Chapitre 8 : Unions et désunions


Queen Anne’S Revenge,

Cale

 

 

Le loa laissa quelques instants à Teach pour reprendre ses esprits, bien placé pour savoir à quel point l’effort que venait de fournir le pirate pour se projeter dans le corps de plusieurs des zombies qu’il possédait était intense. Il attendit donc que la respiration du pirate se fasse calme et régulière et que ses yeux semblent à nouveau dotés de vie pour parler.

« Tu leur as donné ton nom… »

 

Teach eut un sourire mauvais et répondit.  

«  Oui. Mon but est atteint, la Confrérie s’est réunie et les porteurs de la carte doivent être en route pour tomber dans mon piège. Inutile de continuer à laisser le prestige de mes actes à ces idiots.

- Es-tu sûr d’elle ?

- Angelica ? Cette fille a beau se prétendre pirate, elle est aussi stupide que sa mère en son temps. Et qui plus est aveuglée par sa haine pour Sparrow.

- Es-tu certain qu’elle le haïsse plus que toi ? »

Teach éclata de rire.

« Loa, je n’ai fait que tuer sa mère. Sparrow lui a fait d’elle la risée de son équipage pendant des mois. Elle a d’ailleurs bien failli perdre son bateau minable en plus de sa carte au trésor et de sa dignité. Il s’en est fallu de peu. Ou l’a-t-elle perdu ? Je ne sais plus… Déclara Blackbeard d’un ton indifférent. Enfin, peu importe les détails. Elle hait Sparrow c’est tout ce qui importe. »

 

Le loa sourit méchamment et se pencha sur lui. 

« Nos envoyés ont détruit son bateau. Il était resté à l’île des épaves.

- Quel dommage. Ricana Teach. Mais une fois qu’elle aura laissé son corps à Calypso elle n’en aura de toute manière plus besoin non ? Où en est la suite loa ?

- Le philtre est presque prêt. Il ne me reste que quelques ingrédients a y adjoindre puis tout sera prêt pour préparer son corps à recevoir l’esprit de Calypso.

- Parfait. Cela ne devrait plus être long à présent. Les âmes les ont-ils attaqué ?

- Oui Capitaine, sans leur causer de dégâts trop importants, ainsi que tu le voulais.

- Parfait loa. Bientôt, le monde reposera au creux de notre main… Ricana Blackbeard. Il nous suffira de la serrer. »

 

 

Le Black Pearl,  

Pont

 

 

Une douleur lancinante à la tête, Elizabeth fit son apparition et cligna des yeux devant le soleil éblouissant. 

« Ça fait mal hein… » Se moqua Jack.

Elizabeth lui répondit par un regard hostile.

« Un peu de rhum ? » Ironisa Jack.

 

Elizabeth baissa la tête, vaguement honteuse. 

« Non merci… Je suis désolée pour cette nuit, ce genre de choses ne se reproduira plus.

- Laquelle ? Souffla Jack d’une voix séductrice. La boisson ou après ? »

Elizabeth blêmit, le cœur serré.

« Que, que voulez-vous dire ? S’inquiéta-t-elle, n’ayant qu’un vague souvenir de la nuit écoulée.

- Tiens la Blondinette est enfin réveillée. Bonjour princesse. Se moqua Angelica.

- Oh vous c’est pas le moment. » Ragea Elizabeth.

 

Angelica haussa le sourcil. 

« Parce que vous croyez que c’était le moment de vider une bouteille de rhum ?

- Non. Admit Elizabeth de mauvaise grâce. Mais ça réchauffe.

- Si c’était que ça trésor... Commença Jack.

- La ferme ! » Lui enjoignirent les deux femmes en même temps.

Jack haussa les épaules et désigna Hector.

« Il a perdu sa plume.

- Oh… Soupira Elizabeth. Alors nous avons donc bel et bien été attaqués. »

 

Angelica la fixa. 

« Mais elle est idiote ou juste abrutie ??? Bien sûr qu’on a été attaqué seulement Mademoiselle Swann était trop occupée à cuver son rhum pour s’en soucier.

- Comme si ça ne vous était jamais arrivé… Grinça Elizabeth.

- Non Miss Blondinette. Ça ne m’est jamais arrivé. Ou du moins pas lorsque mon équipage courait un danger. »

Elizabeth la fixa.

« Hors de ma vue Angelica.

- Idiote. » Maugréa la pirate en s'écartant toutefois, impatiente de tenir sa revanche, ce qui ne tarderait pas…Dès qu'ils auraient rejoint Blackbeard et seraient tombés dans son piège, elle demanderait à s'occuper exclusivement de la blondinette et alors on verrait bien si elle avait toujours autant de morgue.

 

Barbossa s’avisa de la présence d’Elizabeth et s’approcha un sourire faux aux lèvres. 

« Madame Turner… Bien dormi ?

- C’est Capitaine !!! Ragea Elizabeth. Toujours et même si ... Si …

- Vous avez bu trop de rhum ? » Suggéra Jack.

Elizabeth lui lança un regard noir et le pirate recula prudemment derrière Barbossa qui bomba le torse.

« Bien sûr Capitaine… Vous êtes une femme de goût. »

Elizabeth s’arrêta net et le regarda abasourdie.

« Pardon ?

- OHHHHHH Hector… Roucoula obligeamment Angelica qui n'en perdait pas une miette et l’imita à la perfection tandis que Barbossa se rengorgeait. Décidément il vous les faut tous …

- Oui c’est exactement ça ! » S’exclama Jack pendant qu’Elizabeth verdissait.

 

En colère, la jeune femme se tourna vers Jack. 

«  Oh vous … » Lâcha-t-elle avant de s’éloigner à grands pas. 

Jack eut une petite moue déçue et se retourna vers la cabine.

« Voyons voir si elle n’a pas caché d’autres bouteilles… Après tout ce sera lui rendre service que de l’en débarrasser. » Se justifia-t-il en partant dans la direction opposée de celle prise par Elizabeth.

 

Angelica le suivit des yeux et se tourna vers Hector. 

« Qu’y a-t-il entre eux ?

- Entre eux ??? S’étonna le pirate. Rien du tout. »

Angelica haussa le sourcil et Barbossa soupira.

« Mais qu’est-ce que vous avez toutes après Sparrow. Ne préférez-vous pas un pirate expérimenté et bien fait de sa personne possédant un chapeau dont l’élégance … »

Ce fut plus qu’Angelica pouvait en supporter et la jeune femme se dirigea vers la cabine où Jack avait disparu tandis que Barbossa continuait à parler.

« Elle est partie capitaine. Lui glissa obligeamment Pintel.

- Oui elle est partie. Confirma Ragetti.

- J’ai vu !! Mettez-vous au travail tas d’immondices !!! » Hurla Barbossa.

 

 

Le Black Pearl,  

Cabine du capitaine

 

 

Angelica claqua la porte derrière elle et Jack sursauta brutalement. 

«  Je fouillais pas ! S’exclama-t-il un morceau de parchemin usé dans la main. Oh c’est toi… Soupira-t-il en jetant l’objet

- Oui pourquoi ? Tu aurais préféré quelqu’un d’autre peut être ? Répondit Angelica d'un ton railleur.

- Tout dépend de ce que tu proposes trésor… Répondit Jack avec un sourire charmeur.

- Que te propose Miss Blondinette ? Rétorqua Angelica.

- Rien qui puisse me plaire. Elle est plutôt … mortelle comme fille. » Répondit Jack avec une grimace.

 

Angelica haussa le sourcil mais Jack reprit sans lui laisser le temps de répondre, s'empressant de changer de sujet. 

«  Assez parler d’elle Angie. Toi et moi dans une cabine … Ça ne te rappelle rien ? »

Angelica se força à lui sourire d’un air charmeur et savoura par avance la déconvenue qui serait la sienne lorsqu’il comprendrait ce qu’elle avait fait, sans compter la longueur d’avance que cela lui donnerait face à la blondinette.

« Si Jack. Je croyais que toi tu ne t’en souvenais pas …

- Tu as été si exceptionnelle trésor. Souffla Jack en souriant. De telles choses s'oublient difficilement, voir même pas du tout et je dois dire que si... »

 

Angelica l’attira contre elle d’un geste brusque. 

« Arrête de parler Jack…

- Tes désirs sont des ordres ma belle. » Sourit le pirate avant de l’embrasser à pleine bouche.

Angelica sentit sa langue caresser la sienne et se força à ouvrir un peu plus la bouche pour lui répondre. Ce faisant, elle glissa ses mains sur le torse de Jack et défit rapidement sa chemise.

« Mmmm oui Angie. J’ai toujours adoré ce petit côté impatient. Murmura Jack

- Tais toi. » Râla Angelica, certaine d’être incapable de supporter une autre de ses vantardises.

 

Jack glissa une main dans son chemisier et soupesa l’un de ses seins pendant qu’Angelica le débarrassait de son fut. 

« Ouh là doucement ma belle. Gémit Jack tandis qu’elle le caressait.

- Dépêche toi… » Soupira Angelica en se laissant tomber sur le lit.

Les lèvres de Jack glissèrent rapidement sur sa peau et il lécha la poitrine offerte tandis qu’il lui enlevait son pantalon.

«  Tu devrais mettre une robe … » Grogna-t-il.

Angelica lui sourit et écarta les cuisses tandis qu’il s’enfonçait en elle.

« Mmmm Angie … » Soupira Jack.

 

La pirate glissa une main dans ses cheveux tandis qu’il allait et venait violemment en elle et râlait de plaisir.  

« Angie … Trésor … » Murmura Jack.

Elle s’apprêtait à répondre lorsqu’une voix s’éleva du seuil.

« Mais… mais… qu’est-ce que vous faites ? »

Angelica savoura l’instant et posa une main possessive sur la nuque de Jack.

« C’est clair non ? Enfin je veux dire, même pour vous. » Triompha-t-elle en serrant ses cuisses autour de la taille de Jack qui poussa un cri entre le gémissement et le grognement.

La pirate eut la satisfaction d’entendre la porte claquer à nouveau et poussa un gémissement de feint plaisir.

« Oui Jack… Encore … T'arrête pas

- Bugger. Gémit le pirate. Angie, ma belle.

- Embrasse-moi… » Souffla Angelica en griffant largement son dos nu.

 

Jack obéit et finit par se lâcher avec un gémissement. 

«  Délicieuse Angie. Souffla-t-il en se laissant tomber à côté d’elle. Si douce quand tu le veux.

- Ça faisait longtemps Jack. »

A ces mots, il se releva l’air effaré.

«  Dis y ‘a rien de matrimonial là-dedans hein ? »

Angelica se retint de justesse de le gifler et au lieu de ça colla son corps nu contre le sien.

« Nous sommes des pirates non ? Murmura-t-elle en l’embrassant.

- Et j’ai très envie de toi. Répondit Jack qui se colla contre elle, sa vigueur intacte

- Prouve-le. ». Soupira Angelica, ravie d'avoir réussi à déstabiliser Elizabeth, la mine qu'elle avait faite en les découvrant parlait d'elle-même.

Avec un sourire sincère cette fois elle noua ses bras autour du cou de Jack et commença à y déposer des baisers légers tandis que les caresses du pirate se faisaient de plus en plus précises.

 

Le Hollandais Volant,  

Autre monde

 

Les épaules de Will s'affaissèrent alors qu'ils approchaient de l'endroit où les attendaient habituellement les défunts, la plupart du temps perdus et désorientés. Dans les premiers temps de sa mission et en dépit du fait qu'il n'avait pas choisi cette dernière, il avait trouvéune satisfaction ou plutôt une utilité à sa présence forcée. En effet les âmes étaient souvent en plein désarroi, ne comprenaient pas toujours ce qu'elles faisaient là et le fait de leur venir en aide et de les guider jusqu'à leur ultime repos atténuait un peu sa peine face à son éloignement d'Elizabeth. Seulement l'apparition des âmes "damnées" avait tout changé... Au lieu de l'apaisement jadis ressenti, le jeune capitaine voyait à présent avec angoisse se profiler l'endroit où se massaient les âmes. 

 

A ses côtés, Bill lui jeta un coup d'œil furtif et lui posa la main sur l'épaule, il comprenait les sentiments qui agitaient son fils, mélange de rage et de tristesse né de son impuissance face à cette situation. 

«  Pourquoi Calypso ne fait-elle rien ? Soupira douloureusement Will. Pourquoi laisse t'elle, ces... ces âmes ensorcelées s'en prendre à ceux qui attendent le repos ?

- Calypso... Soupira Bill. Elle est ainsi, égoïste, capricieuse. Notre sort et le leur ne l'intéressent que lorsqu'elle se rappelle de nous. »

Will lui répondit par une grimace amère.

« Mais si je décidais de ne plus accomplir le devoir auquel elle m'a enchaîné je serais maudit aussi sûrement que l'était Jones.

- Je suis désolé fils... C'est vraiment un prix trop élevé pour une seule journée de bonheur. »

 

Will sourit avec nostalgie, il se rappela la douceur de la peau d'Elizabeth sous ses mains calleuses, de son sourire, de la chaleur du soleil sur leurs corps. De la tendresse de leur étreinte... 

« Aucun prix n'est trop élevé pour vivre une journée comme celle-là... » Soupira t'il.

Bill sourit légèrement en l'entendant tandis que Will se rembrunissait à la pensée que, si Elizabeth tombait dans les mains de Blackbeard et de son armée d'âmes, une telle journée ne se reproduirait peut être jamais. De son côté, le croyant toujours perdu dans ses souvenirs heureux, Bill garda le silence aussi longtemps qu'il le put, désireux de laisser son fils profiter le plus possible du calme qui précédait le tumulte de l'embarquement des défunts puis se résigna à parler.

« Nous y sommes William. »

 

Will se tourna vers la frontière qu'il semblait désormais incapable de franchir, comme si un mur invisible avait été érigé entre lui et le monde où vivait Elizabeth et observa d'un œil éteint les âmes qui se pressaient. 

« Pointe les canons sur eux. Soupira-t-il. Et dis aux autres de faire feu lorsqu'ils commenceront à attaquer. »

Bill ne répondit pas, conscient de ce que le fait de donner cet ordre coûtait à Will. L'un à côté de l'autre, le père et le fils regardèrent les âmes libres commencer à venir vers eux, attirées par le rayonnement du Hollandais Volant

« Toujours plus nombreuses... Murmura Will en désignant les autres. Comme une armée qui s'organise. »

 

Il avait à peine finit sa phrase que l'attaque débuta, les âmes en souffrance se jetèrent sur ceux qui étaient sur le point d'accéder au repos qui leur était refusé. Will soupira et leva le bras pour donner l'ordre de tirer avant de suspendre son geste. 

« Qu'est-ce que ça veut dire... Murmura-t-il en voyant une partie des âmes prisonnières se ruer sur celles qui attaquaient pour protéger ceux qui cherchaient à rejoindre le navire.

- Je n'en ai pas la moindre idée. Répondit Bill. Peut-être que ça veut dire que Calypso a décidé d'intervenir.

- En emprisonnant de nouvelles âmes pour contrer les premières ?? » S’indigna Will.

Bill haussa les épaules d’un air fataliste et Will secoua la tête.

« Pourquoi emprisonner de nouvelles âmes alors qu’elle souhaite justement que les défunts soient guidés ? Ce n’est pas logique… »

 

Bill ouvrait la bouche pour rétorquer que Calypso n’avait de toute manière jamais été logique lorsqu’une voix tonitruante s’éleva derrière eux.

«  Ce n’est pas Calypso qui a fait ça ! C’est l’œuvre d’un sorcier vaudou. Pas d’une déesse des océans. »

Will se retourna et l’angoisse referma sa main glacée sur lui alors qu’il reconnaissait l’un des Seigneurs de la Confrérie.

« Et savez-vous qui pourrait être responsable de cela ? Se força-t-il à demander calmement. Capitaine euh….

- Chevalle.  S’indigna l’autre, outré qu’il ne l’ait pas reconnu.

- Oui, oui… Bafouilla Will avant de se reprendre. Que s’est-il passé ?

- Ce qu’il s’est passé. Grinça Chevalle. C’est que des, spectres, des zombies, appelez les comme vous voudrez m’ont attaqués. »

Will déglutit et s’empressa de lui poser la seule question qui comptait à ses yeux.

« Et ... Et Elizabeth elle va bien ?

- Qui ?? Ah le « Roi de la Confrérie » … Parfaitement aux dernières nouvelles. Enfin son tour viendra, Blackbeard semble décidé à nous éliminer un par un. »

 

Will réfléchit quelques instants.

«  Et vous êtes certain que c’est Blackbeard qui vous attaque ? Ce ne pourrait pas être l’un d’entre vous ?

- Non. Aucun des Seigneurs de la Confrérie n’a recours au vaudou. C’est interdit par le Code. C’est même pour cela que Blackbeard a été forcé de faire cavalier seul si j’ai bonne mémoire… »

Will réfléchit quelques instants.

« Donc vous dites qu’aucun d’entre vous ne l’utilise. Mais le Code n’est qu’un guide. Tenta-t-il.

- Aucun Seigneur voulant rester en vie ne s’y risquerait. Répondit Chevalle d’un ton péremptoire. Le Code n’est peut-être qu’un guide mais il y a des règles que nul ne transgresse. »

 

Will soupira, découragé. De toute évidence, Chevalle pensait vraiment ce qu’il affirmait. Ce qui ne l’avançait guère.

« Je connais ce type enfin ce, cette chose. Déclara soudain Chevalle en fixant l’une des âmes chevaleresques. Et celui-ci aussi. »

Will se ranima un peu à cette nouvelle et le pressa de questions.

« D’où les connaissez-vous ?

- Je ne sais plus. Répondit Chevalle d’un ton négligent.

- Faites un effort !! » S’énerva Will.

Le pirate lui adressa un regard inquiet, il se demandait visiblement si son passage n’allait pas dépendre de sa réponse et Will ne tenta rien pour le rassurer.

« Je crois. Je crois qu’ils viennent de Libertalia. Finit par dire Chevalle d’une voix hésitante. Oui j’en suis même certain. » Ajouta-t-il, plus sûr de lui.

 

Will fronça les sourcils et chercha dans ses souvenirs de géographie avant de s’avouer vaincu.

«  Libertalia ?

- L’île des hommes libres. Expliqua Bill. Un paradis pour les pirates.

- Bah voyons. Maugréa Will. Et où se trouve Libertalia ?

- A côté de l’île des épaves. » Répondirent Bill et Chevalle.

 

Will réfléchit quelques instants puis :

« Ammand a dit que vous aviez tous attaqué la Compagnie. Où sont allés les autres ensuite ?

- Ammand est mort ?! S’exclama Chevalle.

- Oui. Alors les autres, Seigneur Chevalle, où sont-ils ? Ou plutôt qui est resté ? »

Chevalle secoua la tête.

« Aucun… Et je vous le répète, vous faites fausse route si vous pensez qu’un Seigneur est responsable de ça.

- Enfin c’est forcément quelqu’un ! S’énerva Will. Les âmes ne s’emprisonnent pas toutes seules. Qui est resté ? »

 

Chevalle haussa les épaules.

« Je vous l’ai dit. Personne n’est resté à l’exception du Capitaine Teague. »

Will sursauta. Teague, le Gardien du Code mais celui à qui on attribuait aussi la paternité de Jack Sparrow.

« Je vois, le Gardien du Code.

- Celui qui s’assure que nous le respections. » Approuva Chevalle.

Un léger sourire amer naquit sur les lèvres de Will et il fixa l’autre d’un air désabusé.

« Et qui s’assure que, lui, le respecte ? » Demanda-t-il.

Pas plus Chevalle que Bill ne lui répondit mais tous deux se tournèrent vers les âmes et les observèrent d’un nouvel œil.

« Personne donc. Constata Will avant de s’avancer pour les observer plus précisément. Seigneur Elizabeth, j’espère que tu sais ce que tu fais. »

 

 

Le Black Pearl, cale

 

Assise sur les escaliers menant à l'entrepont, Elizabeth s'efforçait vainement de calmer la colère qu'elle ressentait à la pensée de ce que Jack et cette fille étaient en train de faire dans sa cabine. 

« Maudite Angelica. » Maugréa t'elle, furieuse après la jeune femme qui semblait n'être là que pour la contrarier.

Un bruit léger la fit relever le visage et elle rencontra le regard amusé de Jack.

« Barbossa m'a dit que vouliez me voir... Un problème ? »

Elizabeth se retint de justesse de lui mettre sa main dans la figure et le fixa avec hargne.

« Oui un problème Jack. Quoique vous fassiez avec Angelica il faut que ça cesse. »

Jack sourit et lissa ses moustaches.

« Sans vouloir vous contrarier. Il me semble que mes activités avec Angie ne vous regardent pas et que vous n'avez rien à m'ordonner concernant ce que je fais de ma...

- Si. Le coupa Elizabeth. Tant que le Black Pearl est sous mon commandement vous devez m’obéir. Et ce genre de relation à bord d'un navire est, c'est malsain et malvenu ! »

 

Jack se pencha sur elle.  

« Pourquoi ? Susurra-t-il

- Je viens de vous le dire. Ragea Elizabeth. C'est malsain et malvenu et ...

- Non ce que je voudrais savoir c'est pourquoi ça vous gêne autant qu'Angie et moi nous nous donnions du bon temps.

- Du bon temps ! S'exclama Elizabeth. Vous appelez ça comme ça ??? Vous, vous êtes un porc, un... »

Jack leva la main pour l'interrompre et se pencha à nouveau sur elle.

« En vérité ce qui vous ennuie, c'est qu'Angelica obtienne ce que vous désirez... »

Cette fois, Elizabeth en resta bouchée bée d'indignation.

«  Je vous demande pardon ? Et qu'est-ce que je désire selon vous ? »

 

Jack prit l'air suffisant et se redressa légèrement. 

« Moi voyons.

- Vous ??? Est-il nécessaire de vous rappeler que je suis mariée.

- Veuve...

- MARIEE !!

- Peu importe les termes, le résultat est le même, vous mourrez d'envie de connaître le plaisir, d'être caressée, embrassée... »Susurra Jack.

Elizabeth détourna le regard, ses pommettes se marbrant de rouge.

« Vous êtes méprisable.

- Pourquoi ? Parce que je dis la vérité ? Allons Lizzie soyez égoïste... reconnaissez votre désir et je vous promets que ce que vous connaîtrez sera bien plus mieux que tout ce que vous avez pu vivre. » Rétorqua Jack en se rapprochant d'un air séducteur.

 

Elizabeth se leva brutalement, outré.

« Vous êtes en train de, de, de me proposer de coucher avec vous ?

- Je préfère faire l'amour mais après tout c'est vous qui voyez. » Ironisa Jack.

Elizabeth le fixa avec froideur.

« Non merci. J'ai un mari Jack et même si je n'en avais pas, vous seriez le dernier homme sur terre ou sur mer avec qui je, je ferais ça ...Vous me dégoûtez ! »

Jack se crispa à son tour et la regarda cyniquement.

« Vraiment ? Dans ce cas, je suis désolé de vous dire que ce n'est pas flagrant. Vous flirtez avec moi trésor et il me semble me souvenir que je ne vous dégoûtais pas tant que ça avant que vous n’épousiez ce cher William. »

Elizabeth s'approcha de lui.

« Oh vous voulez parler de ça ? Susurra-t-elle. Et bien mon cher Jack je suis vraiment désolée de vous dire que je ne l'ai fait que pour vous attacher.

- Vous n'étiez pas désolée ce jour-là.

- Pourquoi l'aurais-je été ? Je n'ai rien fait de mal hormis faire en sorte que votre lâcheté ne nous condamne pas tous.

- A commencer par vous.

- Ainsi que Will et le restant de l'équipage. » Cracha Elizabeth.

 

Jack sourit cyniquement.

« Vous pouvez bien vous raconter toutes les histoires que vous voudrez Lizzie. Mais vous auriez pu trouver un autre moyen pour me forcer à rester. Si vous l’avez fait c’est parce que vous en mourriez d’envie. Comme maintenant. »

Elizabeth blêmit et s’approcha légèrement de lui. Son mouvement attira un sourire sur les lèvres de Jack.

« Je l’ai fait parce que vous le vouliez. Souffla-t-elle d’un ton hargneux. Et que vous faire croire que je voulais bien de vous était la seule solution… Pour nous sauver !

- Oh …

- Oui Jack «  oh »

- Alors je ne vous attire pas ?

- Pas le moins du monde … » Rétorqua Elizabeth.

Jack recula, l’air vexé.

« Mais vous mentez !!

- Non… Répondit Elizabeth en savourant l’instant. La seule chose qui était excitante ce jour-là. C’était le Kraken, pas vous. »

 

La jeune femme eut la brève satisfaction de voir le visage de Jack s’assombrir une fraction de seconde puis il reprit son habituelle expression ironique.

« Et bien voilà qui est franc pour une fois. Après tellement de mensonges c’est presque plaisant. Mais cela ne vous autorise pas à me dire ce que je dois faire Elizabeth.

- Je peux vous faire mettre aux fers. Ragea cette dernière

- Oh pourquoi ? Les chaînes vous excitent ? Désolé mais il vous faudra en trouver un autre pour ça trésor. » Répliqua Jack en la plantant là.

 

Une fois seule, Elizabeth se mordit la lèvre, elle regrettait la dureté de ses paroles et reconnaissait en elle-même que le Kraken n’était pas la seule raison du baiser qu’elle avait donné à Jack. Même si elle préférait ne pas y penser…

« Maudit Jack Sparrow. » Maugréa-t-elle en évitant cette fois soigneusement l’impressionnante cargaison de rhum du navire.

 

 

Le Black Pearl,

Pont

 

 

Accoudée au bastingage, Angelica regardait l’horizon sans le voir, songeant à l’issue prochaine de leur voyage. Elle avait hâte d’être arrivée. Hâte de voir la tête de Jack lorsqu’il comprendrait qu’elle l’avait abusé dans toutes les largeurs. Tout comme elle avait hâte de prendre sa revanche sur la blondinette sortie de nulle part qui osait lui donner des ordres. Celle-ci mourrait. Elle s’en assurerait. Une mort lente et douloureuse qui lui laisserait le temps de regretter chacune de ses paroles désagréables envers elle.

 

Angelica se sourit à elle-même. A cet instant, elle était certaine que la blondinette regrettait déjà sa vantardise lorsqu’elle avait prétendu pouvoir séduire Jack quand elle le voulait. Son sourire s’accentua, inconsciente du regard de Barbossa posé sur elle depuis plusieurs minutes.

 

Le vieux filou finit par s’approcher d’elle et lui fit un large sourire.

« Voulez-vous une pomme Madame Sparrow ? »

Angelica haussa les épaules ce qu’Hector prit comme un oui (qui pourrait ne pas vouloir une pomme ?)

« Alors vous voilà réconciliée avec votre « mari »… Vous lui avez pardonné bien facilement … » Tenta-t-il.

Angelica se retourna vivement vers lui.

«  Je croyais que vous ne me connaissiez pas Capitaine Barbossa. » Le railla-t-elle.

 

Barbossa lui fit un sourire faux.

« En effet je ne vous connaissais pas mais j’ai entendu parler du capitaine du Triomphe. Votre précédent équipage s’est mutiné suite à votre « mésaventure » avec Jack non ? »

Angelica se crispa et se remémora les moments terribles où elle avait perdu sa crédibilité et son navire. Tout ça pour avoir fait confiance à Jack.

« Vous êtes bien renseigné Capitaine Barbossa. » Maugréa-t-elle.

Barbossa sourit.

«  Oh la mutinerie est devenue une sorte de spécialité pour moi … »

Angelica lui lança un regard noir.

«  Jack m’a dit ça… »

 

Barbossa se pencha et murmura.

« Allons Madame Sparrow. Je doute que vous ayez pardonné à Jack. Pas après ce que vous avez fait à vos mutins une fois que vous leur avez remis la main dessus.

- Vous êtes décidément très bien renseigné. Ironisa Angelica. Mais je ne vois pas ce que Jack vient faire là-dedans.

- C’est lui le responsable non ? Vous avez forcément envie de vous venger. Si vous voulez… » Commença Barbossa.

Angelica lui sourit et songea à la naïveté de Barbossa. Comme si elle avait besoin de lui pour se venger de Jack ! Crispée elle se força à répondre.

«  Je retiens votre proposition Capitaine Barbossa. Qui sait peut être qu’une fois vengée de mon père, je pourrais songer à faire payer Jack. Lui répondit-elle d’un ton de conspiratrice, suivant toujours le scénario convenu avec Blackbeard.

- Une vengeance après l’autre ? Suggéra Barbossa.

- On ne peut rien vous cacher… » Rétorqua Angelica qui n’ignorait pas la haine que Jack et Barbossa avaient l’un pour l’autre.

 

Barbossa songea à la carte menant à la Fontaine de Jouvence et observa Angelica d’un air calculateur, évaluant ce qu’une alliance avec elle pourrait lui rapporter, finalement il se décida.

«  Si vous songez à fomenter une mutinerie …

- Votre passe-temps favori on dirait. Ironisa Angelica. Mais une mutinerie contre qui ? »

Barbossa songea à la manière dont Elizabeth s’était approprié le Pearl après le lui avoir donné. Tout comme elle avait pris la carte menant à la précieuse Fontaine. Un sourire fourbe aux lèvres, il répondit d’un ton détendu.

« En vérité je n’ai jamais eu beaucoup d’affection pour Madame Turner… »

 

Angelica ne répondit pas et se contenta de sourire… Elle saurait se rappeler de ces paroles. Juste au cas où Teach tenterait de la doubler. C’était ça l’ennui avec les pirates, on ne pouvait jamais leur faire confiance !

 


Chapitre 7                                                                                                         Chapitre 9


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