POV Elizabeth Swann Turner
Will m'a quittée.
Will, mon amour d'enfance, celui qui a vu toutes mes joies et peines de jeune fille puis de femme est parti.
Celui que j'avais choisi comme mari, comme père pour mes enfants m'a laissée.
L'anneau qui enserre mon doigt s'est vidé de tout son sens tout comme la vie que je menais à Port Royal. Will est parti et j'ai du mal à vivre son absence. J'ai le sentiment qu'une page de ma vie s'est tournée, que mon enfance insouciante s'est envolée avec lui, ne laissant que la femme que je suis devenue.
Une femme que je méprise parfois. Une femme capable de blesser le plus fidèle des amis pour se vautrer dans les bras du plus ardent des amants. La jeune fille romantique que j'étais encore un peu il y a quelques semaines et qu'on appelait Elizabeth Turner est partie avec Will. Lizzie est restée. La Lizzie de Jack…
La Lizzie de Jack.
Celle qui soupire de plaisir dans ses bras et qui se donne sans penser au lendemain. La femme qui a sacrifié la sécurité future de son enfant sur l'autel de son désir.
Je n'ai parlé de mon bébé à personne. Pas plus à Will pour ne pas le forcer à rester qu'à Jack pour ne pas le voir s'en aller. Je ne sais pas comment je ferais une fois ma grossesse visible. J'ignore la réaction de Jack. Non, c'est différent, j'ai peur de la connaître, peur de lire dans son regard que notre histoire est finie. Je ne veux pas devenir l'une de ces femmes qu'il laisse derrière lui. J'en viens parfois à détester cet enfant que je porte et qui me privera peut être un jour des bras de Jack. Quel genre de mère suis-je donc pour haïr mon enfant avant même qu'il soit né ? Quelle sorte de femme préfère la luxure à sa propre chair ? Pourtant, même la honte ne parvient pas à m'empêcher de le détester…
Mes nausées ont encore augmenté, comme si l'enfant sentait ma haine et s'en vengeait de cette façon. Est-ce qu'il me déteste autant que je le hais ? Ma poitrine me fait mal, mon ventre est dur. Parfois le désir qui me consume est si intense que je pourrais en mourir. Dans ces moments-là, j'ai l'impression que mon enfant est comme un ange pervers qui me pousserait dans les bras de celui dont je suis à présent sûre qu'il est son père. Un bébé même pas né peut-il être complice de la luxure de sa mère ? Ou alors est-ce mon imagination qui me joue des tours, m'apportant une excuse pour me vautrer dans les bras de Jack comme le ferait la dernière des catins ?
Malgré tout mon chagrin, ma peine réelle, mes remords et mes regrets… Je n'ai pas attendu pour rejoindre l'étreinte de Jack. Mes lèvres étaient encore chaudes de celles de Will que déjà je les offrais à Jack. Le soir qui a suivi le départ de Will et la blessure de Jack nous avons fait l'amour comme jamais. Non, ce n'est pas le mot qui convient, ce n'était pas de l'amour, c'était de la folie, une union aussi charnelle que bestiale, une explosion des sens dont le souvenir me fait rougir.
La blessure de Jack n'était pas mortelle, même pas aussi grave que je l'avais cru lorsque je n'ai pu me retenir de courir vers lui. Je sais à présent que c'est juste le choc de la blessure qui lui a fait perdre conscience et non l'approche de la mort. Cette balle n’a pas tué Jack. En revanche elle a tué les apparences que Will et moi maintenions ainsi que les mensonges dont je me persuadais. J'aimerai toujours Will. Mais je sais à présent que je ne l'aime pas comme une femme doit aimer son mari. J'ai mal de l'avoir blessé mais je ne regrette pas mon choix. Ou plutôt le choix qu'il a fait pour nous.
Depuis qu'il est parti je me sens à la fois libre et abandonnée. Triste et heureuse. J'espère qu'il a retrouvé son père, Jack m'a assuré que le Hollandais Volant l'avait repêché et je le crois. Je suis certaine que si Will était mort je le sentirais. Will ne peut pas être mort. J'ignore où il se trouve mais il n'est pas mort. Je le sens.
J'ai commencé à écrire. Une lettre pour mon père. Une pour Will. Les deux iront à Port Royal. J'ai pris ma décision. Je ne retournerais pas là-bas. Le Black Pearl est une promesse trop grande de liberté pour que j'y renonce et je me sens enfin à ma place ici. Plus que nulle part ailleurs. Tout pourrait être parfait si seulement je connaissais les sentiments de Jack. Si j'étais certaine que ce maudit bébé que je porte ne détruira pas ce qu'il y a entre nous. Je ne le dirais pas à Jack. Pas avant d'être sûre que ... Qu'il est amoureux de moi. Si il l'est.
Non, je préfère ne pas penser à ça… Je préfère ne plus penser à ce que je ferais demain. Dans quelques heures les bras de Jack se refermeront sur moi et c'est tout ce dont j'ai besoin pour être heureuse. Pas besoin de bijoux, de robes, de serments ou de bébés. Juste Jack. Je ne désire que lui. Et je ferais tout pour rester à ses côtés. Ainsi le dernier gage d'amour de Will n'aura pas été vain. Je serais heureuse avec Jack. Je ne changerais plus mon choix. Je l'aime trop pour supporter un jour de le perdre.
Des pas derrière moi, une odeur de rhum, des lèvres caressant ma peau, et contre mon corps, le sien.
« A quoi penses-tu trésor ? »
Mes doigts se posent instinctivement sur mon ventre qui me lance brusquement et je me retourne pour le voir. Je crois que je ne me lasserais jamais de son visage. Mon pirate.
« A toi… »
Jack sourit et ses doigts remontent jusqu'à mes cheveux pour jouer avec une mèche éclaircie par le soleil.
« Et qu'est-ce que je te fais ? » Murmure-t-il d'une voix rauque.
La chaleur familière monte dans mon bas ventre et je me cale un peu plus contre lui sans me soucier des coups d'œil choqués que me lance Mr Gibbs.
« Je ne pensais pas à toi comme ça... enfin… »
Je tente de m'expliquer mais la main de Jack a déserté mes cheveux pour ma poitrine qu'il effleure légèrement.
« Dommage… » Déclare-t-il en me relâchant.
Quoi ??? Non !! Je proteste.
« Jack… »
Ses lèvres effleurent les miennes.
« J'ai très envie de toi Lizzie …. »
Seigneur moi aussi !
« Mais pas maintenant… » Poursuit-il, un sourire moqueur aux lèvres.
Ce que je le déteste !!
Sa main reprend la mèche de cheveux délaissée et il me lance un regard… Un regard qui ferait frissonner mon père s'il le voyait me dévisager ainsi.
« Il y a une petite surprise pour toi dans ma cabine. Met la ce soir et rejoint moi sur le pont… »
Ce soir ? Mais c'est loin ce soir !!
Ma mine doit être éloquente car Jack se penche sur moi, l'air ironique.
« Je te promets que l'attente en vaut le coup. »
Contre mon bas ventre, je sens sa vigueur démentir ses paroles et je me presse contre lui.
« Pourquoi attendre ? »
Les yeux de Jack s'agrandissent brusquement tandis que je glisse ma main dans son fut pour le caresser.
« Tu n'as ... Aucune .. Décence… » Souffle Jack en réprimant un gémissement.
Je me contente d'en rire. Je sais très bien que personne ne peut voir ce que je fais, Jack tourne le dos au pont et ses hommes sont loin. Suffisamment loin.
« N'est-ce pas toi qui dit que la décence est inutile ? »
Tout en parlant, je continue à le caresser, j'observe son visage, son regard qui se voile, qui se remplit de désir et du plaisir que je lui donne. J'aime le voir ainsi. Je crois que je ne pourrais jamais m'en lasser. Je me sens femme. Je me sens vivante.
« Lizzie … Je crois que tu devrais… » Souffle Jack avant de s'interrompre brutalement.
Dans ma main je sens son sexe se tendre, plus dur que jamais. J'arrête mes mouvements, je savoure les palpitations de sa verge sous mes doigts, la chaleur de sa peau. Il est prêt à exploser. Je le sens.
« Tu as dit ce soir c'est ça ? » Ne puis je m'empêcher de le railler.
Un sifflement me répond. Je savoure l'effet que je lui fais.
« A ce soir Jack. Ne puis je m'empêcher de lui dire en relâchant son membre.
- Pirate… » Murmure t'il en glissant sa paume rêche sous ma chemise.
Je me dérobe pour ne pas qu'il sente les battements de mon cœur qui accélère sous la main qui empoigne mon sein.
« Il me semble que vous avez dit ce soir Capitaine Sparrow.
- Je pourrais te prendre ici … maintenant… contre le bastingage. » Souffle Jack en me repoussant contre ce dernier.
Un long frisson me remonte l'échine. Il en serait bien capable. Et je serais tout aussi capable de dire oui malgré …
« Capitaine ? »
Gibbs…
Si je n'étais pas moi aussi frustrée par l'interruption je rirais de la mine de Jack alors qu'il se retourne pour répondre à son second, sa main désertant le sein qu'il tenait.
« Quoi ! » Demande Jack d'un ton revêche.
Gibbs me lance un regard … un regard dont j'ai du mal à comprendre la signification, comme s'il était désolé pour moi.
« Pintel vous demande à la proue. Je crois qu'il y a un problème. Déclare Gibbs.
- Bugger… Maudits incapables. » Marmonne Jack en s'empressant vers l'avant du navire.
Je ne peux m'empêcher de le suivre des yeux. J'aime la manière dont il marche, j'aime la façon dont il commande son navire, j'aime…
« Dites Miss Elizabeth… » Commence Gibbs d'un ton embarrassé.
Pourquoi me dérange-t-il en pleine contemplation ??? Agacée je me retourne vers lui.
« Oui ? »
Nouveau regard indéfinissable de Gibbs.
« Dites Miss… Enfin Madame… Les hommes commencent à se poser des questions. Et moi aussi. Faudrait pas, faudrait pas que vous oubliez le jeune William. »
J'ai l'impression qu'il vient de me poignarder dans le dos.
« Will est parti Monsieur Gibbs. »
J'ai une boule dans la gorge comme à chaque fois que je parle de celui que j'ai si mal su aimer.
« Mais il va revenir Miss… Enfin vous savez, il serait pas content si il savait tout le temps que vous passez dans la cabine de Jack… »
Je me sens rougir. J'ai l'impression d'être comme une enfant prise en faute. Il me suffirait de quelques mots pour expliquer à Gibbs que Jack et moi … Mais je n'y arrive pas. Je n'ai pas envie de lire dans son regard ce que je pense déjà à mon sujet : que je suis une femme de peu de vertu.
« Jack c'est pas celui qu'il vous faut Miss … » Continue Gibbs en jetant de fréquents regards derrière lui.
Pas celui qu'il me faut ! De quel droit ose-t-il me dire ce qui est bon pour moi ??? Mais bien sûr Gibbs est comme tous les autres… Il pense que la place d'une femme est à terre à élever une armée de bambins en attendant son époux entre deux thés et deux ouvrages de broderie. Surtout si comme moi la femme est la fille du Gouverneur de Port Royal ! Comme si la naissance devait prédire la vie entière !
« Je crois que je suis assez grande pour décider de ce qui est bon pour moi Monsieur Gibbs. »
Ma réponse est aussi sèche que je l'avais escompté. J'en ai assez que l'on décide pour moi de ce que je dois faire.
« Miss… Jack c'est pas… Commence Gibbs.
- C'est le capitaine du Black Pearl. Le coupe Jack en lui lançant un regard noir. Et il aimerait que son second se rende utile au lieu d'ennuyer sa donzelle avec ses histoires. Pigé ? »
J'ai à peine conscience de la réponse de Gibbs. Les mots employés par Jack me font frissonner. « Sa donzelle ». Je devrais me rebiffer en entendant ça, après tout je ne suis pas une chose pour appartenir à quelqu'un. Mais en vérité j'aime que Jack m'appelle ainsi… C'est un peu comme si pour lui j'étais sa, sa femme. Rien que cette idée me fait monter le rouge aux joues. Comme si je n'en avais pas encore assez du mariage ! Comme si j'étais encore libre d'épouser Jack, comme si je n'avais pas déjà un mari ou comme si Jack avait envie de m'épouser…
Mon cœur rate un battement à cette idée. Je n'ai jamais autant regretté d'avoir dit oui à Will qu'à cet instant. Mes yeux glissent jusqu'à mon annulaire où brille encore l'anneau que Will a passé à mon doigt et le remord remplace l'envie. Je suis méprisable. Comme si je ne l'avais pas assez trahi…
Loin de s'imaginer le tumulte qui gronde en moi Jack poursuit à l'intention de Gibbs.
« Ce soir nous jetterons l'ancre au large de l'île des quatre vents. Je ne veux personne sur le pont, vous êtes tous consignés à l'entrepont. Me suis-je bien fait comprendre ?
- Oui Jack … Soupire Gibbs en me jetant un regard désolé.
- Maintenant mets-toi au travail. Le Pearl n'avancera pas tout seul. » Ordonne Jack.
Tandis que Gibbs s'éloigne, il se retourne vers moi.
« Ne t'occupe pas de lui mon ange… »
En vérité j'ai déjà oublié Gibbs, mon corps appelle d'autres pensées.
« Pourquoi sommes-nous tous consignés ?
- Non trésor. Ils sont consignés. Pas toi. J'ai envie de te montrer quelque chose. J'ai même plusieurs choses à te montrer… » Renchérit Jack en me regardant d'une manière … mon père dirait lubrique, moi je dis excitante.
Cette fois c'est au tour de Jack de paraître content de mener la petite guerre des nerfs que nous nous livrons quotidiennement.
« Va chercher ta surprise trésor… J'ai hâte de te voir dedans. Cette nuit. » Susurre Jack.
Les battements de mon cœur accélèrent encore. C'est bon. J'aime me sentir ainsi… Remplie d'impatience, de désir.
Jack me tourne cruellement le dos et je cède… Puisqu'il tient apparemment à ce que j'aille voir sa « surprise » je m'empresse vers sa cabine dans laquelle je passe désormais toutes mes nuits.
()()
La pièce est mal éclairée mais je me dirige instinctivement vers le lit. Si Jack a laissé quelque chose pour moi ça ne peut être que là.
Il y a bien quelque chose.
Une robe.
Une simple robe d'une blancheur immaculée qui jure étrangement avec les draps salis de notre sueur. La robe est plus blanche que celle que je portais le jour de mon mariage et je dois reconnaître que je suis déçue. Pourquoi Jack m'offre t'il une chose si sage ?
Je la soulève avec réticence. Le tissu est léger sous mes doigts… Comme de la soie. Un rai de soleil filtre dans la pièce et j'aperçois ma main en transparence à travers la robe. Seigneur, ce n'est pas une toilette sage de vieille matrone comme je l'avais cru au départ… C'est, c'est la chose la plus indécente que j'ai jamais vue de près. Je vois ma main à travers l'étoffe fine. Je ne pensais même pas qu'une telle chose était possible.
La coupe est ajustée. Très ajustée. Très éloignée des lourds arceaux de fer à la mode de Londres qui dissimulent les hanches et le galbe des jambes. Est-ce là le genre de robe que portent les putains de Tortuga ou d'ailleurs ? Est-ce que la mettre fera de moi l'une d'entre elles ?
La robe plaquée devant moi j'hésite. Ce n'est qu'une simple robe pourtant mais j'ai l'impression que le simple fait de la porter fera de moi la femme que j'ai peur d'être. Une putain. Est-ce que c'est ainsi que Jack me voit ?
Perdue dans mes pensées, je n'ai pas entendu la porte s'ouvrir derrière moi et je sursaute lorsque Jack m'entoure la taille.
« Qu'est-ce que tu attends pour la mettre trésor ? »
Dans le miroir, derrière moi, je vois son regard impatient mais aussi satisfait, comme s'il était en train de remporter une bataille dont le sens m'échappe.
« Elle est … Elle est audacieuse. »
Jack éclate de rire.
« Même plus que ça trésor. La soie vient de Singapour, les femmes de là bas savent vivre tu peux me croire. Et faire plein d'autres choses aussi… » Susurre-t-il.
Mes doigts se crispent dans la fragile étoffe.
« Est-ce que c'est une tenue que portent les putains de Singapour ?
- Je préfère parler de femmes qui aiment donner et prendre du plaisir. » Élude Jack en me relâchant.
J'ai l'impression que je vais vomir. Je ne sais pas si c'est le bébé, la robe ou les deux à la fois mais je vais vomir.
« Est-ce que c'est comme ça que tu me vois ? Comme une simple putain là pour te donner du plaisir !!!
- Et en prendre aussi trésor. » Plaisante Jack.
Mon souffle se bloque dans ma poitrine… Ainsi c'est bien ça… J'ai les larmes aux yeux, je …
La main de Jack effleure mes lèvres et il reprend.
« C'est dans ce genre de robe que je te rêve. Lizzie… »
Sa bouche rejoint la mienne et je me sens perdre pied. Ses lèvres sont si douces, sa langue caresse la mienne et je sens ma bouche s'enivrer sous ses effluves de rhum.
« Mets la. J'ai envie de te voir dans cette robe ma Lizzie… »
Je tente une fois encore de me dérober.
« Pour un homme qui n'a pas de robe dans sa cabine …
- Celle-ci est faite pour toi. Murmure-t-il en s'écartant légèrement. Si elle ne te plait pas mets en une autre trésor. Mais rejoins moi tout à l'heure… »
Je n'ai pas le temps de répondre que déjà je suis seule, la robe toujours plaquée contre moi.
()()
Je suis nue…
J'observe du coin de l'œil le léger renflement que forme à présent le bébé dans mon ventre. Ma poitrine aussi a grossi. Mes seins sont plus douloureux. Plus sensibles aussi aux caresses de Jack.
La robe blanche est sur le lit. J'hésite encore…
Ma main glisse sur le tissu, il est si doux, si léger… Indécent. Même pour des dessous il le serait. Mais Jack semble vouloir que je la porte. Comment pourrais-je lui résister ?
La robe glisse sur ma peau, elle épouse chacune de mes formes, enferme mes seins dans sa prison de soie. Mes cuisses se dévoilent à chacun de mes pas, la peau mise à nue par les fentes audacieuses de la robe. Dans le miroir je vois une femme qui n'a plus rien à voir avec Elizabeth Swann. Une femme aux lèvres entrouvertes, aux cheveux retombant sur ses épaules et qui porte une minuscule figure de proue autour du cou. Une femme que je n'aurais jamais imaginé pouvoir devenir mais qui contre toute attente me plait. Une femme qui ressemble à l'idée que je me faisais enfant des femmes pirates.
Je souris avec hésitation à mon reflet tandis qu'on frappe un coup léger à la porte.
« Miss Elizabeth, le capitaine vous attend sur le pont. » Me crie Gibbs à travers le bois.
Il est trop tard me changer. Trop tard pour reculer. Je ne peux plus renier celle que je suis devenue quand bien même j'ai des airs de catin à mes propres yeux. Quelle importance après tout si Jack m'aime ainsi ? Tant qu'il me désire autant que je le désire, tout est pour le mieux. Je ferme brièvement les yeux et je chasse des larmes inopportunes alors que j'ôte de mon doigt l'anneau que Will m'avait offert. Cette fois, je dis adieu pour de bon à mon passé.
()()
Le regard dont me gratifie Jack me fait oublier sur le champ toutes mes réserves. Je m'avance sur le pont et je m'aperçois qu'il y est seul.
« Où sont tous les autres ? »
Il ne me touche pas. Il se contente de me regarder. J'ai l'impression que ses yeux me font déjà l'amour.
« En bas. Tu ne croyais tout de même pas que j'allais les laisser regarder ma Lizzie. » Souffle t'il en s'approchant de moi.
Mon cœur fait une nouvelle embardée. Un frisson secoue mes épaules. Je ne regrette plus d'avoir mis la robe. Pas quand je vois la façon dont il me regarde. Comme si, comme si il m'aimait. Je veux dire vraiment… D'amour.
« Tourne-toi. » Souffle Jack d'une voix rauque.
Cette fois sa demande me fait rire et je tourne sur moi-même comme lorsque j'étais une gamine qui voulait s'étourdir. J'ai encore envie d'être étourdie. J'ai envie de m'enivrer, de me saouler de rhum et de sexe. J'ai envie d'être dans les bras de Jack. J'ai envie de lui.
Comme s'il avait deviné mes pensées, Jack me présente une bouteille de rhum.
« Cette nuit je te jure de ne pas m'endormir mon ange.
- Oh en serez-vous capable Capitaine Sparrow ? Ne puis je m'empêcher de le taquiner.
- Je ne fais jamais deux fois la même erreur… » Murmure t'il.
Je bois une longue gorgée et Jack me fixe sans bouger. J'ai envie qu'il me touche pourtant son regard est plus brûlant que la plupart des caresses.
« Chante encore la chanson Lizzie… Tu sais ... Souffle t'il. J'ai envie de t'entendre la chanter… Avant de te faire l'amour sur le pont de mon navire. »
Mon cœur loupe un nouveau battement…. Je ne sais pas si c'est à cause du désir ou parce qu'il se souvient de ce qui aurait pu, aurait du être notre première nuit ensemble si j'avais été moins stupide. Ma voix s'étrangle dans ma gorge et il passe un bras autour de ma taille pour nous faire tourner. Nous dansons…
Les pas ne sont pas ceux d'une valse ou d'un menuet, la danse de nos corps ne ressemble à rien de « convenable » mais jamais une danse ne m'a autant enivrée. Je sens son sexe durcir contre mon corps, sa main pétrir mes fesses à travers l'étoffe.
« Nous sommes des pirates des forbans… »
Je chante sans y penser. Jack me fait tourner la tête, le rhume finit de m'enivrer.
Nous sommes sur le pont et dans le ciel je vois briller des étoiles. Les mains de Jack m'enserrent, son corps se presse contre le mien et il me fait tourner. Je me sens légère, libre, heureuse. Plus rien ne compte…
« Ma Lizzie… Ma maudite pirate… » Souffle Jack avant de reprendre du rhum.
Ma main cherche la bouteille et il me la tend avec un sourire. J'aime le rhum. J'aime Jack et le rhum… Et je ... J'aime le rhum.
Ma tête me tourne, j'ai envie de rire, j'ai envie de pleurer… J'ai envie qu'il me fasse l'amour. La main de Jack se referme sur la mienne et il m'entraîne à l'avant du navire, jusqu'à la proue.
« Tu vois Lizzie… La figure du Pearl. Elle porte la même robe que toi. » Déclare t'il d'un ton aviné.
Je ne comprends rien. J'ai juste envie d'être dans ses bras.
« Regarde … Souffle t'il en me tournant vers la proue. Ma perle c'est toi… »
J'ai l'impression que le monde vient de s'arrêter. La manière dont il m'a dit ça, comme si… comme … une déclaration.
« Jack … Est-ce que... Tu le penses vraiment ?
- Évidemment trésor. C'est pour ça que je voulais que tu mettes cette robe. Comme elle… Comme ma figure de proue. » Souffle-t-il.
Si on peut mourir de bonheur je crois que je suis morte… Ma voix s'étrangle. J'ai envie de lui, là maintenant tout de suite. Je veux être à lui, je veux être sa femme, ne plus jamais le quitter, ne …
« Je t'aime Jack. »
Au moment où je prononce ces paroles je me rends compte que c'est la première fois que je les pense vraiment.
Contre moi je sens Jack se raidir, ses yeux fouillent les miens.
« Que... Qu'est-ce que tu as dit … Souffle t'il.
- Que je ... Je suis amoureuse de toi Jack. »
Un instant je crois lire quelque chose comme de la tristesse dans ses yeux mais il m'embrasse brutalement. J'ai du me tromper.
« C'est vraiment ce que tu ressens ? » Me demande-t-il.
Si sa voix n'était pas aussi inquiète je rirais de son angoisse mais je n'ai pas envie de rire. Je n'ai plus envie de m'amuser.
« Oui. Je t'aime Jack. »
Sa main se referme sur la mienne, ses doigts serrent les miens à les briser mais je m'en moque. Seul compte cet instant.
« Oh Lizzie. Si tu savais… Murmure-t-il. Je ne suis qu'un maudit pirate… »
Quelle importance ? Il peut bien être qui il veut tant qu'il est Jack. Je me serre contre lui.
« Fais-moi l'amour Jack. Maintenant. Sur le pont de ce navire…
- Sur le champ. » Répond-il d'une voix légèrement étranglée tandis que sa tête glisse jusqu'à ma poitrine.
A travers l'étoffe je sens sa bouche aspirer mon téton, le sucer, le lécher. C'est bon… Tellement bon… Entre mes cuisses je sens mon plaisir s'écouler tandis que ses doigts s'enfoncent en moi, protégés par l'étoffe douce.
« Lizzie… » Râle-t-il en me poussant sur le pont.
Sa bouche est entre mes cuisses à présent, sa langue explore mon intimité. C'est tellement bon… tellement bon… J'ai envie qu'il me prenne. Maintenant. Qu'il me prenne comme l'une de ces femmes de Singapour dont il dit qu'elles savent tout faire. J'ai envie de lui.
« Mon dieu Jack…
- Dis le... Dis mon nom… Dis-moi… Ce que tu veux de moi… »
Sa bouche suce à nouveau mon sexe. Je vois les étoiles dans le ciel et Jack entre mes cuisses. Je l'aime.
« Fais moi jouir Jack… Je t'en prie… »
Je n'en peux plus… je suis tellement excitée que j'en ai mal …
« Viens… » Murmure Jack avant d'enfoncer sa langue en moi.
C'est trop je …
……………………………………
J'ai l'impression que tous les navires alentour ont pu entendre mon cri. Je n'ai pas honte. Je n'ai plus honte d'être celle que je suis. Mes mains forcent Jack à remonter son visage contre le mien et j'embrasse ses lèvres humides de mon plaisir. Sa langue chargée de mon orgasme danse avec la mienne et je défais son fut, exhibant enfin son sexe.
J'ai perdu la notion de tout ce qui n'est pas Jack. Ma langue explore tous les recoins de sa verge tandis que mon corps me crie qu'il n'est pas encore rassasié de lui.
« Fais-moi l'amour. Maintenant… Jack…
- Bugger. » Souffle-t-il avant de me repousser sur le sol pour me prendre d'une brusque poussée.
Je crie à nouveau. Ou peut-être que c'est lui. Je ne sais plus. Je n'ai pas envie de savoir. Je jouis à nouveau alors qu'il me retourne pour me prendre comme on prend les marins. C'est bon… tellement interdit mais bon… je …
« Lizzie… » Gémit-il avant de se lâcher au plus profond de moi.
Nous retombons sur le pont, complètement nus, et Jack se tourne vers moi, un sourire aux lèvres.
« Nous sommes des pirates des forbans… Souffle-t-il.
- Des maudits pirates… » J'ajoute en l'embrassant.
J'ai l'impression qu'une ombre passe sur son visage puis il se lève pour me soulever dans ses bras.
« Je le suis vraiment Lizzie… » Murmure t'il.
Je niche ma tête dans son cou, je n'ai jamais été aussi heureuse. Je m'enivre de cette odeur de sel et de rhum qui n'appartient qu'à lui tandis qu'il me dépose sur son lit.
« Quoi donc ? Je finis par lui demander.
- Un maudit pirate… » Me répond-il avant de m'embrasser.
La nuit n'est pas finie. Je suis à lui et j'aime ça.
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