » S’exclama Barbossa.
Marty haussa les épaules mais Ragetti ricana.
« On l’a déchirée quand le capitaine O’Malley a voulu barrer dans une tornade.
- Même qu’on a cru que le capitaine Jack allait la tuer, renchérit Pintel.
- Mais elle s’est pas laissé faire et on a cru qu…
- Épargnez-moi les détails » grinça Barbossa.
Devant son air peu commode, les deux compères se turent pendant que Barbossa levait un visage las sur le mat. Plus de voile ou plutôt plus de grande voile. Voilà qui risquait de les retarder et il n’avait pas de temps à perdre. Pas plus qu’il ne désirait voir l’Empress lui échapper.
« Et bien que tous les hommes valides descendent à la cale, ordonna-t-il. Vous allez ramer. »
L’équipage échangea des regards anéantis mais Barbossa ne se laissa pas démonter.
« MAINTENANT !!! » rugit-il.
Il posa un regard noir sur les hommes tandis qu’ils se pressaient et rattrapa lestement son chapeau que le vent venait de soulever. Une grimace lui échappa alors qu’il le reposait sur son crâne. Décidément ce couvre-chef ne lui allait pas du tout. Pas assez grand, pas assez de plumes, mal ajusté… Bref rien de comparable avec le magnifique chapeau qu’on lui avait volé.
« Vous avez intérêt à pouvoir me le rendre. » marmonna-t-il.
« Il me semble que ce n’est pas le chemin qui mène à la Muerta » souligna une voix dans son dos. Une voix qu’Hector ne connaissait que trop bien.
« Calypso, deux visites en quelques jours à peine…. »
La nymphe avança vers lui et le toisa.
« Il me semblait que nous avions un accord Hector.
- Et il me semble à moi que je ne t’ai rien promis » rétorqua le pirate.
Pendant une fraction de seconde les yeux de Calypso luisirent d’une lueur dangereuse puis elle reprit ses mines séductrices.
« Je pensais que l’immortalité t’intéressait.
- Et c’est le cas. Mais pour pouvoir te satisfaire, j’ai besoin d’un objet que j’ai égaré.
- Dans les draps d’Elizabeth Turner ? Siffla Calypso.
Barbossa la regarda avec aplomb.
« Tu es bien renseignée. »
Cette fois la nymphe lui renvoya un regard navré.
« Serais tu tombé dans ce qui fâche tous les hommes Hector ? »
Une fois de plus le pirate ne répondit pas et se contenta de la fixer. Une moue dégoûtée échappa à Calypso et elle recula.
« Tu me déçois Barbossa. Je te croyais fait d’un autre bois peut-être ai-je eu tort de venir vers toi.
- Je compte bien trouver la Croix de Ponce Pilate. Et l’immortalité. Mais avant cela, je dois aller à Singapour. » rétorqua Barbossa.
Calypso plissa les yeux pour le sonder puis s’effaça.
« Ne me déçois pas Hector. »
Le pirate ne bougea pas, intérieurement satisfait. Après tout il valait mieux que Calypso le croit stupidement amoureux plutôt qu’elle ne soupçonne qu’il n’avait jamais eu l’intention de retourner sur la Muerta. Et lorsqu’elle s’en apercevrait, il serait immortel, elle ne pourrait rien faire contre lui.
Ravi de son plan, Barbossa ouvrit la trappe qui menait à l’entrepont.
« Allez du nerf ! Nous devons rattraper l’Empress ! » Hurla-t-il.
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