Le système antivol de la voiture était d’une simplicité enfantine et Emma terminait son larcin lorsqu’un imprévu se manifesta : elle n’était pas la seule à convoiter la guimbarde bleu céruléen... La jeune femme releva le visage et croisa le regard du témoin de son vol. Au lieu des injures ou menaces auxquelles elle s’attendait le brun se pencha sur elle et glissa sa main sur sa nuque pour la rassurer avant de la rejoindre à l’avant de la voiture.
« Calme-toi, je n’ai pas l’intention de te dénoncer. »
Le premier mouvement de la blonde fut de se dégager mais l’inconnu lui adressa un tel sourire qu’elle se sentit immédiatement en confiance. Lorsqu’il prit ses lèvres pour un baiser, Emma remarqua négligemment qu’un lys venait d’éclore sur la banquette arrière.
L’inconnu déjà si familier la fixa droit dans les yeux et Emma s’abandonna… Son cœur avait reconnu son âme sœur.
Neal se trouvait devant elle, pareil à son souvenir, et Emma ne savait comment réagir. Elle avait à la fois envie de rire et de pleurer. Envie de l’embrasser et de le frapper. Il avait été son grand amour, le père de l’unique enfant qu’elle avait porté, l’homme qui l’avait trahi plus que nul autre… Et pourtant, elle ne parvenait pas à le haïr. C’était Neal et même si les années avaient passées, il restait son Neal.
Un sourire triste étira les lèvres du jeune homme et il traversa la grande rue de Storybrooke pour la serrer contre lui.
« Je suis désolé de t’avoir abandonnée, Emma. J’ai eu tort, j’ai eu peur, et je me suis comporté comme un lâche. S’il te plait, laisse-nous une seconde chance. »
Elle hésita quelques secondes puis laissa leurs bouches s’épouser dans un baiser passionné. Certes, Neal l’avait fait souffrir par le passé mais elle ne se sentait bien que dans ses bras, alors elle était prête à retenter sa chance avec lui. Elle espérait juste que cette nouvelle vie qui débutait pour eux effacerait pour de bon les blessures du passé.
Neal secoua la tête avec incompréhension et se tourna vers Emma.
« Non mais depuis quand tu lis ce genre de trucs ? Des vampires qui scintillent au soleil, vraiment Emma ? »
Les joues de la jeune femme devinrent cramoisies et elle avança vers son meilleur ami pour récupérer son roman.
« Je, je ne le lis pas réellement, c’est juste que l’histoire entre Edward et Bella est tellement…
— En plus c’est mal écrit ! » l’interrompit Neal tout en poursuivant sa lecture.
La jeune femme haussa un sourcil tandis qu’il s’installait dans le fauteuil le plus proche, Twilight toujours en main.
Au bout d’un moment, Neal releva la tête et ils échangèrent un regard.
« Pourquoi cette scène ? » demanda le jeune homme.
Emma haussa les épaules, blasée.
« J’imagine qu’elle avait des défis à placer… Dans la vignette précédente, j’étais avec Régina, alors je ne suis plus à ça près… »
Une boule remonta dans la gorge d’Emma en découvrant Neal : smoking impeccable, rose à la main et dîner aux chandelles… Il avait mis le paquet.
La jeune femme prit place sur le siège qu’il lui tirait galamment et lui adressa un sourire nerveux.
« La première St Valentin depuis nos retrouvailles, je voulais qu’elle soit inoubliable », expliqua Neal, un peu stressé.
Emma ne répondit pas et il se lança dans l’exposé des projets qu’il avait pour eux.
« Emma ? Tout va bien ? » s’inquiéta Neal devant son silence prolongé.
Un pâle sourire lui répondit. Neal s’apprêtait à reprendre lorsqu’il s’avisa qu’elle ne le regardait pas. Troublé, il se retourna pour voir ce qui attirait ainsi l’attention d’Emma et une chape de plomb lui tomba sur le cœur en reconnaissant Hook.
« Tu l’aimes, n’est ce pas ? souffla-t-il d’une voix chargée de douleur.
— Je ne sais pas… et ça me tue, avoua-t-elle. Je suis désolée, je ne veux pas te faire de mal mais…
— Mais tu ne m’aimes plus, termina Neal à sa place.
— Je ne peux pas t’aimer. Je ne peux plus, pas après tout ce qui s’est passé entre nous.
—Je t’aime toujours, Emma, répondit-il d’une voix désespérée. Je n’ai jamais cessé de le faire. »
Elle baissa le visage, évitant son regard.
« Je suis désolée, répéta-t-elle. Je ne voulais pas que ça se passe comme ça.
— C’est avec lui que tu avais envie de passer cette soirée », comprit Neal.
Emma hocha la tête et il déclara, le cœur brisé et les larmes aux yeux.
« Dans ce cas, va le rejoindre.
— Mais…
— Tu as été l’amour de ma vie, mais moi je ne suis qu’un chapitre de la tienne. Alors, cours le retrouver. »
Un sourire hésitant se forma sur les lèvres d’Emma.
« Merci, » murmura-t-elle avant de déposer un baiser d’adieu sur ses lèvres.
Une fois seul, le jeune homme fondit en larmes.
Henry était mort. Leur petit garçon les avait quittés pour de bon, empoisonné par une fuite de gaz dans leur appartement vétuste et Emma ne savait plus comment gérer son chagrin. Elle avait le cœur brisé et tout ce que pouvait lui dire Neal n’y changerait rien.
Eperdue, la jeune femme fixa son enfant aux lèvres bleues. C’était impossible, Henry ne pouvait pas les avoir quittés, pas aussi vite… Il n’avait que quatre ans. Le cœur d’Emma se serra au souvenir de l’instant où elle avait été tentée de renoncer à lui.
Les papiers d’adoption entre les mains, elle avait failli signer avant de se raviser, estimant que, même si elle n’avait rien à lui offrir, Henry serait à sa place à ses côtés. Et maintenant, il était mort et Emma ne pouvait s’empêcher de se demander s’il aurait survécu après d’une autre mère.
Neal la rejoignit et passa un bras autour de ses épaules.
« Ce n’est pas ta faute, Emma. »
Les yeux noyés de larmes, elle se tourna vers son époux.
« Je ne comprends pas…Je pensais qu’en dépit des difficultés, des obstacles, toi et moi nous réussirions à… »
La voix d’Emma se brisa et Neal la serra contre lui.
« Je suis désolé, Emma… Mais tout n’est pas si simple… Il ne suffit pas de vouloir être heureux pour y parvenir. Les contes de fées n’existent pas. Henry nous a quitté et il ne reviendra pas. »
Un long cri de douleur répondit à Neal. En cet instant, Emma aurait tout donné pour vivre dans un monde où « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants. » Malheureusement, les contes de fées, comme les rêves, n’étaient que des utopies.
La première fois qu’Emma Swan eut le cœur brisé, c’est lorsqu’elle se rendit compte que Neal l’avait abandonnée pour sauver sa peau. Au début, elle ne voulait pas y croire mais, alors que le temps passait sans qu’il vienne la secourir, elle dut bien se faire une raison. Neal ne reviendra pas.
Etrangement elle songea à une citation qu’elle avait lue durant son adolescence et qui l’avait beaucoup marquée : « L’amour ne se définit pas, ça se ressent, ça se vit. C’est une évidence. »
Désormais, elle comprenait que l’amour et la haine étaient finalement des sentiments si proches que ce qui était vrai pour l’un l’était également pour l’autre… Elle haïssait maintenant Neal avec la même intensité qu’elle avait mise à l’aimer.
Les poings serrés pour contenir ses larmes, Emma se jura de ne plus jamais ouvrir son cœur. Elle ne laisserait plus aucun homme lui infliger une telle blessure. Neal serait le premier et le dernier.
Emma s’était promis de ne plus jamais accorder de place à Neal dans sa vie. Mais lorsqu’il glissa ses doigts le long de son bras dans une lente caresse, elle ne put retenir un frisson d’excitation. Les yeux dans les siens, son ancien amant murmura.
« Les moments comme ça me manquent plus que tout. Ceux où je te sens prête à t’abandonner… Te souviens-tu, Emma ? » demanda-t-il en remontant sa main jusqu’à sa nuque.
Oh oui, Emma se rappelait de ça… Et de ce qui venait après aussi.
Un sourire triomphant étira fugacement les lèvres de Neal tandis qu’il la débarrassait de son chemisier.
Emma était à lui. Pour toujours.
« Alors toi aussi, tu es orpheline ? » interrogea naïvement la jeune Georgie.
Emma hocha la tête à regret et Georgie posa une main consolatrice sur son bras.
« Et tu as perdu ton Neal, comme j’ai perdu mon Laurent… »
La blonde ouvrit la bouche pour lui expliquer que ce n’était pas tout à fait pareil. Certes, elle n’était plus avec Neal mais cela n’avait rien à voir avec une maladie incurable. Neal était lâche, pas mourant. Cependant, Georgie ne lui en laissa pas le temps.
« Et tu as des frères adoptifs ?
— Non. Je te l’ai dit, j’ai toujours été seule, murmura Emma. Je n’ai pas grandi dans une famille, comme toi.
— Dommage, compatit Georgie. Si tu avais eu des frères, tu n’aurais pas autant de mal à te trouver un nouvel amoureux. Moi, je n’ai pas encore choisi entre Abel et Arthur. »
Alors que la jolie Georgie lui adressait un sourire enfantin, Emma songea que finalement, avoir une famille adoptive n’était peut-être pas une si grande chance que ça.
Neal était mort. Il s’était sacrifié pour tous les sauver et cette idée était insupportable à Emma. Elle ne pouvait pas accepter de l’avoir perdu alors qu’elle venait juste de le retrouver. Elle, la prétendue Sauveuse, n’avait même pas été capable d’empêcher la mort de l’amour de sa vie.
Les yeux dans le vague, elle fixa le mur et il lui sembla y discerner le visage de Neal. Depuis qu’il était mort, elle voyait partout…
Eperdue, la jeune femme murmura :
« Oh Neal… Tu me manques tellement. Ton image me hante, je te parle tout bas, et j'ai le mal d'amour, et j'ai le mal de toi.
— Emma ? »
La voix inquiète de Snow sortit Emma de sa transe et elle se tourna vers sa mère, un sourire machinal aux lèvres.
« Il n’est pas mort, tu sais. Il va revenir. Neal va revenir. »
Le cœur de Snow se serra.
« Oh ma chérie, je suis tellement désolée que tu aies à vivre ça. Mais Baelfire nous a quitté pour de bon. Il faut que tu l’acceptes.
— Il va rentrer, » affirma Emma de nouveau avant de reprendre sa contemplation du mur.
Snow la regarda quelques instants avant de renoncer. Emma s’éloignait de plus en plus d’eux et elle ne savait plus comment faire pour sortir sa fille de la dépression dans laquelle elle s’enfonçait.
Lorsque Baelfire serra Emma dans ses bras pour la première fois après l’avoir abandonnée à Tallahassee, un sentiment qu’il avait cru avoir oublié depuis longtemps se réveilla en lui : l’Amour.
Liste des défis de l’Enfer de Dante auxquels ce texte répond :
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