Au moment où Will, consterné, découvrait la disparition d’Elizabeth celle-ci, entourée par deux gardes, était emmenée sans ménagement dans le bureau de Lord Beckett. Ils la poussèrent dans la pièce, la faisant trébucher. Voyant cela Beckett ne put retenir un sourire cruel. Il fit signe aux gardes de sortir et ne garda auprès de lui que Mercer.
Il demanda à ce dernier de leur servir un verre et s'approcha d'Elizabeth qui était à terre. Il lui tendit la main avec un sourire.
« Puis je vous aider ?
- Je préfère me débrouiller seule plutôt que d'accepter quelque chose de vous ! Répondit Elizabeth avec morgue avant de se relever avec peine.
- Quel caractère ! Sourit Beckett. Je vois que vous n'avez rien perdu de votre arrogance. Asseyez-vous donc.
- Je resterais debout Lord Beckett. Déclara la jeune femme qui insista ironiquement sur le titre de Beckett.
- Ce n’était pas une suggestion, c'était un ordre. Répondit ce dernier en faisant un signe en direction de Mercer qui s'empressa de la forcer à s'asseoir.
- Pour qui vous prenez vous donc ? Oubliez-vous quelle est ma position ici ?
- Et bien, en vérité ma chère quelle est-elle ?
- Mon père… Commença Elizabeth avant de s'arrêter les yeux pleins de larmes.
- Ah oui ! Le défunt Gouverneur, c'est vrai c'était votre père. S'amusa Beckett tandis que Mercer savourait son verre en souriant.
- Je… Continua Elizabeth, d'une voix étranglée par l'émotion.
- Oui, Melle Swann, votre père donc comme vous le savez à présent nous a tragiquement quitté il y a peu le pauvre. Ajouta Beckett en secouant la tête. J'étais présent le jour où le Commodore Norrington lui a annoncé votre mort.
-Vous êtes ignoble. Lâcha Elizabeth qui refusait de se laisser aller à son chagrin devant ces hommes.
- Oh venant de vous je prends cela comme un compliment. Après tout n'est-ce pas vous la responsable de la mort de ce bon gouverneur ? Déclara Beckett en souriant.
- Non c'est faux ! Dit Elizabeth qui secoua la tête, incrédule.
- Bien sûr que si. Comme je vous le disais, j'ai vu le visage de votre père lorsque j'ai obligé le Commodore Norrington à lui révéler votre sort. Le pauvre homme, je ne sais pas s'il a été plus affecté par votre mort ou par le fait que vous ayez sciemment préféré la compagnie d'un pirate notoire à celle de votre père.
- Vous mentez. Déclara Elizabeth dont la voix tremblait un peu.
- Car enfin, c'est cela le fond du problème n'est-ce pas ? reprit Beckett qui se délectait de l'instant. Ça l'a toujours été du reste.
- Mais de quoi parlez-vous donc ! » S'exclama-t-elle.
Elle essayait de toutes ses forces de dévier la conversation sans se douter qu'en agissant ainsi elle jouait parfaitement le jeu de son interlocuteur.
« Elle me demande de quoi je parle Mercer ! Sourit Beckett. Voyons Mlle Swann, je parle de la raison pour laquelle vous n'êtes pas mariée avec Turner, la raison qui vous a poussée a quitté Port Royal comme une fugitive….
- Mais enfin vous le savez très bien c'est vous le responsable ! Vous qui avez interrompu notre mariage ! La raison c'est vous et votre cruauté ! S'exclama Elizabeth.
- Tssss vous mentez et vous le savez fort bien. Vous rappelez vous de notre dernière entrevue ? Celle à l'occasion de laquelle nous avions passé notre marché.
- Je ne vois pas le rapport. Déclara Elizabeth.
-Non ? Vous souvenez vous des lettres de marque que vous m'avez volées. A qui les avez-vous remises finalement ? Lui demanda-t-il avec un sourire. Vous deviez les remettre à votre fiancé je crois…L'avez-vous fait ?
- Euh …je ne vois pas en quoi cela vous concerne, répondit Elizabeth embarrassée.
- Oh, laissez-moi deviner. Vous les avez données à Sparrow n'est-ce pas ?
- Comment le savez-vous ? Ne put s'empêcher de demander Elizabeth.
- C'est bien ce que je pensais… Ria Beckett. J'étais sûr qu'en fait vous entreteniez une relation avec ce pirate. C'est d'ailleurs ce que j'ai dit à votre père.
- Comment osez-vous ! Ce que vous dites est écœurant ! Il n'y a rien entre Jack et moi. Répliqua vivement Elizabeth. Je suis sure que mon père n'a pas pu croire une chose pareille !
- Ecœurant vraiment ? demanda Beckett en haussant le sourcil. Vous êtes bien pressée de l'affirmer… »
Malgré elle, Elizabeth ne put empêcher l'apparition d’une vive rougeur sur son visage. Elle venait de repenser à l'unique baiser qu'elle avait donné à Jack et elle était forcée d'admettre pour elle-même que ce n'était pas si rebutant que cela. Mercer et Beckett la contemplèrent d'un air ironique.
« Je vois que nous nous comprenons, finalement, lui dit Beckett. Votre père aussi l'avait compris, vous ne pouvez imaginer le calvaire que furent ses derniers instants, sans cesse à vous imaginer en train de vous déshonorer avec un misérable comme Sparrow. Le pauvre homme a accueilli la mort avec reconnaissance.
- Vous êtes un monstre ! s'écria Elizabeth. Vous n'avez pas la moindre idée de ce que le mot honneur signifie !
- Oh parce que vos amis le savaient sans doute ?
- Jack est plus un homme d'honneur que vous ne le serez jamais ! » S’écria-t-elle avec fougue.
Beckett, la gifla sèchement.
« Ne me comparez plus jamais à cet homme! Et d'ailleurs pourquoi en parlez-vous toujours au présent, il est mort tout comme votre père ! »
Elizabeth, à demi-assommée par le choc, ne détrompa pas Beckett. Elle leva insolemment son visage vers son bourreau.
« Et vous, ne levez plus jamais la main sur moi.
- Sinon quoi ? Lui demanda moqueusement Beckett. Que me ferez-vous Mlle Swann ? Vous appellerez votre père? Votre fiancé ? Votre précieux Jack ? Ils sont tous morts ou le seront bientôt dans le cas de Turner. Vous êtes seule ! Mais rassurez-vous vous les rejoindrez vite…
- Que voulez-vous dire ? Qu'est-il arrivé à Will ?s'inquiéta Elizabeth, lisant la folie dans les yeux de son vis-à-vis.
- Vous commencez à avoir peur, vous avez raison. Vous serez pendue demain matin comme pirate.
- Vous êtes fou vous ne pouvez pas faire ça ! S’affola Elizabeth.
- Mercer, venez maintenir Mlle je vous prie, j'ai peur qu'elle ne trouve pas la suite des événements très plaisante. »
Mercer se leva avec un sourire pervers et vint ceinturer Elisabeth qui commençait à être tout bonnement terrifiée, tandis que Beckett se penchait sur la cheminée.
« Lâchez-moi ! Que voulez-vous faire ? »
Le cœur d’Elizabeth manqua un battement lorsque Beckett se retourna et qu'elle vit ce qu'il tenait. Il lui fit un grand sourire.
« Voyons Mademoiselle, je vais vous appliquer le châtiment réservé à ces pirates que vous aimez tant. Je vais vous apposer leur marque avant de vous pendre. Mercer, débarrassez le bras de Mademoiselle de ce morceau de tissu je vous prie. »
Mercer saisit la manche de la jeune femme et la déchira. Elizabeth se débattit comme un beau diable mais en pure perte. Un sourire grimaçant aux lèvres, Beckett approcha le morceau de fer chauffé et en forme de P de son bras et l'appliqua violemment. Elizabeth hurla lorsqu'elle sentit la brûlure sur sa peau puis elle s'évanouit sous l'intensité de la douleur.
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Beckett se tourna en souriant vers Mercer.
« Je l'aurais crue plus résistante, plaisanta t'il.
- Oh, son hurlement était tout de même plaisant.
- Oui, certes. Concéda Beckett. Gardes venez nous débarrassez de cela. » Cria-t-il.
Les gardes firent leur entrée dans le bureau de Beckett et ouvrirent des yeux effarés en voyant la jeune femme tombée à même le sol.
« Et bien qu'attendez-vous ? Ramenez la dans sa cellule, s'impatienta Beckett. Et enfermez la bien, même si je doute qu'elle soit en état de se rendre où que ce soit. »
Une fois que les gardes eurent emmené Elizabeth, Beckett et Mercer s'accordèrent un nouveau verre avant d'aller prendre un repos bien mérité sans savoir que ce dernier serait de courte durée.
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