Encore étourdie par les événements et les émotions qui avaient jalonnés sa journée, Elizabeth observa avec étonnement le décor qui l’entourait, un léger pincement au cœur alors qu’elle ne reconnaissait pas tout à fait Will dans la pièce qu’il occupait à présent. Du moins, pas le Will qu’elle avait connu. La jeune femme laissa son regard errer sur les armes qui reposaient sur le sol, et sourit toutefois en apercevant une épée dont la lame attendait visiblement des finitions. Son cœur se raffermit à cette vue. Peut-être que Will n’avait pas changé tant que ça finalement. Un peu gênée, Elizabeth resta debout, évitant de regarder en direction du lit de Will qui occupait à lui seul une bonne partie de l’espace de la pièce.
De son côté, Will ne voyait qu’elle. Le cœur battant, il suivait du regard chacun des mouvements d’Elizabeth, n’osant tout à fait croire que c’était bien elle qui se tenait au milieu de la cabine qu’il occupait depuis qu’il avait rejoint Jack. Il tendait la main dans sa direction, dévoré par le besoin de la toucher lorsqu’elle se tourna vers lui, son étonnement perceptible sur son visage.
« Tu es devenu pirate. Jamais je n’aurais pu le croire. » Murmura-t-elle.
Le visage de Will s’assombrit légèrement alors qu’il ne réussissait pas à trancher pour savoir s’il l’avait déçue ou au contraire juste surprise. Cependant, des explications étaient nécessaires.
« Je ne voulais pas être un pion. Ou du moins je ne voulais plus l’être.
- Je ne comprends pas … »
Will sourit légèrement et lui indiqua le lit, déglutissant légèrement
« Je n’ai que ce siège à te proposer et mon histoire risque d’être longue alors, peut être que tu as envie de dormir un peu avant ; que je t’explique. »
Rougissant légèrement, Elizabeth s’assit sur le lit et arrangea machinalement les plis de sa robe autour d’elle sous le regard attendri de Will. La jeune femme se rendit brusquement compte de ce qu’elle faisait et elle releva la tête.
« Excuse-moi, je, c’est stupide tout ça. Et, j’aimerais beaucoup que tu me racontes. » Souffla-t-elle.
Will secoua la tête devant ses excuses et prit doucement sa main dans la sienne.
« Non ce n’est pas stupide. C’est toi. Toi, telle que je t’ai quittée… Tu n’as pas changé, contrairement à moi. » Soupira-t-il, brusquement honteux de ce qu’il était devenu.
Le regard d’Elizabeth s’assombrit brutalement et se chargea de tristesse alors qu’elle le corrigeait.
« Tu te trompes Will. J’ai changé. Seulement au lieu de me libérer comme toi, ça m’a emprisonnée. Mais, toi, raconte. »
Will soupira légèrement en voyant les joues creusées d’Elizabeth et les cernes violacées qui bordaient ses yeux. Lentement il posa la main sur son visage et Elizabeth glissa sa main contre la sienne, l’appuyant sur elle tandis qu’elle penchait la tête. Ses lèvres effleuraient la peau de Will lorsqu’elle recommença à parler.
« Je pensais que je ne te reverrais jamais…
- Moi aussi. Répondit Will. Oh Elizabeth si tu savais… Quand ton père m’a aidé à m’échapper et lorsqu’il m’a dit ce que Beckett t’avait fait… J’ai cru, j’ai cru devenir fou. Alors je suis allé le voir, Beckett, c’est là qu’il m’a dit… Murmura Will d’un ton funèbre qui alerta Elizabeth
- Quoi ? Will, que t’a-t-il dit ? Jamais je ne t’aurais laissé ! Je, je l’ai fait pour mon père. Je, Will, crois-moi ! » S’affola Elizabeth, persuadée que Will croyait qu’elle l’avait laissé derrière elle sans le moindre remords.
Will la regarda avec tendresse et lui imposa le silence en posant doucement la main sur ses lèvres.
« Je le sais Elizabeth. Beckett… Il m’a raconté comment il t’avait menacée, comment il menaçait ton père et te forçait à lui obéir en échange de sa vie. »
Elizabeth, honteuse, baissa la tête, les larmes aux yeux.
« Will, c’est mon père… Je, je ne pouvais pas le condamner, je ne pouvais pas… Murmura-t-elle.
- Je sais. Répondit Will avec douceur. Et c’est pour ça que je ne t’ai pas cherchée avant. Parce que je savais qu’en le faisant, je t’obligerais à choisir entre ton père et moi. Et que je ne voulais pas que tu en souffres… »
Elizabeth se troubla et se jeta brusquement dans ses bras pour laisser libre court à la peine qui lui avait écrasé le cœur des années durant.
« Mais j’en ai souffert ! Même si je n’ai pas fait ce choix, je l’ai porté… Je ne savais pas ce que c’était mais je l’ai porté toutes ces années où je t’ai cru mort à cause de moi, où je savais mon père prisonnier de Beckett à cause de moi. A cause de mon obsession pour les pirates. »
Will la serra à l’étouffer contre lui et la berça dans ses bras tandis qu’elle pleurait.
« Ne dis pas ça… Ce n’est pas ta faute mais celle de Beckett. Il t’a utilisée comme ton père, il nous a tous utilisés pour servir je ne sais laquelle de ses ambitions. »
Elizabeth prit une profonde respiration et leva les yeux vers lui.
« Pourtant, il t’a laissé fuir. A moins, qu’il n’ait exigé quelque chose de toi aussi ! » S’affola-t-elle brusquement.
Will la regarda avec un brin de cynisme qui surprit Elizabeth.
« Si Beckett m’a laissé fuir c’est parce que je n’étais rien pour lui, rien qu’un misérable pion inutile. C’est pour ça qu’une fois libre, j’ai rejoint Jack. Parce que puisque je ne pouvais pas te retrouver, devenir pirate était le seul espoir que j’avais de contrer les plans de Beckett. »
Elizabeth comprit instinctivement que Will cherchait sa compréhension mais aussi l’acceptation de ce qu’il était devenu dans son récit et elle lui serra farouchement la main puis le fixa intensément.
« Quoique tu aies fait c’est parce que tu pensais que c’était juste Will. Ce n’est pas toi qui a mal agi mais Beckett. » Cracha-t-elle avec horreur.
Will sourit légèrement, enfin il la retrouvait telle qu’elle était.
« Tout ça est fini maintenant. Nous avons le temps Elizabeth. Nous avons tout le temps du monde. Murmura-t-il en l’embrassant légèrement. Repose-toi. »
Elizabeth secoua la tête et s’accrocha à lui.
« Je ne veux pas dormir. J’ai trop peur que tu ne sois plus là lorsque j’ouvrirais les yeux.
- Je serais là. Murmura Will contre ses lèvres. Je ne te laisserais pas, je ne laisserais plus rien m’éloigner de toi. »
La main dans la sienne, Elizabeth sourit légèrement tandis que ses yeux se fermaient doucement, la jeune femme avait de plus en plus de mal à lutter contre le sommeil réparateur qui l’appelait irrésistiblement.
Le sentant, Will s’installa à ses côtés et garda sa main dans la sienne tandis qu’il reprenait d’une voix chargée par les souvenirs.
« Tu n’as jamais voulu dormir… Je me souviens lorsque nous nous sommes rencontrés, tu restais des heures à bavarder sur le bateau et à m’interroger sans relâche sur celui que j’étais.
- Je croyais que tu étais un pirate. Répondit Elizabeth avec un petit sourire
- Ça rendait fou ton père… Il ne cessait de te supplier de venir te mettre au lit
- Oui… » Sourit de nouveau Elizabeth, qui savourait la douceur de l’évocation des souvenirs heureux auxquels elle s’était obligée à ne plus penser pour se protéger des regrets.
Will continua à parler tout en caressant les boucles blondes d’Elizabeth, s’émerveillant de la sentir contre lui après tellement d’années de séparation. Finalement, ses efforts furent récompensés et la jeune femme finit par s’endormir, la main dans celle de Will.
Satisfait et attendri, le jeune homme se détacha avec précautions et la recouvrit d’une couverture fine, le cœur serré en lisant sur son visage les marques de la souffrance dont elle ne lui avait pas encore parlé mais qu’il devinait instinctivement.
« Dors mon Elizabeth. » Chuchota-t-il avant de l’embrasser sur le front.
Will l’observa encore quelques instants. Il suivit des yeux sa poitrine qui se soulevait régulièrement au rythme de sa respiration puis sortit sans faire de bruit, décidé à être fixé dès à présent sur ce que Jack attendait de lui.
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Le pirate leva un œil distrait lorsque Will se présenta à sa cabine et l’invita à entrer d’un mouvement de tête.
« Déjà ? Je ne me souvenais pas que tu étais si rapide ni si silencieux. Ironisa Jack qui semblait plongé dans l’étude d’un livre ancien
- Je ne pensais pas que tu aimais la lecture. » Rétorqua Will, désireux de changer de sujet
Sauf qu’à ce jeu-là, Jack était meilleur que lui. Le pirate referma d’un claquement sec l’ouvrage qu’il dissimula avant que Will ait eu le temps d’en lire le titre.
« Alors, dis-moi. La donzelle valait elle tous les risques que tu as pris pour elle ? »
Will rougit légèrement et secoua la tête.
« Je, nous n’avons pas fait ce à quoi tu penses. »
Cette fois Jack le regarda d’un air ahuri.
« Tu veux dire que tu es resté enfermé avec elle dans cette cabine à, à lui tenir la main ? Mais tu es encore plus stupide que je ne le pensais !
- Je ne veux pas la brusquer, ni qu’elle se sente obligée à quoi que ce soit. Je, elle est fragile.
- Fragile ? Aurais-tu oublié que la donzelle n’est pas exactement une perdrix de l’année petit ? Elle s’est mariée et je doute que son mari ait pris en compte sa prétendue fragilité… Ironisa Jack
- Justement, c’est bien pour ça que … S’interrompit Will. De toute manière ce n’est pas de ça que je suis venu te parler mais du service que tu attends de moi. »
Jack le regarda d’un air rusé, se demandant visiblement comment il pourrait l’utiliser au mieux.
« Je n’ai pas encore décidé. Que comptes-tu faire de la jolie Lizzie ? » Insista-t-il.
Leurs regards se croisèrent et Will rougit en comprenant où il voulait en venir
« Ça ne regarde qu’Elizabeth et moi. Vers quel cap faisons-nous voile ?
- Pas vers Tortuga si c’est-ce qui t’inquiète. » S’amusa Jack.
La rougeur du visage de Will s’accentua et il répondit d’un ton un peu tranchant.
« Quoiqu’il arrive, je, j’assumerai les conséquences de mes actes. »
Jack secoua la tête et le regarda d’un air désolé.
« T’apprends jamais de tes erreurs hein ?
- Je ne comprends pas. » Répondit Will.
Jack leva les yeux au ciel et répondit.
« Si tu veux mon avis, cette fille n’est pas pour toi. Alors assouvi une bonne fois pour toutes cette sorte de, d’obsession, que tu as pour elle puis oublie la. C’est le genre de femme qui n’apporte que des ennuis. La preuve elle a failli te faire pendre.
- Si on voulait me pendre c’est parce que je t’ai aidé ! S’insurgea Will
- Broutilles ! Le fond du problème c’est que Beckett la voulait. Je sais pas pourquoi mais il la voulait. Comme toi tu la veux alors prend tout ce que tu peux sans rien laisser puis laisse la se débrouiller avant qu’elle ne t’apporte à nouveau de gros ennuis.
- Je suis amoureux d’elle ! S’exclama Will
- Bah voyons, amoureux d’une fille que tu n’as pas vue depuis des années, que tu n’as même jamais touchée, et qui est plus à sa place avec les dindes qui peuplent les salons que sur un navire. Lui asséna durement Jack.
- Tu ne la connais pas !
- J’en ai vu assez lorsque j’ai été coincé sur cette île avec elle. Tu devrais suivre mon conseil et laisser Miss Swann retrouver les perruques et les dentelles auxquelles elle est habituée. Maintenant laisse moi j’ai du travail. »
Will se crispa et avança d’un pas en direction de Jack.
« Est-ce que je dois comprendre que tu reviens sur ta parole de la garder à bord en échange d’un service ?
- Notre accord ne stipulait pas qu’elle resterait. Lui rétorqua Jack. Mais comme je suis bon prince, je ne me mêlerais pas de la vie de ta précieuse demoiselle tant que tu t’assureras qu’elle ne vient pas fourrer son joli minois dans mes affaires. Tu en es responsable pas moi. Quant à la dette que tu as contractée envers moi le moment de la régler viendra bien assez tôt. Maintenant si tu veux bien…. » Conclut Jack en lui désignant la porte.
Cette fois Will s’inclina, satisfait d’avoir obtenu la demi-promesse qu’Elizabeth pourrait rester à bord et sortit rapidement, notant du coin de l’œil que Jack s’empressait de reprendre la lecture que son arrivée avait interrompue.
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Après le départ de Will, Jack grimaça de sa propre faiblesse et songea qu’il n’avait pas la moindre envie d’avoir l’insupportable Miss Swann à bord de son navire. Il soupira légèrement à cette idée et s’accorda une nouvelle gorgée de rhum bien méritée tandis qu’il survolait rapidement les lignes du livre poussiéreux qui traînait depuis des lustres dans sa cabine (en vérité, il n’était pas certain que ce dernier n’appartienne pas à Barbossa).
« Contes et légendes maritimes. Cracha-t-il avec dégoût en lisant un passage particulièrement peu flatteur sur lui-même. Non, il n’y a qu’un moyen de s’en assurer. » Soupira-t-il lourdement, conscient de ce qu’une telle décision lui coûtait.
Jack y réfléchit encore quelques instants avant de se décider, observant d’un air morne le compas dont l’aiguille reflétait son hésitation. Remettant son tricorne avec un soupir, Jack se décida à rejoindre Gibbs sur le pont.
« Va falloir changer de cap. Annonça-t-il d’un ton morne.
- Encore !
- Faut remonter le fleuve…
- Remonter le fleuve ? Vous, vous, êtes sur ? Lui demanda Gibbs qui avait blêmi.
- Absolument, définitivement et malheureusement certain. Lui affirma Jack avec une mine d’enterrement. J’ai besoin de m’assurer d’une chose et ELLE est la seule à pouvoir me la confirmer. »
Gibbs ouvrit la bouche pour parler mais changea d’avis en voyant Will se glisser discrètement dans sa cabine.
« J’aime pas trop ça Jack… Murmura-t-il. D’abord vous me dites qu’on doit remonter le fleuve et maintenant on a une femme à bord. Et elles portent malheur !!
- C’est bien pour ça qu’une fois que nous aurons remonté le fleuve. Nous nous arrangerons pour faire escale à Tortuga. Souffla Jack avec un sourire de conspirateur
- Tortuga mais pourq… Commença Gibbs avant de comprendre. Oui, Tortuga !
- Tortuga. » Confirma Jack avec un clin d’œil.
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Pendant que Jack mettait son plan au point, Will s’asseyait au chevet d’Elizabeth pour observer la jeune femme durant son sommeil. Sa conversation avec Jack avait mis en exergue des choses auxquelles il préférait ne pas penser, des choses auxquelles il ne voulait pas penser. Tourmenté, Will s’efforça de se convaincre qu’il n’avait pas eu le temps d’y faire allusion lorsqu’Elizabeth commença à remuer doucement, gémissant alors que son dos frottait contre le matelas dur de Will.
Alors qu’elle ouvrait des yeux voilés de souffrance, le jeune homme se pencha vers elle.
« Tu, tu es blessée Elizabeth ? » Lui demanda-t-il.
Baissant la tête d’un air honteux la jeune femme répondit d’une petite voix.
« Oui.
- Montre-moi, j’ai un onguent qui fait des miracles. Expliqua Will en lui montrant un petit pot rempli d’une crème verdâtre et malodorante. Ça sent pas très bon mais ça aide, contre la douleur. »
Elizabeth hésita une fraction de seconde, songeant à son dos à la peau lacérée par les coups réguliers de Edward et Will soupira.
« Je te le laisse si tu préfères, je vais sortir.
- Non ! S’exclama Elizabeth. Ne pars pas… Je, je ne pourrais pas le mettre seule, tu sais normalement c’est ma femme de chambre qui le fait et je…
- Chut, ne te justifie pas… » La coupa Will, le cœur serré en voyant la panique faire briller les yeux de la jeune femme jadis hardie qu’il avait connue.
Elizabeth retint sa respiration et se retourna lentement, relevant ses cheveux d’une main.
« C’est mon dos… Sous ma chemise. » Précisa-t-elle dans un souffle.
Ému, Will posa une main hésitante sur les liens qui retenaient sa robe et les défit lentement, la bouche sèche en découvrant la fine chemise qui le séparait de la peau d’Elizabeth. La jeune femme retint son souffle tandis que le bustier de sa robe retombait mollement sur sa taille et elle dégagea ses bras avant de dénouer avec des gestes tremblants les nœuds qui fermaient sa chemise.
Derrière elle, Will poussa un lourd soupir en comprenant qu’elle ôtait sa chemise et rougit légèrement en voyant l’étoffe blanche s’abaisser, laissant apparaître la peau laiteuse d’Elizabeth. L’instant d’après un gémissement horrifié lui échappa à la vue des zébrures rouges et profondes qui marquaient le dos d’Elizabeth jusqu’à la chute de ses reins et qu’il devinait continuer plus bas.
« Qui t’a fait ça ? Gronda-t-il. Qui a osé lever la main sur toi ? »
Elizabeth frissonna et détourna le visage, ne voulant pas lire la pitié dans le regard de Will.
« Mon époux. Répondit-elle calmement.
- Seigneur Elizabeth ! Si j’avais su je … Commença Will mortifié.
- Tais-toi. S’il te plait. » Le coupa la jeune femme d’une voix tremblante.
Comprenant son malaise, le jeune homme n’ajouta rien et s’empara du pot. Il glissa ses doigts dans l’onguent avant de les passer lentement sur les blessures, le cœur serré devant la profondeur de certaines. Elizabeth sursauta brutalement. Elle réprima un gémissement et Will suspendit son geste
« Désolé. Des mains de pirate. Soupira-t-il. Elles sont un peu rudes…
- Ce n’est rien. Répondit Elizabeth en fermant les yeux. Continue… S’il te plait. »
Le jeune homme obéit, il glissa ses mains le long de son dos et s’attarda sur ses reins alors qu’un désir brutal montait en lui, le faisant rougir.
« Pourquoi ? Lui demanda-t-il, espérant ainsi détourner son attention de ce corps auquel il avait rêvé tellement de nuits.
- Pour me punir. » Répondit Elizabeth avec froideur en glissant imperceptiblement vers lui.
Will comprit instinctivement qu’elle ne souhaitait pas en parler et continua lentement, ses soins se faisant caresses à mesure que la chaleur grandissait dans son bas ventre. De son côté, Elizabeth soupira légèrement en sentant les soins se faire plus doux, plus tendres. Une tendresse qu’elle découvrait à peine et dont elle se sentait assoiffée. Une douceur qui n’avait rien à voir avec les râles immondes d’Edward ou le viol forcé du palefrenier. Quelque chose qu’elle avait toujours désiré sans pouvoir mettre de mots dessus.
« Will. » Souffla-t-elle alors que les lèvres du jeune homme s’attardaient sur son épaule nue.
Rougissant de son égarement, le jeune homme recula et balbutia des excuses mais Elizabeth secoua la tête et se retourna à demi vers lui, laissant entrevoir la naissance d’une poitrine ferme.
« Je n’ai pas envie que tu t’arrêtes… Murmura-t-elle, chassant de son esprit les souvenirs malheureux alors qu’elle comprenait qu’avec Will se serait différent, qu’il purifierait son corps et son âme des désirs révoltants auxquels elle avait été soumise.
- Elizabeth… Je, avant il faut que. Commença Will.
- J’ai assez attendu Will. Nous avons assez attendu. Le coupa-t-elle d’une voix douce en prenant sa main pour la poser sur sa poitrine. J’ai confiance en toi, je sais que tu ne me feras pas de mal. Et je veux, je veux que nous ayons ce dont Beckett nous a privé. » Soupira-t-elle.
Will soupira douloureusement en croisant ses yeux immenses dans lesquels subsistait un reste de peur.
« Tu n’es pas obligée. Murmura-t-il en caressant ses lèvres du bout des doigts.
- J’en ai envie, pour la première fois j’en ai envie. Répondit Elizabeth d’un ton qui trahissait sa propre surprise d’éprouver du désir. Est-ce que… Est-ce que tu veux toujours de moi ? » Demanda-t-elle, avec angoisse cette fois.
Will prit une profonde inspiration et dévora son visage des yeux, stupéfait qu’elle puisse lui poser une question dont la réponse ne faisait pourtant aucun doute.
« Ardemment. » Répondit-il en l’embrassant.
Un peu tremblante, Elizabeth noua ses bras autour de son cou tandis qu’il approfondissait leur baiser, prenant garde à ne pas la brusquer. Elle sentit ses mains effleurer doucement son corps pendant que sa bouche désertait la sienne pour venir se poser sur son épaule puis sur la rondeur d’un sein, les mains de Will la débarrassant lentement de sa robe de bal. Un gémissement étranglé franchit les lèvres d’Elizabeth lorsque la langue de Will effleura son téton et le suçait comme par inadvertance. Elle glissa sa main dans les cheveux du jeune homme, savourant la tendresse qu’il mettait dans chacun de ses gestes et dont toutes les étreintes qu’elle avait vécues avaient été cruellement dépourvues.
Au-dessus d’elle, Will haleta, se forçant à contrôler son désir tandis qu’il déposait de petits baisers sur son ventre et découvrait peu à peu les charmes qu’il n’avait fait qu’imaginer des années durant. Lorsqu’elle fut nue dans ses bras, Will recula légèrement, le visage brièvement crispé de colère à la vue des bleus dont il est facile de deviner l’origine sur les cuisses de la jeune femme. Tremblante, Elizabeth leva un regard hésitant sur lui, le souffle court à l’idée qu’il puisse la repousser maintenant qu’il savait à quel point elle ne l’avait pas attendu. Au lieu des reproches qu’elle redoutait, Will se pencha sur elle, glissa jusqu’à ses jambes et embrassa l’intérieur d’une ses cuisses avec un soupir.
« Que tu es belle. » Murmura-t-il en remontant sa bouche vers son intimité.
Une tristesse sourde l’envahit un instant en la sentant de raidir. Elizabeth déglutit en le voyant s’approcher mais Will releva la tête et lui adressa un sourire tendre.
« Je ne te ferais pas de mal. Personne n’aurait dû avoir le droit de te faire mal. » Murmura-t-il avant de déposer ses lèvres sur son intimité, l’embrassant doucement.
Elizabeth se crispa à nouveau. Non plus de peur mais en raison d’un plaisir aussi soudain qu’inattendu alors que Will continuait à l’embrasser doucement, sa langue s’aventurant dans des territoires qui n’avaient jusqu’à présent connu qu’une brutale possession. Le jeune homme prit son temps, sa langue glissait sur elle et s’enfonçait plus hardiment à mesure qu’elle se détendait. Finalement Elizabeth rougit brutalement alors qu’une vague d’un plaisir inconnu et nouveau montait en elle, échauffant ses reins et repoussant ses peurs.
La jeune femme se releva brutalement et s’appuya sur ses coudes avant d’attirer le visage de Will à elle.
« Je t’aime. Je, je t’ai toujours aimé. Balbutia-t-elle bouleversée par les émotions nouvelles qui montaient en elle.
- Elizabeth. Gémit Will alors qu’elle caressait son torse avec légèreté puis glissait ses mains jusqu’au pantalon dont elle défit la ceinture.
- Je veux être à toi. Comme ça aurait dû être, comme, comme si c’était la première fois. Je veux, je veux… S’interrompit-elle, à court de mots pour traduire la fièvre qu’elle ressentait.
- Je t’aime. » Répondit Will en se guidant doucement en elle.
Elizabeth poussa un soupir étranglé en le sentant la posséder doucement. Il lui laissa le temps de s’habituer à sa présence alors qu’il prenait ses lèvres à nouveau. Elle sentit son cœur battre à toute allure contre sa poitrine tandis qu’il commençait à bouger lentement en elle et s’enfonçait presque imperceptiblement à chaque coup de reins. Soupirant de plaisir, Elizabeth ferma les yeux lorsqu’il la posséda enfin entièrement, leurs corps se rejoignant pour exprimer tout ce qu’ils ne parvenaient pas à se dire.
Une fois leur union consommée, Will se retira avec la même douceur avec laquelle il l’avait possédée et la serra contre lui. Il referma ses bras autour d’elle comme s’il avait peur qu’elle lui échappe à nouveau.
« T’avoir dans mes bras, c’est , c’est comme un rêve qui se réalise enfin… » Souffla-t-il en embrassant son cou.
Elizabeth sourit et se pelotonna contre lui.
« Pour moi aussi. Comme si le temps s’était arrêté, comme si rien de terrible n’était arrivé. Murmura-t-elle.
- N’y pense plus. Souffla Will. Jamais plus tu ne le reverras, jamais. » La rassura-t-il avant de la bercer contre lui, éperdu d’amour.
Elizabeth ne répondit pas. Elle se contenta d’étreindre sa main dans la sienne tandis qu’enfin le monde lui paraissait briller à nouveau…
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