Résumé : Un petit retour sur le quotidien de Tara après le retour d'Atlanta de Scarlett
Genre : Drame
Rating : K+
Note :Ecrit pour les nuits du FoF sur le thème " Manger"
La chaleur était écrasante sur les champs et Scarlett n’en pouvait plus de fatigue. Les reins douloureux à force de se baisser, les mains crevassées par le coton et le visage bruni par le soleil, l’ancienne belle du Sud n’avait plus rien de commun avec la jeune fille qui attirait à elle tous les prétendants. En sueur, elle se redressa afin d’essuyer son front et jeta un regard mauvais à sa sœur, Suellen qui, confortablement installée sous un arbre, se reposait depuis une bonne heure au lieu de les aider.
Sûrement encore en train de rêvasser à ce vieux garçon en jupons de Frank, pesta intérieurement Scarlett avant de d’adresser d’une voix rocailleuse et âpre à sa cadette.
« Suellen, lève-toi immédiatement et viens nous aider à ramasser le coton ! »
Ainsi apostrophée, la jeune fille écarquilla les yeux.
« Quoi ? Mais… C’est le travail des esclaves. »
Pork, le valet de pied qui, avant ce jour n’avait jamais mis les pieds dans un champ, se raidit et Scarlett intercepta son mouvement du coin de l’œil. De plus en plus furieuse, elle se dirigea d’un pas vif vers sa sœur et la saisit sans douceur par le bras, l’obligeant à se relever.
« Aïe ! Scarlett, tu me fais mal, geignit Suellen.
— Crois-moi, si tu ne te mets pas immédiatement au travail, je te ferais bien pire que ça, siffla Scarlett entre ses dents. Au cas où ça t’aurait échappé, il n’y a plus d’esclaves. Les Nordistes les ont tous affranchis. Pork et les autres nous sont restés fidèles et font tout pour nous aider mais, si on veut sauver ce qui reste de la récolte et avoir de quoi manger, chacun doit faire sa part. »
Suellen se dégagea de l’étreinte de sa sœur d’un geste brusque et s’écarta.
« Libre à toi de travailler comme une négresse dans les champs, mais je ne t’imiterais certainement pas. Je n’ai pas envie d’abîmer mes mains et mon visage comme toi. Il faut bien que l’une de nous ressemble à une O’Hara de Tara, » lâcha-t-elle en adressant un regard méprisant à leur cadette, Carreen, qui travaillait sans broncher depuis plusieurs heures.
Les yeux de chatte de Scarlett se réduisirent à de simples fentes et elle toisa Suellen.
« Très bien, dans ce cas, ne t’avise pas de te présenter à la table du dîner ce soir. Seuls ceux qui travaillent ont le droit de manger. »
Le visage de Suellen se décomposa.
« Tu ne peux pas faire ça.
— Oh, que si ! » rétorqua Scarlett que la simple mention du dîner mettait au supplice.
La jeune fille avait tellement faim qu’il lui semblait que son estomac était devenu une gigantesque crampe.
« Maintenant, choisi Suellen O’Hara. Gagne ton repas ou tu t’en passeras, même si je dois décrocher le fusil de Père pour t’empêcher d’entrer.
— Je te déteste ! explosa Suellen. Tu es méchante et odieuse. »
Sur ces mots, elle tourna les talons et s’enfuit vers la maison en sanglotant. Carreen s’approcha de leur aînée.
« Ce n’est pas de sa faute tu sais, commença-t-elle. Tu sais que Suellen est fragile et qu’elle meurt de faim. Tu ne devrais pas être aussi dure avec elle.
— Suellen est en bien meilleure forme que toi ou moi, rétorqua Scarlett. Et elle a assez de graisse en réserve pour se passer de manger pendant plusieurs jours, persifla-t-elle. Non, la vérité c’est qu’elle se croit trop bien pour travailler. »
Sentant que Scarlett n’avait pas tout à fait tort, Carreen garda le silence, puis :
« Mama dit que nous n’avons presque plus rien dans les réserves. Elle n’est même pas sûre qu’il reste assez pour le dîner de ce soir. »
Refoulant les larmes de rage et de fatigue qui menaçaient d’inonder ses yeux verts, Scarlett serra les poings.
« Je vais m’en occuper. Reprend le travail. »
Sans attendre la réponse de sa cadette, elle se dirigea d’un pas vif vers leur maigre potager et se laissa tomber sur le sol aride. Des fanes défraichies dépassaient ça et là et Scarlett savait que c’était là tout ce qui leur restait. Mama avait raison. L’estomac de la jeune femme gronda de nouveau et elle se jeta sur la première tige qui était à sa portée, en arrachant la racine avant de mordre dedans goulument. C’était certes égoïste de sa part mais elle méritait bien une ration supplémentaire. Après tout, sans elle, ils seraient tous morts de faim depuis bien longtemps.
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