Alors que Davy Jones se plongeait dans son passé douloureux, Jack Sparrow était toujours seul sur son îlot au fin fond des mers. L'absence de lumière et de rhum rendait la forêt dans laquelle il se trouvait particulièrement froide et inhospitalière, en effet, même si curieusement il ne ressentait ni faim, ni fatigue, Jack était en revanche transi.
Il essaya de se réchauffer en se recroquevillant sur lui-même mais il dut bien reconnaître l'inefficacité du procédé. Jack cherchait donc un moyen de produire de la chaleur. Avec sa poudre peut être qu'il pourrait ? D'un geste machinal il ouvrit son compas mais le referma aussitôt, de toute manière il ne verrait rien dans cette obscurité. Ce qui était probablement préférable étant donné que ce maudit objet n'arrivait pas à se fixer plus d'un quart de seconde sur la même direction.
Jack refoula la pensée suivante, il n'avait pas envie d'admettre, ne serait-ce qu'à lui-même, que si le compas ne fonctionnait pas c'était entièrement de sa faute, et qu'en refusant de reconnaître ce qu'il ressentait il empêchait l'objet de remplir correctement son office. De toute manière on ne peut pas dire que ça lui avait réussi la dernière fois…
Sans le vouloir il commença à repenser à ce moment où il avait vu l'aiguille du compas se fixer vers un point. Ne pouvant pas le croire il avait regardé dans cette direction et ce qu'il avait vu alors l'avait rempli d'un sentiment de compréhension et d'acceptation. C'était précisément à ce moment-là qu'il avait réalisé que…
Un craquement interrompit le cours de ses pensées et quoi que cela puisse être le premier réflexe de Jack fut de s'en réjouir. Il se leva d'un mouvement vif et demanda d'une voix qui tremblait un peu.
« Qui est là ? »
Pas de réponse, mais Jack vit avec un mélange d'inquiétude et de soulagement une lumière diffuse s'approcher. Bientôt, l'homme fut assez près pour que Jack puisse discerner les traits de son visage. Il faillit pousser un énorme soupir de soulagement, devant lui se tenait Bill le Bottier.
« Tiens le Bottier, dis donc ça s'arrange pas tes furoncles ! Assena Jack d'un ton goguenard.
- Tu es donc bel et bien ici Sparrow… »
En entendant la menace qui affleurait dans le ton employé par son interlocuteur, Jack fut sur ses gardes et, l'air de rien, il recula quelque peu.
« En effet, pourquoi tu me cherchais ? Tu as encore un message de tête de poulpe à me transmettre peut être ? Plaisanta Jack.
- Cesse de rire Sparrow ! Lui intima Bill. A cause de toi mon fils est mort, à cause de ton égoïsme j'ai perdu Will alors que je venais à peine de le retrouver ! Je suis venu à l'insu de Davy Jones si tu veux tout savoir. Je suis là pour me venger et te faire payer au centuple le mal que tu nous as fait à Will et à moi. »
Mais Jack ne l'écoutait plus depuis un petit moment, car si Will était mort ça voulait surement dire que tous les autres aussi et donc Elizabeth était…
« C'est pas vrai ! Tu ne m'écoutes même pas Sparrow ! Je vais te…
-Attends l'ami, tout doux. Comment sont-ils morts, leur chaloupe a été prise par le Kraken ? Réponds, après tu feras ce que tu voudras de moi, de toute façon ça ne peut pas être pire que ce que je vis en ce moment ! Mais dis-moi comment !
- Mais de quoi tu me parles Sparrow ? Ils ont été engloutis par le Kraken avec le Pearl et toi, il n'y avait pas de chaloupe, » déclara Bill qui leva le bras pour frapper son ancien capitaine.
Mais il suspendit son geste en voyant passer sur le visage de Jack une expression qui ne pouvait être que sincère tant son soulagement paraissait immense.
« Alors ils sont vivants, s'écria Jack. Vois-tu Bill, il n'y avait que moi sur le Pearl quand le Kraken l'a coulé. Les autres étaient sur une chaloupe en direction de l'ile des Quatre Vents.
- Pourquoi tu ne t'es pas enfui avec eux ?
- Euh… c'est à dire que j'ai voulu leur laisser le maximum de chances.
- Ce n'est pas dans tes habitudes, observa Bill d’un ton dubitatif
- Bon disons que j'étais retenu ailleurs … » trancha ironiquement Jack.
Devant l'expression à la fois rêveuse et amère qui passait sur son visage, Bill renonça à en savoir plus même s'il était plutôt intrigué par l'importance que Sparrow accordait apparemment au fait que Will soit en vie.
« Je ne pensais pas que le sort de Will t'importait à ce point Jack, je reconnais mon erreur.
- Will ? Oh c'est comme un fils pour moi tu sais, j'aurais été désolé qu'il lui soit arrivé quelque chose, mentit Jack. Bien maintenant que les choses sont éclaircies entre nous, ce dont je me réjouis. Ne pourrais-tu pas m'aider à quitter cet endroit ? finauda t’il.
- Non seul Davy Jones peut te libérer, moi je n'en ai pas le pouvoir
- Un peu de feu alors ou mieux, beaucoup plus mieux, aurais tu du rhum mon ami ? »
Bill secoua la tête et sourit, ce bon vieux Jack ne changeait pas même dans une telle situation. Il lui tendit sa torche et la bouteille de rhum qu'il avait toujours sur lui.
« Merci Bottier, t'es un bon gars, lui dit Jack avant de se ruer sur le rhum comme un homme qui n'avait pas bu depuis trois jours, ce qui à peu de choses près était le cas.
- Bon Jack je dois y aller avant qu'on s'aperçoive de mon absence, je n'ai déjà que trop tardé. »
Mais Jack, tout à la joie de boire du rhum, ne l'écoutait déjà plus et Bill s'en alla sans même qu'il n'y fasse attention.
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