Le jour suivant leur évasion, Elizabeth se réveilla dans les bras de Barbossa ainsi qu’elle en avait pris inconsciemment l’habitude. Nullement gênée, la jeune femme savoura la chaleur ambiante avant de se tourner vers son compagnon. Songeuse, Elizabeth examina le visage de Barbossa et chercha désespérément à éveiller un quelconque sentiment, ne fut-il que de la tendresse à son égard. Sans succès. Les seules pensées qui lui venaient en le voyant étaient la chaleur, le sexe facile et le plaisir.
Barbossa ouvrit les yeux et surprit son regard. Un sourire moqueur s’épanouit sur son visage.
« Allons Madame Turner. La piraterie n’est pas affaire de sentiments. Le sexe non plus »
Elizabeth se sentit rougir et répondit avec hargne.
« Profiter d’une femme n’est pas plus glorieux.
- Allons Madame Turner, c’était les circonstances… A moins que, seriez-vous tombée amoureuse de moi ? Se moqua Barbossa.
- Sûrement pas ! Cracha Elizabeth.
- Tant mieux… Même si ce serait une belle excuse pour vous dédouaner de vos actes.
- Oh ! » S’outragea Elizabeth en reculant.
Barbossa la maintint contre lui sans se laisser démonter par ses protestations. Lentement, il passa sur elle.
« Madame Turner, pardon Elizabeth, seriez-vous réellement tombée amoureuse ? Demanda-t-il sérieusement.
- Sûrement pas. Cracha la jeune femme.
- Dans ce cas, nous sommes d’accord pour le plaisir. » Ricana Barbossa.
Elizabeth ferma les yeux. Elle savoura la caresse des ongles de l’homme sur sa peau nue puis le repoussa.
« Je n’ai pas froid Capitaine Barbossa. »
Le pirate lui renvoya un sourire éclatant et se leva.
« Tant mieux. Nous ne perdrons pas de temps ainsi. » Déclara-t-il avant de s’emparer du plan que la jeune femme avait tracé la nuit précédente.
A la vue du plan, l’animosité d’Elizabeth s’effaça et elle s’enveloppa dans une fourrure avant de rejoindre son compagnon.
« Le mieux serait de frapper ici. Déclara-t-elle en indiquant le bureau. Il y traite ses affaires et est souvent seul. On peut y accéder par là. Indiqua-t-elle en posant son doigt sur une fenêtre.
- Votre mémoire est remarquable. » Souligna Barbossa.
Elizabeth lui adressa un regard perplexe et Barbossa précisa.
« Madame Turner, ma remarque ne visait pas à vous séduire. Je pense avoir obtenu plus que je ne le désirais de vous. Et sans nier les qualités certaines dont vous avez fait preuve au cours de nos ébats je dois avouer que vous n’êtes pas le genre de femme dont je pourrais m’éprendre… »
Cette fois le visage de la jeune femme accusa une stupeur mâtinée d’une pointe de dépit.
« En d’autres termes ça veut dire non Elizabeth, je ne vous aime pas. Précisa Barbossa. Même si j’admets que vos qualités physiques et votre caractère sont des plus plaisants je…
- J’ai compris l’idée. Coupa Elizabeth, plus vexée qu’elle ne voulait le reconnaître. Concentrons-nous sur notre but »
Barbossa ne répondit pas et sourit en voyant son air concentré alors qu’elle élaborait le trajet qu’ils allaient devoir emprunter pour coincer Pavlov. Elle n’en avait pas conscience mais aux yeux de Barbossa la lueur décidée qui brillait dans son regard et la froideur avec laquelle elle exposait son plan d’attaque étaient plus séduisantes que les plus entraînantes des minauderies.
« Qu’en pensez-vous ? » Demanda Elizabeth, un pli sérieux barrant son front
J’en pense que vous êtes la plus délicieuse des pirates que j’ai côtoyé, songea Barbossa avant de se reprendre.
« Bien. Mais pourquoi ne pas emprunter ce couloir ? » Demanda-t-il en posant un ongle sombre sur la carte.
Elizabeth suivit le tracé et pesta entre ses dents.
« Le chemin est plus direct ainsi. Du moins si votre plan est exact… Susurra Barbossa.
- Il l’est. Affirma Elizabeth d’un ton coupant. Pour le chemin nous prendrons le vôtre. »
Barbossa sourit légèrement. Il reconnaissait qu’Elizabeth était douée mais elle manquait d’expérience … Dans tous les domaines. Mais si l’occasion lui en était donnée il se faisait fort de pallier à toutes ses lacunes. Encore quelques mois et elle serait parfaite !
« Qu’en pensez-vous ? » Demanda la jeune femme d’un ton hésitant
Barbossa se força à garder son impassibilité.
« Ça pourrait marcher. Que projetez-vous de faire de Pavlov ? La testa-t-il.
- Le tuer. Même si la mort est encore trop charitable pour lui. » Répondit spontanément Elizabeth.
Barbossa maîtrisa sa satisfaction. Il se leva et s’étira.
« Dans ce cas je suggère que nous prenions un bon repas puis que nous chevauchions jusqu’à Primorsk.
- Déjà ? »S’inquiéta Elizabeth.
Barbossa la fixa.
« Le plus tôt sera le mieux. Je vais tirer de l’eau. » Annonça-t-il.
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Trois heures après leur conversation, Barbossa mit le pied à l’étrier et contempla la jeune femme emmitouflée dans les fourrures qui lui faisait face.
« Aurez-vous assez chaud ? » Se moqua-t-il.
Elizabeth resserra les fourrures autour d’elle.
« Je n’ai jamais assez chaud. » Grimaça-t-elle en maîtrisant son cheval nerveux.
Barbossa ne releva pas et sa main caressa le compas qu’il avait récupéré un peu plus tôt pendant qu’elle prenait son bain. Presque trop facile, songea-t-il.
« Allons-y » Déclara Elizabeth avant de claquer de la langue pour faire avancer son cheval.
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Barbossa et Elizabeth échangèrent un regard complice en voyant les premières lueurs de Primorsk briller à l’horizon.
« Dans quelques heures nous posséderons le Feu de Glace » Pavoisa Barbossa.
Elizabeth ne répondit pas, le cœur gonflé d’espoir à l’idée que dans une semaine à peine elle retrouverait la chaleur des bras de Will. Une fois qu’ils auraient fêté leurs retrouvailles dignement, ils pourraient élaborer à un plan pour récupérer l’Empress et à eux deux ils réussiraient ! Ensuite ils seraient libres d’écumer les mers, de voyager, de…
« Navré de vous couper dans vos rêveries romantiques, intervint Barbossa. Mais il faudrait nous dépêcher d’agir si nous ne voulons pas perdre l’avantage de la surprise. »
Elizabeth cligna des yeux et frissonna dans l’air froid de la tombée du jour. En tout cas une chose était certaine, Will et elle ne visiteraient aucun pays froid. Elle sourit légèrement à cette pensée et fit claquer ses rennes.
« Et bien qu’attendez-vous dans ce cas ? » Lança-t-elle à son compagnon.
Barbossa lui fit un sourire à l’ironie grinçante et entreprit de forcer son cheval à lui emboîter le pas.
Tous deux descendirent en silence la haute colline qui dominait Primorsk et Barbossa laissa dériver ses pensées. Le regard fixé sur la longue natte qui dansait dans le dos d’Elizabeth au rythme du cheval il se demanda avec cynisme comment Turner prendrait les changements de sa femme. En fait il était presque regrettable que cette dernière s’expose à nouveau à l’influence de son époux. Sans Turner, Elizabeth deviendrait un vrai pirate. Avec lui rien n’était moins sûr ce qui, de l’avis de Barbossa, serait un vrai gâchis. A moins bien sûr qu’elle ne finisse par changer son mari. Ce qui était fort probable si elle y était décidée. Enfin, songea Barbossa, il ne serait pas là pour voir qui du mari ou de la femme aurait le dessus sur l’autre. Si tout se déroulait comme prévu, il deviendrait le prochain maître du Hollandais Volant et écumerait encore les océans bien après la mort des Turner et de leur éventuelle descendance.
« Vous êtes bien silencieux » Remarqua Elizabeth qui, l’instant de nostalgie passé, était de nouveau concentrée dans l’action.
Barbossa la regarda.
« Je me demandais simplement s’il y avait des pommes dans l’autre monde…
- Des cageots entiers ! » S’exclama joyeusement Elizabeth.
Barbossa ne répondit pas et elle s’inquiéta brusquement.
« Hector ? Vous n’avez pas changé d’avis au moins ? Vous êtes toujours d’accord avec notre plan ? »
Barbossa secoua la tête et s’inclina.
« Comment pourrais-je ne pas être d’accord avec toutes les armes que vous avez déployées pour me convaincre ? »
Le visage d’Elizabeth se crispa légèrement à ce rappel et elle résolut en son fort intérieur d’omettre certains passages lorsqu’elle raconterait à Will comment ils avaient réussi à le libérer.
« Pressons. Déclara-t-elle, mal à l’aise. Nous ferions mieux d’y être avant qu’ils ne ferment les portes de la ville pour la nuit. »
Barbossa ne répondit pas mais força son cheval à accélérer.
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La nuit était tombée lorsqu’ils arrivèrent aux abords de la maison de Pavlov. Ils avaient passé les portes moins d’une heure avant qu’elles ne soient closes et s’étaient ainsi garanti un passage sans questions qui auraient été gênantes. Elizabeth mit pied à terre avec souplesse et lui désigna les fenêtres derrière lesquelles on voyait luire la faible lueur des chandelles.
« Pavlov est chez lui. Annonça-t-elle. Nous avons de la chance.
- Sauf s’il n’y est pas seul.
- Avec qui voulez-vous qu’il soit ? Je l’ai fréquenté des semaines sans jamais trouver la moindre femme chez lui. » Rétorqua Elizabeth.
Un bref sourire éclaira le visage de Barbossa et il ne put s’empêcher de répondre d’un ton onctueux à outrance.
« Vous savez Madame Turner, un homme ne reçoit pas uniquement des visites féminines qui lui permettraient de réchauffer son lit. Je conçois qu’au vu de la tournure de votre esprit vous imaginiez ceci mais
- Mon esprit et sa tournure vont très bien Capitaine Barbossa. » Le coupa Elizabeth.
Barbossa attacha soigneusement son cheval et resserra sa main sur le petit pistolet dont il avait dépouillé l’un des chasseurs.
« Avez-vous votre arme ?
- Toujours. Répondit Elizabeth en écartant sa veste de fourrure pour lui laisser voir deux coutelas et un pistolet du même modèle que celui du pirate.
- Et bien nous ne manquerons pas de réserves. » Observa Barbossa avec approbation.
Elizabeth ne répondit pas et lui désigna l’arbre le plus proche de la maison.
« En escaladant celui-ci nous pourrions rejoindre le balcon de cette pièce. » Lui indiqua-t-elle en lui montrant une pièce sombre.
Barbossa observa les branches.
« Ce sera périlleux.
- Manqueriez-vous de souplesse Capitaine Barbossa ? Se moqua Elizabeth.
- Il me semble que vous êtes bien placée pour être certaine du contraire. » Rétorqua le pirate.
Elizabeth lui lança un regard furieux dans la pénombre et entreprit de se débarrasser de la chaude mais encombrante fourrure qui la couvrait. Elle déposa cette dernière dans un fourré avec un soupir de regrets et Barbossa leva les yeux au ciel.
« Allons Madame Turner, l’ascension ne prendra que quelques minutes tout au plus.
- Je sais. Rétorqua Elizabeth avec acrimonie en essayant d’attraper les branches les plus basses.
- Un peu d’aide ? »Lui proposa Barbossa.
Un soupir agacé lui répondit et il souleva légèrement la jeune femme pour lui permettre de se hisser. Quelques secondes après il grimpa à son tour dans l’arbre sans difficultés tandis qu’Elizabeth soufflait et peinait à trouver des prises stables.
« Je vous pensais plus agile. Souffla Barbossa.
- Et moi je vous croyais moins bavard. Rétorqua Elizabeth. Vous me faites penser à Jack. Et je ne parlais pas du singe. Précisa-t-elle avec une pointe de sarcasme.
- Taisez-vous donc et grimpez. » Lui ordonna Barbossa.
Rejoindre le balcon fut plus périlleux qu’il n’y paraissait de prime abord et après s’être vue chuter de plusieurs mètres, Elizabeth sentit avec soulagement les pierres de ce dernier sous ses pieds. Un frôlement à ses côtés lui apprit que Barbossa avait lui aussi réussi et elle se tourna vers lui.
« Comment va-t-on entrer ? Chuchota-t-elle.
- Et c’est maintenant que vous y pensez… Soupira le pirate sur le même ton.
- Je ne peux pas penser à tout ! Riposta Elizabeth, vexée.
- Moins fort Madame Turner où nous aurons tous les gardes à nos trousses avant même d’avoir vu Pavlov. » Lui enjoignit Barbossa en ôtant son chapeau.
Elizabeth sentit plus qu’elle ne vit son mouvement et se retourna.
« Qu’est-ce que vous faites ?
- Je nous fais entrer. » Riposta Barbossa en défaisant son bandana.
Elizabeth sentit la caresse du tissu lorsqu’il l’effleura et reprit.
« Avec ça ?
- Il semble que nous n’ayons rien d’autre. Donnez-moi un de vos couteaux, je vais découper la fenêtre et récupérer le morceau de verre avec ceci. Expliqua Barbossa.
- Ingénieux ! Je n’y aurais jamais pensé. »
Barbossa ne répondit pas et songea que tout de même elle avait encore beaucoup de choses à apprendre sur la piraterie.
Au bout d’un moment qui parut durer des heures à Elizabeth qui tremblait de froid, un léger bruit se fit entendre, vite étouffé par le bandana ainsi que Barbossa l’avait prédit.
« Passez votre main par le trou et soulevez le loquet. » Lui chuchota le pirate.
Elizabeth se préparait à obéir mais la main de Barbossa se referma sur son bras.
« Et il va sans dire Madame Turner qu’à partir de maintenant nous appliquons le Code.
- Ne l’appliquions nous pas déjà avant ? » Ironisa Elizabeth en se dégageant de son étreinte.
La porte s’ouvrit avec un léger cliquetis et ils se précipitèrent dans la pièce qu’ils refermèrent rapidement.
« Ce qu’il fait sombre. Murmura Elizabeth.
- C’est certain qu’il vaut mieux mener ce genre d’opération en plein jour. » Lui renvoya Barbossa.
Elizabeth grinça des dents et tous deux reprirent leur progression à tâtons
« Je pense que nous sommes au-dessus de la salle à manger. Chuchota la jeune femme.
- Vous pensez ? S’étrangla à demi Barbossa. Je croyais que vous connaissiez parfaitement les lieux.
- Pas toutes les pièces. » Répondit Elizabeth d’un ton pédant.
Le pirate retint les jurons qui lui venaient et trébucha brusquement. Il entraîna un vase dans sa chute qui se brisa avec un bruit qui leur parut assourdissant.
« Bravo pour la discrétion ! » Ne put s’empêcher de dire Elizabeth avant de se retourner vers la porte, inquiète.
Barbossa fut le plus rapide à réagir et il la poussa derrière un meuble au moment précis où quatre hommes lourdement armés ouvraient la porte.
Ces derniers commencèrent un vif échange auquel Elizabeth ne comprit rien et elle sentit le corps de Barbossa se tendre.
« Ils veulent fouiller… »L’informa-t-il à voix basse.
Elizabeth se crispa puis elle écarta la main que le pirate avait posée sur sa bouche. Sans se préoccuper des mouvements de l’autre dans son dos, elle entreprit de miauler faiblement.
Les hommes de Pavlov se turent puis échangèrent des paroles rapides d’un ton amusé. Finalement la porte se referma et ils entendirent leurs pas décroître
Barbossa se laissa aller contre le mur et Elizabeth poussa un soupir soulagé.
« Ils croient que c’est le chat qui a cassé le vase. Murmura Barbossa. Et comme ils sont paresseux ils ont choisi de se contenter de ça.
- Tant mieux. Souffla Elizabeth en se relevant avec prudence
- Mais comment avez-vous eu cette idée ? Et comment imitez-vous aussi bien ces sales bêtes ?
- Vous croyez vraiment que c’est le moment de parler de ça ? Soupira Elizabeth. Si vous voulez tout savoir j’avais un chat quand je vivais à Port Royal. Et je l’imitais pour faire croire à mon père que je n’étais pas sortie en douce quand il risquait de me surprendre.
- Et bien je dois dire que ça nous a servi. Reconnut Barbossa. Encore heureux que vous vous soyez souvenue que Pavlov possédait un chat. »
Elizabeth rougit dans l’obscurité en songeant qu’en fait elle n’en savait rien… Elle avait juste utilisé le premier subterfuge qui lui était venu à l’esprit. Elle reprit sa progression dans la pièce et Barbossa lui emboîta le pas avec précautions.
Finalement ils arrivèrent à la porte et se tournèrent l’un vers l’autre.
« C’est le moment. Murmura Barbossa. Votre autre couteau ?
- Dans ma main… »
Barbossa appuya doucement sur la poignée et se retourna vers elle.
« Au fait qu’est devenu le chat dont vous parliez ? Lui demanda t ‘il brusquement.
- Quelle importance !
- Aucune mais j’aimerais le savoir. Si je meurs, j’aimerais que ce ne soit pas avec cette question idiote en tête alors répondez moi.»
Elizabeth se crispa et lui répondit d’une voix légèrement étranglée.
« Vos hommes l’ont tué le jour où vous avez débarqué à Port Royal. »
Barbossa s’immobilisa, surpris par l’émotion contenue dans la voix de la jeune femme. Agacée, Elizabeth le poussa légèrement.
« Votre curiosité est satisfaite non ? Alors qu’attendez-vous pour ouvrir cette porte ? »
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A leur grand soulagement, le couloir sur lequel la porte donnait était désert. Soulagé par la lumière ténue qui y brillait, Barbossa et Elizabeth commencèrent à progresser lentement, le bruit de leur pas étouffé par le tapis luxueux qui était posé au sol. Devant Elizabeth, Barbossa s’immobilisa brusquement et lui fit signe d’approcher. La jeune femme obéit et aperçut deux gardes qui parlaient en leur tournant le dos. Barbossa coula un petit regard vers elle et hocha la tête.
Moins d’une seconde après, Elizabeth grimaçait en sentant couler le sang tiède du garde sur sa main tandis que Barbossa triomphait.
« Deux de moins. Nous formons une bonne équipe, vous êtes efficace.
- Je vous l’ai déjà dit. Je sais me défendre. » Répondit Elizabeth qui ramassa l’arme de celui qu’elle venait de tuer.
Barbossa grimaça un sourire et tous deux continuèrent leur progression jusqu’à parvenir devant la bibliothèque qu’Elizabeth savait être l’endroit favori de Pavlov après le dîner. Les deux pirates échangèrent un regard nerveux puis Elizabeth sortit son pistolet d’une main décidée, imitée par Barbossa.
« Adieu Madame Turner. Au cas où nous ne survivions pas, sachez que de toutes les personnes qui ont partagé une geôle avec moi, vous fûtes la plus charmante. »
Elizabeth le regarda avec agacement, impatiente d’agir et Barbossa ouvrit la porte avec lenteur. Tous deux espérèrent que le bruit ténu n’alerterait pas Pavlov.
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Ils s’immobilisèrent tous deux sur le seuil en comprenant que Pavlov ne risquait pas d’entendre quoi que ce soit… Leur tournant le dos, l’homme cravachait avec ferveur une jeune beauté brune au cou et aux oreilles de laquelle brillaient des diamants et dont la bouche était bâillonnée par un foulard de soie. Au-dessus d’elle, la main de Pavlov s’abattait. Le Comte bredouillait des imprécations dont le sens exact échappa à Elizabeth mais dont elle saisit le sens général. Les deux complices échangèrent un regard, tous deux songèrent que Pavlov avait été bien mal placé pour les juger puis Barbossa se décida à agir.
Il se précipita vers Pavlov et le tira en arrière avant de le bâillonner.
« Occupez-vous de la femme. » Ordonna-t-il à Elizabeth.
Cette dernière se précipita vers la malheureuse pour la libérer mais à sa grande stupeur cette dernière se jeta sur elle et la frappa avec rage. Elizabeth roula sur le sol, sonnée. Pendant ce temps Barbossa força Pavlov à se retourner et glissa son couteau le long de sa gorge.
Le regard du Comte accusa sa surprise et Barbossa ricana.
« Bonjour Comte Pavlov. Je suis ravi de vous revoir. Déclara-t-il aimablement
- Comment êtes-vous sortis ! » Fulmina le comte tandis que, remise de sa surprise, Elizabeth plaquait la femme au sol et lui arrachait ses bijoux.
De son côté Barbossa regarda Pavlov et appuya sa lame sur son cou.
« Donnez-nous le Feu de Glace.
- Et nous vous laisserons en vie. » Compléta Elizabeth qui appuya son genou dans le ventre de la compagne du Comte et la fit gémir.
Pavlov tiqua et prit une inspiration.
« J’ai toujours préféré fouiller des cadavres. » Déclara Barbossa en lui enfonçant son couteau dans le ventre sans lui laisser l’occasion de parler.
Elizabeth plaqua les mains devant sa bouche pour s’empêcher d’hurler. La femme en profita pour se dégager et courut vers la porte, encore bâillonnée. De son côté, Barbossa arracha le médaillon que portait Pavlov et le brandit.
« Je l’ai ! » S’écria-t-il en s’apprêtant à le fourrer dans sa poche.
Le pirate blêmit en voyant le pistolet d’Elizabeth pointé vers lui.
« Mais que faites-vous ! Nous avons un accord Madame Turner ! »
Un sourire froid lui répondit et Elizabeth appuya sur la gâchette sans hésitation.
Barbossa cligna des yeux, surpris de ne ressentir aucune douleur et la jeune femme se précipita vers lui.
« Remettez-vous Hector et courrons ! Le coup de feu a du alerter les gardes »
S’exclama-t-elle en jetant un regard affolé en direction de la porte.
Barbossa se retourna à son tour et vit le cadavre de la brune sur le sol. Il nota qu’elle tenait un pistolet.
« Inutile de faire dans la discrétion. » Déclara-t-il en prenant Elizabeth par la main pour l’entraîner vers la fenêtre.
Elizabeth le suivit et maîtrisa sa peur en entendant les premiers pas se rapprocher d’eux. D’un coup de bottes, Barbossa fit voler la fenêtre en éclat et tous deux se précipitèrent dehors sous les balles des hommes de Pavlov.
« LES CHEVAUX ! » Hurla Barbossa en l’entraînant vers le coin de la maison.
Essoufflée, la jeune femme ne répondit pas, consciente que les hommes sur leur talons gagnaient du terrain. Le poignet douloureux tant la main de Barbossa l’enserrait fermement, Elizabeth courrait droit devant elle.
Barbossa se précipita sur l’un des deux chevaux et l’enfourcha rapidement tandis qu’Elizabeth cherchait avec affolement sa monture. Le pirate coupa d’un geste ample les rennes qui retenaient l’animal à l’arbre et attrapa brutalement Elizabeth avant de la hisser derrière lui.
« Assurez nos arrières ! » Hurla-t-il.
Elizabeth eut à peine le temps de réagir que le cheval partait au galop. Déstabilisée, elle serra la taille de Barbossa d’une main tandis que l’autre trouvait instinctivement le pistolet du pirate qui peinait à se retenir aux rennes coupées du cheval.
Lancés à un galop d’enfer, Elizabeth et Barbossa s’éloignèrent de la maison et traversèrent le parc. Elizabeth se retourna en entendant des bruits de sabots derrière eux et aperçut un homme qui la tenait en joue. Avec l’énergie du désespoir, la jeune femme tira dans sa direction et le vit vaciller avant que leur monture ne s’engouffre dans les rues de Primorsk.
La jeune femme posa sa tête contre le dos de Barbossa tandis qu’il continuait à les mener dans les rues avant qu’il ne s’arrête devant une demeure sordide.
« Descendez » Ordonna-t-il à Elizabeth en agissant de même
La jeune femme posa un regard dégoûté sur ce qui les entourait et poussa un cri de rage en voyant Barbossa chasser le cheval.
« Mais pourquoi avez-vous fait ça ! Vous êtes fou c’est notre seul cheval !
- Que tous les soldats rechercheront bientôt autant que nous. » Lui expliqua froidement Barbossa en lui faisant signe de le suivre.
Elizabeth grimaça lorsqu’il ouvrit la porte de la demeure.
« Allons venez. » Lui ordonna Barbossa en se déplaçant en familier des lieux.
Elizabeth frémit en le voyant ouvrir une trappe qui s’enfonçait dans le sol.
« Attendez que faites-vous ?
- Je m’évade. Libre à vous de rester ici. » Lui répondit Barbossa.
Elizabeth hésita puis se lança à sa suite.
« Où mène ce tunnel ? Chuchota-t-elle.
- A l’extérieur de la ville. Répondit Barbossa. De là nous pourrons rejoindre Krousisky où nous trouverons sûrement un capitaine peu scrupuleux prêt à nous prendre à bord moyennant un peu d’argent. Les bijoux de la putain de Pavlov paieront notre passage.
- Comment savez-vous que je les ai ?
- Vous m’auriez déçu si ça n’avait pas été le cas. » Rétorqua Barbossa.
Un silence s’installa puis Elizabeth se décida.
« Merci de m’avoir emmenée sur votre cheval. Déclara-t-elle à contre cœur.
- J’avais besoin de quelqu’un pour assurer mes arrières. Répondit Barbossa d’un ton négligent avant d’ajouter. Et il se trouve que vous avez été plus qu’à la hauteur de cette tâche cette nuit. »
Elizabeth ne répondit pas. Elle se contenta de sourire et tous deux s’empressèrent de continuer leur progression.
()()
Au bout de quelques heures, ils débouchèrent dans une grotte et Elizabeth, déjà transie en l’absence de ses fourrures, poussa un gémissement de détresse. Barbossa la regarda d’un air las et s’empressa dans un coin de la grotte.
« Que… Que… que… faites… » Claqua Elizabeth des dents.
Barbossa ne répondit pas et versa un peu de poudre avant d’enflammer le bois qui se trouvait là.
« Croyez-vous que ceux qui empruntent ce passage soient des idiots ? » Lui demanda-t-il en lui désignant la salle presque aménagée dans la grotte où s’entassaient du bois et quelques fourrures.
Elizabeth se précipita vers ses dernières avec reconnaissance et en étendit une devant le feu, sous le regard indulgent de Barbossa.
« Inutile de vous dire de ne pas bouger je suppose…Je vais voir si je peux trouver quelque chose à manger. Ces contrebandiers ont de la vodka mais pas de nourriture. » Soupira Barbossa qui lui désigna les cruchons amoncelés dans un coin de la grotte.
Elizabeth ne protesta pas et ferma à demi les yeux, un vague sourire aux lèvres.
Barbossa secoua la tête et s’approcha d’elle.
« Ne vous leurrez pas Madame Turner. Je ne compte pas partir et j’ai très bien senti vos jolis doigts se refermer sur la pierre pendant que je tâtonnais dans le noir. »
Elizabeth le regarda, nullement gênée, consciente du poids de la pierre autour de son cou.
« Tout comme je sais que vous m’avez repris le compas de Jack pendant que je me baignais. »
Leurs regards se nouèrent puis ils finirent par se sourire.
« Je n’ai pas très faim. » Déclara Elizabeth en débouchant un cruchon de vodka.
Barbossa se laissa tomber à ses côtés et but une gorgée de la bouteille qu’elle lui tendait. Les deux pirates savourèrent l’alcool en silence puis Barbossa se retourna vers sa compagne.
« Montrez le moi Madame Turner. »
Elizabeth sourit et défit lentement les boutons de son chemisier pour exhiber la pierre rouge qui reposait au milieu d’un écrin de cristal.
Sa respiration se bloqua en sentant les doigts de Barbossa se refermer sur la pierre puis caresser sa peau nue. Le cœur battant, Elizabeth se laissa allonger sur la fourrure et Barbossa s’empressa de passer au-dessus d’elle, la dominant.
« J’ai toujours été excité par la victoire. Lui déclara le pirate. Et vous ? »
En guise de réponse Elizabeth referma ses doigts sur la ceinture de Barbossa. Le Feu de Glace brillait comme un trophée sur sa peau nue tandis que, dédaignant la pierre, Barbossa glissait sa main dans le fut de la jeune femme.
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